ALLOCUTION PRONONCÉE PAR FIDEL CASTRO RUZ, PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ETAT ET DU CONSEIL DES MINISTRES, À LA CÉRÉMONIE NATIONALE DE REMISE DE DIPLÔMES À LA SECONDE PROMOTION D’ANIMATEURS CULTURELS, À LA CITÉ DES SPORTS (LA HAVANE), LE 28 OCTOBRE 2005.

 

Chers diplômés et vos familles ;

Elèves et professeurs des écoles d’animateurs culturels ;

Membres de la brigade José Martí des provinces de Pinar del Río, de La Havane, de La Havane-province et de Matanzas, car tout le monde ne pouvait venir ici ;

Cadres de l’Union des jeunes communistes ;

Artistes, intellectuels et autres invités ;

Compatriotes de toute l’île,

 

Nous avions pensé nous réunir le 20 octobre, exactement un an après, jour pour jour, la cérémonie de remise de diplômes à la première promotion, pour diplômer, le jour même de la Culture nationale, cette seconde promotion d’animateurs culturels issue des écoles créées dans le fracas de la Bataille d’idées, mais le puissant cyclone Wilma nous a contraints d’ajourner jusqu’à aujourd’hui cette rencontre si souhaitée.

            Une partie d’entre vous, ceux des provinces de l’Est du pays, étaient déjà dans la capitale quand, deux jours avant, nous avons décidé d’ajourner cette cérémonie face à la proximité du dangereux Wilma. Je sais que c’est pour ça qu’ils sont restés plus d’une semaine dans la capitale car nous ne pouvions pas non plus les renvoyer dans leurs provinces au milieu d’une situation météorologique si complexe.

            Nous diplômons aujourd’hui 3 092 nouveaux animateurs culturels, des 3 879 qui ont débuté l’année scolaire 2001-2002, et il s’agit de la seconde promotion de ces écoles inaugurées le 18 février 2001 en vue de former trente mille animateurs en dix ans.

            De ce total, 60,4 p. 100 sont des filles et 39,5 p. 100 des garçons, la plupart issus de famille ouvrière.

            Ces nouveaux diplômés, dotés de connaissances et d’expériences pratiques, ont été affectés à 3 048 établissements d’enseignement, dont les vingt-six lycées techniques d’informatique.

            Cette seconde promotion permet de disposer maintenant de 6 318 animateurs culturels, ce qui en assure la présence d’au moins un dans les 4 898 établissements d’enseignement maternel, primaire, secondaire et spécial.

            Une voie somptueuse s’ouvre au pays pour former la sensibilité et le goût des arts parmi les plus jeunes et pour engendrer, ce qui est un projet ambitieux, une culture générale intégrale massive dans notre peuple.

            Une culture non seulement artistique, mais encore historique, scientifique, économique, géographique, environnementale, une culture dans les branches de la connaissance les plus diverses, dans un sens profondément humaniste.

            Nous sommes satisfaits de savoir que 6 147 animateurs des deux premières promotions ont décidé de faire des études supérieures, 3 555 ayant choisi la licence dans leur spécialité. Ces diplômés vont donc accumuler une grande quantité de connaissances et s’avéreront très importants pour nous permettre d’atteindre notre noble objectif de justice et d’égalité de chances pour tous.

            La création, voilà exactement un an, de la brigade José Martí, constitue une garantie spéciale de formation permanente, de discipline, d’organisation et de passion des jeunes animateurs : cette brigade, dirigée par le Conseil d’Etat par l’intermédiaire du Groupe de travail de la Bataille d’idées, a été finalement structurée le 19 mai dernier, pour le cent dixième anniversaire de la mort au combat de notre Héros national, une fois élues toutes ses instances.

            La Révolution a confié une responsabilité politique élevée à l’Union des jeunes communistes : assurer le succès de ce programme de formation d’animateurs culturels, qui avait été existé voilà plusieurs années et qui reprend aujourd’hui pour concrétiser nos rêves d’une société meilleure et plus riche. L’UJC est chargée de coordonner le travail de la brigade José Martí, de veiller à la qualité de ses actions, à son perfectionnement permanent et à l’exécution des engagements de ses membres. Compléter la quantité de cadres provinciaux et municipaux qui s’occupent de la brigade constitue pour elle une priorité fondamentale.

            La première promotion, au terme d’une année de fonctionnement, a pris en charge 480 526 enfants et adolescents durant les heures d’école, et 85 599 dans les ateliers de création artistique. À cet effort d’éducation du talent artistique et d’appréciation des arts, s’ajoute celui du système des maisons de la culture qui accueillent 227 390 enfants et adolescents, un chiffre qui sera largement multiplié dans les prochaines années quand les promotions d’animateurs culturels successives opéreront dans toutes les écoles et dans toutes les communautés du pays.

            L’an dernier, on a pu glaner d’un bout à l’autre du pays de nombreuses anecdotes relatives aux expériences de travail et révélatrices de la forte influence que les animateurs culturels peuvent exercer dans les écoles, les centres de redressement, les prisions et d’autres milieux sociaux pour améliorer l’être humain. En voici certaines, racontées par les animateurs eux-mêmes ou par leurs coordonnateurs.

            Yennis García Betancourt, spécialité théâtre, école nationale urbaine Fernando Cuesta Piloto, à Cienfuegos. En fait, parmi plusieurs cas présentés, j’avais écarté au départ ce témoignage, je ne voulais pas en parler, mais, par une erreur apparente des secrétaires, on me l’a transcrit de toute façon. Puisque je viens de le mentionner, je vais poursuivre. Je l’avais écarté à cause de ce qu’elle dit à un moment donné : « Mon école est située dans le conseil populaire San Lázaro, dont bien des habitants possèdent un bas niveau culturel et un casier judiciaire. » Je suis en désaccord avec ce « bien des ». Je connais notre peuple ; certains sont plus modestes, d’autres le sont moins, mais nous sommes tous partis d’un très bas niveau culturel. Nous ne savions quasiment rien de rien : 30 p. 100 d’analphabètes ; 90 p. 100 de semi-analphabètes… Que nous étions loin d’un spectacle comme celui-ci, si impressionnant, si inoubliable ! Que nous étions loin de celui qui a eu lieu voilà quelques semaines, lors de la remise de diplôme aux médecins cubains et étrangers, et lors de la création du contingent Henry Reeve, dont les membres, plus d’un millier, se trouvent actuellement aux deux endroits où ont eu lieu les catastrophes les plus dures et les plus dramatiques de ces derniers temps : au Guatemala, pour faire face aux conséquences des cyclones, et au Pakistan, où les tremblements de terre ont fait plus de cinquante mille morts et plus de quatre-vingt mille blessés, dont 90 p. 100, en règle générale, atteints de fractures des membres supérieurs et inférieures ou d’autres blessures.

            C’est vite dit, mais il faut imaginer la tristesse et la souffrance terribles que cela implique pour les victimes, pour ces êtres humains qui doivent supporter les conséquences de cette tragédie.

            Vous vous souvenez sans doute de ce jour où, participant à une remise de diplôme à Santa Clara, j’ai fait un faux pas parce que je ne regardais pas devant moi, je vous regardais, vous, et je suis tombé et je me suis fracturé la rotule à huit endroits, et aussi la partie supérieure de l’épaule, parce que ça n’a pas été une fissure, comme je le croyais alors, et ça a peut-être été la lésion la plus dure et la plus difficile. Je me rappelle les souffrances. Avant de les subir, j’en était toujours  conscient pour les autres, mais là j’ai eu l’occasion de les connaître directement, et c’est pour ça que je parle avec passion quand je vois tout ce qu’on peut avoir de souffrance et de tristesse quand des catastrophes naturelles surviennent (applaudissements).

