DISCOURS PRONONCÉ PAR LE COMMANDANT-EN-CHEF FIDEL CASTRO À LA CÉRÉMONIE DE CLÔTURE DE LA PREMIÈRE RENCONTRE NATIONALE DES PRÉSIDENTS DES COOPÉRATIVES DE CRÉDITS ET SERVICES. Palais des congrès de La Havane. 3 juin 1998

 

Honorables invités,

Compañeras et compañeros,

La rencontre était presque conclue lorsqu’on nous rappelle qu’il fallait la clôturer, ce qui ne serait pas en soi une tâche difficile, n’est-ce pas ? Or, le défi à relever était qu’en plus des participants à la rencontre, environ 500 directeurs des Coopératives de crédits et services et de production agro-pastorale et un groupe select de délégués étrangers avaient été invités à la cérémonie de clôture.

Pendant un bon nombre d’heures, nous avons analysé familièrement, je peux même dire très familièrement, toute une série de questions importantes et de beaucoup d’intérêt pour tous. Je venais de vous dire que je serais bref, compte tenu des échanges de critères et des analyses de sujets plus ou moins complexes, parfois assez complexes.

Il ne s’agissait pas d’une réunion de plus, d’une réunion quelconque. Les dirigeants paysans d’aujourd’hui ne ressemblent pas non plus d’ailleurs à ceux de cette année-là dont le quarantième anniversaire sera fêté d’ici onze mois.

Un climat de joie, d’enthousiasme, de plaisir d’être pour la première fois les maîtres du pays régnait alors. Il faut dire que les Cubains n’avaient pas un maître, mais plusieurs maîtres. Faisant l’objet d’exploitation en tant qu’esclaves provenant d’Afrique ou en tant qu’Indiens semi-exterminés, nous avons lutté des siècles durant pour devenir un jour libres. Nous avons lutté pendant plus de 100 ans lorsque nous étions déjà une nation pour accéder à notre indépendance, pour nous libérer des différents maîtres. Disons qu’au cours de ce siècle, nous avons lutté beaucoup pour nous libérer de celui qui a été non seulement le maître de Cuba, mais de l’hémisphère tout entier, et qui aujourd’hui est le maître du monde. Je parle évidemment des voisins du Nord.

Les paysans, eux, étaient soumis à d’autres maîtres. Les banques, les industries fondamentales, d’énormes surfaces de terre du pays étaient entre les mains des impérialistes.

Nombreux sont ceux qui en Amérique latine ignoraient que plus de 200 000 hectares de terre de notre pays étaient contrôlées par des entreprises nord-américaines. Cuba se situe, au niveau de cet hémisphère, au premier rang parmi les pays où le gros de terres était contrôlé par les sociétés nord-américaines. Or notre pays n’était pas seulement une propriété des Etats-Unis. Les propriétaires terriens étaient les maîtres des paysans, en particulier; les familles qui labouraient la terre étaient la propriété des maîtres, des institutions corrompues, des partis, des politicards qui collectaient et trafiquaient avec leurs bulletins de vote, des pouvoirs dits législatifs qui ne pouvaient et qui n’avaient rien à légiférer, des tribunaux, de l’armée, des forces répressives.

Y-a-t-il par hasard un seul soldat de la garde rurale ne prétendant pas être le maître des terres, des gens, des paysans, n’ayant pas le droit de faire ce qui lui chantait et d’obéir tout ordre donné par les compagnies nord-américaines ou par les grands propriétaires fonciers locaux pour incendier des maisons, pour expulser des familles, pour appliquer le plan de la machette, pour frapper, assassiner, briser des grèves, tout réprimer ?

Comment peut-on définir un paysan de cette époque-là, autrement dit d’avant le triomphe de la Révolution? Combien d’abus commis ! Les révolutionnaires ont aisément gagné le soutien des paysans, même s’ils ne savaient ni lire ni écrire - et la plupart d’entre eux ne savaient ni lire ni écrire -; ils étaient conscients et témoins oculaires des injustices dont ils étaient victimes tous les jours. Or, ces paysans allaient, lors d’élections, censément démocratiques, peaufinées par les Etats-Unis, voter avec un bulletin marqué, avec la cédule remise au sergent politique, pour élire, qui ? Les propriétaires fonciers.

Le Congrès regroupait les gens les plus riches du pays, les plus corrompus, à de rares exceptions logiques près, à preuve le Parti orthodoxe et certains mouvements politiques de ce genre surgis au cours de la république qui, soit dit en passant, exception faite du parti marxiste-léniniste qui était persécuté, harcelé et réprimé à cette époque de guerre froide, étaient rapidement influencés par l’oligarchie nationale.

Je me souviens du Parti orthodoxe, très populaire et qui attirait une grande sympathie, dont la direction politique était cependant assumée par de grands propriétaires fonciers comme Fico Fernández Casas, dans la province d’Oriente, divisée aujourd’hui en cinq provinces. A Camagüey, à Las Villas, sauf, à peu près, à la Havane-Ville, sans inclure La Havane-province, la direction de ce parti vraiment populaire, car son leader et fondateur dénonçait la corruption politique, les malversations, les vols, entre autres fléaux, était déjà contrôlée dans la quasi totalité des provinces par ces machines politiques traditionnelles.

Ce parti populaire naissant tombait vite aux yeux de notre peuple sacrifié entre les mains de propriétaires fonciers et de milliardaires. Voilà les partis qui faisaient partie de notre Parlement. Que pouvait-on attendre de ces institutions ? Qu’en pouvaient attendre nos paysans ?

Un des chapitres de la Constitution votée en 1940, grâce aux pressions exercées par les forces de gauche dans ce sens, faisait allusion à une réforme agraire. On n’en a jamais parlé.

Je me souviens d’un représentant très populaire - il avait gagné sa popularité à travers un programme de radio, transmis à midi et dans l’après-midi; il était, lui, très démagogue, par exemple, en cas de grève des transports, il appuyait généralement les travailleurs, car il avait une certaine habileté pour défendre certaines causes populaires -, élu, lors d’une de ces élections, pour représenter la ville de La Havane, je ne sais pas par combien de voix, c’était presque un record. Alors, ce député a proposé une loi «très révolutionnaire», l’une des «plus révolutionnaires» jamais proposées avant la Révolution. Sur quoi portait cette législation ? Sur la nationalisation des noms des entreprises nord-américaines.

Ecoutez, il ne s’agissait point de la nationalisation des entreprises. Il n’était pas question de nationaliser les propriétés, la compagnie d’électricité - regardez Pepe qui rit (Il fait allusion à Pepe Ramírez, vieux révolutionnaire paysan, fondateur de l’ANAP), car il s’en souvient -, ou la compagnie de téléphones, de chemins de fer, ou les mines. Pas du tout. Il s’agissait d’une loi qui obligeait toutes les entreprises étrangères à adopter un nom en espagnol, un nom cubain. A quel «point de radicalisme» sont-ils arrivés pour proposer la nationalisation des noms des entreprises, sans y parvenir non plus. A cette époque-là, la démagogie était terrible.

Vous êtes dans la plupart des jeunes qui n’ont pas évidemment vécu ces expériences. Or, Pepe, encore jeune, se souvient certes de certains de ces événements (José Ramírez lui dit quelque chose). Qu’est-ce que j’ai dit ? Je n’ai pas dit que je suis jeune - ça, je le sais, inutile de le dire -, j’ai dit que toi tu es jeune. Tu l’as interprété autrement, Pepe ? Je n’ai pas dit que tu avais l’air jeune, même si tu est jeune. J’ai dit que, bien que jeune, tu connaissais certains des événements qui se sont passés il y a très longtemps, très longtemps (Rires).

Bref : Il n’y avait pas un seul maître. Les citoyens de ce pays avaient plusieurs maîtres, en particulier les paysans. Les terres où nous avons débarqué appartenaient à l’Etat. Les paysans, pour échapper à la faim et au chômage, s’y étaient installés pour couper des arbres et brûler le bois, faute de chemins pour le transporter, pour semer un peu de café et un peu de tubercules pour vivre avec beaucoup de difficultés. Il faut dire qu’ils s’y rendaient, travaillaient pendant un certain temps, y revenaient, réunissaient un peu d’argent pour acheter du sucre, du sel, pour regagner ensuite les montagnes. Ensuite, les soi-disant propriétaires arrivaient avec des documents arrangés dans les cabinets de notaire pour réclamer et arracher leurs terres. Les paysans étaient non seulement l’objet d’exploitation, d’abus et de mauvais traitement, mais encore d’humiliation, de mépris.

Certains disent tout simplement que le paysan était exploité et que la Révolution lui a donné les terres.

Le paysan, âme de la Révolution, et le peuple, cheville ouvrière de la Révolution, se sont attribués une liberté qui ne saurait être qualifié que de liberté totale : ils se sont débarrassés des maîtres. A-t-il été nécessaire de prononcer beaucoup de discours pour convaincre les paysans ? Aucun. Nous n’avons pas donné des terres aux paysans. Ce n’était pas précisément des terres ce qu’ on a donné aux paysans. Nous leur avons donné quelque chose qui vaut beaucoup plus que la terre. Il vaut mieux de dire : nous nous sommes attribués quelque chose qui vaut beaucoup plus que la terre, à savoir la patrie, la dignité, l’honneur, la condition d’être humain, car nous n’avons jamais été traité comme des êtres humains.

Si quelqu’un ne comprend pas encore comment avons-nous pu résister ce que nous avons résisté, il doit le comprendre d’une fois pour toutes. Il ne suffirait qu’un mot ou une phrase pour le dire : le peuple qui résiste est celui qui a, pour la première fois dans son histoire, été traité comme des êtres humains.

