MESSAGE FRATERNEL AU PEUPLE MEXICAIN
Les nouvelles se succèdent vraiment très vite en ce monde convulsé qui nous est échu. Voilà juste deux semaines, les agences de presse en diffusaient une qui présentait un intérêt spécial pour les Cubains et les Mexicains. Quelque chose dhors du commun : un incident dans les relations entre les deux pays. La cause ? Des réflexions que javais faites à la fin de la réunion du Système économique latino-américain (SELA), le 2 décembre à La Havane. Au Mexique, on a publié des tas de choses à cet égard, et certaines de si gros calibre que des Mexicains amis de Cuba, parmi les nombreux que jai eu le privilège de connaître et dapprécier pendant presque quarante ans, ont fait part de leur préoccupation devant le climat qui sétait créé, et ont même transmis des idées et des conseils afin que nos relations nen souffrent pas.
Le fait est que personne ne savait ce qui sétait dit, comme cela avait été dit et pourquoi cela avait été dit. Ceux qui connaissaient bien Cuba et ses dirigeants étaient absolument convaincus que certaines imputations étaient le fruit dune mauvaise information, dune mauvaise interprétation ou de la mauvaise foi.
Jai préféré attendre patiemment, comme je lai fait tant de fois dans ma vie, que les esprits se calment. De toute façon, je devais impérativement éclaircir certaines choses.
Sur ces entrefaites, de nouveaux faits et des nouvelles plus récentes de grande importance internationale ont vu le jour. Au moment même où jécris ces lignes-ci, le 17 décembre à 16 h 12, à la veille du voyage au Mexique de notre ministre des Affaires étrangères, des centaines de bombes dites intelligentes - malgré leur erreurs et déviations fréquentes - tombent pour la seconde nuit daffilée sur des immeubles, sur des villages, des campagnes et des objectifs iraquiens que seul le Pentagone et ses ordinateurs connaissent davance. Un vrai étalage de technologie qui permet de porter des coups massifs à des milliers de kilomètres de distance, sans la permission de personne, sans avertir personne au préalable : il sagit de détruire nimporte quoi, de terroriser des millions de personnes, et de tuer ou de blesser en quelques heures des milliers de personnes, militaires ou civiles, dans un pays qui na aucune capacité de riposte, comme le sait quiconque un peu entendu en la matière, dans un pays où des centaines de milliers dinnocents sont déjà morts de maladies et de faim, au terme de huit années dun blocus implacable, et ce sans que les puissants attaquants risquent de perdre une seule vie. Tel est lordre mondial établi par un voisin bien proche tant du Mexique que de Cuba. Vaut-il donc la peine de parler à un moment pareil de différences réelles ou simplement imaginaires entre les Mexicains et les Cubains ?
Nous ne vivons plus à lépoque de Cortés où les conquistadores faisaient lutter entre eux les peuples divisés qui habitaient nos terres vierges, et les armes dont on nous menace ne sont pas des épées dacier, des arbalètes, des arquebuses, ou encore ces chevaux que les Indiens, nobles et hospitaliers, considéraient comme partie intégrante du cavalier. Les instruments de domination de ce voisin-ci sont infiniment plus puissants tant dans le domaine économique que dans lordre technique et culturel.
Mais, puisquil le faut, permettez-moi daborder cette question avec lhonnêteté la plus absolue et le plus brièvement possible.
Impossible dénumérer les informations variées et les interprétations publiées. Je ne les ai pas toutes reçues et je nai pas pu lire toutes celles que jai reçues. Un article de la revue Proceso du 6 décembre 1998 narre avec assez dexactitude les détails, les phrases et les incidences de ce qui sest passé à la clôture de la réunion. Proceso a ses critiques (parfois plus, parfois moins) et ses admirateurs. Et cest parce quil sagit dune revue maintes fois critique et pas toujours juste envers Cuba et la Révolution quil me semble utile de parler de cet article dHomero Campo. Je ne constate pas chez lauteur lintention de dénaturer, de blesser ou de mentir à propos de ce quil a vu sur place ou de ce quon lui a raconté avec pas mal dobjectivité. Jaimerais simplement préciser que le montant du commerce entre le Canada et les Etats-Unis que jai mentionné est dun milliard de dollars par jour, et non celui qui apparaît au huitième paragraphe de la première colonne, page 10 de la livraison citée. Je reconnais comme miennes les phrases que lauteur cite entre guillemets. Bien entendu, certaines napparaissent pas, compte tenu de la brièveté quexige un article. Ainsi, quand jai parlé de linvasion culturelle et de ses effets sur les enfants, jai dit quil en était de même dans toute lAmérique latine et que ce nest pas un problème exclusif du Mexique.