            Je reviens au témoignage de Yennis, qui est très intéressant. « Au début, j’avais un peu peur de me retrouver devant des enfants d’une origine si singulière. J’ai débuté avec un groupe de la quatrième année de primaire, considéré comme le plus difficile de l’école. A mon grand étonnement, j’ai reçu les marques d’affection les plus inattendues… »

            Imaginez cette enfant. Parce que c’est pratiquement une enfant. Je me rappelle très bien comment les élèves ont été choisis, ils terminaient le premier cycle du second degré, et ils allaient préparer le bac en quatre ans selon un programme spécial, internes des écoles d’animateurs culturels qui avaient été créées cette année-là. Je me rappelle le programme. Nous avons discuté chaque matière une par une. Bien entendu, il est en cours de perfectionnement, comme tout, et c’est logique. En tout cas, vous êtes en règle générale les plus jeunes diplômés que nous ayons jamais formés.

            Nous avons diplômé, par exemple, les travailleurs sociaux. Je ne sais pas comment nous ferons le jour où nous devrons nous réunir : il nous faudrait au moins deux Cités des sports comme celle-ci, d’une capacité de quinze mille personnes, pour les accueillir, sans les familles. Et les travailleurs sociaux constituent une force énorme qui exerce une influence extraordinaire sur notre société. Et quelle force ! Que personne, à plus forte raison les nouveaux riches et les voleurs, n’aille la sous-estimer, parce qu’elle va nous permettre en fait d’éliminer un certain nombre de maux dont souffre encore notre société, à la recherche de ce monde meilleur dont aucun autre peuple dans l’histoire n’a été plus proche.

            Que personne n’aille croire que ces travailleurs sociaux sont des niais, ou des analphabètes, ou des ignorants. De fait, ce sont eux qui commencent à garantir actuellement que le pays pourra disposer de centaines de millions de dollars qui s’envolent ou se gaspillent. Et, pour aller un peu plus loin, ce qui concerne l’électricité, et toutes les autres énergies, et même des tas d’autres choses. Les sommes dont notre pays pourra disposer sous peu seront bien plus élevées que le chiffre que je viens de donner, et aucun cyclone ne pourra nous arrêter.

            Il y en a un qui est déjà passé, et on ne s’en souvient presque déjà plus, ou plutôt il a été balayé à son tour par l’œuvre que notre peuple est en train de réaliser. Et un autre vient de passer, qui a transformé La Havane en Venise, et le monde entier était intimidé, tandis que des milliers de Cubains, avec toutes les ressources disponibles, remettaient les choses en ordre en quelques jours, tandis que des avions conduisaient les médecins du contingent Henry Reeve direction sud-ouest, vers le Guatemala, et direction sud-est, bien plus loin, vers le Pakistan, vers un territoire qui se trouve à trois ou quatre mille mètres d’altitude, sur les contreforts de l’Himalaya, ce massif où se dresse l’Everest comme le symbole d’une cime à laquelle les peuples, dont le nôtre, aspirent sur le terrain social et sur celui de la justice, sans qu’aucun ait atteint cet objectif depuis des milliers d’années. En tout cas, à cette époque-ci, la plus difficile de toutes, je pense qu’aucun pays n’est plus proche que le nôtre de cette cime.

            Ainsi donc, ni la nature ni l’empire ne pourra faire plier notre peuple, ni l’empêcher d’atteindre ses objectifs.

            Je reprends le témoignage de cette jeune fille qui est presque, je le disais, une enfant. Ne soyons pas critique. Son témoignage n’était pas fait pour être publié, elle l’a écrit pour elle, et ceux qui l’ont retranscrit pour un discours éventuel n’ont peut-être même pas fait attention. Ça n’a pas d’importance.

            « Au début, j’avais un peu peur de me retrouver devant des enfants d’une origine si singulière. J’ai débuté avec un groupe de la quatrième année de primaire, considéré comme le plus difficile de l’école. A mon grand étonnement, j’ai reçu les marques d’affection les plus inattendues… » De la part des enfants de ce quartier qui est sûrement très pauvre. Il doit y avoir bien des endroits où les conditions de vie sont extrêmement dures.

            Hassan doit s’en souvenir parce qu’il a visité les zones les plus pauvres de la ville avec les étudiants de médecine pendant les années où a surgi la Bataille d’idées, à la recherche d’expériences, aidant des dizaines de milliers d’enfants. Il a parcouru ces endroits, dont nous avions des nouvelles tous les jours.

            Elle poursuit : « …et le théâtre les a tellement captivés que j’ai formé avec la majorité d’entre eux la troupe Abracadabra qui représente maintenant l’école. La partie la plus difficile a été de convaincre les parents avec des tas de raisons pour qu’ils leur permettent de répéter en dehors des heures d’école… » Ça veut dire quoi : le samedi, le dimanche, l’après-midi, le matin ? A quelle heure, avec les coupures de courant ou après ? (Rires.) « Ça a été quelque chose d’inattendu de pouvoir bénéficier de leur soutien pour les pièces que nous préparions, bien que j’aie eu de nombreuses réunions avec eux. »

            « La maman de l’un de mes enfants était en prison. » C’est triste, n’est-ce pas ? Mais ça ne veut pas dire pour autant que l’endroit ou le quartier soit un quartier de délinquants. C’est la société qui a commis les délits, parce que ces quartiers ne sont pas nés du néant : ils sont nés du monde civilisé et cultivé qui nous a conquis et nous a exploité durant des siècles, et qui a même apporté l’esclavage. Avant le triomphe de la Révolution, en 1959, il existait ici une société aux différences abyssales, avec des gens riches, et même très très riches, qui ne vivaient pas là-bas, à San Lázaro, mais qui vivaient ici d’abord à La Víbora – il en reste encore quelque chose, mais c’est le peuple qui y vit maintenant – et qui sont partis ensuite vers ce qui est aujourd’hui la commune Plaza, et ensuite vers ce qui était avant Miramar et qui est maintenant une partie de la commune Playa, ou encore plus loin, du côté du Country Club. Il y avait bien des endroits de ce genre ici. Quand la Révolution a triomphé, les riches étaient déjà près de l’école militaire de Ceiba, plus loin que Caimito, en train de se distribuer les propriétés, le plus loin possible de ce quartier.

            « Mon école est située dans le conseil populaire San Lázaro, à Cienfuegos… » Je me suis trompé, j’ai tout mélangé ! Où est Yannis ? Elle doit être là (applaudissements). Elle ne parlait pas de La Havane… Je ne sais pas ce qu’il y a là-bas, mais de toute façon, ici ou là, il faut faire attention à ce qu’on dit. J’ai évoqué le San Lázaro d’ici, c’est une histoire vraie. Il doit y avoir un quartier pareil partout ailleurs, comme le quartier de Cuabita à Santiago. Où sont ceux de Santiago ? (Exclamations.) Souvenez-nous de ce quartier, qui est près de l’endroit où était le petit terrain d’aviation et du cimetière Santa Ifigenia. Des quartiers pareils, il y en a partout.

            Puisque je parlais de Yennis García… Où est-elle ? Viens vite m’accompagner ici pour m’aider (applaudissements). A quelque chose malheur est bon, comme dit le proverbe (applaudissements).

            Raconte-nous donc. Chiche ? Elle me dit que oui, qu’elle ose expliquer, mais sans dire le nom de l’enfant.

            Yennis García. Oui, comme disait le Comandante, c’est une expérience extraordinaire et j’ai commencé à travailler avec ce groupe qui n’était pas facile à aborder. Vous savez que tous les enfants sont turbulents, joyeux, mais ces enfants-là avaient leurs caractéristiques. Alors, je suis arrivée, et je me suis proposé de changer un peu ce point de vue et d’insérer l’art, car c’est là la grande tâche que nous avons tous, nous les animateurs culturels, et c’est pour ça que ce projet est né : mêler les enfants et les aider à avoir de meilleures relations, à mieux communiquer, et alors, eh bien, j’ai osé et je me suis mise à travailler avec eux.