La terre est quelque chose de matériel. Pour les révolutionnaires, la Révolution signifie beaucoup, beaucoup plus que cela. A mon avis, la terre pour les paysans n’est qu’un sous-produit de la Révolution, un sous-produit de la justice apportée par la Révolution, un sous-produit de la liberté. Cependant, le paysan, conjointement avec le reste du peuple, a été non seulement le propriétaire de la terre, ce qui est formidable, mais encore du pouvoir, de l’Etat. Autrefois exploité, persécuté, humilié, méprisé, il détient aujourd’hui le pouvoir de l’Etat, un pouvoir qui a été exercé pendant ces années, un Etat qu’on a voulu inutilement détruire, même si nous avons comme voisin un empire ayant réussi, plus que tout autre empire, à réunir le plus grand nombre de forces sur la Terre. Dans un monde unipolaire et mondialisé - comme on le qualifie aujourd’hui -, on n’a pas réussi à détruire cet Etat des ouvriers et des paysans, qui est aujourd’hui notre Etat, tout comme il l’a été, et ce dès le début, des étudiants et des travailleurs intellectuels, autrement dit l’Etat du peuple travailleur, car il est et sera toujours notre Etat (Applaudissements).

Il n’y a aucune possibilité pour ceux qui prétendent que cet Etat et ce pays redeviennent la propriété de l’empire ou d’une poignée d’égoïstes et de privilégiés, ou que ce pouvoir puisse tomber entre les mains répugnantes dont la Révolution s’est débarrassée depuis presque 40 ans. Ils ne réussiront pas non plus à nous confondre, à nous tromper, à nous embobiner par des histoires ou théories, car même là où l’expérience n’a pas eu la possibilité de connaître les phénomènes, la raison est capable de les identifier et de les saisir dans toute leur tragique dimension.

Compte tenu du fait que nous avons hérité les idées de ceux qui ont lutté pour l’indépendance de notre pays et de ceux qui ont lutté pour la justice sociale, le paysan est devenu le propriétaire des mines, des entreprises fondamentales du pays, de l’industrie électrique, l’électrification de plus de 92%, comme l’a dit Antonio, du territoire en étant la preuve. Que je sache, 95% de la population de notre pays a bénéficié de ces services.

Evidemment, il s’agit déjà d’un acquis remporté auquel on ne saurait renoncer. Nous devons maintenant nous efforcer de chercher le pétrole nécessaire pour ne pas couper l’électricité.

Il est devenu le propriétaire des écoles ou, mieux, il a créé les écoles qu’il n’avait pas, car il n’avait ni écoles ni maîtres. Malheureusement, il y avait très peu de maîtres disposés à se rendre à la campagne ou aux montagnes. Le paysan est devenu le propriétaire du contingent éducationnel le plus puissant par rapport à d’autres pays du monde. On peut citer le cas, par exemple, d’enseignants qui ont occupé la place d’autres afin qu’ils puissent étudier et d’autres instituteurs qui touchaient un salaire de l’Etat pour donner des cours à leurs enfants dans les montagnes. Il ne faut pas oublier qu’aucune école n’a été fermée faute d’enseignants. Pas un seul paysan n’a été privé de maîtres, même dans les coins les plus éculés de ces montagnes. Je ne parle pas des villes, car évidemment il est plus facile de trouver non seulement des maîtres mais encore des médecins pour s’y rendre.

Le paysan est devenu le propriétaire des hôpitaux qu’il n’avait pas. Il a participé à la création d’hôpitaux, car la Révolution a créé ce réseau d’hôpitaux, mis en place de spécialisations et formé le plus grand nombre de médecins par rapport à tout autre pays, en proportion avec sa population.

L’oeuvre de la Révolution est déjà reconnue à l’étranger. Hé bien, presque personne met en doute cette question. Le président des Etats-Unis lui-même en a, drôlement, fait l’éloge. Récemment, il a dit trois choses : qu’il comprenait que l’aspiration de la Révolution de sauvegarder les conquêtes remportées pour les peuples, était juste et logique. Ah !, et les succès remportés en matière de santé et d’éducation.

Personne n’a dit que ce pays a été inondé de barrages. La capacité de retenue d’eau est passée de 30 millions de mètres cubes à 10 milliards de mètres cubes, soit 300 fois de plus. Personne n’a dit que la Révolution a construit de 30 000 à 40 000 kilomètres de routes. Personne n’a fait allusion aux grandes valeurs, par exemple, personne n’a dit que la Révolution a apporté la justice à notre société; que la Révolution a banni les odieuses pratiques discriminatoires dont le pays était victime; que la Révolution a libéré l’homme des humiliations et des abus dont il faisait l’objet tous les jours; que la Révolution a transformé le peuple en pouvoir; que la Révolution a transformé le peuple en armée; que la Révolution a transformé le peuple en gardien de l’ordre, qu’elle a éliminé tous ces instruments utilisés pour l’opprimer et l’exploiter.

Ah !, ils admettent déjà les progrès enregistrés en matière des sports. Une dingue a dit hier ou avant-hier que les succès remportés par la Révolution ne concernaient que les sports, justifiant ainsi la politique d’acheter et de suborner des athlètes et d’encourager leurs désertions. Ah !, mais ils ne le nient pas. Ils disent que Cuba est la septième ou la huitième puissance. Or cela est inexact. Nous sommes la première puissance, car notre pays est celui ayant remporté le plus grand nombre de médailles par habitant aux olympiades. Nous occupons donc la première place et nous sommes la première puissance. D’autres pays pourront peut-être gagner davantage de médailles que nous, compte tenu de leurs ressources et de leur population. Mais ils ne raccrochent davantage de médailles par habitant que nous.

Personne ne dit qu’il y n’y a pas de plages réservées aux riches, de cercles sociaux pour les riches, qu’il y n’y a pas de citoyens abandonnés, pas un seul qui ne bénéficie pas du soutien et de la protection de l’Etat. Personne ne dit que la sécurité sociale touche l’ensemble de la population cubaine. Personne ne dit, ce dont je parlais tout à l’heure, que Cuba est le pays qui enregistre le plus grand pourcentages de citoyens qui sont propriétaires de leurs maisons. Dans nombre de pays européens, développés, riches, entre 60 et 70% des personnes doivent payer un loyer. A Cuba, 85% de la population est propriétaire de ses maisons, le restant étant constitué de logements remises, en qualité de moyens de production, aux travailleurs des usines.

Il faut dire d’ailleurs que ce pays a, entre autres choses, humanisé le travail. Ces sacs de sucre volumineux et ces millions de tonnes ne sont pratiquement pas chargés par l’homme. Les exportations se font actuellement à partir de terminaux où l’homme ne touche pas le sucre. Les labours, la coupe de la canne et les constructions ont été totalement mécanisés. Avant la Révolution, les constructions se faisaient souvent à la main et la pierre était concassée à l’aide d’un marteau, à preuve la Route centrale.

Le travail d’humanisation entrepris par la Révolution dépasse en soi tout autre mérite qu’on puisse l’attribuer.

Elle a créé des capacités de production de ciment, d’acier pour la construction, de matériaux, d’industries nouvelles, et ce au milieu du blocus et du sabotage - nous avons par exemple acheté des usines en Occident qui arrivaient ici sabotées. Chaque usine achetée, lorsque les ressources nous le permettaient, était sabotée.

Il faut souligner les efforts industriels déployés par la Révolution, les travaux d’exploration des terres, du sous-sol en quête de ressources, de carburants, de minéraux, etc.

Le pays a entrepris le reboisement, la plantation de milliards d’arbres pour éviter la déforestation des montagnes de Cuba dont les forêts étaient réduites presque à zéro. Une autre tâche concernait la sauvegarde de la Vieille-Havane qui était sur le point de disparaître totalement et qui est déclarée aujourd’hui Patrimoine de l’humanité, vu son architecture d’une valeur incalculable, protégée, et où l’on commençait à construire des héliports et de grands bâtiments. Si le triomphe de la Révolution avait eu lieu quelques années plus tard, la Vieille-Havane aurait déjà disparue, zone qui constitue non seulement un centre culturel admiré par le monde, mais encore un centre de richesses et de revenus pour le pays. Quiconque arrive à La Havane est intéressé à visiter la Vieille-Havane, préservée par la Révolution.

Les rues étaient dépeuplées d’arbres. Le pays ne comptait pas un jardin botanique comme celui qui existe actuellement qui s’étend sur plus de 400 hectares et qui constitue une ferme collective pour les deux millions d’habitants de La Havane; ou du parc Lénine; ou du nouveau zoo qu’il faut encore réaménager et achever, mais qui est l’un des grands ouvrages de récréation et culture. Pour qui ? Pour le peuple.

Toutes les plages et tous les sites de récréation, sans aucune exception, ont été mis à la disposition de tous les citoyens.

On estime que les valeurs artistiques sauvées par la Révolution représentent au moins 600 millions de dollars, dont des tableaux et des oeuvres d’art qui appartiennent aujourd’hui à nos musées qui font actuellement l’objet de travaux de rénovation, modernisation et élargissement. Il ne faut pas oublier que des oeuvres ont été extraites du pays à travers des valises diplomatiques, entre autres formes de pillage.

Toutes ces valeurs ont été préservées avec zèle par la Révolution ! Sans parler de la patrie, de l’histoire, de la grande revendication historique qu’a signifiée la Révolution, qui était la revendication de tous ceux qui ont lutté, donné leurs vies et qui se sont sacrifiés pour ce pays pendant très longtemps pour être ce que nous sommes aujourd’hui, comme je l’ai déjà dit cet après-midi - et j’ose le répéter ici sans crainte d’offenser qui que ce soit, parce qu’injustifiable -, pour être ce que nous sommes aujourd’hui : le peuple le plus libre du monde. Quiconque n’est pas d’accord avec nous, il doit faire une petite critique au maître du monde. Nous nous sommes débarrassés à tel point de maîtres, que nous sommes le pays le plus libéré de maîtres au monde (Applaudissements). Cela saute aux yeux au sein de toutes les organisations internationales regroupant les représentants du monde, non pas dans les clubs exclusifs où l’on rejette la présence de Cuba.