Ceci dit, je dois ajouter que lauteur de larticle ne donne que son appréciation subjective. Parfois, citant une phrase où je mentionne le Mexique et qui peut passer pour une critique, il commence par dire : «Ironique et souriant, Fidel Castro gesticula légèrement des deux mains et affirma depuis lestrade» (il inclut ici ma phrase sur lentrée du Mexique dans lOCDE. De fait, comme jaccoutume de le faire en face dinterlocuteurs avec qui je me sens en confiance et en amitié, en loccurrence, les membres de la délégation mexicaine, jai blagué avec eux en leur disant quils nous avaient laissés dans un bidonville). Si lauteur ajoute que des rires généralisés ont suivi ma réflexion, on comprendra leffet désastreux que cela peut avoir pour un lecteur mexicain qui ignore lambiance damitié et labsence totale de protocole qui ont régné durant toute cette réunion en petit comité.
A un autre endroit où je parle du Mexique, lauteur commence par dire: «Puis il a nuancé...» Plus loin : «Il a de nouveau nuancé...» Cela pourrait paraître au lecteur des mots tout à fait calculés et visant expressément à critiquer le Mexique. Je répète en toute sincérité que je ne constate pas dans cet article lintention de manipuler les choses ou de désinformer. Tel est le style, la façon de raconter, de décrire, de donner vie à ce quon raconte et dexprimer des opinions personnelles. Si seulement on me comprenait, quand je parle, de la même façon que je peux comprendre ce journaliste !
Mais des informations détaillées, plus sérieuses, indépendamment de la façon dont elles ont été interprétées, ont paru ensuite. Au début, on na publié que des extraits sans liens entre eux, tirés de leur contexte, des affirmations défigurées qui pourraient sembler offensantes et blessantes pour le Mexique.
Ceux qui sétonnaient dune prétendue attaque politique de ma part contre le Mexique et les Mexicains avaient tout à fait raison de le faire. Quand je dois prononcer une allocution écrite, je la rédige moi-même. Je nai pas de rédacteur de discours. Dans ma vie révolutionnaire agitée, jai dû tant et tant de fois - ou on ma obligé tant de fois à le faire - clôturer des conférences et des rencontres que jai adopté la méthode découter les débats tout le temps, sans perdre une minute, ou dy intervenir. Je tâche de recueillir lessence de ce qui se dit et dexprimer mes idées. Ce que je fais à la fin, ce nest pas tant prononcer un discours que réfléchir à haute voix et converser avec ceux qui mécoutent. Mais le langage parlé diffère du langage écrit. Quand on utilise le premier, tout signifie : le visage, le ton de la voix, le geste, les pauses, laccent, les mots quon répète; ou alors on signale parfois quelquun qui a dit quelque chose déjà connu par ceux qui écoutent, toutes formes dexpression que lécriture ne peut traduire. Voilà pourquoi, une fois le discours transcrit, je nen suis jamais tout à fait satisfait : je deviens exigeant, le lecteur qui ne participait pas à la réunion ne pourrait pas comprendre de nombreux détails; je supprime des mots que jai répétés pour insister sur un point, mais qui ne veulent plus rien dire par écrit; je modifie lordre des mots, je complète des idées, même si je ne supprime jamais quelque chose dessentiel que jai dit. Cest une fois révisés et publiés que ces discours prennent pour moi le caractère dune prise de position officielle.
Telle est ma méthode, et jai bien moins de temps et de possibilités de réviser et de perfectionner ce que jai dit que les écrivains de prestige insatiables.
Je ne publie pas par écrit bien des discours, ou alors jattends pour le faire.
