RÉFLEXIONS DE FIDEL CASTRO
LE CANDIDAT RÉPUBLICAIN
(Deuxième partie)
L’un des organes de presse les plus hostiles des Etats-Unis envers Cuba,
de
« Profitant des négociations engagées pour libérer les prisonniers
de la baie des Cochons,
« Cette révélation est l’une
des nombreuses anecdotes apparaissant dans After the Bay of Pigs qui aborde les négociations soutenues entre le Comité des familles
pour la libération des prisonniers et le gouvernement cubain d’avril à décembre
1962.
« Le livre, de 238 pages,
publié à la fin de l’an dernier, a été écrit par l’exilé cubain, Pablo Pérez
Cisneros, en collaboration avec l’homme d’affaires John B. Donovan, fils du
négociateur aujourd’hui décédé, et Jeff Koenreich, un vétéran de
« Pérez Cisneros est le fils de
Berta Barreto de los Heros, qui fut la coordinatrice du Comité des familles à
Cuba et intercéda auprès de Castro pour l’échange des 1 113 personnes
faites prisonnières à la suite de l’invasion ratée d’avril 1961.
« Barreto de los Heros qui a
commencé le livre, est morte sans l’achever en mars 1993. C’est son fils, qui a
mené des recherches pendant huit ans pour compléter l’ouvrage, qui avait acheté
la combinaison de néoprène et l’équipement de plongée fin 1962, sans savoir que
tous deux étaient destinés à Castro.
« Pérez Cisneros se rendit pour
la première fois dans le bureau de James B. Donovan à Brooklyn, en juin 1962,
pour lui demander d’intervenir dans les négociations avec Cuba. L’organisateur
de la rencontre fut Robert W. Kean, fils d’un ancien membre du Congrès et
beau-frère de Joaquín Silverio, alors emprisonné et membre de la 2506e
Brigade. Donovan accepta de travailler gratis pour le Comité des familles.
« C’est deux mois après que
Donovan fit le premier des onze voyages à
« Quand il retourna à Cuba en
octobre 1962, Castro lui dit qu’il avait besoin d’un équipement de plongée et
d’une combinaison de néoprène. "C’est alors que Donovan m’a dit qu’il voulait
acheter un équipement de bonne qualité pour quelqu’un, mais sans me dire que
c’était pour Castro", déclara Pérez Cisneros au journal El Nuevo Herald, dans une interview destinée à élargir l’information sur ce cas.
« Pérez Cisneros, autrefois
champion cubain de pêche sous-marine, acheta une combinaison de néoprène de 130
dollars et un équipement de plongée de 215 dollars dans un magasin bien connu
de Times Square, à New York.
« Castro les reçut en novembre
1962. Quelques semaines après, au cours d’un autre voyage, le président cubain
dit à l’avocat qu’il les avait utilisés.
« C’est plusieurs mois après la
conclusion des négociations que Pérez Cisneros connut tous les détails de
l’histoire réelle.
« Durant
« Quand Donovan informa
« En mai 1963, Castro invita
Donovan et l’avocat John E. Nolan, qui représentait l’Attorney General Robert
Kennedy, à une journée de plongée dans la baie des Cochons et utilisa de
nouveau l’équipement du magasin.
« Fin 1963, Pérez Cisneros
affirma : "Donovan m’a dit que l’idée d’un attentat contre Castro lui
avait donné la chair de poule et qu’il avait refusé de remettre l’équipement de
« Le livre, bourré de faits
curieux et inattendus, raconte une histoire dure qui démontre comment l’amour,
la décision et l’intelligence permirent l’échange des prisonniers de la 2506e
Brigade pour des aliments, des médicaments et des équipements médicaux d’une
valeur de 53 millions de dollars.
« Donovan et le Comité des
familles engagèrent des efforts alors que l’incertitude régnait encore quant au
sort des prisonniers…
« La première réunion du Comité
des familles avec Castro se déroula chez Barreto de los Heros, à Miramar, le
« L’entrée de Donovan dans les
négociations accéléra le processus de libération.