Tel est l’empire courageux qui craint la participation de Cuba à une réunion ! Il se rend tout simplement compte que, moralement, la seule présence de Cuba n’admet pas leur compagnie. Ou bien ils ne peuvent se sentir bien à l’aise, car il y aura toujours quelqu’un, un pays, qui leur dira ce qu’ils méritent, un pays qui dénoncera ce qu’il faudra dénoncer.

A vrai dire, qui assume aujourd’hui cette attitude ? Y a-t-il aujourd’hui par hasard un pays qui soit le porte-parole des opprimés et des exploités du monde, de la conscience du monde, de la vérité du monde, d’un monde où l’on commet une telle quantité d’injustices? Ce pays, et ce grâce à la Révolution. Il ne faut pas l’oublier, au contraire, il faut l’apprendre, l’inculquer aux nouvelles générations, aux enfants, à tous.

Ils tentent, pour leur part, de semer le mensonge, la calomnie, le venin du monde et nous, pour notre part, nous essayons de semer les meilleures valeurs de ce monde, dans l’âme, dans l’esprit et dans le coeur de nos compatriotes. Ils tentent, eux, non seulement de pervertir mais aussi de tromper notre peuple; nous luttons pour que notre peuple résiste, nous luttons pour que notre peuple soit de plus en plus vertueux, de plus en plus révolutionnaire, de plus en plus pur.

Cette bataille n’est pas seulement livrée sur le terrain économique. Pour eux, l’économie n’est qu’un outil leur permettant de conduire le peuple au pessimisme, au découragement, de briser sa capacité héroïque de résistance, son esprit, sa conscience, son patriotisme, sa morale, encouragés par certains qui n’ont suffisamment pas d’esprit pour préserver ces valeurs. Ils aspirent à ce que tous les autres grossissent les rangs de cette faible minorité mollasse, incapable d’adhérer aux principes et aux valeurs que nous défendons aujourd’hui et que nous défendons non seulement pour nous, mais aussi pour le monde, pour que ces valeurs et ces principes appartiennent et au pays et au monde.

Voilà les aspirations de milliards de personnes partout dans le monde; si elles ne peuvent en parler ou si elles n’ont pas les moyens d’en parler ou de les divulguer, c’est une autre affaire. Or, nombreuses sont les personnes qui pensent comme nous, qui admirent et respectent notre pays, et nombreux aussi sont les messages adressés depuis les points les plus divers du monde et ceux qu’on nous transmet lorsque nous sommes à l’étranger. Et cela nous encourage et nous fait sentir très fiers, car personne ne pouvait imaginer qu’un si petit pays comme Cuba, un pays qui commençait à se développer économiquement et à faire des progrès sur cette voie, non seulement dans le domaine culturel, mais aussi dans bien d’autres, y compris celui de la science, où les progrès enregistrés étaient énormes, pouvait devenir un symbole pour des milliards de personnes.

Tous ceux qui ont ouvert un manuel d’arithmétique à l’école secondaire, savent que l’on parlait d’un instrument de mesure, le mètre, ce qui a donné lieu au système métrique décimal. Si j’ai bonne mémoire, je me souviens qu’il était défini comme la distance existant entre deux marques d’une barre de platine, à une température de je ne sais pas combien de degrés, dans un musée de Paris dont je ne me souviens pas du nom. Telle a été la première notion que j’ai reçu sur le mètre. Il fallait un patron de mesure, n’est-ce pas ? Pour savoir ce qu’est un kilomètre de distance, ou pour savoir ce qu’est une hectare, ou pour savoir ce qu’est, par exemple, un litre ou une tonne, il faut une mesure. Or, pour mesurer le courage d’un peuple, pour mesurer les mérites d’un peuple, pour mesurer l’héroïsme, l’intelligence, l’adresse et la capacité d’un peuple il fallait une mesure. Un jour, ces quatre lettres qui disent Cuba feront office de ce mètre qui a été utilisé pour mesurer le volume du monde, la circonférence de la Terre, la distance existant entre les planètes et les étoiles. Cette unité de mesure sera Cuba (Applaudissements).

Malgré toutes les campagnes orchestrées contre Cuba, celui-ci est déjà ce patron pour nombre d’habitants de la planète, aussi victimes de la souffrance et de l’injustice. Telle a été aussi la réaction des paysans que nous avons rencontrés à la Sierra : plutôt que discours, il leur suffisaient de rappeler la garde rurale qui donnaient des coups du plat de la machette, qui insultaient, qui humiliaient, qui offensaient même les familles, qui ne respectaient pas les filles ou les proches des paysans; il leur suffisaient de rappeler les contremaîtres, les propriétaires terriens qui leur ont arraché les caféières aménagées au prix d’énormes efforts, ceux qui les avaient expulsés, ceux qui avaient brûlé leurs maisons; il leur suffisaient de les comparer avec ce petit contingent d’hommes qui portaient la barbe par hasard, faute tout simplement de rasoirs et de ciseaux; voilà le surgissement de la barbe et des cheveux longs, devenus ensuite le symbole de la Révolution. Il s’agissait parfois d’une poignée d’hommes, d’un groupe réduit d’hommes portant des sacs à dos de fortune faits de toile de sac à sucre, portant des armes modestes, qui respectaient les paysans comme quelque chose de sacré, ainsi que leur familles, leurs propriétés, leurs biens, qui payaient jusqu’au dernier centavo, qui donnaient tout ce qu’ils avaient, en échange d’un médicament, de n’importe quoi, qui les traitaient comme des êtres humains. Aussi, les paysans ont-ils pressenti que ces hommes représentaient l’avenir, la libération et quelque chose qui allait au-delà de la simple possession de la terre. Ils ont pressenti l’existence de ce monde immense de dignité dont je vous parlais tout à l’heure. Voilà pourquoi ils ont tout de suite sympathisé avec les guérilleros, ayant de moins en moins peur des avions et des abus.

Ils savaient que leur maison courait le risque d’être brûlée s’ils parlaient avec le guérillero. Les maisons étaient parfois brûlées avec les victimes dedans. Ils savaient d’ailleurs que les fils étaient assassinés, que le mari était assassiné. Ils savaient tout ça. Ils ne savaient ni lire ni écrire. Cependant, ces paysans ont parfaitement réussi à s’orienter et à découvrir la vérité!

Un jour, j’ai vu un film du début de la Révolution qui montrait la méthode suivie pour gagner la sympathie des paysans. En dialoguant avec un paysan, le barbu lui disait que la Révolution lui donnerait des terres. Les choses y sont présentées un peu schématiquement. Une caballería de terre ne paye pas la vie d’un homme; une caballería de terre ne paye pas le sang d’un homme; une, deux, cent caballerías de terre ne payent pas la sécurité de ses proches et de son foyer.

Je sais évidemment qu’ils avaient besoin et qu’ils voulaient la terre, car ils avaient le droit de la posséder, étant donné qu’ils l’exploitaient, la travaillaient. Or, il serait erroné de penser schématiquement et de dire que les paysans étaient devenus révolutionnaires à cause de la terre. Pour moi, les qualités des paysans vont beaucoup plus loin. La promesse des terres ne suffit pas pour gagner la sympathie des paysans. Il ne s’agit pas de ça. Les paysans ont tout simplement découvert que la terre leur appartenait à partir du moment où ils ont constaté que ce groupe réduit de guérilleros luttaient contre ces soldats à cheval, fusil à la main, protagonistes du plan de la machette, des abus et de toutes ces choses-là.

Personne n’a offert des terres aux paysans; ils ont tout simplement découvert qu’elles leur appartenaient, et ce grâce à la présence de ces combattants qui luttaient pour eux. Ils ont découvert ce qu’ils étaient et ce qu’ils signifiaient.

Les paysans, n’étaient-ils pas par hasard terriblement humiliés par le fait d’être analphabètes, d’utiliser les empreintes digitales pour signer un document ? Est-ce qu’ils n’étaient pas d’ailleurs terriblement angoissés de voir que leur fils allait mourir là, au bord de la mer, bien avant l’arrivée d’une goélette pour le sauver ? Sans chemins, sans un médecin, sans un instituteur, sans rien, leur seul actif étant une vie sacrifiée, un travail pénible, rude et sans aucun espoir dans les montagnes.

Une aide, un crédit ? Le paysan habitant ces montagnes pouvait-il aspirer à recevoir un crédit de la part d’une banque ?

Lorsque je pense à la réforme agraire et au paysan, je pense à l’ensemble de ce qu’a signifiée la Révolution, à l’essence de la Révolution et au rôle joué par ce paysan aux guerres d’indépendance et à notre guerre de libération.

Est-ce que nos ennemis sont incapables d’en saisir les raisons ? Alors, je leur conseille de comprendre ces raisons, à moins qu’ils veuillent se tromper pendant 500 ans ou peut-être 500 000 ans. Ils ne reconnaissent pas tout simplement le miracle qui s’est opéré dans notre pays. Inconsciemment, il jouit de ce prestige partout dans le monde; inconsciemment, car il aurait été absurde autrement, il est devenu un espoir, ce symbole de lutte ou de résistance, de capacité des peuples de lutter. Inconsciemment, il est devenu l’instrument capable de mesurer les potentialités de l’homme, de mesurer le patriotisme, la dignité humaine, l’héroïsme, mis à l’épreuve non seulement sur notre terre avec notre sang, mais aussi, ce qui constitue un exemple de générosité sans précédent dans l’histoire, sur bien d’autres terres du monde.