            Au début, ça a été très difficile pour tous les animateurs, parce qu’en arrivant dans les écoles, c’est quelque chose de nouveau, d’inattendu. Mais les enfants m’ont accueillie avec énormément de joie. À mon grand étonnement, les parents, après s’être rendus compte de l’importance et du changement que le théâtre et l’art apportaient chez leurs enfants, ont commencé à m’aider à monter la pièce que nous préparions, à m’aider pour les répétitions.

            J’avais un enfant, que je traitais aussi par la communauté, qui avait sa maman en prison et qui avait des problèmes familiaux. L’important, c’est que je suis arrivée à toucher cet enfant et à le mettre en rapport avec l’art et à contribuer à ce que son milieu l’accepte bien mieux pour pouvoir se manifester artistiquement.

            C’est ça l’important de cette expérience. Je crois que tous les animateurs ont fait des expériences pareilles, parce qu’il y a toujours des gens et des enfants… Tous les enfants ont cette imagination cachée quelque part, et c’est pour ça que nous sommes là, c’est pour ça que nous avons été créés, pour écarter la noirceur du monde, la noirceur des problèmes, de mille complications qu’ils peuvent avoir et tirer de l’enfant cette partie belle. Je crois que c’est ça le plus important de chaque expérience. (Applaudissements.)

            Fidel Castro. Elle a tout bien expliqué. Quelle chance que mon erreur ait servi à voir en action une animatrice culturelle expliquant son travail !

            A notre grande satisfaction. Elle est venue à La Havane le jour même où sa pièce a été présentée et elle a pu voir le fruit de son travail avec son petit, bien qu’elle soit une si jeune animatrice. Je ne me suis pas trompé, vous l’avez vu.

            Qu’a dit Carlos, par exemple. Carlos Ruiz Silverio, commune de Placetas, Conseil populaire de Guaracabulla Jagueye, spécialité musique, école primaire Enrique Villegas.

            « Pendant mes ateliers, j’ai découvert à l’école une fillette magnifique qui m’a rempli de joie. Si on ne la connaît pas et qu’on l’écoute chanter, on peut penser qu’elle sort d’une école d’art, mais c’est faux. C’était une petite paysanne qui n’avait même jamais vu un instrument de musique. En revanche, sa voix impressionnait tout le monde. J’ai décidé que l’un de mes élèves qui jouait de la guitare l’accompagne pour une chanson que je lui ai fait répéter. Le résultat a été magnifique. Ceux qui l’ont écouté ont été très émus devant le talent de cette fillette qui avait fleuri et qui donnait de beaux fruits grâce à des conseils techniques. »

            Que raconte Oslendys Baño Rodríguez, commune de Güines, spécialité musique, école Félix Varela ?

            Cet animateur a un répertoire qui va depuis l’hymne national jusqu’aux principaux cha-cha-cha cubains. Il a organisé une fanfare dans ces écoles, il les a unies, et il est parvenu à organiser une grande fanfare qui a joué le 19 mai dans tout le centre-ville, si bien que les ménagères, les voisins, les ouvriers et d’autres personnes de la communauté ont été frappés et sidérés de voir comment de si petits enfants étaient capables de sortir des sons pareils.

            Que raconte-t-on d’Eliécer Fernández Rodríguez, spécialité arts plastiques, école primaire Jesús Martínez, Conseil populaire Niceto Pérez, zone rurale, commune de San Cristóbal, montagne ?

            Les habitants disent que la vie a changé depuis son arrivée dans la communauté. Il a créé un groupe qui a fait preuve d’aptitudes pour l’artisanat et qui fabriques des objets artisanaux et muraux avec des produits naturels, si bien qu’il est parvenu à améliorer l’environnement de cet endroit reculé. Ils nous racontent que grâce à lui, ils ont pu voir et apprécier une œuvre plastique, et même organiser dans leur montagne des rencontres où ils ont remporté des prix. Eliécer dit qu’il a eu la chance de faire ses stages pratiques à cet endroit-là et que, tout en avouant avoir renâclé un peu au début, il a constaté une fois sur place qu’il avait l’occasion de changer la vie de ces gens et qu’il n’a plus alors hésité. Il sent qu’il a beaucoup gagné en sensibilité et qu’il aime profondément ce qu’il fait.

            Un autre exemple : Yuderquis Martínez Sardiñas, spécialité arts plastiques, Conseil populaire Juan Delio Chacón, école spéciale de redressement Omar Antonio Bautista Ramírez.

            Il m’a été difficile, dit-il, de comprendre la nécessité de travailler dans une école de redressement, compte tenu des caractéristiques particulière de ces établissements. J’ai constaté que mon travail auprès d’eux a facilité la communication et qu’ils sont devenus plus sociables. On dirait que l’art est magique.

            Yuderquis donne le nom d’un de ses élèves et ajoute : il a un œil de verre : j’ai mené auprès de lui un gros travail, parce qu’il a des aptitudes pour les arts plastiques.

« Je suis satisfaite de mes résultats. Je crois que cet enfant ne va jamais m’oublier et qu’il me comparera peut-être à sa maman, car, sans l’être, je lui offre toute mon affection pour me faire une place dans son cœur, et je crois que j’y parviens. »

Que raconte María de los Ángeles Hartermar ?, spécialité théâtre, Conseil populaire Gerona Centro.

« Je ne vais pas nier que j’étais un peu effrayée en arrivant là. Je n’avais jamais travaillé comme animatrice culturelle dans une prison. J’ai été étonnée de voir comment ils nous acceptaient, pour eux l’initiative a été très agréable. Ce sont eux qui devaient briser la glace et ils l’ont fait fortement. Ils nous ont présenté un groupe de musique avec des instruments non classiques (bouts de bois, bidons, seaux). Et c’était vraiment bien. L’un d’eux est venu me voir, il voulait me montrer une pièce de théâtre qu’il avait écrite et qui reflétait une partie de sa vie de détenu et la leçon qu’il tirait de cet endroit. Ça m’a appris que nous ne devons pas sous-estimer les gens pourvu qu’ils soient décidés à changer, et l’art les y aide. »

Après avoir tiré les leçons des expériences accumulées durant cette année, comme celles que nous venons d’écouter, cent vingt-trois des meilleurs animateurs sont devenus professeurs des écoles d’animateurs, qui se sont renforcés et comptent aujourd’hui 2 950 professeurs, dont 799 pour les matières générales, et 2 151 pour les spécialités.

De même, plus de trois cent soixante-dix diplômés des spécialités Education musicale et Education plastique des Instituts supérieurs pédagogiques ont rejoint ces écoles comme professeurs.

La contribution d’artistes et d’intellectuels à cette formation a été très utile. Nous avons encore plus besoin de l’avant-garde artistique en vue de former ces jeunes qui sont d’ores et déjà une force indispensable dans la bataille colossale pour assurer une culture générale intégrale à notre peuple.

En mai 2000, quand nous avons décidé de lancer ce programme, le pays ne comptait que deux mille animateurs culturels. Aujourd’hui, entre les élèves qui font des stages pratiques dans le système d’éducation et les diplômés ayant rejoint ces centres, le pays compte 22 025 jeunes participant à ce programme.

Le sixième cours de nos quinze écoles d’animateurs culturels a débuté voilà quelques jours.

Ce sont des élèves qui possèdent plus de notions des spécialités dans lesquelles ils se formeront. En effet, si seuls 7 p. 100 des élèves qui avaient commencé la première année avait déjà reçu une formation préalable, aujourd’hui 41 p. 100 de ces nouveaux élèves ont eu à voir avec l’art par l’intermédiaire du mouvement amateur, ont été formés par un animateur ou proviennent des écoles d’éveil à la vocation artistique.

