Après avoir analysé les rapports, les documents, les témoignages et les autres preuves qui prouvent irréfutablement la culpabilité de l'accusé Raúl Ernesto Cruz León dans le cadre du procès instruit contre lui sous le chef d'accusation de terrorisme (cause nº 1 de 1999), le procureur Rafael Pino Becker a formulé l'accusation finale dont on trouvera le texte ci-après.
Au terme des déclarations des trois témoins et du rapport solide et irréfutable du colonel Rabeiro, ainsi que de la preuve documentaire qu'il a apporté, il ne peut exister le moindre doute que Posada Carriles, agissant à travers Chávez Abarca, a ordonné les attentats terroristes commis à La Havane par Raúl Ernesto Cruz León.
Mais, si tout ce qui a été dit antérieurement ne suffisait pas, il n'y aurait qu'à présenter une preuve que personne ne saurait mettre en cause : l'aveu de Posada Carriles en personne.
Celui-ci a déclaré de sa propre volonté à la chaîne nord-américaine CBS, le 2 août, alors qu'il savait pertinemment que Cruz León était arrêté et faisait l'objet d'une instruction, mais le considérant perdu :
«Posada : Cruz León a été engagé par quelqu'un qui travaille pour moi. Je n'ai jamais eu de contact avec lui, et il a agi pour de l'argent.
«Journaliste : Ne pensez-vous que ces déclarations que vous faites signent sa sentence de mort ?
«Posada : Sa sentence de mort, elle est déjà signée. Elle ne dépend pas de ce que je peux dire ou de ce dont je peux parler.»
Pour caractériser ce personnage, je ne vais pas employer mes propres mots, parce qu'on pourrait me soupçonner de partialité et de passion. Je vais utiliser des documents et des matériaux dont il n'y a aucun risque qu'on les qualifie ainsi.
Le journal nord-américain bien connu, The New York Times, a publié les 12 et 13 juillet 1998 trois articles sur les actions, les aventures et les relations de cet individu. J'en ai extrait des paragraphes extrêmement importants :
«Posada a souligné que les attentats à la bombe dans les hôtels et les autres opérations avaient reçu le soutien des responsables de la Fondation nationale cubano-américaine. Son fondateur et chef, Jorge Mas Canosa, décédé l'année dernière, a été reçu à la Maison-Blanche par les présidents Reagan, Bush et Clinton.
«Posada a affirmé que les dirigeants de la Fondation financent discrètement ses opérations. Mas Canosa supervisait personnellement les envois d'argent et de soutien logistique, a-t-il dit.
«Jouissant d'un grand pouvoir aussi bien aux élections de la Floride qu'aux élections nationales et donateur prodigue des campagnes, Mas Canosa a joué un rôle décisif pour convaincre Clinton de changer sa manière de penser et de suivre la voie d'imposer des sanctions et d'isoler le Cuba de Castro.
«'Jorge contrôlait tout', a dit Posada. «Quand j'avais besoin d'argent, je lui disais : Donne-moi 5 000 dollars, donne-moi 10 000 dollars, donne-moi 15 000 dollars, et on me les envoyait.
«Au fil des années, Posada a calculé que Mas Canosa lui avait envoyé plus de 200 000 dollars. L'argent lui parvenait avec le message. 'Ceci est pour l'Eglise'.»
«Des exilés cubains à l'image de Posada avaient été recrutés ensuite par la CIA pour participer aux attentats contre la vie de Castro. Incarcéré pour un des attentats anti-cubains les plus honteux une bombe avait été déposée dans un avion civil de Cubana en 1976, il devait s'échapper quelques années plus tard d'une prison du Venezuela et devenir une des pièces principales de la croisade anti-communiste de la Maison Blanche dans l'hémisphère occidental mené à l'initiative de Reagan: les activités clandestines du lieutenant colonel Oliver North pour fournir des armes aux contras du Nicaragua.
«Une partie des révélations qu'il a faites concernant son passé peut être vérifiée grâce à des documents récemment ressortis par le gouvernement, ainsi que dans des entretiens accordés par des ex membres de la Fondation et par des fonctionnaires des Etats-Unis.
«Les autorités de répression nord-américaines ont adopté une attitude de négligence bénévole à son encontre pendant la plus grande partie de sa carrière. Elles l'ont laissé en liberté et en activité.
«La Fondation des exilés, créée en 1981, s'est efforcée de se présenter comme la voix responsable de la communauté des exilés cubains, qui se consacrait à affaiblir le régime de Castro par la voie politique et non par la force. Grâce à cette politique et aux millions versés pour les campagnes, la Fondation est devenue une des organisations de pression les plus effectives à Washington et l'architecte principal de la politique des Etats-Unis contre Cuba.
«La moindre preuve démontrant que la Fondation ou ses leaders distribuaient de l'argent aux républicains et aux démocrates et en même temps soutenaient les sabotages à la bombe, pourrait ôter toute crédibilité aux affirmations de légalité qu'avance le groupe. Ce type d'activité pourrait aussi violer la loi Logan, qui rend illégale toute conspiration visant à tuer, enlever, blesser des personnes, ou à causer des dégâts ou des préjudices à la propriété d'un autre pays.