Aujourd’hui, nous sommes aussi internationalistes qu’avant. Il vaut mieux de dire que nous sommes plus internationalistes encore, car aujourd’hui la défense de notre terre équivaut à la défense de milliards de personnes dans le monde. Autrement dit, nous défendons des valeurs qui sont le patrimoine de l’humanité, voire de nombre de personnes qui vivent au sein de l’empire puissant - c’est vrai, beaucoup, voire de millions de personnes -, et qui s’opposent énergiquement au blocus et aux agressions contre Cuba.

Hier, j’ai eu le privilège de rencontrer un groupe de représentants religieux des Etats-Unis, au nom de 33 institutions des églises protestantes les plus importantes des Etats-Unis, regroupant 53 millions de membres. Ces fils du peuple nord-américain s’opposent clairement, franchement, décidément et fermement au blocus et appuient la proposition de loi visant à l’élimination du blocus en ce qui concerne la vente d’aliments et de médicaments. Or, ils savent bien que ce n’est pas là la solution. Ils se prononcent contre le blocus complet et ne reconnaissent point le moindre droit d’imposer des conditions à notre pays. Des gens vraiment honorables, admirables, qui ne vivent pas cependant en Afrique ou en Amérique du Sud, mais au coeur même des Etats-Unis. Néanmoins, ce groupe comprenait non seulement des dirigeants religieux, mais encore des hommes d’affaires, des personnalités de renom, des scientifiques, des intellectuels, des éditeurs de presse, autrement dit d’un nombre toujours croissant de personnes qui raisonnent, qui sont capables de voir les réalités du monde et qui condamnent ces crimes, ces injustices. Ils respectent Cuba, admirent Cuba. Ils sympathisent même avec Cuba, bien qu’ils puissent avoir des critères différents sur certains aspects, idées ou questions idéologiques - il serait impossible de prétendre que tous pensent pareillement. Or, toutes ces personnes admirent l’intégrité, la fermeté inébranlable de ce peuple.

Les ennemis les plus acharnés, pour se consoler, affirment que cette situation ne peut plus durer, que c’est impossible. Après toutes les tentatives de liquider les dirigeants de la Révolution, ils expriment, d’une façon très cynique, car il faut être cynique pour dire ceci : «Hé bien, la solution biologique». Par là, ils disent tout simplement que la mort des dirigeants actuels entraînera inévitablement la liquidation de la Révolution. Ils disent également que le blocus a fait long feu pendant ces 40 ans, mais qu’il sera remplacé par la dite solution biologique, selon les propos grossiers prononcés par un haut fonctionnaire de ce pays.

Je m’adresse maintenant aux paysans, caractérisés par leur sagesse, et je leur pose la question suivante : Croyez-vous aux solutions biologiques lorsqu’il s’agit des idées, de la justice, de la cause la plus noble à défendre aujourd’hui dans le monde ? Croyez-vous qu’il s’agit d’un problème biologique et que les idées meurent avec les hommes ou puissent mourir avec les hommes ? (Exclamations de : Non !) Comment peut-on mépriser de la sorte un peuple, des millions et des millions de personnes, en croyant qu’un individu, deux, trois, ou une poignée d’hommes sont ceux qui ont la faculté de décider ou de régler les problèmes ? C’est la pire insulte et offense qu’on puisse faire au peuple.

Certes, nous croyons fermement aux idées que nous défendons et défendrons toujours, et nous croyons au socialisme, au communisme. Aujourd’hui, nombreux sont ceux, un peu partout dans le monde, qui ont peur d’avoir parlé un jour de communisme. En revanche, c’est un grand plaisir pour nous de dire aux journalistes et aux hommes d’Etat ce qui suit : Nous sommes socialistes, nous sommes communistes et nous pensons encore au socialisme et au communisme (Applaudissements).

Cependant, ce pays est appuyé. Vous avez pu le constater dans des images graphiques. C’est presque un soutien unanime exprimé aux conférences internationales. Ce ne sont pas des pays communistes, car cela ne veut pas dire qu’ils partagent notre idéologie révolutionnaire; or, ils savent qu’une grande puissance est en train de tordre le cou au monde et qui veut tout accaparer pour ses groupes d’intérêt; qui ne cesse d’insulter, d’offenser, de léser les intérêts de l’économie du reste du monde; qui tente de s’emparer de tout, de donner des ordres au monde et d’ignorer la souveraineté et l’indépendance des autres pays.

Ces pays ne supportent plus le fait qu’aucun pays ne soit respecté, qu’il soit petit ou grand auquel on tente d’orienter ce qu’il doit faire.

Ils prétendent organiser l’Etat de la Chine, vieille civilisation de milliers d’années qui se caractérise par sa sagesse.

Lorsque la Chine, qui avait déjà une civilisation millénaire, a été découverte par Marco Polo, les Européens n’étaient pas encore arrivés à cet hémisphère. Or, ces messieurs-là prétendent organiser la mairie, le gouvernement, le Parlement chinois, et déterminer les théories que doivent guider l’Etat chinois. Il en aurait été de même avec un petit pays de 10 000 habitants. Il s’agit là d’une mythomanie, d’une absurdité qui offense beaucoup de gens qui sont ainsi vraiment outragés.

Chaque pays a son orgueil, son honneur, indépendamment de ses idées, de sa culture, de ses croyances. Ils méprisent tout cela. Ils parlent du respect des familles ou des êtres humains. Cependant, les enfants, les filles et les adolescents peuvent voir à n’importe quelle heure de la journée ou du soir des films pornographiques, la violence, les crimes, etc.

Aux Etats-Unis, les gens sont désespérés car les adolescents se livrent maintenant à tuer des enfants dans les écoles. Presque toutes les semaines, on reçoit des nouvelles sur des faits de ce genre ou de quelqu’un qui arrive avec un fusil chargé, prêt à tirer. Par conséquent, dans une société constamment intoxiquée par tous les moyens, les enfants ont tendance à exercer aussi la violence. Ce qui se passe là-bas à travers les médias est vraiment scandaleux : violence aux écoles, entre les jeunes, entre les adolescents. C’est incroyable ! A quoi tout cela va-t-il aboutir !

Telle est la culture, la mondialisation de la culture, de la monoculture, ou mieux, de la mondialisation de l’inculture, de la sauvagerie, de la violence, des vices, de la corruption, des habitudes de penser et de voir les choses à partir d’une optique égoïste, arrogante et impériale. Il y a-t-il par hasard des foyers, des familles et des droits de l’homme respectés ?

Combien de films pornographiques sont-ils projetés par notre télévision ? Je connais ses faiblesses et la pénurie de ressources auxquelles elle doit faire face et je sais aussi qu’il est parfois difficile de trouver un film capable de distraire mais dépourvu de venin; mais notre télévision ne contribue pas à déformer l’être humain, car son but n’est pas celui de transformer la violence, l’égoïsme en philosophie de vie.

Ils ne respectent rien, aucun foyer, aucun pays, aucun citoyen du monde; au contraire, ils le trompent misérablement, lui disent des mensonges tous les jours et à toutes les heures; ils divisent le pays en mille fragments, les aliènent, les rendent impuissants. Voilà ce qu’ils veulent, ce qu’ils voudraient faire avec nous.

Evidemment, comme je vous ai déjà dit, je ne pourrais répéter aux autres paysans qui n’ont pas participé à nos débats tout ce dont j’ai parlé de l’agriculture et d’autres sujets, car ce serait trop long et je vous ai promis d’être bref. Je tiens à dire à nos paysans du pays tout entier, que nous avons discuté, que notre réunion a été excellente, vraiment excellente!, très utile à nous tous, qu’elle nous a éclairé, nous a ouvert de nouveaux chemins et perspectives.

Cette réunion est le fruit de deux années de travail dans un processus de renforcement des coopératives de crédits et services, l’une des institutions les plus difficiles, les plus compliquées, car elles sont parsemées un peu partout, ce qui rend plus difficile le travail, voire l’utilisation des ressources. Par ailleurs, elles disposent relativement de peu de ressources, comme nous avons pu le constater. Or, elles se sont engagées depuis deux ans dans un mouvement qui marche graduellement, à mon avis très sage, car il bénéficie de toute la sagesse paysanne. Elles peuvent maintenant accélérer un peu leur rythme, car elles ont accumulé des expériences dans ce processus de renforcement des coopératives de crédits et services qui ont été les premières à voir le jour.

Les coopératives de production agro-pastorale (CPA) ont été créées plus tard. Je vous ai déjà dit qu’un grand nombre de propriétés foncières ont été transformées en entreprises d’Etat. Des centaines et centaines de milliers de paysans y ont trouvé une source d’emploi, ce qui leur a permis d’améliorer leurs conditions de vie, d’avoir accès aux écoles, à l’assistance médicale, d’avoir un logement - nombreux ont été les logements construits - et un emploi pendant toute l’année. Bref, les conditions de vie des paysans sont devenues en général plus humaines.

Les circonstances actuelles ont réclamé de nouvelles choses, de nouvelles idées, de nouvelles formules. Les circonstances actuelles nous ont également aidé à voir que le pays était passé d’une époque de grosses vaches, très grosses, d’abondance, très riche en ressources, à une époque d’une grande pénurie, de minces vaches, très minces. Elles nous ont également aidé à voir la manière où les ressources étaient utilisées, voire la manière où beaucoup de ressources étaient dilapidées.

Il est vrai que de grands ouvrages ont été réalisés, à savoir de grands systèmes d’irrigation, des canaux, des barrages. La seule province de La Havane a produit un million de litres de lait par jour. Mille fermes laitières ont été construites dans la province de La Havane, et d’autres milliers dans les autres provinces ! La période spéciale arrive au moment où nous étions en train de développer de nouveaux plans de construction de fermes laitières à Pinar des Río, à Matanzas, à Ciego de Avila, à Camagüey, dans les provinces orientales. Je me souviens maintenant de sept ou huit plans nouveaux et ambitieux de construction de nouvelles fermes laitières que nous étions en train de développer pour accroître davantage les disponibilités de lait.