« Donovan prépara un code
secret pour ses communications, car il savait que le téléphone de la famille
Heros était sur écoute.
« À la mi-décembre, Castro
accepta de réaliser l’échange et fournit une liste de vingt-neuf pages
contenant les aliments et les médicaments qui devaient être envoyés à Cuba par
l’intermédiaire de
« Les dix derniers jours des
négociations furent intenses, parce que Donovan engagea un groupe de soixante
avocats pour garantir tous les dons promis par cent cinquante-sept compagnies
étasuniennes.
« Les cinq premiers avions
volèrent vers Miami le
J’ai transcrit littéralement l’article. J’ignorais
certains faits concrets. Rien de ce que je me rappelle ne s’écarte de la
vérité.
Mes relations avec les
marais de Zapata remontent à loin. J’ai connu l’endroit grâce à des visiteurs
étasuniens qui m’ont parlé du black fish,
une carpe noire très abondante dans la
lagune du Trésor, au centre des marais, dont la profondeur maximale est de six
mètres. C’était l’époque où nous pensions développer le tourisme et créer des
polders dans le style des terres disputées à la mer par les Hollandais.
Le renom de l’endroit
datait de mon époque d’étudiant, parce que les marais étaient peuplés de
dizaines de milliers de crocodiles. Leur capture indiscriminée avait presque
provoqué l’extinction de cette espèce. Il fallait la protéger.
Nous souhaitions
surtout faire quelque chose pour les charbonniers des marais. Voilà comment ont
débuté mes liens avec la baie des Cochons, d’une profondeur avoisinant le
millier de mètres. C’est là que je fis la connaissance du vieux Finalé et de
son fils Quique, qui furent mes professeurs de pêche sous-marine. Je parcourus les
îlots et les cayes. Je finis par connaître la zone comme ma poche.
Quand les envahisseurs
y débarquèrent, il y existait trois routes qui traversaient les marais, des
centres de tourisme conclus et en chantier, et même un aéroport à proximité de
la plage Girón, qui fut le dernier réduit des forces ennemies que nos
combattants prirent d’assaut le
C’est pour aborder la
question des prisonniers que je fis connaissance avec Donovan, qui me parut –
et je me réjouis de le confirmer à travers le témoignage de son fils –
quelqu’un d’honorable que j’ai effectivement invité à pêcher une fois et à qui
j’ai sans doute parlé d’une combinaison et d’un équipement de plongée. Je ne
peux me rappeler les autres détails avec précision, je devrais chercher. Je ne
me suis jamais occupé d’écrire mes mémoires, et je comprends aujourd’hui que c’est
une erreur.
Le chiffre exact de
blessés, par exemple, je ne m’en souvenais pas avec tant de précision. J’avais
à l’esprit les centaines de blessés que nous eûmes, nous, dont bon nombre
moururent par carence d’équipements, de médicaments, de spécialistes, et faute
des installations requises. Les blessés expédiés avant exigeaient sûrement une
physiothérapie ou de meilleurs soins qui n’étaient pas alors à notre portée.
Ce fut une tradition
dans notre armée, dès le premier combat victorieux du
Dans ses mémoires, Faith of my Fathers, écrits en compagnie
de l’omniprésent Mark Salter et techniquement bien rédigés, McCain affirme[1] :
« J’ai été fréquemment accusé d’avoir
été un étudiant indifférent et, compte tenu de certaines de mes notes, je peux
constater la générosité de cette affirmation. Mais j’ai été sélectif plutôt
qu’indifférent. J’aimais l’anglais et l’histoire, et j’y ai eu fréquemment de bons
résultats. J’ai eu moins d’intérêt et moins de succès en maths et en
sciences. »
Il assure un peu plus loin :
« Quelques mois avant la fin de mes études, je passai les examens
d’entrée à l’Ecole navale… à ma grande surprise, tout se passa bien, même en
maths.