«Les commentaires de Posada suggèrent que la publicité faite par la Fondation concernant son opposition non violente à Castro, ne relevait que d'une fiction bien préparée. Lorsqu'on lui a demandé s'il fonctionnait comme l'aile militaire de l'aile politique de la Fondation, chose similaire à ce que fait l'Armée républicaine irlandaise pour le Sinn Fein, il a répondu: 'C'est plus ou moins ça', puis il a ri.»
«Dans les entretiens et dans son autobiographie», «Posada a indiqué qu'il avait reçu le soutien financier de Mas Canosa et de Feliciano Foyo, trésorier du groupe, ainsi que d'Alberto Hernández, successeur de Mas Canosa à la présidence de la Fondation.
«Lorsque les bombes ont commencé à exploser l'année dernière dans les hôtels cubains, le gouvernement de ce pays avait assuré que les attentats avaient été préparés et financés par des exilés qui opéraient à Miami. Il appuya ses affirmations sur l'enregistrement d'un film montrant un agent qui avouait avoir réalisé quelques-unes de ces actions.
«De son côté, il a déclaré au New York Times que les autorités nord-américaines n'avaient pas bougé le petit doigt pour l'interroger sur cette affaire. Il attribuait cette attitude à ses liens avec les agences de renseignement et de répression nord-américaines.
«'Comme vous pouvez le constater', a-t-il indiqué, 'le FBI et la CIA ne me dérangent pas. Je suis neutre, mais à chaque fois que j'ai l'occasion de les aider, je le fais'.
«Il a d'abord parlé des liens étroits qu'il a tissés avec les services secrets des Etats-Unis et de l'amitié qui le lie à deux officiers du FBI encore en activité, l'un d'entre eux occupe un poste important au bureau de Washington, a-t-il précisé.
«G.Robert Blakey, conseiller principal du Comité spécial sur les assassinats créé en 1978 par la Chambre des représentants, a souligné qu'il avait examiné des dossiers secrets du FBI concernant les Cubains anti-castristes depuis 1978 et qu'il avait vu que plus d'une fois le FBI avait fermé les yeux sur des possibles violations de la loi.
«Et il précisait: 'Je suis un vieux procureur fédéral, en lisant cela je me suis demandé pourquoi personne n'était accusé'».
«Posada a admis avec fierté avoir été l'auteur des attentats à la bombe perpétrés dans les hôtels l'année dernière. Il les a décrits comme des actes de guerre. Et il a ajouté que les bombes étaient également destinées à semer le doute dans l'esprit des étrangers en ce qui concerne la stabilité du régime. Il s'agissait de faire croire à Cuba qu'il disposait d'agents à sa solde au sein des forces armées et à stimuler l'opposition interne.
«En ce qui concerne la mort du touriste italien, Posada le tient pour un incident fortuit. Il a ajouté qu'il avait la conscience tranquille. 'Je dors comme un bébé'. 'Il est triste que quelqu'un soit mort, mais nous ne pouvons nous arrêter, a-t-il ajouté. 'Cet Italien se trouvait assis là où il ne fallait pas au moment où il ne fallait pas'.
«'Les attentats contre les hôtels ont été organisés depuis le Salvador et le Guatemala', a déclaré Posada.
«Posada a signalé que Mas Canosa savait très bien qu'il était impliqué dans les sabotages à la bombe effectués dans les hôtels l'année dernière; mais il y avait très longtemps les hommes étaient arrivés à un accord, a-t-il manifesté: n'entrer jamais dans les détails d'aucune opération à laquelle participait Posada. «Interrogé sur sa dernière visite aux Etats-Unis, il a répondu par un rire et une question, ‘officiellement ou officieusement'? Un fonctionnaire du département d'Etat a affirmé que Posada s'était rendu à Miami en l'été de 1996.
«Posada a reconnu qu'il possède au moins quatre passeports, tous sous des noms différents. Il se considère Vénézuélien, mais il a un passeport salvadorien au nom de Ramón Medina Rodríguez, le nom de guerre qu'il a adopté à l'époque du scandale Iran-Contras.
«Il a aussi admis à contre-coeur qu'il avait un passeport des Etats-Unis. Mais il a refusé de dire comment il l'avait obtenu ni sous quel nom.»
«Dans son bureau, dans les montagnes d'Amérique centrale, un homme d'affaires cubano-américain, Antonio Jorge [Tony] Alvarez, était convaincu de connaître la réponse. Pendant presqu'un an il avait constaté avec inquiétude que deux de ses partenaires, qui agissaient en coordination avec un individu mistérieux aux cheveux blancs, à l'accent cubain et en possession de nombreux passeports, achetaient des explosifs et des détonateurs, et se félicitaient chaque fois qu'une bombe explosait à Cuba.
«Qui plus est, Alvarez a même entendu ces personnes parler de l'assassinat de Fidel Castro au cours de la conférence au sommet ibéro-américain organisée à île Margarita, Venezuela. Alarmé, il est allé voir les officiers de la sécurité guatémaltèque. Comme il n'avait pas reçu aucune réponse il avait alors adressé une lettre qui avait fini par arriver aux mains d'agents du service de renseignements vénézuéliens et d'officiers du FBI des Etats-Unis.