Des milliers de fermes avicoles, de fermes porcines étaient en cours de construction lors de l’effondrement du camp socialiste. En conséquence, nous avons perdu les marchés, les carburants, les matières premières, les aliments, les crédits, tout. C’est ainsi que commence cette période tellement difficile.

Il existait un plan comme celui des agrumes de Jagüey sur la chaussée carrossable. Je tiens à vous dire que pour mettre au point le plan d’agrumes à Jagüey, dont la production ne cesse pas d’augmenter, il a fallu dynamiter, perforer et briser le rocher entremêlé à la terre. C’est ainsi que surgit l’un des meilleurs plans d’agrumes du pays. Les autres plans, comme celui de Ceiba ou ailleurs, se sont perfectionnés. De grands efforts sont actuellement déployés dans l’île de la Jeunesse pour trouver de nouveaux débouchés. Les agrumes étaient exportés en Union soviétique et au camp socialiste. Les marchés, les engrais, les carburants, tout, ont été perdus. Cependant, d’importants plans d’agrumes ont été récupérés graduellement. L’élevage a subi aussi un coup très rude.

Les plans de construction de milliers de hangars pour augmenter la production d’oeufs, de viande de volaille et de porc, ainsi que le développement de la pisciculture pour utiliser les résidus découlant de cette production dans l’alimentation des poissons, tous ces plans marchaient à bon rythme, toutes les brigades travaillaient d’une façon organisée. Un canal qui allait transporter l’eau depuis le barrage du Zaza jusqu’à Camagüey, presque au sud de Camagüey, était en cours de construction. Par ailleurs, il était prévu de relier le barrage d’Agabama à celui du Zaza, ce qui permettrait au pays de disposer d’une énorme quantité d’eau. Citons d’ailleurs les systèmes d’ingénierie pour 200 000 hectares cultivées de riz, des terrains bien nivelés qui permettraient de faire des économies d’eau et d’accroître considérablement la productivité; les systèmes d’ingénierie pour la canne à sucre, ainsi qu’une usine de machines Fregat à Bayamo, capable de produire de 1 000 à 1 500 machines. Autrement dit, des plans prometteurs et importants étaient conçus pour développer notre agriculture socialiste et, en dépit des déficiences, les programmes marchaient à un rythme accéléré.

Il nous faudrait disposer maintenant du lait provenant de La Havane, car cette seule province était capable de produire une quantité similaire à celle que produit actuellement le pays. On ne peut imaginer ce qu’on dépense actuellement et ce qu’il faudra dépenser pour assurer le lait à tous les enfants jusqu’à un âge déterminé.

L’agriculture avait certes des points faibles, mais les ressources étaient là pour assurer son développement. La brusque disparition de toutes ces ressources nous a obligé à utiliser rationnellement les ressources et à surmonter les tendances négatives, à adapter notre travail agricole aux conditions actuelles, ainsi qu’à chercher de nouvelles formules durables, non pas transitoires ou conjoncturelles.

Il a fallu apprendre à travailler dans des conditions très difficiles, à partir d’autres méthodes et avec très peu de ressources. C’est ainsi que les nouvelles formes de production ont surgi.

Dans ces conditions là, il était impossible de maintenir ces entreprises de canne trop grandes. Alors, un pas révolutionnaire a été fait : transformer les travailleurs en propriétaires des plus importantes productions agricoles étatiques. Dans une Unité de base de production coopérative (UBPC), les travailleurs sont les propriétaires des équipements, les usufruitiers de la terre et les propriétaires de la production.

L’administration étatique présentait des déficiences, assez de déficiences, ce qui ne lui empêchait pas de faire des progrès grâce à l’impulsion de cette dynamique de construction.

On disposait des hangars, des aliments pour le bétail, de la force de travail requise, des poules qui pondaient dans certains cas presque 300 oeufs par poule, plus de 250, et l’aliment pour le bétail était transformé en viande de volaille et de porc. Or, les déficiences empêchaient de faire des économies et d’obtenir de meilleurs résultats.

La nouvelle situation nous a obligé à réexaminer, à réorganiser et à accélérer le développement de nouvelles idées. Comme je vous ai déjà dit, les solutions aux problèmes que rencontre actuellement notre pays, soumis à un blocus renforcé par la puissance hégémonique, ne se trouvent pas dans les manuels, car cela ne s’est jamais passé ailleurs; notre pays est tout simplement devenu - comme je l’ai déjà dit -, un créateur de formules pour affronter décidément nos difficultés actuelles.

C’est avec cet esprit que nous travaillons actuellement. Il s’agit d’un champ de bataille difficile, très difficile, en raison, en partie, de toutes ces pénuries, du fait d’être obligés de travailler à partir de nouvelles formules adaptées à ces circonstances, pour optimiser davantage les résultats agricoles.

Il ne faut pas oublier qu’une grande partie de notre population a émigré vers les villes. Je vous ai déjà expliqué qu’il s’agit là d’un phénomène universel beaucoup plus accentué par rapport à notre pays. Mais cela s’est passé malgré le développement de toutes les provinces du pays.

Messieurs, ceux qui ont eu la possibilité de voir ce que c’était autrefois Las Tunas, lorsque la Route centrale passait par là, savent que c’était un village. Aujourd’hui, en revanche, Las Tunas, l’ancien village, dispose d’hôpitaux, d’installations sportives, de facultés universitaires. Les provinces d’Holguín, de Camagüey, de Santa Clara, de Pinar des Río, dénommée la Cendrillon, ont connu aussi un développement incroyable.

De grands efforts ont été déployés tout au long du pays, ce qui a contribué à amortir les graves problèmes rencontrés aujourd’hui, bien qu’ils soient graves encore, car les réseaux de services dans les grandes villes ne sont pas suffisants pour couvrir les besoins des populations. Les problèmes les plus sérieux sont rencontrés dans la capitale, non pas à Ciego de Avila, aussi un ancien village; Sancti Spíritus, pour sa part, peut être qualifiée de petit village historique, encore historique, toujours plus historique, aujourd’hui chef-lieu digne et respecté qui accumule déjà des expériences positives.

D’énormes efforts ont été déployés sur tout le territoire, mais il faut couvrir les besoins de la population, objectif des efforts qu’ils ont fait. J’aurais voulu que vous écoutiez les paroles prononcées ici par les délégués ici présents et leur préoccupation de fournir davantage de produits. Or, il faut certes fournir davantage de produits agricoles, mais à des prix plus accessibles.

Il faut disposer de davantage de tous ces produits que vous pouvez arracher des champs, mais il faut aussi que le peuple y ait accès, à des prix plus intéressants. Il faut même chercher des formules empêchant que les intermédiaires puissent s’enrichir et devenir des millionnaires aux dépens de votre sueur et des budgets des travailleurs de notre pays. Ces questions ont été l’objet de longues discussions.

Nous attendions avec impatience cette réunion, car nous étions intéressés à connaître de façon détaillée les activités réalisées par ce mouvement en vue de renforcer les coopératives de crédits et services. En fait, d’après les commentaires faits et les documents que j’ai lus, ainsi que le déroulement de la réunion d’aujourd’hui, j’ai la meilleure impression. A mon avis, nous avons trouvé une solution à l’un des problèmes les plus difficiles. Les solutions commencent à voir le jour.

Pour ce qui est de la canne à sucre, nous avons pris certaines mesures qui vont favoriser le développement aussi bien des coopératives de production agro-pastorale que les coopératives de crédits et services, consacrées à la culture de la canne.

Aujourd’hui, nous avons essayé de préciser certains problèmes qu’il faut régler dans ce secteur. En fait, il faut féliciter la direction de l’ANAP pour le travail anonyme réalisé, voire sans beaucoup de publicité, pendant ces deux années. Citons, par exemple, le mouvement de renforcement de 664 coopératives, notamment, les expériences précieuses accumulées, ainsi que la mise en marche de tout un processus de création.

Des efforts sérieux sont actuellement déployés en vue de trouver des solutions aux problèmes rencontrés dans le secteur de la canne. Par ailleurs, les UBPC, les fermes intégrales et celles de l’Armée des jeunes travailleurs, entre autres, mènent à bien un travail sérieux pour trouver des solutions aux problèmes, des expériences précieuses étant accumulées dans ce sens. Je pense donc que nous sommes déjà à même, en dépit de l’énorme pénurie de ressources, de faire des pas importants en ce qui concerne la production et la distribution. De nouvelles expériences sont actuellement mises en pratique, non pas, ce ne serait pas possible, pour récupérer les acquis remportés auparavant. Compte tenu des conditions actuelles, il faudra du temps pour disposer des ressources abondantes qui, bien gérées, comme elles le seront dans l’avenir, porteront davantage de fruits que ceux qu’elles auraient apportés sans ces expériences.

Il faut réaménager toutes les UBPC, de canne et hors canne. Je ne parle pas des CPA, l’une des institutions qui ont fonctionné le mieux dans le secteur agricole et qui ont apporté des expériences positives. J’estime que, grâce aux mesures envisagées, elles pourront, dans leur ensemble, devenir rentables. La plupart des unités non rentables se consacraient à la canne. Il reste encore à renforcer plus de 2 000 coopératives de crédits et services, auxquelles il faudra appliquer les idées avancées ici par les compañeros, pour ainsi compter sur les bénéfices qu’apportent les innovations et les pratiques conçues.

Je suis pleinement convaincu que nous pourront y parvenir. Il ne faut pas oublier que le peuple en sera le principal bénéficiaire. Autrement dit, il faudra impulser ces activités, y compris le petit jardin potager urbain qui produit des kilogrammes de légumes par mètre carré, modalité mise en pratique tout au long du pays. Il faut donc tout faire. Nous devons exploiter toute possibilité et chercher les formules les plus pratiques et les plus intelligentes en matière de commercialisation et de distribution.