Ce que jai dit à la réunion du SELA, je navais pas lintention de le publier, autrement dit de le rendre officiel. On parle ainsi avec bien plus de liberté et dintimité, avec lidée que lon travaille pour les intérêts communs des personnes présentes. Je nai jamais peur, toutefois, quon sache ce que je dis. Il y avait là des journalistes cubains et latino-américains. De plus, ce que jai dit, et la façon, le ton et lesprit dans lesquels je lai dit, ne pouvait blesser personne. Cest à lennemi que je réserve lattaque, la critique implacable; pour les amis, je nutilise que la sincérité, le message fraternel et respectueux. La réunion du 2 décembre était une réunion damis et de frères, qui analysaient des thèmes vitaux pour nos peuples et notre monde.
Je regrette beaucoup quon ait utilisé mes phrases pour tenter de semer la discorde entre deux peuples aussi frères tout au long dune histoire de plusieurs siècles, depuis lépoque où ceux qui nous avaient conquis partirent de Cuba pour conquérir le Mexique. Nous sommes aujourdhui un brassage de sang et de culture de conquis et de conquérants; nous partageons aujourdhui une histoire glorieuse et héroïque pour lindépendance et de lutte révolutionnaire à différentes époques et à différentes étapes.
Je tiens donc à exprimer catégoriquement ce qui suit : je nai eu à aucun moment lintention ni lidée doffenser ou de blesser le Mexique. Qui na pas été tant sen faut, le centre de mes réflexions. Je ne lai mentionné à plusieurs reprises quen passant. Personne na le droit de mimputer une intention aussi injuste, quelles que soient les différences de systèmes sociaux et politiques. «Le respect du droit dautrui» - qui inclut la souveraineté et lidéologie - proclamé par lun des enfants les plus illustres du Mexique, tel a été la norme invariable de notre attitude envers le Mexique, et du Mexique envers nous.
Pourquoi ne pourrais-je jamais offenser le peuple mexicain ? Pour bien des raisons. Je nai admiré aucun pays plus que le Mexique, et ce depuis que jétais écolier. Je ne me lassais pas de connaître le moindre détail de la résistance admirable des Mexicains face à la conquête européenne, bien que lhistoire quon nous enseignait ait été écrite par les conquistadores. Je ladmirais dautant plus que je prenais plus conscience et que japprenais plus - dans sa vérité - de la bataille extraordinaire que livra la capitale aztèque face à la technique, aux armes et à lexpérience militaire des conquistadores, ce qui a été un fait sans précédent dans lhistoire de lAmérique. Et je lai dit à Madrid - et jai peut-être été le seul - au sommet ibéro-américain qui sest tenu au moment du cinq centième anniversaire de la fameuse découverte.
Je ne peux jamais évoquer sans une profonde indignation la guerre dexpansion et dagression des Etats-Unis, qui ont enlevé au Mexique plus de la moitié de son territoire.
Je ne peux oublier lexploit du peuple qui a vaincu, dans la seconde moitié du siècle dernier, les meilleurs soldats dEurope qui prétendaient imposer par le fer et le feu un empire au Mexique.
Juárez a toujours été un maître et un exemple inspirateur pour tous les Cubains.
La Révolution mexicaine a été le changement social le plus radical sur ce continent, après la rébellion des esclaves haïtiens et leur victoire de 1804 sur les soldats de Napoléon. Les événements révolutionnaires de Mexique survenus dans la seconde décennie de ce siècle-ci, les héros qui sy sont distingués, la Constitution qui a été promulguée, les grandes conquêtes sociales et politiques qui en ont découlé, ont été lensemble de faits qui ont eu le plus dimpact, soulevé le plus despoir et exercé le plus dinfluence sur le peuple néocolonisé, fréquemment soumis à des interventions et toujours humilié, de Cuba dans les premières décennies de notre siècle.
Je nexagère pas, et je ne cherche pas - je nen ai pas besoin - des faits qui puissent expliquer la sympathie constante du peuple cubain : il suffit de rappeler le Mexique qui a nationalisé le pétrole à une époque où une mesure pareille paraissait inconcevable; celui qui maintenu si longtemps la conduite la plus conséquente envers le gouvernement espagnol légitime, trois ans avant que le fascisme ne déclenche la seconde guerre mondiale; le Mexique qui a donné lasile à des milliers de réfugiés espagnols, à tous les démocrates persécutés dAmérique latine.