«Les autorités vénézuéliennes ont réagi énergiquement dès qu'ils ont eu vent de l'information et ont procédé à des fouilles dans l'île où aurait lieu la réunion; mais aux Etats-Unis, la lettre a éveillé ce qu'Alvarez a qualifié de réponse d'une indifférence surprenante. Si le FBI s'était entretenu avec Alvarez, les agents auraient écouté une histoire fort curieuse sur le bas monde anticastriste, ils auraient également pris connaissance des possibles liens entre les conspirateurs du Guatemala et les exilés cubains vivant à Union City, New Jersey, qui, d'après Alvarez, envoyaient de l'argent aux conspirateurs. Cette déclaration nous amène à nous demander si les lois étatsuniennes ont été violées dans les cas des sabotages aux hôtels cubains où un touriste italien a trouvé la mort et trois personnes ont été blessées.
«Mais Alvarez a dit que le FBI avait montré un manque de curiosité feinte sur les sabotages. Posada a reconnu au cours d'une interview qu'il avait dirigé l'opération et qu'à sa connaissance le FBI n'était pas en train de mener des enquêtes sur lui.
«Posada a déclaré qu'il confiait que le FBI ne s'occupait pas d'analyser ses opérations au Guatemala, parce que 'la première personne avec laquelle ils parleraient ce serait avec moi et personne ne m'a pas appelé', en plus, 'personne au bureau n'a essayé de s'entretenir avec mes collaborateurs, je l'aurait su', a-t-il affirmé.
«Alvarez, par contre, est fâché de ses expériences en tant qu'indic et pense que Posada a, depuis bien longtemps, fourni des informations aux autorités américaines. 'Je crois qu'il y a une intrigue entre Posada et le FBI', a-t-il déclaré. 'J'ai risqué ma vie et mes affaires et ils n'ont rien fait'.
«D'après Alvarez, au début de l'an dernier, un jour où il était dans son bureau, Posada est venu et a remis une grande liasse de billets de 100 dollars à ses partenaires, qui achèteraient des détonateurs et des petites calculatrices à chronomètre comme celles utilisées dans les bombes. Ceci était fort suspect, a dit Alvarez, mais sa plus grande surprise a été lorsqu'il a trouvé des explosifs dans le placard d'un des bureaux. Il se souvient que dans un sac en plastique il y avait 23 tubes d'un matériel fabriqué par l'industrie militaire mexicaine, qu'on supposait les explosifs les plus modernes du monde.
«En août, dans l'apogée de la campagne d'explosions à Cuba, Tony Alvarez a intercepté un message électronique envoyé par Posada depuis El Salvador et signé par Solo. Le message disait: 'S'il n'y a pas de publicité le travail est inutile, les journaux étatsuniens ne publient que des faits confirmés. J'ai besoin de toutes les données sur la discothèque pour le confirmer. S'il n'y a pas de publicité, il n'y a pas de rémunération.'
«Alvarez a dit que ce message l'a tellement alarmé qu'il a écrit une lettre sur cette question horrible et qu'il l'a remise aux services de renseignements du Guatemala. Alvarez se souvient également d'avoir entendu parler de plans pour réaliser des attentats contre Castro pendant sa visite au Guatemala, prévue pour décembre 1996, et pendant sa visite à l'île Margarita en novembre 1997.
«Peu avant son arrivée, plus de 250 agents, vénézuéliens et cubains, ont fouillé le luxueux hôtel Bonita, siège de la réunion, et le gouvernement a expulsé les exilés cubains qui étaient arrivés dans l'île avant le dirigeant cubain.
«Cependant, peu avant la réunion, une curieuse arrestation a eu lieu: quatre hommes qui voyageaient dans un yacht ont été arrêtés par les garde-côtes des Etats-Unis alors qu'ils quittaient Porto Rico; tout de suite après, le leader du groupe, Angel Alfonso Alemán, d'Union City, a déclaré, selon des déclarations faites devant les tribunaux par des fonctionnaires fédéraux, qu'il s'agissait d'une mission destinée à assassiner Castro.
«Les fonctionnaires de la police nord-américaine ont rapidement constaté que le yacht était enregistré à nom d'un membre du Conseil exécutif de la Fondation nationale cubano-américaine. En plus, selon un document de la cour, une des armes qui étaient à bord appartenait au président du groupe de cette Fondation. Le procès a aussi conduit à Union City.»
«La CIA nous a tout enseigné --a dit Posada--, elle nous a enseigné à manier des explosifs, à tuer, à faire des attentats, des sabotages.»
«Les deux hommes ont quitté l'armée quand il a été évident que les Etats-Unis n'avaient pas l'intention d'envahir Cuba à nouveau. Ils se sont installés à Miami, épicentre des activités contre Castro. Tandis que Mas Canosa se frayait une voie dans le monde des affaires, Posada tissait des liens étroits avec la CIA, qui utilisait Miami en tant que base des opérations contre Castro.
«C'étaient des temps confus, de conspirations et de complots, certains inconséquents, d'autres fort sérieux. La station de la CIA à Miami était l'une des plus grandes et ses officiers s'efforçaient d'attirer les Cubains opposés à Castro pour s'y inscrire.
«Les figures du crime organisé de Miami, qui avaient eu de gros bénéfices lors du gouvernement de Batista, désiraient financer l'opposition cubaine ou bien utiliser les Cubains à leurs fins. Pendant les entretiens, Posada a fait une référence indirecte à cette période et a fourni encore moins de données sur son autobiographie de 1994.