Ces questions - je ne sais où se trouvent les paysans invités, je suppose qu’aux deux côtés de la salle, n’est-ce pas ? - ont été soulevées et analysées ici. Evidemment, celle-ci ne sera pas la dernière réunion; les résultats obtenus nous encouragent à y réfléchir. Nous comptons ici sur la présence de 500 directeurs de coopératives de crédits et services, chiffre qui pourra s’élever un jour à plus de 500, au fur et à mesure que le mouvement se développe.

Je vous ai déjà dit que je suis pleinement convaincu que nous trouverons les solutions aux différents problèmes soulevés, j’en suis absolument convaincu. Je suis également persuadé que des progrès plus significatifs seront enregistrés dans les autres domaines, dans chacun des domaines de l’agriculture, tellement nécessaires et importants. Et cette question ne sera pas renvoyée aux calendes grecques, suivant la maxime grecque et latine de

«hâte-toi lentement», car il est vrai que nous avons hâte de faire quelques choses, mais il faut les faire correctement, sur des bases solides et à partir des expériences accumulées.

Vous ne savez pas combien nous sommes heureux de connaître les claires perspectives qu’offre ce mouvement, et les possibilités découlant des paroles de l’un des directeurs de coopératives de crédits et services qui faisait allusion aux potentialités que renferme la bonne exploitation d’un camion.

Je vous ai parlé des aliments, secteur clé, mais vous supportez sur vos épaules le poids principal de l’une des branches économiques du pays qui apporte le gros des ressources : la production de tabac. C’est précisément cette branche celle qu’il faut continuer de développer. Comme vous le savez, au cours des deux ou trois dernières années, nous avons fait des essais tout au long de l’île dans ce domaine-là, car toutes les provinces de l’île produisent du tabac d’une très bonne qualité.

En regardant les terres rouges de San Antonio de los Baños, je me suis posé la question suivante : La province de Matanzas, n’a-t-elle pas par hasard des terres comme celles-ci pour produire des capes ? Depuis, nous avons entamé les essais sur les capes dans plusieurs provinces.

Combien de cigares faudra-t-il produire ? Il faudra produire 300, 400, 500 millions, car le marché du tabac est illimité. Par ailleurs, le prestige dont jouit le cigare cubain partout dans le monde en raison de sa qualité est vraiment énorme.

Voilà un produit qui constitue une source de travail pour beaucoup de personnes, pour beaucoup de femmes - dans certains endroits, la force de travail est déficitaire, dans d’autres, excédentaire -, une source importante de devises pour le pays. La production de 300 ou 400 millions de cigares, combien de revenus apporterait-elle au pays et combien de choses pourrions-nous faire pour le pays, pour l’agriculture et pour les coopératives de crédits et services ?

On parlait aujourd’hui d’un moteur qui coûtait 5 000 ou 6 000 dollars, s’il était d’occasion ou neuf, et d’un camion d’une coopérative quelconque. Or, la production de tabac et l’exportation de produits finis peuvent nous apporter des centaines de millions de dollars chaque année. Nous ne pensons pas aux matières premières, mais aussi aux produits finis; toutes les provinces apporteraient des milliers de postes de travail, des postes bien rémunérés, occupés curieusement aujourd’hui par les femmes en particulier. Compte tenu du chômage et des conditions de vie du passé, les femmes ne pouvaient pratiquement participer à la production de tabac. Et que je sache, les travaux d’enroulement et de triage sont aujourd’hui, dans la plupart des cas, réalisés par des femmes.

Voyez par exemple l’idée surgie à Consolación des Sur sur les travaux de triage, à tel point qu’on envisage déjà la mise en place d’une fabrique de cigares dans une coopérative de production agro-pastorale. Et combien d’autres idées ne seraient pas possible de concrétiser au fur et à mesure qu’on fasse des études plus approfondies, combien de nouvelles possibilités, dans un esprit ouvert, créatif, pour appliquer toutes ces recettes qui s’adaptent le mieux à notre économie.

C’est avec cet esprit qu’on travaille dans tous les autres secteurs, dans l’administration centrale de l’Etat, dans toutes les branches de l’économie, dans toutes les entreprises, dans la formation de cadres, dans l’organisation de conférences, de cours, dans la mise au point d’études d’administration, d’informatique, de direction. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit-là d’une technique, d’une science, qu’on ne peut sous-estimer, tout comme celle de cultiver du tabac pouvant produire de 60 à 70% de capes d’exportation.

Je peux vous assurer que l’Etat fait des efforts sérieux en ce qui concerne les contrôles et les inspections nécessaires de la part du parti, de la part de l’administration centrale de l’Etat, de la part des organismes. Et cette activité doit se renforcer de plus en plus, car les ouvertures opérées entraînent des risques. La circulation de deux monnaies, le fait que des milliers de personnes gèrent des ressources importantes et des devises, cela exige une énorme organisation.

Il ne faut pas oublier ce que disait Lénine sur le fait que le capitalisme a développé différentes formes d’organisation et de production qui représentaient presque le squelette de ce que doit être une production socialiste. Le pays compte des chaînes qui opèrent des milliers de magasins.

Il existe une science pour contrôler, pour administrer, et nous sommes en train de l’assimiler dans les meilleurs délais, de perfectionner les connaissances des cadres, en vue de les protéger contre les risques qu’entraîne l’ouverture, contre les risques qu’entraînnent les mesures prises par la Révolution. Le processus d’ouverture de notre pays concerne aussi le tourisme. Des touristes provenant de nombreux pays n’ont même pas besoin d’un visa pour visiter le pays, cette formalité n’étant pas de rigueur dans nombre de cas.

Imaginez alors la responsabilité que doivent assumer ceux qui veillent à la sécurité du pays, et la capacité et l’intelligence qu’ils doivent développer; pour défendre le pays, il faut faire appel à l’intelligence, non pas seulement aux chiens dressés - qui aident, n’est-ce pas ? - qui peuvent détecter la drogue ou les explosifs. Il s’agit d’un travail qui exige de l’intelligence. Or, je peux vous assurer que nous remporterons la victoire dans cette lutte. L’ennemi tentera de continuer d’entraver les efforts énormes que nous déployons dans le secteur touristique. Il persistera et nous persisterons aussi, car nous nous efforcerons de contrecarrer tout cela.

Cette question attire d’ailleurs l’antipathie universelle. Ces actes contre les visiteurs, contre les touristes, sont condamnés par le monde entier. Je suis convaincu que les Etats-Unis ne sont pas intéressés à ce que ces activités soient réalisées contre Cuba dans les circonstances actuelles. Les Nord-Américains eux-mêmes ont capturé à Porto Rico le yacht de la Fondation, les armes et l’équipage qui préparait un attentat contre moi au Sommet de Margarita; ils ont sous-estimé les intentions des fripouilles qu’ils ont engendrées et leur manque de scrupules pour recruter des mercenaires qui se livreraient au terrorisme à l’étranger.

Ces actes seront condamnés à l’échelle internationale et notre pays recevra le soutien du monde entier dans cette lutte.

Aujourd’hui, aucun pays, indépendamment de son idéologie ou de son système, ne saurait être d’accord avec des méthodes si répugnantes. Imaginez les conséquences du terrorisme dans une ville dotée de métro où il y a une population de 20 millions d’habitants.

Le délit est l’un des phénomènes qui acquiert une force toujours croissante dans toutes ces grandes villes. Les Etats-Unis eux-mêmes courent ce danger, à preuve certains actes graves de terrorisme comme celui d’Oklahoma. Là, les terroristes ont fait sauter un grand bâtiment, détruit, tué cent et quelque personnes, un acte fou et monstrueux; ils ont essayé de saboter le métro de New York, mais le problème c’est qu’aux Etats-Unis il y a environ 800 groupes extrémiste, réactionnaires, dont 400 au moins, armés.

En lisant les nouvelles des dépêches, on constate qu’on découvre presque tous les mois un complot sérieux. Aujourd’hui, ils craignent même l’utilisation du terrorisme chimique et biologique.

On ne peut donc mettre en question la fait que les Etats-Unis soient indifférents aux activités de groupes criminels qui tentent de saboter l’économie cubaine par des actes de terrorisme, car ils doivent, eux aussi, combattre, décourager et protéger leur propre population contre des centaines d’organisations extrémiste, fascistes armés, qui grouillent dans ce pays.

On ne peut oublier ce qui s’est passé avec les détournements d’aéronefs. On a accusé Cuba d’être l’auteur des détournements d’avions, ce qui a ensuite devenu une épidémie mondiale. Qui a réglé le problème ? Cuba, le jour où nous avons dit clairement et par anticipation que nous ne tolérerions pas un seul détournement, les auteurs devant purger de sévères peines de prison. Comme cette mesure s’est avérée insuffisante, nous avons averti que les auteurs, de n’importe quelle nationalité, seraient renvoyés aux Etats-Unis. Malheureusement, un autre fait a eu lieu, ce qui nous a obligé à renvoyer deux hommes, en l’occurrence d’origine cubaine. Et nous l’avons fait sur notre propre initiative, personne ne nous l’a demandé, exigé, mais il fallait extirper ce fléau. Deux ou trois avions aterrissaient parfois ici, ce qui pouvait provoquer toujours une catastrophe.

Un jour, j’étais à l’aéroport lorsqu’un de ces avions arrive. Aux Etats-Unis, la police avait tiré sur les roues de l’avion - une absurdité. Alors, l’avion a dû atterrir sans pneus, tous les pneus avaient crevés à cause des coups de feu de la police. C’était un grand avion, un Jumbo. Alors, les pompiers ont couvert la piste de mousse. Je me suis demandé : Que va-t-il se passer ? L’avion a jeté des étincelles, mais il a pu finalement atterrir sans pneus.