« Ma réputation de jeune scandaleux et impétueux ne se bornait pas
– j’ai un peu honte de le dire – aux milieux de l’Ecole. De nombreux locataires
décents de la charmante Anapolis, témoins de quelques-uns de mes actes
d’insubordination les plus extravagants, me désapprouvaient, ainsi que de
nombreux officiers. »
Auparavant, racontant quelques faits de son enfance,
il écrit :
« A la moindre provocation, j’étais pris d’un accès de rage et je
tombais ensuite par terre, inconscient.
Le médecin prescrivit un traitement qui, selon les règles modernes de
pédiatrie, paraîtrait un peu sévère : il demanda à mes parents de remplir
une baignoire d’eau froide et, quand je commencerai à piquer une colère et
qu’il semblerait que je retenais ma respiration pour me jeter par terre, de m’y
plonger tout habillé, sans plus. »
Quand on lit des choses
pareilles, on a l’impression que les méthodes qu’on nous appliquait à l’époque
– aussi bien à moi, qui ai vécu avant la guerre, qu’à lui – n’étaient pas les
mieux appropriées pour des enfants. Dans mon cas, on ne pouvait parler de
médecin conseillant la famille : cela venait des gens du peuple, en partie
analphabètes, dont beaucoup ne connaissaient les traitements à suivre que par
tradition.
McCain raconte d’autres
épisodes en rapport avec ses aventures d’élève militaire en voyage
d’entraînement. Je n’en parle pas parce qu’ils s’éloignent de la teneur de mes
analyses et n’ont rien à voir avec des questions personnelles.
Il est logique que
McCain n’ait pas été présent au Congrès pour écouter le discours de Bush, le 28
janvier au soir, parce qu’il y a des choses dans la politique de celui-ci qui
le compromettent trop. Il se trouvait à
McCain soutient la
guerre en Iraq. Il croit que la menace que représentent l’Afghanistan, l’Iran
et
Il reconnaît qu’il est
important de maintenir de fortes relations avec le Mexique et d’autres pays
latino-américains. Il est partisan de la politique agressive actuelle contre
Cuba.
Il renforcera la
sécurité à la frontière, non seulement
pour les personnes à l’entrée et à la sortie, mais aussi pour les produits. Il
estime que les immigrants doivent apprendre l’anglais, ainsi que l’histoire et
la culture étasuniennes.
Il est en quête d’électeurs
d’origine latino-américaine, dont la majorité, malheureusement, n’ont pas le
droit de vote, sauf par exception, car ils craignent toujours qu’on les
expulse, qu’on leur enlève leurs enfants ou qu’on les licencie. Plus de cinq
cents continueront de mourir chaque année sur le mur du Texas. Il ne leur
promet pas de « loi d’ajustement » à eux qui poursuivent « le
rêve américain ».
Il soutient l’Acte de
Bush « Qu’aucun enfant ne reste à la traîne ». Il est favorable à un
financement accru par le gouvernement des bourses d’études et des prêts
universitaires à faible intérêt.
A Cuba, nous offrons
gratis à tout le monde des connaissances solides, une éducation artistique et
le droit d’entrer à l’Université. Plus de 50 000 enfants présentant des
difficultés reçoivent une éducation spéciale. L’informatique est enseignée
massivement. Des centaines de milliers de personnes bien qualifiées s’y
emploient. Mais il faut infliger un blocus à Cuba pour la libérer d’une telle
tyrannie.
Comme tout candidat, il
a sa « programmette » de gouvernement. Il promet de réduire la
dépendance du pays des livraisons d’énergie provenant de l’étranger. Facile à
dire, plus difficile à faire par les temps qui courent.
Il est contre les
subventions à la production d’éthanol. Magnifique ! J’ai précisément
suggéré au président brésilien Luis Da Silva d’exiger du gouvernement étasunien
qu’il suspende les grosses subventions allouées au maïs et aux autres grains
destinés à produire de l’éthanol à partir d’aliments. Mais ce n’est pas là ce
qu’il se propose, au contraire : il veut exporter de l’éthanol étasunien
pour faire concurrence au Brésil. Seuls ses conseillers et lui-même sauront
comment faire, parce que l’éthanol de maïs étasunien ne pourra jamais
concurrencer en coûts l’éthanol de canne à sucre brésilien, une matière
première produite au prix des très durs efforts des travailleurs dont le sort,
soit dit en passant, s’améliorerait sans les obstacles tarifaires et les
subventions des Etats-Unis.