«Des documents récemment remis en circulation et mis à la disposition du New York Times par les archives de la sécurité nationale, un groupe d’enquêtes à des fins non lucratives établi à Washington, expliquent pourquoi pendant une bonne partie de ce temps, la CIA dirigeait les activités de Posada et s'immisçait dans des questions aussi insignifiantes que l'achat d'une embarcation. Ces documents appartiennent aux voluminuex dossiers compilés par le Comité spécial sur les assassinats, créé en 1978 par la Chambre des représentants. Dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat du président Kennedy, on a permis aux enquêteurs, chargés d'examiner si les Cubains anti-castristes étaient en quelque sorte liés à l'assassinat de 1963, de lire et de faire des résumés d'un grand nombre de dépêches et des documents du gouvernement qui continuent d'être secrets.
«D'après ces résumés, Posada fournissait à la CIA et au FBI des informations précieuses sur les activités des exilés cubains à Miami. C'est la CIA qui a donné des instructions à Posada en vue de l'établissement d'un centre d'entraînement pour les opérations de guérilla contre Castro.
«A la fin des années 70, interviewé par les enquêteurs du Comité de la Chambre sur les assassinats, Posada a dit qu'il avait été entraîné comme officier opératif de la CIA aux cayes de la Floride et qu'il était bientôt devenu agjlent principal. Il a affirmé que son groupe anti-castriste avait travaillé directement avec la CIA et qu'il avait disposé d'armements, d'embarcations et d'un réseau de maisons de refuge.
«En même temps, Posada renforçait ses relations avec Mas Canosa, décrit dans l'un des documents de la CIA comme un de ses grands amis.» «Tous les deux ont joué un rôle actif tout d'abord au sein du groupe RECE [Représentation cubaine en exil] et puis, de la grande alliance générale, connue par CORU [Commandement des organisations révolutionnaires unies], qui ont mené à bien des actions violentes visant à renverser le gouvernement de Castro.
«Un des documents cite une déclaration de Posada selon laquelle Jorge Mas Canosa, membre du groupe RECE avait payé 5 000 dollars à un assassin au titre d'une opération de destruction au Mexique, le document signale aussi que Posada lui-même avait des plans pour poser des mines magnétiques sur un bateau cubano-soviétique au port de Veracruz, et qu'il avait 10 livres de l'explosif C-4 et détonateurs.
«D'après d'autres documents Mas Canosa possédait 125 livres de Pentol, qui seraient posées comme charge dans les bateaux. Il avait proposé aux experts en démolition de se rendre en Espagne et au Mexique, aux frais du RECE, et de placer lui-même les bombes dans des installations communistes de ces pays.
«Selon les dépêches, le 24 juillet, Posada avait fini deux bombes de 10 livres pour le RECE, travaillant directement avec Mas Canosa. A ce moment-là, les dépêches informaient mystérieusement que l'on avait instruit Posada de se retirer des activités.
«En 1967, la vie de Posada a changé de nouveau. Il a subitement quitté Miami pour rejoindre les services de renseignement vénézuéliens. C'est le début de ses années d'officier opératif pour le compte de toute une série de gouvernements latino-américains.
«A l'époque, les relations de Posada avec les autorités étatsuniennes étaient en crise en raison d'un rapport des renseignements sur la possible participation de Posada à la contrebande de cocaïne colombienne à destination de Miami, via le Venezuela, ainsi qu'à la falsification de dollars au Venezuela.
D'après la synopsis d'un autre rapport: «'Posada a été interrogé et il n'a été trouvé coupable que de compter de mauvais amis.' ' Les enquêteurs ont été persuadés de son refus du trafic de drogues'», concluait le rapport.
«Dans les mois suivants, Posada a passé des informations à l'agence. Il a informé que Bosch et un autre exilé cubain conspiraient contre le neveu du renversé président de gauche du Chili.
«En juin de cette année, Posada a appelé de nouveau la CIA pour l'informer des plans de l'exil de faire exploser l'avion de Cubana qui décollait du Panama.
«Quatre mois plus tard, le 6 octobre 1976, un avion de Cubana, avec soixante-treize personnes à bord, a explosé en l'air peu après avoir décollé de l'île de la Barbade. Parmi les morts se trouvaient les jeunes intégrants de l'équipe nationale d'escrime de Cuba.
«Le lendemain, la CIA a fait ce qu'elle a qualifié de `tentatives infructueuses' de contacter Posada.
«L'explosion a changé dramatiquement le sort de Posada. Les enquêteurs vénézuéliens ont trouvé la bombe dans le compartiment des bagages de l'avion et ont identifié deux Vénézuéliens qui avaient expédié leurs bagages jusqu'à La Havane, mais qui étaient restés à la Barbade. Ces hommes avaient travaillé pour Posada, qui a été arrêté et accusé du sabotage. Bosch, qui avait aussi collaboré avec Posada pendant longtemps, a été également arrêté.
«Un officier retraité de la CIA, qui connaissait bien le cas, a dit, lors d'un récent entretien, que Bosch et Posada étaient les principaux suspects, et a ajouté: 'il n'y avait pas d'autres'.
«Posada a reconnu qu'il pourrait rester encore en prison au Venezuela si ses amis, notamment Mas Canosa, n'étaient pas venus le racheter». «Dans une déclaration sous serment, faite dans un procès civil, Ricardo Mas, le frère de Jorge Mas, fâché avec lui, a raconté la manière dont il avait voyagé au Panama en vue de chercher l'argent utilisé pour payer l'évasion de Posada.