Nous avons donné aux Etats-Unis une véritable leçon dans la solution de ce grave problème. La mesure adoptée dont je viens de parler concernait deux citoyens qui avaient émigré illégalement et qui voulaient tout simplement rentrer dans le pays. Mais nous avions déjà lancé un avertissement et réitéré par anticipation : «Pas un seul détournement d’avion».

Je tiens à vous dire, pour vous donner une idée de la mentalité des autorités nord-américaines, que ces individus ont été condamnés à quarante ans de prison. Cependant, les Etats-Unis, qui demandent toujours la libération de quelqu’un, d’un de ces terroristes, n’ont pas autorisé la visite des prisonniers par leurs proches. Ils n’ont même pas envoyé des nouvelles sur ces gens-là, condamnés sévèrement en vertu d’une décision de notre pays qui a mis fin aux détournements d’avions. Depuis, un seul détournement d’avion des Etats-Unis n’a eu lieu. Cuba avait réglé le problème. Tels sont nos voisins, qui n’ont même pas daigné nous donner des nouvelles, car je pense que pour répondre à notre geste, ils ont dû, soit accorder des facilités aux familles pour les visiter, soit les renvoyer ici pour purger leur peine. Ils ont une mentalité spéciale, il faut bien les connaître.

Cuba a mis un terme aux détournements d’avions, une expérience amère qui est devenue ensuite une épidémie mondiale.

Citons, par exemple, d’autres actes terroristes comme ceux réalisés par le mercenaire salvadorien qui a voulu poser cinq bombes en une seule journée, conçues à partir de mécanismes sophistiqués, mais accessibles. La vulgarisation de ces méthodes à travers le monde peut provoquer une tragédie.

Aux Etats-Unis, il y a suffisamment de gens conscients et les autorités de ce pays, d’après certaines dépêches publiques, sont conscientes et sont préoccupées. La familiarisation, par les fous extrémistes qui grouillent dans ce pays, avec ces procédures, plus faciles à utiliser que les détournements, pour exiger de l’argent, pour faire des sabotages, pour semer la terreur, pour commettre des actes de fanatisme et d’extrémisme, pourrait constituer un danger sérieux non seulement pour les Etats-Unis, mais aussi pour le monde entier.

Il y quelque chose sur laquelle il n’y a pas l’ombre d’un doute : ils doivent assumer leur responsabilité; en premier lieu, ils ont entraîné tous ces gens-là; en deuxième lieu, ils les ont laissé, de longues années durant, commettre toute sorte de méfaits contre Cuba; en troisième lieu, ils les ont sanctifié; les membres de la Fondation sont ceux qui ont conçu et organisé les plans macabres de recruter des mercenaires étrangers pour commettre ces actes, tirant profit des facilités qu’offre l’ouverture et le développement du tourisme dans notre pays. Oui, nous les avons avertis et nous leur avons signalé les responsabilités qu’avaient ces groupes; or, ceux qui jouissaient d’une grande influence, de pression, ont proposé des lois et des lois contre Cuba et ont essayé de passer pour des gens honnêtes et pacifiques. Ayant tous ces éléments de valeur en main, nous en avons averti depuis très longtemps les autorités de ce pays.

Je dois dire d’ailleurs qu’ils sont actuellement préoccupés pour ces problèmes. Il y a là, je répète, des groupes d’extrémiste, fascistes, racistes, prêts à faire n’importe quoi. En outre, ce n’est pas seulement Cuba, mais aussi les autres pays et les Etats-Unis eux-mêmes, ceux qui doivent empêcher la prolifération de ces pratiques dans le monde.

Tous ces plans ont été peaufinés par les auteurs sans scrupules et irresponsables en vue d’entraver les efforts que déploie le pays; or, aux efforts des ennemis de notre patrie nous opposerons, comme je vous ai déjà dit, notre effort et notre travail dans tous les domaines, ainsi que notre ferme volonté de coopération avec les autres pays pour faire face à ce fléau et aux autres maux qui frappent le monde d’aujourd’hui.

Nous travaillons dans tous les domaines pour bien contrôler, pour être plus efficaces, pour éviter les déviations, pour éviter les vols, pour éviter les habitudes négatives et les vices que le système capitaliste engendre et répand dans le monde entier.

L’ennemi prône l’habitude de voler et tente, à travers les médias, d’insister, d’insinuer, d’inculquer l’idée du vol, de la violation des lois, au milieu de pénuries et de difficultés, d’où la nécessité de renforcer toutes les mesures pour contrecarrer tout cela et les manifestations de prostitution, et de sanctionner sévèrement, en vertu du dernier décret-loi édicté, toute corruption de mineurs. Ceux qui prétendent corrompre et démoraliser notre peuple doivent savoir qu’on a longuement discuté de la possibilité d’appliquer la peine capitale en cas de corruption de mineurs. Pour éviter l’adoption de mesures extrêmes, il a été décidé d’élever les sanctions de privation de liberté pour punir toute tentative de corruption de mineurs ou toute autre activité de ce genre. Nous espérons que cela suffira.

La bataille contre certaines de ces éventuelles manifestations doit être livrée de concert avec les masses, avec le peuple; cette bataille doit être politique, éducative, et doit être livrée partout et restant toujours en garde. Nous comptons à cette fin sur les organisations de masse, sur le parti, sur les institutions de l’Etat et sur les institutions chargées de l’ordre intérieur qui ont accumulé une grande expérience pendant ces années.

Il s’agit de nouvelles formes de lutte. L’ennemi fait appel à de nouvelles formes de lutte pour léser en particulier l’économie qui est devenue leur tâche primordiale et prioritaire, sans compter les offensives idéologiques nouvelles et permanentes contre le pays.

Nous ferons tout ce qui sera à notre portée, tout ce qui sera à la portée de notre peuple, de notre parti, de notre Etat, des organisations de masse pour remporter la victoire; nombreuses sont les batailles à livrer, aussi bien à l’intérieur qu’en dehors du pays, mais nous lutterons toujours. Nous connaissons les idées, les plans de la puissance hégémonique, ses théories, sa philosophie et, par conséquent, nous dénoncerons toujours toute invention visant à soumettre les peuples, toute manoeuvre visant à piller le monde. Ils devront compter sur nous aux organismes internationaux auxquels nous participons, qui sont d’ailleurs les plus importants.

Nous ne sommes pas intéressés à leurs réunions exclusives. A quoi nous servent-elles ?

Une réunion s’est récemment tenue à Genève et des choses bizarres y ont eu lieu, des choses bizarres y ont été inventées. Une réunion pour un groupe de chefs d’Etat était programmée. Ils ont cependant inventé des programmes spéciaux et des choses du même genre. Il semble certainement que la présence de Cuba ne leur plaisaient pas du tout; hé bien, nous avons assisté à toutes les réunions, à toutes les activités; nous avons respecté rigoureusement le programme.

Il faut donner à l’adversaire des leçons de générosité et de politesse; se conduire comme une personne honnête et civilisée, lorsqu’on est honnête et civilisé, ne coûte rien. Il doit être difficile de passer pour civilisé sans l’être. Cela arrive à beaucoup de gens dans le monde.

En quittant cette réunion, vous pouvez être sûrs qu’un travail généralisé est réalisé dans tous ces domaines tout au long du pays, et ce tous les jours et à toutes les heures; on en est train de chercher des solutions les samedis, les dimanches, les lundis, les mardis. Les thèmes, les questions que doivent aborder le parti et la direction de l’Etat sont très variés, ce qui n’empêche pas de travailler en tout. Autrement dit, nos efforts vont aller de pair et nous aspirons à ce que le secteur agricole occupe une place de choix et n’épargne aucun effort.

Il s’agit non seulement d’une bataille pour les aliments, mais encore d’une bataille politique, idéologique. Lorsque l’ennemi s’efforce de louer tous les mérites de la société capitaliste pourrie et corrompue, nous devons exalter et cultiver toutes les vertus du socialisme et du communisme, synonymes de fraternité et générosité. Un peuple qui a été capable de verser son sang est aussi capable de donner son âme, tout son esprit et sa conscience à la cause de la Révolution.

Voilà notre critère sur cette rencontre, très encourageante, et je sais qu’on aurait pu rester ici pendant une semaine. Nous allons faire de notre mieux pour suivre de près vos activités et celles de l’ANAP au sujet de ce mouvement.

Vous ne savez pas combien nous sommes heureux de voir le surgissement des formules. Aujourd’hui, j’ai pu constater quelque chose que personne n’a dit expressément, car il aurait été impossible de le dire par des mots. Or j’ai pu saisir votre irritation au sujet des problèmes qui n’étaient ni économiques ni matériels; parmi les centaines de compañeros qui ont parlé ici, j’ai n’ai écouté aucune expression où les intérêts économiques l’emporteraient sur les intérêts de la patrie et de la Révolution, pas un seul mot, et j’ai écouté plusieurs critères de ceux qui soulevaient amèrement la question de la nécessité de baisser les prix, de trouver le moyen de baisser les prix des produits offerts à la population. Pourquoi le faisaient-ils ? Parce qu’ils possèdent un sens élevé de l’honneur. Le paysan s’irrite et s’indigne devant la possibilité d’être vu au même niveau de certains de ces escrocs qui tentent de gagner beaucoup d’argent sans suer la chemise, aux dépens des autres. Je m’en suis clairement rendu compte, ce qui s’est reflété aussi dans vos paroles. Je me suis aperçu que vous défendiez, en premier lieu, l’honneur des paysans.