Les filles continuent de prédominer, puisqu’elles représentent 64,5 p. 100 des nouveaux inscrits, et environ la moitié des élèves sont issus de famille ouvrière.

Conformément au principe de justice et d’égalité qui inspire notre œuvre, on a, dès la création de ces écoles, facilité l’inscription de jeunes handicapés, en vue de quoi on a adapté dûment les programmes d’études pour leur permettre de conclure leurs études sans détriment de la qualité de leur formation. La dernière promotion comptait 43 handicapés, dont 18 handicapés physico-moteur, 8 aveugles, 2 sourds, 7 sourds-muets, 4 mal voyants et 1 handicapé visuel et moteur. Huit de ces jeunes reçoivent leur diplôme aujourd’hui et rejoignent de plein droit cette armée noble et entreprenant d’animateurs culturels, ce qui prouve que tout est possible à l’être humain.

            On a continué de perfectionner le programme d’études ; on a modifié les programmes des spécialités musique, théâtre et danse pour assurer une plus grande intégralité en fonction de l’activité que mènera l’animateur culturel. On réalise des ateliers d’appréciation des autres branches de l’art dans toutes les spécialités.

            On a augmenté considérablement les moyens audiovisuels et informatiques, qui sont des instruments d’enseignement extraordinaires. Il existe à présent un ordinateur pour quinze élèves.

            On utilise quinze logiciels éducatifs de ceux dont dispose déjà le reste du deuxième cycle du second degré, et un logiciel mis au point spécialement pour la matière Appréciation et Histoire des arts donnée dans les écoles d’animateurs culturels.

            La recherche n’est pas étrangère à l’apprentissage, à l’appréciation et à l’enseignement des arts. Les réunions scientifiques qui réunissent à chaque cours les professeurs et les membres de la Brigade José Martí favorisent la mise au point de moyens didactiques destinés aux ateliers, contribuent à perfectionner l’enseignement et révèlent des expériences enrichissantes des animateurs diplômés dans le travail auprès des enfants et des adolescents.

            On poursuit la maintenance productive des quinze écoles, la plupart installées dans d’anciens établissements d’enseignement récupérés dans le cadre des constructions engendrés par les programmes de la Bataille d’idées.

            Il faut prévoir chaque détail pour que ces écoles soient des modèles d’éducation, de discipline, de créativité et de morale.

            Nous aspirons à ce que tous les diplômés de la première promotion qui restent à leur poste continuent d’être fidèles à leur engagement de travailler au moins cinq ans comme animateurs culturels, comme cela avait été décidé, et que ceux des nouvelles promotions y restent au moins huit ans, comme ils l’ont promis ensuite, et poursuivent cette noble tâche qui apporte de la richesse spirituelle et des connaissances à tous les endroits de la nation, tout particulièrement aux enfants et aux adolescents, qui sont la garantie d’un avenir meilleur et de plus de sagesse pour le peuple cubain.

            Les organismes de l’administration centrale de l’Etat doivent respecter cet engagement et ne pas retomber dans la pratique honteuse qui consiste à pirater les animateurs culturels, comme cela a eu lieu par le passé, parce qu’on ne leur permettra absolument pas.

            Pas plus qu’on ne leur permettra dans d’autres domaines, pas seulement les animateurs culturels. Je pense par exemple à ceux qui vont conclure leurs études de professeurs d’éducation physique et de sport. Que celui qui n’a jamais péché en matière de piraterie jette la première pierre.

            Oui, bien peu n’ont pas piraté de cadres. Nos cadres révolutionnaires, oui, voulaient l’être et ils l’étaient, mais ils ne savaient rien, ils n’avaient pas d’expérience, il n’existait même pas une vraie expérience dans la construction du socialisme, et c’est ainsi qu’ils se sont retrouvés aux prises avec toutes sortes de manies et d’erreurs bureaucratiques. En tout cas, la piraterie : « C’est un bon prof, alors, je le prends avec moi parce qu’il sait beaucoup », constitue un manque de morale révolutionnaire.

Aux premiers temps de la Révolution, on piratait ainsi beaucoup de professeurs, parce que c’étaient les gens qui savaient, qu’on cherchait quelqu’un qui savait lire et écrire : on en piratait un ici, un autre là… « Je te donne ça », « tu es plus proche ». Une vraie guerre féodale, pour ainsi dire.

Par exemple, la Banque centrale de Cuba, une institution très importante et qui le sera toujours plus, formait des programmeurs, des cadres maîtrisant l’informatique, et les autres organismes, qui ne formaient absolument rien, se pointaient et disaient : « J’ai un petit hôtel dans le coin, très bon, et je t’offre tel salaire, et puis il y a les pourboires »… Ou alors : « Ecoutez, ce professeur, je le prends avec moi pour qu’il enseigne ceci et cela. » Toujours en train de tenter les gens, toujours en train d’offrir quelque chose. Ce sont des vices du capitalisme, des mœurs du capitalisme. Personne ne sait combien on faisait de choses de ce genre…

Une société qui veut être différente, une société nouvelle qui tente d’atteindre des objectifs élevés, traîne derrière elle tous les vices de la société corrompue qu’elle veut changer. Ça pèse. Seulement au fil des années et sous l’effet du travail, si l’on travaille bien… Il n’y a rien de plus commun et universel au monde que les erreurs des révolutionnaires, de ceux qui veulent changer la société ou de ceux qui veulent changer le monde. C’est bien pour ça qu’elles ne sont pas nombreuses, les révolutions qui progressent, et qu’elles sont bien plus nombreuses, les révolutions qui échouent au long de périodes historiques.

Je pense que notre pays est en train de consentir un grand effort, et que c’est peut-être la taille de l’adversaire, l’ampleur des difficultés qui nous a tous contraints, d’une manière ou d’une autre, à nous dépasser. Et il est très possible que nous continuions d’avancer, et pratiquement à partir de positions d’avant-garde, vers les objectifs que nous nous sommes proposés, ceux, comme on dit aujourd’hui, d’un monde meilleur.

C’était une honte, ce qui se passait entre nous, mais presque explicable parce que presque personne ne savait lire ni écrire. Pirater un professeur d’une école, par exemple. Ça s’est passé pendant des années et ça se passe encore. Bien entendu, maintenant, ce sont des professeurs universitaires qu’on voudrait pirater. Mais le professeur universitaire, on ne peut plus lui offrir un petit poste ou un emploi pour faire quelque chose, ne serait-ce que remplir des formulaires.

Je ne sais pas où on va pouvoir emmener un animateur culturel qui s’emballe ou qui oublie son engagement et veut devenir un artiste. Il peut avoir des qualités exceptionnelles… Je ne doute pas que beaucoup parviendront à devenir des artistes, et de grands artistes, je l’ai constaté le jour où j’ai visité l’école de Boyeros. D’accord, mais ils ont une tâche à remplir, la Révolution les a préparés pour remplir une tâche et les Organismes de l’administration publique doivent s’acquitter de cet engagement... et ne pas pirater des animateurs culturels comme ils ont fait dans le passé.  La Révolution ne les enchaîne pas pour toute la vie, même si nous savons que beaucoup sentiront un grand amour pour leur travail toute la vie, qu’ils seront des artistes formateurs de patriotes, formateurs de révolutionnaires, formateurs d’excellents artistes.