«De 1972 à 1985, Ricardo Mas a été le contrôleur de la société Church and Tower, propriété de son frère. Il a affirmé que sous ordres de son frère il avait déposé un chèque dans un des comptes de la société panaméenne et avait rentré avec le numéraire. `Il m'a dit que je devais venir avec 50 000 dollars qui seraient utilisés pour faire sortir Luis Posada Carriles de prison, qu'il était mieux que Carriles fût en liberté, car il pouvait commencer à chanter', a déclaré Ricardo Mas. 'Je crois que l'homme est en train de se relâcher, il fallait le faire sortir de prison'.
«A l'aube du 18 août 1985, pendant un changement de garde, Posada, en veste noire, la tête cachée sous le capuchon, comme un moine, a traversé le patio de la prison. Il portait une bible, pour renforcer son image de prêtre, un sac avec de la nourriture et une lampe de poche. Après 15 jours à Caracas a dit Posada on l'a emmené à Aruba, à bord d'un crevettier. Il a volé ensuite, dans un avion privé, au Costa Rica et de là à El Salvador.»
«Posada travaillait à nouveau pour le gouvernement nord-américain, cette fois-ci dans une opération secrète liée à la CIA et à l'attaché militaire en poste, mais dirigée par la Maison Blanche.»
L'instructeur a indiqué que les organes de la Sécurité de l'Etat avaient offert une large information à un journaliste d'un organe de presse important des Etats-Unis.
C'est presque simultanément que les plus hautes autorités du gouvernement cubain avaient offert des analyses et des vues intéressantes sur ces actions terroristes à un média important et influent des Etats-Unis.
J'ai pu obtenir le texte des informations transmises, et j'en ai souligné des paragraphes et des idées qui permettent de mieux comprendre l'essence véritable des liens de Posada Carriles avec la Fondation nationale cubano-américaine et les différentes administrations nord-américaines de ces dernières années.
Abordant les articles du New York Times, notamment la prétendue rupture des liens entre les fonctionnaires de la CIA et Posada Carriles en février 1976, le document contenant les analyses et les vues du gouvernement cubain affirme ce qui suit :
«Voilà ce que dit textuellement The New York Times : «'Les mois suivants, Posada offrit volontairement des informations à l'Agence dans l'espoir d'obtenir des visas nord-américains pour lui-même et sa famille. Il alerta qu'Orlando Bosch et un autre exilé cubain complotaient contre le neveu du président de gauche du Chili, renversé.'
«'En juin, Posada téléphona de nouveau à la CIA "au sujet de plans éventuels d'exilés pour faire exploser un avion cubain au départ du Panama.'
«Si cela est vrai, il ne fait aucun doute que la CIA a su des mois à l'avance que l'avion allait exploser.
«Autre coïncidence : la CIA rompt avec lui en février 1976. Or, presque au même moment, un groupe important d'organisations contre-révolutionnaires et terroristes de Miami - la Fondation n'existait pas encore - ont créé en juin 1976 au Costa Rica quelque chose qui a pris le nom de Commandement des organisations révolutionnaires unies (CORU), composé du Front de libération nationale de Cuba, d'Action cubaine, du Mouvement nationaliste cubain, de la 2506e Brigade et de F-14, et formées pour la plupart d'individus qui avaient travaillé pour la CIA pendant des années et avaient été entraînés par elle.
«On voit donc la chronologie :
«En février, la CIA rompt ses liens avec Posada. Ou les rompt censément.
«En juillet, Posada informe la CIA de plans éventuels d'exilés pour faire exploser un avion de Cubana au départ du Panama (c'était justement lui qui avait pour mission de le faire exploser) et c'est en juin que toutes ces organisations contre-révolutionnaires créent le CORU au Costa Rica.
«Aux Etats-Unis, ces groupes proclament publiquement leurs crimes et annoncent de nouveaux faits de ce genre.
«En août 1976, un journal contre-révolutionnaire de Miami publie un prétendu rapport de guerre où l'organisation, après avoir parlé de l'explosion d'une voiture devant l'ambassade cubaine en Colombie et de la destruction des bureaux d'Air Panama, déclare à la fin textuellement : 'Nous attaquerons très bientôt des avions en plein vol.' Ce sont là de curieuses coïncidences qu'il vaut la peine de réitérer : en juin, création du CORU; en juillet, Posada informe la CIA de plans éventuels d'exilés pour faire exploser l'avion de Cubana au départ de Panama; en août, publication d'un rapport de guerre de ces organisations, où se trouvaient tous ces gens-là, dont Bosch : 'Nous attaquerons très bientôt des avions en plein vol.'
«Et de fait, le 6 octobre, quatre mois après l'information de Posada à la CIA et à peine deux mois après la menace publique du CORU, l'avion explose. Personne ne fait rien pour éviter le sabotage de l'avion à la Barbade.
«Pourquoi donc avons-nous des soupçons ? Parce que c'est une chaîne d'actions qui ne peuvent être le fruit du hasard.»
«Les cinq les plus connues et les plus notoires, créées aux Etats-Unis, s'unissent donc au Costa Rica. Elles avaient toutes été créées sans exception par la CIA à laquelle elles étaient liées officiellement.