Cest chez Martí que nous avons appris à aimer le Mexique, un pays quil a admiré et aimé plus quaucun autre.
Cest au Mexique que Julio Antonio Mella, orgueil de notre jeunesse, fondateur de la Fédération étudiante et du premier Parti communiste de Cuba, a trouvé un asile. Et cest là quil est mort, lâchement assassiné par les agents du tyran Machado. Cest au Mexique que se rendait Antonio Guiteras au moment de sa mort. Tous les hommes progressistes et révolutionnaires de Notre Amérique ont toujours vu le Mexique comme leur, comme une espèce de patrie commune où ils avaient le droit de sinstaller, de se préparer et dorganiser le retour dans un pan à libérer de la grande patrie latino-américaine. Aucune abstraction juridique, fruit de la division inutile et stérile imposée à nos peuples, nétait au-dessus de cette profonde conviction morale.
Voilà pourquoi nous sommes allés au Mexique, voilà pourquoi nous sommes partis de Tuxpan sur le Granma et voilà pourquoi nous avons débarqué à Cuba, justement un 2 décembre, voilà presque quarante-deux ans jour pour jour. Il nest pas de date plus inadéquate pour semer le poison de prétendues offenses, qui constitueraient avant tout une déni de notre histoire et une ingratitude envers le Mexique et son peuple.
Il est quasiment oiseux de rappeler pour la énième fois que le Mexique a été le seul pays latino-américain à navoir pas rompu ses relations diplomatiques avec Cuba et à ne pas sêtre joint au blocus contre elle.
Jomets dautres preuves innombrables de solidarité avec notre peuple. Jen signale juste trois : quand des forces mercenaires aux ordres des Etats-Unis débarquèrent à Playa Girón, le 17 avril 1961, un homme glorieux, qui était alors, qui est et qui restera à jamais un symbole et une légende vivante : Lázaro Cárdenas, voulut venir se battre à nos côtés. Le Mexique a, de pair avec le Venezuela et Cuba, fondé le SELA, la première organisation latino-américaine à laquelle nous avons pu appartenir, alors que nous étions toujours exclu, telle une Cendrillon, de toute institution continentale. Cest le Mexique qui a permis que notre pays assiste au sommet ibéro-américain de Guadalajara, devenu aujourdhui une force dunité et dintégration de nos pays et de nos relations avec lEurope. Je pourrais mentionner dautres services importants prêtés à Cuba victime du blocus, mais je préfère les omettre pour linstant.
Jai parlé le 2 décembre des trois cents émigrants, pour la plupart des Mexicains, qui meurent chaque année en franchissant ce mur gigantesque et sophistiqué quon est en train de dresser à la frontière du Mexique, sur les territoires qui ont justement été arrachés à ce pays. Je sais que certains ont jugé incorrect que je mentionne ce point, quils considèrent comme une question intérieure. Je pense différemment. Les Mexicains et les Latino-Américains qui meurent en territoire nord-américain à cause de ce mur ne seront jamais pour Cuba une question intérieure. Je ne peux pas mengager à ne pas continuer de dénoncer ce fait. Cest une question très importante, parce que, si lon prétend garantir le libre mouvement des capitaux et des marchandises entre les Etats-Unis et lAmérique latine, je dis que les êtres humains valent plus que les capitaux et les marchandises. Sur une planète mondialisée et toujours plus intégrée économiquement, cest un crime que des hommes, des femmes et des enfants meurent parce quon leur interdit cette même liberté de mouvement.
Il me reste encore un point : la calomnie infâme selon laquelle jai offensé les enfants mexicains. Rien ne saurait plus indigner, offenser et blesser quelquun qui a rendu un hommage si ému et a exprimé si souvent son admiration infinie envers ces enfants quil a toujours considérés comme des exemples de patriotes et de héros : ceux qui se lancèrent depuis la forteresse de Chapultepec, enveloppés dans le drapeau mexicain, pour ne pas avoir à se rendre aux troupes denvahisseurs yankees.
Je sais que, selon certains, il ne sagit là que dune légende. Quand bien même elle le serait, cest pour moi une question de foi, parce quil nexisterait pas de plus belle légende pour exprimer lidée que quelquun sest fait des enfants du Mexique et quil a toujours conservée. Cest ainsi que je les vois et que je continuerai de les voir.
