RÉFLEXIONS DE FIDEL CASTRO
Je n’ai connu qu’un seul des président des Etats-Unis et des aspirants à
ce poste qui, pour des raisons de morale religieuse, n’ait pas été complice du
brutal terrorisme dont Cuba est victime : James Carter. Ce qui implique
aussi, bien entendu, un autre président qui a prohibé que des fonctionnaires de
l’administration soient utilisés pour assassiner des dirigeants cubains :
Gerald Ford, qui remplaça Nixon après le scandale de Watergate. Compte tenu de
son entrée anormale à
Je dois savoir gré à l’illustre président Eisenhower, en rien opposé au
terrorisme anticubain, mais bien plutôt son
initiateur, de sa définition du complexe militaro-industriel qui constitue
aujourd’hui, avec sa voracité insatiable et incurable, le moteur conduisant
notre espèce à sa crise actuelle, plus de trois milliards d’années après que
les premières formes de vie surgirent sur
Un jour, le Che et moi nous sommes allés jouer au golf. Lui avait été
caddie à un moment donné de son existence pour gagner un peu d’argent à ses
heures de loisirs ; moi, en revanche, je ne connaissais absolument rien à
ce sport coûteux. L’administration Eisenhower avait déjà annulé puis distribué
à d’autres pays les quotas d’exportation sucrière dont bénéficiait Cuba aux
USA, après que
Aux Etats-Unis, vous pouvez avoir la minorité des voix et gagner la
présidence. C’est ce qui est arrivé à Bush. Disposer la majorité des voix des
électeurs et perdre la présidence, c’est en revanche ce qui est arrivé à Gore.
Voilà pourquoi tout le monde convoite l’Etat de
Je n’exclus pas de ce panorama Clinton ni la pré candidate du Parti
démocrate. C’est avec le soutien du premier que la loi Helms-Burton
a été adoptée, une fois trouvé un prétexte : le fait que nous ayons dû
abattre des avions de l’organisation terroriste Hermanos al Rescate qui avait survolé plus d’une
fois
Je dois dire que, peu avant cet épisode, le
Je croyais alors que les ordres d’un président des Etats-Unis étaient
exécutés. Nous dûmes abattre ces avions le 24 février, très peu de jours après.
La revue The New Yorker
offre des détails sur cette réunion avec Richardson.
Il semble vrai que Clinton donna l’ordre d’interdire ces vols, mais
personne n’en fit cas. C’était une année
électorale, et il saisit ce prétexte pour inviter les dirigeants de
En 1994, nous avions appris que Carter souhaitait agir pour trouver une
solution à la crise migratoire déclenchée à l’époque. Clinton ne l’avait pas accepté
et avait téléphoné en revanche à Salinas de Gortari,
le président mexicain, dont Cuba avait été le dernier pays à reconnaître la
victoire électorale. Clinton avait pris contact avec lui à son installation
comme président du pays.
Salinas m’informa alors au téléphone que le président Clinton cherchait
un règlement satisfaisant et l’avait prié de coopérer dans ce sens. C’est ainsi
que nous parvînmes avec Clinton à un accord de principe qui incluait
l’idée de la levée du blocus économique. Le seul témoin dont nous disposions
était Salinas. Carter, lui, s’était fait « rembarrer » par Clinton.
Cuba ne pouvait décider du choix du médiateur. Salinas raconte fidèlement cet
épisode. Quiconque le souhaite peut le lire dans ses
écrits.
Clinton se montra en réalité aimable envers moi quand nous coïncidâmes
par hasard à une conférence des Nations Unies à laquelle assistaient de
nombreux chefs d’Etat. Il fut aussi à la fois amical et intelligent quand il
exigea l’accomplissement de la loi dans le cas du petit Cubain séquestré à Miami
et délivré par des forces spéciales dépêchées de Washington.
Les pré candidats sont maintenant lancés dans l’aventure de
J’ignore ce que Carter a dit quand il était candidat. Quelle qu’ait été sa
position, le fait est que j’avais deviné que son élection pourrait éviter un
massacre au peuple panaméen, et j’en avais fait part à Torrijos.
Carter ouvrit à Cuba
On parle aujourd’hui d’un éventuel ticket apparemment imbattable :
Hillary à la présidence et Obama à la
vice-présidence. Tous deux s’estiment de toute façon avoir le devoir sacré
d’exiger « un gouvernement démocratique à Cuba ». Ils ne font pas de
la politique, ils jouent aux cartes un dimanche après-midi.
Les grands médias affirment que ce serait indispensable, exception faite
si Gore se présente. Je ne crois pas qu’il le fasse, il connaît mieux que
personne la catastrophe à laquelle court l’humanité si elle continue sur la
voie actuelle. Quand il fut candidat, il commit bien entendu l’erreur de
« soupirer » pour une Cuba démocratique.
Assez de racontars et de nostalgies. J’écris ceci tout simplement pour
mieux conscientiser le peuple cubain.
Fidel Castro Ruz
27 août 2007
16 h 56