«Que se passe-t-il de plus en 1976. Une vague de terrorisme se déclenche contre Cuba à partir de la prétendue rupture entre la CIA et Posada :
• 22 avril. Une bombe posée dans l'ambassade cubaine au Portugal tue deux fonctionnaires, en blesse grièvement plusieurs autres et détruit entièrement les locaux.
• 5 juillet. La mission de Cuba devant l'ONU fait l'objet d'un attentat à l'explosif qui provoque de graves dégâts matériels.
• 9 juillet. Une bombe explose dans les chariots à bagage se dirigeant vers l'avion de Cubana de Aviación à la Jamaïque juste avant l'embarquement. Il s'en est donc fallu d'un rien pour que l'avion n'explose en plein vol.
• 10 juillet. Une bombe explose dans les bureaux de British West Indies à la Barbade, où elle représente les intérêts de Cubana de Aviación.
• 23 juillet. Artagnán Díaz Díaz, technicien de l'Institut national de la pêche, est assassiné lors d'une tentative d'enlèvement du consul cubain à Mérida.
• 9 août. Deux fonctionnaires de l'ambassade cubaine en Argentine sont kidnappés. On n'a jamais plus rien su d'eux.
• 18 août. Une bombe explose dans les bureaux de Cubana de Aviación à Panama, provoquant de graves dégâts.
• 6 octobre. Le plus monstrueux de tous les crimes. Une bombe détruit en plein vol un appareil de Cubana de Aviación, provoquant le mort des soixante-treize passagers.
«En fait, la rupture des liens est purement et simplement formelle. Bref, les plans terroristes et les plans d'attentats contre les dirigeants de notre pays cessent d'être une activité institutionnelle de la CIA pour passer aux mains de ces individus qui assumaient la responsabilité des choses qu'ils faisaient.
«Que se passe-t-il après le crime de la Barbade ? Posada Carriles finit en prison. Le scandale était si grand que personne ne pouvait l'en faire sortir facilement. Au moment de son arrestation, c'était Carlos Andrés Pérez qui était président du Venezuela, où le crime monstrueux avait été organisé, il sent poussé à agir et il agit.
«On pourrait déporter cet individu à Cuba pour le juger, ou alors à la Barbade, parce qu'un fait de ce genre est même passible de la peine capitale, ou alors au Venezuela. Carlos Andrés a mis le procès aux mains des militaires. Le fait est que l'individu s'échappe quelques années après, le 18 août 1985.
«A ce moment-là, il n'y avait plus de CORU, mais la Fondation existait, elle, depuis 1981, créée sous le gouvernement de Reagan, après le Document de Santa Fe.
«La Fondation collecte des fonds. Posada raconte dans son autobiographie qu'il a hypothéqué sa maison pour payer sa fuite. Mais on connaît la vérité, parce que les articles du New York Times citent une déclaration sur l'honneur de Ricardo Mas Canosa, qui affirme textuellement :
«'Il a affirmé avoir viré, sur instruction de Jorge Mas Canosa, un chèque sur un compte de la compagnie panaméenne et être rentré avec l'argent liquide. Il a dit que je devais venir et apporter 50 000 dollars qui serviraient à tirer Luis Posada Carriles de prison, qu'il valait mieux qu'il soit dehors, qu'il pouvait commencer à se mettre à table. Je crois que le type était en train de se rendre, et qu'il fallait le tirer de prison, a-t-il ajouté.'
«Textuellement : 'Dans une déclaration sur l'honneur faite au cours du procès, Ricardo Mas, frère de Jorge Mas mais brouillé avec lui, a raconté comme il s'était rendu au Panama pour tirer de l'argent liquide qui devait servir à payer l'évasion de Posada.' Il est donc prouvé que c'est la Fondation qui a payé cette fugue, et on le sait rien moins que de Ricardo Mas, le frère du chef. Et cela est important, à cause de tout ce qui vient ensuite.
«Dans le fameux livre du fameux guerrier qui ne va jamais au combat, mais qui loue des gens pour les envoyer à ses combats, ce monsieur raconte l'histoire de son arrivée en El Salvador, à la base d'Ilopango : 'Félix est là.' -Ce doit être Félix Rodríguez-, un vieil agent lui aussi, un vieux terroriste, organisateur d'actions terroristes et qu'il continue d'organiser.
«Félix est donc là, qui le reçoit, il conduit un hélicoptère, selon lui. Il raconte ensuite : 'Deux jours plus tard -après son arrivée à Ilopango- 'je reçois la visite du docteur Alberto Hernández'. Les liens entre Posada et la Fondation ne se sont jamais brisés. Tous ces gens-là étaient au CORU, tous ces gens-là étaient dans ces organisations. Ils le tirent de prison et, comme il l'écrit lui-même, ils sont les premiers à aller le voir deux jours après son arrivée à Ilopango. Posada écrit textuellement : 'Alberto Hernández, médecin prospère et patriote cubain vivant à Miami, m'a prouvé à plusieurs reprises son courage et son amitié', etc." Alberto Hernández est tout simplement le président actuel du Conseil de direction et le chef principal de la Fondation.
«Posada écrit ensuite : 'Un groupe de Miami, des gens très qualifiés, parmi eux Jorge Mas Canosa, Feliciano Foyo - le trésorier de la Fondation - Pepe Hernández et d'autres, ont fait une équipe pour régler mes besoins économiques.'
