RÉFLEXIONS DE FIDEL CASTRO
Une réponse digne
Les faits se succèdent à un rythme incroyable. Parfois, plusieurs à la
fois. On a envie, ou plutôt on sent le besoin d’en commenter certains pour leur
importance en soi et pour leur valeur d’exemple. Je ne parle pas aujourd’hui de
qui s’est passé à Genève, considéré comme un triomphe révolutionnaire mérité
des pays du tiers-monde.
Je parlerai de la réponse de Cuba au Conseil des Relations extérieures
de l’Union européenne, publiée vendre dernier, 22 juin, à la une du Granma.
Ce sont des paroles dignes de notre Révolution et de sa haute direction
politique, qui aborde et clarifie un par un les points auxquels il fallait
répondre sans délai. Je les reprends en les énumérant :
« D’autre part, dans ses "Conclusions", le Conseil
s’immisce d’une manière calomnieuse dans des affaires strictement intérieures,
prononce des jugements et annonce des actes d’ingérence et hypocrites que Cuba
considère comme offensants et inacceptables et qu’elle rejette
énergiquement. »
Au risque d’allonger ces Réflexions, je tiens à ajouter quelques points
permettant de se faire un jugement. L’Union européenne a été conduite par
Washington dans une impasse sans issue honorable.
N’importe quel membre de l’Union européenne peut bloquer une décision.
Sur le plan politique, ce système ne fonctionne pas et minimise dans la
pratique la souveraineté de chaque pays. L’Union européenne se trouve
aujourd’hui dans une situation pire que l’ancien camp socialiste. On présente
Blair le vaniteux, le constructeur de sous-marins perfectionnés, l’ami de Bush,
comme le candidat éventuel à la présidence de l’Union européenne. Les dépêches
de presse informent qu’il a été nommé aujourd’hui « envoyé spécial pour le
Moyen-Orient », où il a tant contribué à la guerre désastreuse déclenchée
par les Etats-Unis.
Sur le plan énergétique, les gouvernements européens sont en train de
mendier des hydrocarbures dans les rares régions où l’Empire ne s’en est pas
emparé par la force, de la même manière qu’il achète n’importe quelle compagnie
européenne avec des chiffons de papier.
L’euro est toutefois une monnaie solide, bien plus que le dollar qui ne
cesse de se dévaluer.
Bien que le dollar soit défendu par les détenteurs de bons et de billets
yankees, l’Empire court le risque d’un écroulement aux conséquences économiques
dramatiques.
Par ailleurs, l’Europe serait l’une des régions les plus touchées par le
réchauffement climatique. Ses complexes et modernes installations portuaires se
retrouveraient sous l’eau.
En proie au désespoir, elle propose à l’Amérique latine des traités de
libre-échange encore pires que ceux de Washington en quête de matières
premières et de biodiesel. Sur ce point, des critiques se font déjà entendre.
Mais l’argent européen n’appartient pas aux communautés, il appartient aux
transnationales, et il s’enfuit à tout moment, pour se mieux se rentabiliser,
vers les pays à main-d’œuvre bon marché.
Par sa réponse fière et digne, Cuba a mis l’accent sur l’essentiel.
Quoique toute bonne stratégie comprenne une bonne tactique, ni l’une ni
l’autre n’est correcte quand on tolère l’arrogance et la fatuité.
Les Européens finiront par comprendre à quelle situation absurde les a
conduits l’impérialisme et s’expliquer pourquoi un pays des Caraïbes leur a dit
leurs quatre vérités. Le cheval emballé du consumérisme ne peut poursuivre sa
course folle qui la conduit à l’abîme.
La dernière réunion de l’Union européenne sur le futur traité a été un
nouvel exemple de la démoralisation régnante. Selon l’AFP du dimanche 24 juin,
« le chef du gouvernement italien Romano Prodi a
confié dimanche son "amertume" au lendemain du sommet de Bruxelles
auquel il reproche d'avoir donné le "spectacle" d'une Europe
"sans émotion", dans un entretien au journal
« "Comme pro-européen, laissez-moi être
amer après le spectacle auquel j'ai assisté", déclare Romano Prodi, ancien
président de
« "L'acharnement de certains gouvernements
à nier tout aspect émotionnel de l'Europe m'a fait mal", ajoute-t-il en
citant "
« M. Prodi relève que "ce sont les mêmes gouvernements qui reprochent
à l'Europe d'être loin des citoyens". "Mais comment fait-on pour
impliquer les citoyens sans impliquer leurs émotions,(…) comment fait-on pour
leur donner la fierté d'être Européens si on leur refuse les symboles de cette
fierté comme le drapeau et l'hymne, demande-t-il. »
« Romano Prodi cite "Tony Blair qui mène une bataille contre
la charte des droits fondamentaux…" »
« Ou encore, ajoute-t-il, le président polonais Lech "Kaczynski
qui m'explique qu'il ne peut partager les positions italiennes parce que nos
pays ont des peuples différents". »
« "Jamais" les eurosceptiques ne s'étaient manifestés
"de façon aussi explicite, aussi programmée" qu'à ce dernier sommet,
estime le chef du gouvernement italien. »
A
A cette époque décisive, peu importe la quantité d’ennemis, qui seront
toujours de moins en moins nombreux ; ce qui importe, c’est « la
quantité d’étoiles au front ».
Fidel Castro Ruz
27 juin 2007
18h 30