Le premier cours a duré cinq ans ; le second, sept. Il existe maintenant la radio et la télévision. Elles ne sont pas étasuniennes, elles n’appartiennent pas au gouvernement qui veut présider à la transition démocratique à Cuba. Imaginez donc une transition en arrière. C’est ça que l’administration étasunienne a programmé. Le plus curieux, c’est que le premier point du plan du crétin – comme je le disais hier soir – que l’illustrissime président des Etats-Unis a nommé président de la Commission – ou je ne sais quoi – de transition à Cuba, ce soit de se rendre en Europe, chez les séides européens de l’empire et bon nombre de mercenaires, pour leur demander de l’aide en faveur de la transition.

Grand bien lui fasse à l’Europe, à la putride Europe, et qu’elle les aide ! Nous disons à notre tour : Nous verrons bien ce que fait la putride Europe ! Un jour, elle nous a insultés, elle nous a offensés, en prétendant nous retirer une aide humanitaire qu’elle ne nous avait jamais donnée. En fait, c’était elle qui nous volait bien plus par l’échange inégal, qui gagnait bien plus en nous vendant des produits finis et en nous achetant des matières premières. Il faut voir combien elle vous vend cher n’importe quoi pour garantir ses revenus très élevés, et combien elle vous achète bon marché des matières premières comme le tabac en feuille, même pas les cigares, ou le nickel pour fabriquer de l’acier inoxydable, etc.

J’en ai parlé à Santiago de Cuba, le 26 juillet, pour le cinquantième anniversaire, calculant les bénéfices que l’Europe fait sur le dos de Cuba : c’est plus de deux cent millions de dollars que nous lui donnions, nous, à elle, tandis qu’elle nous offrait trois ou quatre petits millions d’aide humanitaire, qui s’envolait d’ailleurs en frais d’hôtels cinq étoiles de la part des généreux donateurs… Nous lui avions dit : « Nous n’avons pas besoin de cette cochonnerie. » Et quand elle a continué de nous offenser, le peuple a défilé devant deux de ses ambassades, plus de cinq cent mille citoyens devant chacune d’elles, et il y avait encore assez de gens pour faire un troisième défilé simultané… Et quand les fonctionnaires sont arrivés, nous leur avons dit : « Non, nous ne voulons pas d’aide humanitaire. Sait-on jamais, nous pouvons même vous en envoyer une, nous, parce que vous avez moins de médecins par habitant que nous, et qu’il y a chez vous des aveugles parce qu’ils ne peuvent pas se payer une opération, et que vous n’avez pas le capital humain que nous avons, nous, et que vous ne pouvez même pas envoyer une brigade de médecins n’importe où dans le monde. Tout ce que vous savez faire, c’est menacer d’intervenir, menacer de bombarder. » Et donc, ce crétin de yankee fait une tournée en Europe pour lui demander un coup de main.

Que peut faire l’Union européenne contre nous ? Rien. Quelle chance qu’il y ait un pays qui puisse le dire ! Un pays qui n’a pas besoin de l’empire yankee, qui n’a pas besoin de l’Europe. Nous sommes dans un monde qui est en train de changer, et nous sommes une Révolution extraordinairement forte et un peuple formidable qui sait lutter contre les adversaires et qui sait lutter contre ses propres erreurs et contre ses propres faiblesse (applaudissements).

Tant pis pour eux, avec leur idiotie et leur art mercenaire. Personne ne pourra venir dans notre pays transformer l’art en mercenariat, même s’ils essayent de voler, en y parvenant souvent, des talents et des artistes (applaudissements).

C’est vous qui serez les professeurs, et tous les autres jeunes qui se forment, des artistes capables de semer et de forger des consciences, de façon à ce qu’il n’y ait plus d’indolents ou d’inconscients qui oublient comment ils ont été formés : parfois, dès l’âge de cinq ans, ou six ans, ou sept ans, gratuitement, passant pour tous les établissements d’enseignement, par tous les établissements d’art, au point de devenir de grands talents, tout comme des talents surgiront en masse de l’énorme richesse de tout un peuple.

Il faut semer très tôt ce genre de conscience, pour nous ne soyons plus jamais témoin de l’ingratitude de certains parvenus au sommet de l’art et dont nous apprenons un beau matin : « Machin a fait défection » ou « Truc a fait défection »… Et pourquoi donc les Machin et les Truc font-ils défection si ce n’est par manque de conscience, par manque d’amour envers le peuple qui les a formés et qui leur a tout payé, au milieu du blocus, au milieu des sacrifices, au milieu des menaces ? (Applaudissements.) Envers les travailleurs qui ont coupé la canne, qui ont manié des engins industriels et qui ont travaillé je ne sais combien d’heures dans l’agriculture, dans l’industrie, partout, pour leur payer l’école, le primaire, le secondaire, l’université…

Bien entendu, une révolution c’est le triomphe de la vertu sur le vice, c’est le triomphe de l’honneur sur le déshonneur, c’est le triomphe de l’intégrité morale et patriotique sur le mercenariat et le vice, si bien que tout ce que peuvent faire ceux qui sont incapables de créer des valeurs sur des bases morales, c’est voler des talents. Dans beaucoup de ces pays, les valeurs se forment spontanément, à partir d’initiatives des citoyens eux-mêmes, faute d’écoles d’art à la portée de tout le peuple, comme ici. Les écoles n’y sont que pour les riches et les très riches. Dans notre pays, elles sont pour tout le peuple sans exception ni exclusion (applaudissements).

Je parlais donc du professeur, de ceux qui éduquent, de ceux qui créent pour le peuple, face à ceux qui nous volent ou veulent nous voler des artistes, des athlètes, ou des intelligences dans n’importe quel domaine de la science.

Ils ont voulu aussi nous laisser sans médecins. De ceux qui existaient ici au triomphe de la Révolution, et pas tous si bien préparés que ça, ils nous en ont pris la moitié, trois mille. N’empêche qu’aujourd’hui, nous en avons soixante-dix mille ! Plus de vingt-cinq mille élèves de médecine, selon un calcul que je dois encore préciser ; sept mille nouveaux élèves chaque année ; plus de douze mille à l’Ecole latino-américaine de science médicales ; vingt mille Latino-Américains, fondamentalement des pays les plus pauvres, au premier trimestre de l’an prochain… Le pays qu’ils ont voulu priver de ses médecins, ils devront désormais le regarder avec respect et voir toute une nation convertie en université dans bien des domaines, mais spécialement dans un domaine aussi humain que la médecine, qui sauve des santés et qui sauve des vies. La punition des crimes qu’ils ont commis contre nous, l’Histoire l’a déjà prononcée. Ils verront cent mille élèves de cette branche à Cuba, parce que nous aiderons à former des médecins pour le monde, alors qu’eux n’ont jamais le moindre médecin à envoyer nulle part (applaudissements).

Aucun médecin internationaliste ne sort du mercenariat ; pas plus qu’il ne sort un membre du contingent utile et glorieux spécialisé en catastrophes naturelles, en épidémies et en graves maladies comme le sida qui frappe aujourd’hui des nations entières et les élimine presque, des continents entiers. Ils ne pourront jamais nous empêcher de le faire, parce que, face aux trois mille médecins dont ils nous ont privés au début de la Révolution, nous en comptons aujourd’hui huit fois plus en train de remplir des missions internationalistes ou d’aider les peuples à des moments d’immense douleur : malgré les trois mille qui sont partis d’abord, puis les autres partis ensuite, nous disposons aujourd’hui de vingt-cinq mille médecins d’un nouveau type en train de prêter service dans le tiers monde, et ici, dans notre patrie, presque cinquante mille. Combien de fois ? Quinze fois, ou seize, ou dix-sept fois plus, distribués dans toutes les communes du pays, dans n’importe quel recoin de notre patrie, de Sandino, là-bas à côté du cap San Antonio, à Maisí, Baracoa, dans les montagnes et dans les plaines.