«Ce livre date censément de 1994. Tous les gens qu'il mentionne ont les principaux dirigeants de la Fondation. Ce sont les mêmes individus qui continuent de le maintenir et de le soutenir : ils ont payé 50 000 dollars pour le tirer de prison et prennent en charge toutes ses dépenses. Ils sont les premiers à lui rendre visite à Ilopango depuis Miami -c'est lui qui le raconte, et ils ne l'ont pas démenti - et ils sont tous maintenant à la Fondation et ils ont préparé et financé les plans terroristes avec Posada Carriles.
«Posada ajoute : 'Quelques jours après mon arrivée, j'ai une agréable surprise : Luis Orlando Rodríguez est en El Salvador, c'est le sous-chef du groupe militaire des conseillers de l'armée américaine.' Cet Orlando Rodríguez apparaît plus tard, en 1998, préparant avec Posada Carriles l'attentat de la République dominicaine. La connexion entre Posada Carriles et la Fondation nationale cubano-américaine est irréfutable.»
«Le plus grave est que cette opération se fasse avec cet homme avec qui la CIA a prétendument rompu en février 1976. En 1985, neuf ans se sont écoulés, il a été prisonnier et il s'évade, et aussitôt, sans interruption, sans même une cure de repos, on le fait travailler, comme je l'ai dit, à l'une des opérations les plus délicates des Etats-Unis, à laquelle participe la CIA, et même la Maison-Blanche qui, par l'intermédiaire du lieutenant-colonel Oliver North, la dirigeait directement. Posada le dit lui-même :
«'Un Lear Jet arrive en avril de Washington. En descendent Oliver North, le général Seacord et Dick Gadd, des pilotes, des copilotes, des hôtesses de l'air.
«'Ils viennent pour une réunion avec le général Bustillo et avec Bermúdez. Le capitaine López et Félix Rodríguez assistent aussi à la réunion. Dick Gadd vient avec moi faire une tournée des entrepôts et des maisons où sont logés les équipages.'
«Tous les gens qui travaillent en El Salvador à cette opération sont sous les ordres de Posada.
«Comment se peut-il que la CIA ait rompu avec un homme, dans les conditions qu'on a dites, en février 1976, avec toutes les choses qui se sont passées, et qu'aussitôt, à peine sorti de prison, on lui ait confié une mission aussi délicate ? On ne traite ainsi qu'une personne de toute confiance.
«Tout le monde devait forcément le connaître là-bas. Il est absolument impossible que les principaux responsables nord-américains de cette opération, sans exclure le président Reagan, ne l'aient pas connu.
«Posada Carriles en personne affirme : 'Des appareils sophistiqués de chiffrage et de déchiffrage de messages téléphoniques du type KL-3, fournis par Oliver North, nous permettent de transmettre des messages sûrs à Washington et à Joe au Costa Rica.'
«'Le colonel James Steel, chef de groupe militaire nord-américain, en possède un. Joe nous donne la position des troupes terrestres et il nous avertira ensuite si la mission de livraisons a bien réussi.'
«Il est impossible de croire cette histoire de février 1976. Il est impossible d'ignorer que c'est la Fondation qui fait évader cet homme, qu'elle lui rend visite. Or, tous les gens qu'il mentionne sont ceux qui sont actuellement à la tête de la Fondation.
«Toutes ces attaques, tout le plan de la Fondation visait fondamentalement le tourisme, parce que celui-ci est en plein essor et devient une source importante de revenus pour le pays. Leur plan terroriste vise essentiellement cet objectif.
«En général, la Fondation agissait à travers de nombreux groupes.
«Elle voulait surtout de la publicité, et désespérément. Voilà pourquoi Posada affirme dans un de ses messages à ses partenaires que sans publicité il n'y a pas d'argent. La Fondation souhaitait beaucoup que ses méfaits reçoivent le plus de publicité pour semer la panique.
«'J'ai envoyé deux personnes qui ont été apparemment capturées, et ils n'en ont rien dit. Que c'est curieux !' se plaint Posada Carriles.
«Nous avons capturé quelqu'un avec tous les explosifs qu'il apportait, envoyé par Posada Carriles le 10 juin, trois jours après qu'El Nuevo Herald publie son histoire de terroriste. Cet article était en quelque sorte élogieux, et lui il se sentait fier comme un coq.
«Il est absolument impossible que ces gens-là aient fait ce qu'ils ont fait à l'insu de la CIA et du FBI.
«Le plan de la Fondation nationale cubano-américaine, Posada le décrit parfaitement dans The New York Times. Il révèle l'essence du plan quand il affirme : 'Nous voulions seulement provoquer un grand scandale pour que les touristes n'aillent plus à Cuba. Nous ne voulons plus d'investissements étrangers.'
«Ils pensaient que la Révolution allait s'effondrer en quelques jours, en quelques semaines, en quelques mois au plus, mais, dès 1992, quand ils constatent qu'elle ne s'effondre pas, que le pays résiste, que le peuple se prépare à faire face à de grandes difficultés, alors ils cherchent désespérément à porter des coup aux investissements, à porter des coups au tourisme, qui se développe à toute allure.
«'Les bombes visaient aussi, affirme Posada, à semer le doute à l'étranger quant à la stabilité du régime, à faire croire à Cuba même à l'existence d'agents dans l'armée et à stimuler l'opposition intérieure.'