Nous pouvons faire des choses au bénéfice des paysans du point de vue social, du point de vue économique et du point de vue de l’honneur. Le paysan n’a rien à perdre de ce qu’on fait et a beaucoup à gagner et ce à plusieurs égards, surtout du point de vue morale, de son prestige, de son autorité, de sa Révolution, de son alliance avec les ouvriers, les étudiants, les intellectuels, les scientifiques. Voilà pourquoi cet effort a un avenir prometteur. Je peux vous assurer que nous ferons l’impossible pour le soutenir et pour être au courant de toutes les expériences. Nous ferons l’impossible pour connaître les préoccupations que vous n’avez pu exprimer aujourd’hui. Car on a clairement constaté que les questions, par exemple celle de petits marchés, étaient envisagées à partir de différentes optiques. D’autres ont dit qu’ils ne voulaient envoyer personne au marché, qu’ils préféraient maintenir le travailleur sur la campagne. Evidemment, je vous ai déjà dit qu’il faudra confectionner beaucoup de costumes sur mesure, en fonction des situations, même en fonction des provinces. Comme l’a dit José Luis, les conditions de La Havane ne sont pas similaires à celles d’autres provinces. La situation à Ciego de Avila est tout à fait différente; mais les leçons apportées sont nombreuses et excellentes. Je suis sûr que toutes les communes, partout, sont en mesure d’apporter de nombreuses leçons qu’il faut retenir, exploiter, appliquer rapidement, sur la base du sens commun.

Le quarantième anniversaire de la réforme agraire sera célébré en grand, car c’est en quelque sorte la renaissance de tous ces rêves, de toute cette joie d’alors, sur une base différente, comme je vous ai dit au début, avec un paysannat cultivé, un paysannat qui sait lire et écrire qui peut se situer au-dessus de tout autre paysan latino-américain, de tout autre paysan du monde ou, au moins, du tiers monde; je peux vous dire à ce sujet qu’il y a beaucoup d’analphabètes dans le premier monde où il y en a certains qui savent signer mais qui ne savent lire un journal ou un livre.

C’est ainsi, Pepe, que le quarantième anniversaire sera célébré. Il faudra maintenant mettre au point tous les détails; il faudra d’ailleurs faire de grands efforts pour faire avancer, pour perfectionner et impulser toutes les activités ayant à voir avec l’agriculture. Et le peuple tout entier, avec vous et avec nous, célébrera ce quarantième anniversaire, cette loi qui a donné naissance à la décision du gouvernement des Etats-Unis de renverser le gouvernement révolutionnaire; la réforme agraire a été la première loi, suivie certes de toute une série de lois, mais c’était la réforme agraire, l’histoire est là pour le confirmer, celle qui les a poussé à détruire la Révolution. Ce quarantième anniversaire est marqué par une caractéristique essentielle, à savoir qu’il sera célébré au milieu de milliers de CPA, de milliers de coopératives de crédits et services, de milliers d’UBPC et d’entreprises de différent genre ayant à voir avec l’agriculture, avec une terre qui nous appartient, qui nous appartient vraiment, car nous y voyons un trésor de la nation. Nous pouvons le faire avec elle, car nous pouvons le faire en toute liberté, l’utiliser et l’exploiter de la façon que nous estimerons la plus pertinente. Et tout ce qu’on pourra faire, comme toujours, il faudra le faire ainsi, après avoir discuté entre nous mêmes et avoir abouti à un consensus unanime.

Je vous félicite pour cette déclaration, une déclaration magnifique et très opportune que vous allez discuter et présenter dans le cadre de l’anniversaire du Congrès en armes. Cependant, il faut déjà commencer à penser aux préparatifs du quarantième anniversaire de la Loi de réforme agraire, qui sera guidé par ce signe, autrement dit celui d’impulser fermement et décidément toutes les activités ayant à voir avec l’agriculture. Et, comme toujours, vous pouvez compter sur notre soutien qui, cette fois-ci sera un soutien spécial.

Il est vrai que les tâches sont nombreuses, mais on peut toujours faire un petit effort. Lugo, je vais consacrer un peu de temps pour être au courant de tout ce qu’ils auraient voulu dire aujourd’hui, de toutes leurs expériences et de toutes les nouvelles expériences acquises, et pour réfléchir sur la meilleure méthode pour consolider le mouvement, pour impulser ce mouvement qui, à mon avis, renferme beaucoup de perspectives économiques et politiques.

Je vous ai mis un seul exemple concernant un poste économique : le tabac, mais je ne vous ai pas dit qu’il s’agit aussi de la plus importante source de monnaie nationale. Nous pensons aux devises, mais cette matière première que vous produisez, et je n’en ai mentionné qu’une, apporte beaucoup d’argent aux finances internes. Certes, la production de cacao peut être plus élevée, formidable; or, il ne faut pas détruire la nature. Si l’on peut accroître la production de café, nous devons faire des efforts pour y parvenir; mais il faut toujours le faire en préservant la nature, non pas au détriment de celle-ci. Il faut rationaliser nos efforts sur les montagnes.

En ce qui concerne les tubercules comestibles et les légumes, il est très important tout ce que vous faites pour exploiter vos terres, vos différents jardins potagers, en y appliquant la technique, la science. Le pays compte assez de scientifiques, le savoir-faire, et les niveaux culturels sont élevés, comme je vous ai déjà dit. On a dit ici le nombre de techniciens brevetés, de professionnels universitaires que vous avez. Si l’on fait un calcul, d’après les chiffres avancés ici, il doit avoir quelques milliers, quelques centaines de milliers de professionnels universitaires qui prêtent service dans les coopératives de crédits et services.

Nous nous félicitons de compter sur la présence de ces délégués, héritiers de ceux qui ont participé à la mise au point des premiers plans. Aujourd’hui, l’expérience accumulée est énorme, non seulement au niveau national, mais encore au niveau international. Il faut maintenant regrouper toutes ces expériences et aller de l’avant.

Quelle différence par rapport à ce 2 décembre, date du débarquement du Granma ! Mais, pourquoi avions-nous tant de confiance dans nos paysans ? Tout simplement, parce que nous connaissions l’histoire de Cuba. Nous étions conscients du fait qu’il fallait lutter contre une armée équipée d’armes données par les Etats-Unis, entraînée par les Etats-Unis et fournie par les Etats-Unis qui mettaient entre ses mains les tactiques, les stratégies, les systèmes de communications, les chars, les avions, toute sorte d’armes, de moyens de combat. On se posait alors la question : Où trouver la solution ? Et ce encore à l’époque de la Moncada.

Notre idée, lors de la Moncada, était de capturer la forteresse pour occuper les armes et essayer de renverser le gouvernement à partir du soutien des masses; or, il était clair qu’en cas d’échec, nous regagnerions la Sierra Maestra avec toutes ces armes. Tout cela était très clair pour nous.

Suite à l’attaque de la caserne Moncada, déjà dans les prisons de l’île des Pins, le plan ultérieur était déjà bien conçu. Comme nous étions tous bien connus, la tâche de travailler ici allait être difficile. Nous avons donc déterminé de nous absenter pendant un certain temps pour travailler, organiser, entraîner, acquérir les armes et rentrer. Où ? Dans la Sierra Maestra. Et qui étaient à la Sierra Maestra ? Les paysans. Dans qui avions-nous confiance ? Dans les paysans.

Cela ne veut pas dire que nous n’avions pas confiance dans les ouvriers. Nous savions qu’ils étaient le bras droit au moment d’assener des coups comme ceux lancés par Stevenson - vous ne savez rien de boxe ?; un coup envoyé avec le bras gauche c’est le jab (il se met en position), n’est-ce pas ? -; en attendant, la classe ouvrière avait le poing droit en position, et lorsqu’on a essayé d’assener le dernier coup contre la Révolution, ça a duré combien ? Nous avons déchargé énergiquement le bras droit : la classe ouvrière livrait la bataille finale aux côtés de l’Armée rebelle. A peine quelques mois s’étaient écoulés après la grève d’avril et il n’y avait pas encore un mouvement syndical, car le mouvement syndical était contrôlé par les mujalistes. C’est alors la conscience des travailleurs, ce bras droit, celui qui a agi, surtout ce Premier Janvier, même s’il a aussi participé à d’autres batailles décisives, comme le ratissage de l’Escambray, Playa Girón et tous les autres événements auxquels la classe ouvrière a joué un rôle de tout premier plan.

Nous avons débarqué ce 2 décembre 1956 à l’endroit où se trouvaient les paysans. Nous avions confiance dans ces paysans qui ne savaient ni lire ni écrire, dans ces paysans exploités, et ce non seulement lorsque nous étions 82, mais aussi lorsque les groupes n’étaient formés que de deux ou trois combattants, lorsque nous étions 10 ou 12. Et nous avons encore confiance dans les paysans, car la confiance n’a jamais fait défaut. Or, nous connaissions l’histoire de Cuba, le rôle du paysannat dans l’histoire de Cuba, le coeur de nos paysans, l’âme de nos paysans. L’alliance avec les paysans nous a permis d’écraser cette armée moderne, entraînée et armée par les experts en la matière, de la désarmer complètement, en vue d’en finir d’une fois pour toutes avec ces machettes utilisées pour frapper les paysans. Notre confiance dans les paysans était infinie.

Un jour comme celui-ci où j’éprouve un sentiment de gratitude pour tout ce que vous faites, pour vos idées, pour vos expressions, je tiens à vous dire seulement que la confiance que j’ai dans les paysans est la même confiance que j’avais ce 2 décembre (Applaudissements), la même confiance que j’avais ce 17 mai, date de la signature de la Loi de réforme agraire (Applaudissements). Or, je dois être plus exact : Au terme de presque 40 ans de Révolution, j’ai encore davantage de confiance que celle que j’avais alors (Applaudissements).

Le socialisme ou la mort !

La patrie ou la mort !

Nous vaincrons !

(Ovation)