            Nous savons très bien que notre système n’est pas encore parfait ; en tout cas, aucun pays ne possède autant de médecins et si proches de la population que le nôtre. Aucun pays n’a jamais eu ce que nous sommes en train de posséder toujours plus : une chaîne de polycliniques, autrement dit de centres de soins de santé primaires, non seulement pour protéger la santé, mais encore des centres de rétablissement à côté de chacun d’eux qui dispose d’équipements qu’il n’a jamais eus avant, absolument neufs, standardisés, faciles à entretenir et à réparer, ce qui est impossible quand vous avez des appareils de quarante ou cinquante marques différentes, comme avant. De plus, ces polycliniques deviennent d’ores et déjà un modèle, et des centres de formation de médecins.

            Notre pays disposera ainsi de dizaines, ou plutôt de centaines de collèges universitaires en vue de la formation de médecins.

            Tout ceci, bien entendu, les dépêches de presse n’en parlent pas beaucoup, ni la télévision, ni la radio, qui sont bourrées de pub et de mensonges publics. Quel culot que ces gouvernements !

            Vous vous souvenez que j’ai demandé à mister Bush : « Dites donc, mister, dites-nous donc par où Posada Carriles est entré aux Etats-Unis, dites-nous par où, sur quel bateau, par quel port, et quels ont été les responsables et les complices de cette entrée clandestine ? » Je ne sais combien de mois se sont écoulés, et motus sur la question. Ils règlent le problème sans mot dire, et s’ils ne répondent pas à cette simple question, c’est que beaucoup de monde dans l’administration est impliqué dans l’autorisation d’entrée de Posada Carriles, ce terroriste, cet assassin sans pitié qu’ils soutiennent et protègent de la justice. Non, pas un mot, alors que nous leur avons posé un tas de questions publiquement.

            Quand nous leur avons proposé de dépêcher des médecins au peuple étasunien, abandonné à son sort face à une catastrophe destructrice en Louisiane, de nouveau, motus ! Si nous l’avons fait, c’est pour le peuple étasunien, et en toute justice : c’est ce même peuple qui a contraint les troupes à sortir du Viet Nam ; c’est ce même peuple qui a décidé du retour du petit Elián dans notre pays ; c’est ce même peuple qui contraindra tôt ou tard l’empire à retirer ses troupes d’Irak où plus de deux mille jeunes étasuniens sont déjà morts dans une guerre impitoyable et injuste (applaudissements).

            Nous tenions à le soutenir à un moment triste, quand les retraités mouraient là-bas sans le moindre secours dans les asiles ou mouraient dans les hôpitaux, tandis que régnait l’anarchie et qu’on n’entendait que le cri égoïste de « Sauve-qui-peut ! » Nous avons voulu l’aider. Et nos médecins auraient pu sauver de nombreuses vies. Le comble, c’est que ces gens-là n’ont même pas inclus Cuba sur la liste des pays ayant proposé leur aide, si bien que nos amis aux Etats-Unis se demandaient : « Que c’est curieux que Cuba n’ait rien offert ! » Silence public total ! Et nous avons dû alors dire publiquement ce que nous avions offert, et dire que nous avions été un des premiers gouvernements à le faire.

            Et quand un second cyclone était en train d’avancer avec une force terrible, nous n’avons pas été parmi les premiers, non, nous avons été parmi les rares gouvernements à avoir proposé leur aide avant. Là non plus, pas de réponse. Silence.

            Hier, j’ai expliqué le contenu de la note que le responsable de la Section d’intérêts des Etats-Unis à La Havane nous a envoyée tout récemment, une note respectueuse qui parlait de la nécessité d’une coopération entre le Mexique, les Etats-Unis et Cuba pour faire face aux cyclones.

            Et aussitôt, on a vu apparaître des dépêches annonçant que Cuba avait accepté l’aide humanitaire des Etats-Unis. Or, j’ai démontré, documents à l’appui, quelle avait été la teneur de notre réponse. Mais le mal est fait, et ils se gardent bien de rectifier.

            En tout cas, en règle générale, ils ne répondent pas aux questions difficiles. Au sujet de Posada Carriles, c’est le mutisme complet. Par exemple, ils n’ont pas osé dire – de toute façon, ils ne pourraient pas le dire sans s’accuser eux-mêmes – comment et par où le terroriste le plus répugnant et le plus criminel du continent américain est entré aux Etats-Unis.

            Ils continuent de maintenir en prison les cinq héros cubains qui luttaient contre le terrorisme, cinq patriotes innocents contre lesquels se sont déversés la haine de la mafia de Miami et la corruption des tribunaux de cette ville, qui les ont condamnés à la prison à vie.

            J’attends toujours que l’Europe se lacère les vêtements et réclame la libération de ces compatriotes qui sont toujours en prison, bien qu’une cour d’appel absolument autorisée aux Etats-Unis mêmes ait déclaré que le procès avait été illégal, que le procès avait été injuste, que ce procès était nul et non avenu. Et pourtant, nos cinq compatriotes sont toujours en prison. Voilà bien la conduite immorale, la conduite éhontée de ce système impérial !

            Mais qu’elle est forte, Cuba, qui peut dévisager les complices de l’empire en Europe, qui peut les regarder droit dans les yeux et les accuser : Vous êtes hypocrites ! Vous êtes corrompus ! Vous êtes immoraux ! Vous êtes des exploiteurs qui avez inventé l’esclavage moderne, au cours des derniers siècles, après la prétendue Découverte de l’Amérique ! Vous avez créé le colonialisme que vous maintenez jusqu’à aujourd’hui ! Vous avez, aux côtés des Etats-Unis, inventé l’échange inégal ; vous volez les devises étrangères de tous les pays grâce à un mécanisme qui les contraint de déposer tant leurs réserves que l’argent des particuliers dans les banques de vos pays riches pour fuir l’inflation, pour s’y réfugier, si bien que vous disposez de tout l’argent du monde. Oui, je leur dis : vous êtes des pillards, vous êtes des voleurs. Heureusement, l’argent de Cuba, vous ne pouvez pas en disposer à votre guise. Même si le dollar insolent de l’empire, qui a déjà reçu quelques leçons, continue de nous piller brutalement…

            C’est ce que j’expliquais à Maradona à la première interview qu’il m’a faite. Je lui ai démontré que dans notre pays, en butte au blocus, où le rationnement existe toujours mais où beaucoup de choses bénéficient de subventions extraordinaires, un dollar insolent, de ceux qu’on envoie de là-bas et dont le taux de change se situe maintenant, non à vingt-six pesos, mais à vingt-quatre, parce que notre monnaie est en train de s’apprécier, permet de payer par exemple plus de cent cinquante kilowatts d’électricité. Avec à peine deux dollars, vous pouvez consommer trois cents kilowatts d’électricité ! Voilà le pouvoir d’achat d’un dollar qu’on envoie ici.

            Et combien coûte cette même quantité de kilowatts d’électricité à l’Etat cubain ? Au mieux, si les calculs de coûts sont corrects, pas moins de trente-six dollars, et peut-être même plus ! Autrement dit, dix-huit dollars en devises convertibles les cent cinquante kilowatts, alors qu’ils ne coûtent qu’un dollar aux particuliers qui le reçoivent de là-bas ; ou encore trente-six dollars à l’Etat cubain pour deux d’envoyés de là-bas.

            Et c’est à l’avenant dans d’autres domaines. Ainsi, tandis qu’il est pillé de cette manière, notre peuple ne reçoit bien souvent – comme cela s’est passé jusqu’à encore tout récemment, mais ça commence à changer – qu’une savonnette rationnée, sans le moindre parfum, ou un tube de dentifrice en petites doses, ou même des tampons hygiéniques en quantités insuffisantes. Nous le savons. C’est d’ailleurs pour ça que l’industrie légère a reçu des instructions voilà quelques mois de produire suffisamment pour pouvoir augmenter les quantités de savonnettes et y mettre un peu de parfum, les quantités de tubes de dentifrice, les quantités de tampons hygiéniques, de manière à ce qu’il y en ait suffisamment, et ce plan est déjà en marche. Elle a même reçu de nouvelles instructions d’augmenter sensiblement ces quantités.