Dénoncer linvasion culturelle des Etats-Unis, qui détruit les efforts héroïques de professeurs et éducateurs, qui fait tant de tort aux enfants, aux adolescents et aux jeunes, non seulement du Mexique, mais encore de toute lAmérique latine, ce nest pas offenser, cest défendre tous les enfants du continent, et même les enfants nord-américains, saturés de films et de séries où les scènes de violence sont plus courantes que dans aucune production au monde, ce qui les conduit même à assassiner parfois dautres enfants dans les écoles. Ce qui est bien plus grave que lexemple que jai pris, en signalant linfluence aliénante et lespace quoccupe dans lesprit et les connaissances des enfants les héros de leurs films, parmi lesquels je nai cité assurément que le plus modeste, peut-être, de tous, parce que jai été moi aussi influencé par eux. Cest Popeye, un de mon époque, qui ma appris la valeur de lépinard, ce qui est peut-être utile, après tout. Mais jai vu aussi de nombreux films de Tarzan, qui est une façon pas du tout larvée de divulguer les préjugés raciaux et le mépris envers les peuples africains, ou les milliers de films, toujours indignants, où chaque fois quapparaît un Mexicain, cest au mieux un jardinier, un domestique ou quelque chose dans ce genre, bon, soumis, respectueux et serviable envers ses maîtres. Ce sont là des stéréotypes visant à démontrer la supériorité de la race aryenne. Jusquà quand devrons-nous le supporter ?
Ce nest pas moi qui ai inventé cette influence néfaste, qui ne cesse de croître. Je lai lue bien des fois dans des enquêtes et des recherches effectuées non seulement au Mexique, mais dans de nombreux pays latino-américains. Joublie ceux qui ont pu être leurrés par une information dénaturée. Quant à ces sépulcres blanchis qui maccuse de si mauvaise foi davoir offensé les enfants mexicains, je réponds quaucun pays du monde na plus fait pour les enfants que Cuba, et que cela est le fruit, non du mépris pour les enfants daucun pays du monde, mais de lamour.
Je les invite à dénoncer la vraie offense, loffense impardonnable : les enfants qui meurent chaque année dans les pays latino-américains et qui pourraient être sauvés sils bénéficiaient de soins médicaux adéquats. Je leur fournis une simple donnée : si tous les pays latino-américains avaient les taux de mortalité infantile de Cuba, un pays en butte à un blocus économique et harcelé sans pitié par le pays le plus puissant de lhistoire, luttant absolument seul et supportant de très durs sacrifices, 400 000 enfants survivraient tous les ans. Et ça, plus quune offense, cest un crime. Quel système les tue-t-il et pourquoi ? Pourquoi ne les sauvons-nous pas entre tous ? Cuba serait prête à envoyer des milliers de médecins dans les endroits les plus reculés, là où les gens nont jamais connu les moindres soins médicaux.
Linvasion culturelle, qui détruit nos identités, cette arme nucléaire du XXIe siècle pour la domination du monde, comme on la dit, est un problème réel dont souffrent très gravement les peuples de notre langue et de notre sang, et qui concerne tout le monde : les enfants, les jeunes et les adultes. Cest quelque chose que lon peut démontrer mathématiquement rien quen donnant le pourcentage incroyable de films, de séries, de programmes de télévision et de vidéos dorigine nord-américaine présentés dans nos pays : 90 p. 100 dans certains. Voilà ce contre quoi je lançais un cri dalerte et que je dénonçais.
Il est presque minuit à Cuba. Les bombardements en Iraq ont sûrement pris fin avec le lever du jour. Certains oiseaux de mort nattaquent que la nuit.
Jécris depuis plusieurs heures. Je lai fait pour vous avec plaisir. Je tiens à conserver le trésor de notre amitié.
Si, malgré tous mes efforts pour vous expliquer directement mes pensées et mes sentiments envers vous, des millions de Mexicains, ou des centaines de milliers, ou des dizaines des milliers, ou quelques centaines, voire un seul Mexicain, se sentent offensés par mes paroles, je men excuse sans quil men coûte. Bien mieux : si un seul enfant se sent encore offensé par ce que jai voulu exprimer avec la plus grande honnêteté et la plus grande affection, je lui demande humblement pardon.
Fidel Castro