Le gouvernement
étasunien a embarqué bien d’autres nations latino-américaines dans cette
production d’éthanol de canne. Que feront-ils face aux nouvelles décisions
émanant du Nord ?
McCain ne pouvait
manquer, bien sûr, de promettre d’assurer la qualité de l’eau et de l’air,
d’utiliser dûment les espaces verts, de protéger les parcs nationaux qui ne
sont plus qu’un souvenir de ce que fut un jour la belle nature de ce pays,
victime des diktats implacables du marché.
Mais il ne signera pas toutefois le protocole de Kyoto.
On dirait les rêves
d’un naufragé en pleine tempête.
Il réduirait les impôts
aux familles de la classe moyenne, il maintiendrait la politique de Bush
consistant à diminuer les impôts permanents et laisserait les taux à leur
niveau actuel.
Il veut un meilleur
contrôle des coûts de l’assurance-maladie. Il estime que les familles devraient
avoir leur contrôle à partir de l’argent de l’assurance. Il lancerait des
campagnes de santé et de prévention. Il soutient le plan de Bush qui permet aux
travailleurs de virer de l’argent des impôts de la sécurité sociale sur les
fonds de retraite privés.
La sécurité sociale
courrait le même sort que
Il est en faveur de la
peine de mort, du renforcement et de l’augmentation des forces armées, de
l’expansion des traités de libre-échange.
Maximes de
McCain :
« Les choses sont
difficiles aujourd’hui, mais nous sommes mieux qu’en 2000 » (janvier
2008).
« Je suis féru en
questions économiques ; j’ai participé à la révolution de Reagan »
(janvier 2008).
« Pour éviter la
récession, il faut mettre un terme aux dépenses sans contrôle » (janvier
2008).
« La perte de la
force économique conduit à celle de la force militaire » (décembre 2007).
« Les républicains ont oublié comment contrôler
les dépenses » (novembre 2007).
« Il faut sécuriser les frontières en
établissant un programme de travailleurs visiteurs » (janvier 2008).
« L’amnistie de
2003 ne signifie pas une récompense au comportement illégal »
(janvier 2008).
« Il faut ramasser les deux millions d’étrangers
qui ont enfreint la loi et les déporter » (janvier 2008).
« Il faut faire l’impossible pour aider tous les
immigrants à apprendre l’anglais » (décembre 2007).
« Pas d’anglais officiel : les Indiens
étasuniens doivent utiliser leur propre langue » (janvier 2007).
« Il nous faut des réformes migratoires pour garantir
la sécurité nationale » (juin 2007).
« Les positions
bipartites sont un signe de capacité à être président » (mai 2007).
« Il faut
maintenir l’embargo et juger Castro » (décembre 2007).
« Pas de relations
diplomatiques ni commerciales avec Cuba » (juillet 1998).
« Il serait naïf
d’exclure les armes nucléaires, d’exclure une attaque contre le Pakistan »
(août 2007).
« [La guerre
d’Iraq] « nous a fait nous détourner de notre continent et nous en payons
le prix » (mars 2007).
Il promet de visiter
ses propriétés sur le continent. S’il
était élu à
Tout au long de son
livre, référence forcée de mes réflexions, il affirme que son fort est
l’histoire. Pourtant, pas une seule allusion à un penseur politique, pas même à
un seul de ceux qui inspirèrent, le
Voilà plus de deux
mille quatre cents ans, Socrate, le grand sage athénien fameux par sa méthode
et martyr de ses idées, avait affirmé, conscient des limitations
humaines : « Je sais que je ne sais rien. » McCain, le candidat
républicain, s’exclame aujourd’hui devant ses concitoyens : « Je sais
que je sais tout. »
A suivre.
Fidel Castro Ruz