            Notre pays consent donc des efforts, mais combien d’argent dépense-t-il à subventionner le dollar, à multiplier le pouvoir d’achat du dollar ?

            Je ne prétends pas vous expliquer tout ici, mais je vous l’annonce – et je le fais à l’avance – parce qu’à nous tous, nous devons travailler à éliminer cette forme de pillage, cette forme d’exploitation. Nous n’avons pas encore fait assez, mais nous savons bien ce qu’il faut faire, en partant du principe d’offrir le moins de chances aux parasites, le moins de chances à ceux qui reçoivent cette monnaie-là qui nous pille, quelle qu’elle soit. Nous avons accumulé assez d’expériences pour bien faire les choses et que des situations pareilles ne se répètent pas.

            Notre pays est en marche vers l’invulnérabilité militaire et, écoutez bien, vers l’invulnérabilité économique. Et ce que font les milliers de travailleurs sociaux, même si une petite partie d’entre eux seulement est entrée en action, c’est justement batailler pour cet objectif de l’invulnérabilité économique. Le principe sera le suivant : le plus possible pour ceux qui travaillent, le plus possible pour ceux qui touchent un salaire ou un pension comme ouvriers dans les usines, comme spécialistes, comme enseignants, comme médecins, comme travailleurs à n’importe quel endroit. Oui, ce sont eux qui doivent toucher le plus. En tant que Révolution qui aspire à un monde meilleur et à une société bien plus juste et qui a assez d’expérience aujourd’hui pour progresser plus rapidement vers cet objectif, nous devons chercher à ce que l’être humain gagne sa vie en travaillant ou reçoive de la société ce qu’il mérite pour avoir travaillé longtemps, nous aidant à obtenir les choses que nous avons aujourd’hui à seulement au tiers du chemin, les choses que nous aurons ensuite dans un avenir pas si éloigné, sans cesser pour autant de partager une partie de ce que nous avons, en particulier toute notre expérience et toutes nos connaissances, avec d’autres peuples.

            Je peux vous dire que nous connaissons un certain nombre de choses que nous faisons aujourd’hui (applaudissements), sachez-le. Et nous ne serons pas plus pauvres à aider les autres, et nous ne nous ôterons rien. Par sa lutte héroïque, notre peuple a déjà tracé les sillons, labourant dans le temps, pour que nous puissions semer les graines de cette société et de ce monde meilleur dont font déjà partie ces médecins qui ont rempli cette Cité des sports que vous remplissez, vous, aujourd’hui et que rempliront demain les travailleurs sociaux qui ne sont pas seulement conscients et se battent contre des choses absolument incorrectes, mais qui sont en train de se gagner dans le peuple ceux qui, sans être des travailleurs sociaux, coopéreront à cette lutte. En effet, quand, dans chaque conseil populaire, partout, chaque citoyen fera ce qu’ils sont en train de faire, et que les membres des Comités de défense de la Révolution, des organisations de femmes, de combattants de la Révolution, de travailleurs, d’étudiants et de lycéens, de toutes les organisations de masse, et les membres de l’Union des jeunes communistes et du Parti luttent dans les quartiers contre ce contre quoi les travailleurs sociaux luttent aujourd’hui en suivant la piste des nouveaux riches qui ne veulent pas payer et des corrompus qui se laissent corrompre, il sera toujours plus difficile que ces gens-là puissent faire ce qu’ils font aujourd’hui. C’est pour ça que je vous dis tout ça avant tant de conviction.

            Par exemple, nous pouvons aider le gouvernement des Etats-Unis en lui apprenant comment on protège la population en cas de catastrophes naturelles, afin d’éviter la mort de tant de pauvres.

            Je crois que Miami est sans électricité depuis le passage du cyclone, sans aliments, sans rien. Eh bien, ici, les cent mille personnes qui ont été touchées par la pénétration de la mer n’ont cessé de recevoir des aliments, ont continué d’être protégées, tandis que les travailleurs sociaux font un inventaire de tous les dégâts, coopèrent avec eux, afin de les aider à se récupérer de leurs pertes le plus vite possible. C’est ce que nous savons faire. Et, à chaque catastrophe naturelle, nous  ferons pareil.

            Que disais-je donc de la piraterie de la part des organismes de l’Etat ? Ah oui… la radio et la télévision vont-elles donc engager ces animateurs culturels ? Ou alors l’Institut de l’art et de l’industrie cinématographiques ? Est-ce que les salles de théâtre des pouvoirs populaires vont pirater des élèves ou des animateurs culturels pour leur donner du travail ?

            Qui donc va pirater ? Personne, je l’espère. J’ai sous les yeux Ernesto, le directeur de la télévision. Je suis convaincu qu’il ne commettra pas cette indiscipline, je suis convaincu que les présidents des pouvoirs populaires ne commettront pas cette indiscipline, je suis convaincu que les organismes touristiques, non plus, que les organismes publics ne pirateront pas des jeunes déjà formés qui sont programmeurs ou maîtrisent l’informatique… Nous comptons en effet aujourd’hui quarante mille élèves programmeurs dans les instituts techniques d’informatique – quarante mille ! – et huit mille à l’Université des sciences informatiques qui font des études supérieures comme concepteurs de programmes informatiques.

            Celui qui vole, il faut lui couper la main… C’est une façon de parler, bien entendu ! C’est quelque chose qui vient de l’époque du talion. Moi, qui ai fait des études de droit, je ne me souviens plus de grand-chose, mais je me rappelle en tout cas la loi du talion qui ordonnait de couper la main du voleur. Bien entendu, je ne parle pas de la couper physiquement, c’est un image : cela veut dire que le responsable de la piraterie de personnels formés ne peut rester un jour de plus à son poste ! Attention, je le dis au nom de la Révolution, au nom du parti, au nom de l’Etat : quiconque commet une piraterie de ce genre, ou d’une autre nature ne peut rester un jour de plus à son poste ! Et il faudra fixer des règles : que l’on en parle du moins à celui auquel on souhaite prendre du personnel. Les erreurs du passé ne doivent pas se répéter.

            Cuba est aujourd’hui une source d’inspiration et d’espoir pour beaucoup de gens. La vocation d’humanisme et de justice de la Révolution est une référence pour ceux qui croient à la possibilité d’un monde meilleur que celui de la barbarie, de la violence, de l’égoïsme et du gaspillage dans lequel les puissants nous ont plongés. Et dans cette bataille pour l’avenir de l’humanité, nous sommes stimulés par de nombreux artistes et intellectuels du monde qui défendent, en défendant Cuba, leur droit de penser par eux-mêmes face aux diktats hégémoniques, leur foi en l’homme face à l’omniprésence du marché.

            Le vaste mouvement généré autour de l’appel « Stoppons une nouvelle manœuvre contre Cuba » durant la soixante et unième session de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, un appel signé à ce jour par plus de cinq mille intellectuels du monde entier ; la lettre ouverte à l’Attorney General des Etats-Unis pour réclamer la libération de nos cinq compatriotes, signée à ce jour par plus de cinq mille personnalités du monde entier, dont de nombreux prix Nobel, et la création à Mexico du Tribunal civil international Benito Juárez pour juger les actions des Etats-Unis contre Cuba, auquel ont participé des intellectuels de prestige, voilà seulement quelques jalons de la solidarité que la cause de notre peuple engendre chez les gens honnêtes et faisant siennes les idées de solidarité et de justice.

            Quand je disais que les porte-parole de l’empire restaient muets, je pourrais revenir sur le document que j’ai lu voilà quelques mois à la Tribune anti-impérialiste et qui était signé par l’un des plus grands écrivains de l’histoire de ce continent, Gabriel García Márquez. Celui-ci, donc, racontait comment il s’y était pris pour faire savoir aux autorités étasuniennes, au nom de Cuba, qu’un groupe terroriste, regroupé autour de Posada Carriles, envisageait de faire exploser en plein vol des avions où pouvaient se trouver des Etatsuniens. Après que nous étions parvenus à découvrir et à désamorcer la vague d’attentats contre des hôtels de La Havane, les terroristes qui étaient derrière ont décidé de faire exploser des avions de lignes régulières desservant Cuba, et ce en recourant à la même méthode : engager des mercenaires qui monteraient dans ces avions et y déposeraient des bombes pouvant éclater cinquante, ou soixante ou même quatre-vingt-dix heures après, quand ils étaient déjà repartis de Cuba.

            Nous en avons donc informé le gouvernement des Etats-Unis, nous lui avons offert des informations, partageant avec lui justement les renseignements obtenus par ces cinq compañeros qui sont toujours en prison et dont la mission était de chercher des informations sur les terroristes afin de défendre leur peuple. Ils n’étaient pas les seuls, bien entendu, ils faisaient partie des mécanismes que nous avions dû mettre en place pour pouvoir prévenir ce genre de méfaits.

            Vous vous rappelez sûrement ce qu’il s’est passé. Des fonctionnaires du FBI sont même venus ici, nous leur avons donné tous les éléments en notre possession. Une fois de retour là-bas, ils se sont lancés sur la piste quelques jours plus tard. Mais pas sur la piste des terroristes, non ! Sur la piste de nos compañeros qu’ils ont arrêtés – sans doute avaient-ils déjà quelques pistes à eux – et qu’ils ont soumis au procès atroce que vous connaissez. Nos compañeros continuent d’être séparés les uns des autres, sans pouvoir se parler, à des endroits différents. Il y a même de très proches parents qui n’ont pas pu leur rendre visite.

            Les insolents qui lacèrent leurs vêtements et critiquent la Révolution quand elle combat à juste titre les mercenaires d’ici alliés du terrorisme, alliés du blocus, alliés des actions lâches organisées contre notre pays, ne disent pas un mot de ces jeunes gens prisonniers là-bas. Quelle morale peuvent-ils donc avoir aujourd’hui ? D’ailleurs, quelle morale ont-ils jamais eue dans l’histoire, en tant que nations industrielles dont le passé est fait d’exploitation des peuples, d’exploitation des continents, d’exploitation du monde !

            J’ai donc lu le document où García Márquez racontait ses démarches auprès des autorités étasuniennes. Et depuis nous attendons un mot des chefs de l’empire : est-il vrai ou non que Cuba a informé le président des Etats-Unis ? Eh bien, toujours rien. Au moins : oui, nous avons reçu ce rapport ou nous ne l’avons pas reçu. Oui, le FBI le savait. Oui, le FBI est venu à Cuba. Oui, le FBI a reçu des rapports, dont beaucoup provenaient de ces compañeros qui sont toujours prisonniers là-bas. Est-ce vrai ou est-ce faux ?

            Ces compañeros n’ont pas fait que défendre le peuple cubain ; ils ont aussi défendu le peuple étasunien, les citoyens étasuniens des actions de la mafia terroriste de Miami et des assassins de la bande à Posada Carriles.

            Personne de chez nous n’a encore écouté un seul mot à ce sujet de leur part. Ah oui, ils informent de la liberté de la presse et de Reporters sans frontières ! Reporters sans frontières, non : des reporters sans dignité, sans honneur, qui se consacrent à divulguer les mensonges de l’empire au budget duquel ils émargent !

            Il y a encore là-bas bien des parasites qui vivent de la sueur des travailleurs et des paysans du monde, en particulier des travailleurs et des paysans du tiers monde, qui représentent aujourd’hui les trois quarts de la population du monde.

            La réponse extraordinaire de nombreux intellectuels du monde, aux côtés de personnalités politiques et sociales, à la Rencontre internationale contre le terrorisme, pour la vérité et la justice, préparée en quelques jours à peine par des organisations de notre pays, nous a convaincus une fois de plus de la valeur des idées dans le combat contre les mensonges et les crimes de l’empire et de la capacité de Cuba à convoquer les gens à participer unis à la lutte stratégique contre l’hypocrisie, la morale à double vitesse et le recours à la force de la part du puissant voisin du Nord.

            Tout ceci prouve l’admiration et le respect qu’inspire l’œuvre extraordinaire de notre peuple face aux plus grandes menaces, et constitue le fruit du rôle d’avant-garde que les intellectuels cubains ont joué durant ces années créatrices et fécondes de la Bataille d’idées.

            « La mère de l’honneur, la sève de la liberté, le maintien de la République et le remède à ses vices est avant tout la propagation de la culture », a affirmé José Martí dans une phrase profonde et belle.

            Les animateurs culturels qui reçoivent leur diplôme aujourd’hui introduiront dans leurs écoles la richesse culturelle que notre nation a créée durant son histoire et prépareront nos enfants et adolescents à s’engager sur la voie de la culture et de la sagesse que la Révolution a frayée pour eux.

            Leur œuvre importante se conjuguera aux efforts d’un pays qui traverse un moment de création impressionnant dans toutes les manifestations artistiques. Il serait long d’énumérer les phénomènes survenant dans ce domaine.

            Il suffit de mentionner un système d’enseignement artistique sans parallèle dans le monde. Cette année, 1 091 artistes sont sortis des écoles de niveau secondaire et supérieur de notre pays. Signalons encore, par exemple, les ateliers d’éveil de la vocation artistique de l’Ecole nationale de ballet, auxquels participent quatre mille enfants et adolescents et qui en sont maintenant à leur quatrième année, et dont on continue de perfectionner les programmes en ballet, danse, musique et arts plastiques.

            Dans le cadre des programmes de la Bataille d’idées, 1 806 élèves issus des Cours de perfectionnement intégral pour jeunes sans emploi ont conclu récemment les Cours de promoteurs culturels donnés par les Centres de perfectionnement culturel rattachés aux directions provinciales de culture.

            Cuba organise des rencontres et des festivals qui, toujours mieux conçus et à forte participation populaire et intellectuelle, ont contribué à divulguer le meilleur de la culture cubaine et sont devenus des espaces de confrontation, de débats et de présentations artistiques : le Festival du Nouveau Cinéma latino-américaine, le Festival international de ballet, le Salon d’art contemporain, la Journée du Cucalambé à Las Tunas, le Festival du cinéma pauvre à Gibara, le Festival Benny Moré à Cienfuegos, le Festival de la Caraïbe à Santiago de Cuba, qui a été consacré cette année au Venezuela, les Kermesses de mai et la Fête de la culture latino-américaine à Holguín.

            Les artistes et les intellectuels cubains réunis dans le cadre de l’appel « Défendons l’humanité » ont été des bastions de la Bataille d’idées à l’échelle internationale, concertant des actions, convoquant des intellectuels reconnus du monde, divulguant la pensée progressiste, ainsi que des combattants lucides pour la culture, la liberté et la dignité pleines de notre peuple.

            Pour conclure, très chers animateurs culturels, je me réjouis de répéter ce que j’ai dit voilà un an aux diplômés de la première promotion à Santa Clara :

            En avant, vaillants défenseurs de la culture et de l’humanisme ! (Applaudissements prolongés et exclamations.) Toute une vie de gloire vous attend !

            Vivent la culture et l’art ! (Vivats.)

            Vive l’humanité ! (Vivats.)

            La patrie ou la mort !

            Nous vaincrons ! (Ovation.)