«Au moment de la vague de bombes, quand le scandale éclate en juillet-août 1997, avec ce plan terroriste organisé et financé par la Fondation et que selon ces plans, les faits deviennent publics et que toutes les agences de presse en parlent, alors, le Conseil de direction de la Fondation - et c'est bien là une autre preuve de complicité - émet une déclaration publique, largement divulguée, dans un langage ridiculement prétentieux et cynique, censément de haute politique et de profond patriotisme, présentant les bombes dans les hôtels comme un acte de rébellion du peuple, et des gens de l'armée et de la Sécurité. Telle était la théorie. Mais une fois découvert le premier terroriste, la Fondation ne peut plus maintenir cette farce, parce qu'elle savait mieux que quiconque qu'aucune des bombes n'a eu son origine ici et que toutes sont venues de l'extérieur, sans exception.
La Déclaration affirmait :
«'La Fondation nationale cubano-américaine, consciente de ses responsabilités vis-à-vis du peuple cubain, soutient sans détours toutes les dénonciations, tous les affrontements ou tous les actes de rébellion intérieure qui conduisent à l'expulsion de Fidel Castro du pouvoir et, par conséquent, à l'instauration de la paix et du bien-être pour notre peuple.
«'Quels que soient les auteurs matériels et les responsables finals, les incidents de rébellion intérieure qui se succèdent ces dernières semaines dans les hôtels de l'île prouvent clairement l'exaspération d'un peuple qui ne se résigne au sort d'esclavage et de misère où l'a plongé le régime castriste.'
«Bref, après le terrorisme, après le crime, le mensonge qui s'ajuste exactement à ce que Posada a dit et n'a pas démenti.
On peut constater que le renforcement du blocus, en pleine Période spéciale, par les lois Torricelli et Helms-Burton, d'une part, les féroces attaques terroristes contre les installations touristiques, de l'autre, tous deux en vue de détruire l'économie cubaine, font partie intégrante de la même politique, découlent des mêmes principes et vont dans le même sens.
En plus des analyses et des vues éclairantes du gouvernement cubain, qui prouvent de façon irréfutable les liens jamais interrompus de Posada Carriles avec la CIA et la Fondation nationale cubano-américaine, d'autres éléments de jugement interviennent, très révélateurs et dignes d'attention.
Une semaine à peine après l'arrestation à La Havane de Raúl Ernesto Cruz León, le journal de Miami, El Nuevo Herald - en rien suspect d'amitié avec Cuba, bien au contraire - publiait le vendredi 12 septembre 1997 un article intitulé LES ATTENTATS SONT LIÉS À D'ANCIENS COMBATTANTS DE PLAYA GIRÓN, un article très révélateur du fait de sa provenance, affirmant que l'arrestation de Cruz León «légitimait encore plus les rapports circulant depuis quelque temps et selon lesquels les bombes pourraient être l'oeuvre d'un vétéran de la Central Intelligence Agency (CIA) et d'un ancien combattant de la baie des Cochons, Luis Posada Carriles, alias Bambi, dont on avait dit dernièrement qu'il vivait en El Salvador.»
L'article ajoute :
«Des amis ont affirmé que Posada se trouve en El Salvador depuis l'an dernier ou depuis le début de celle-ci, après avoir dû abandonner le Honduras voisin après avoir été accusé d'y avoir posé 41 bombes en 1995 dans le cadre d'une campagne, soutenue par les militaires, qui visait à intimider le président Carlos Roberto Reina et à le faire renoncer à son projet de réduire les forces armées.»
«Le chef du réseau est Francisco Chávez, un gangster de la pègre, fils d'un trafiquant d'armes, étroitement lié aux exilés cubains et qui pourrait avoir été à La Havane quelques heures avant l'explosion de la première bombe dans le luxueux hôtel Meliá Cohíba,
«Luis Posada Carriles, un sexagénaire vétéran de la guerre secrète des exilés cubains contre Fidel Castro et expert en explosifs, a été le maillon clef entre El Salvador et les exilés du Sud de la Floride qui ont collecté 15 000 dollars pour cette opération.
«Il a conspiré pour apporter des explosifs plastics du Guatemala à Cuba à l'automne dernier, camouflés dans des langes, des bouteilles de shampoing et des semelles de souliers de Guatémaltèques qui se faisaient passer pour des touristes. Il a pensé faire exploser un cargo cubain en Honduras en 1993 et établir une base secrète au Honduras l'année suivante, à partir de laquelle des exilés cubains pourraient lancer des attaques commandos contre l'île.
«La trame la plus connue est la série de bombes apportées à Cuba par des mercenaires engagés par Posada, qui leur a donné des instructions de les faire exploser dans des centres touristiques, tels des hôtels et des restaurants, selon des déclarations de plusieurs personnes impliquées. Au moment où la police cubaine arrêtait Raúl Ernesto Cruz León, l'un des Salvadoriens, en septembre dernier, Posada et deux autres conspirateurs tentaient depuis le Guatemala d'introduire davantage d'explosifs à La Havane, selon des déclarations de deux personnes connaissant parfaitement la question.
«Quelqu'un connaissant le plan a rédigé ensuite un rapport détaillé à ce sujet et l'a adressé à l'agence guatémaltèque homologue de la CIA, qu'on appelle Agence présidentielle d'analyse stratégique, en informant qu'il voulait empêcher 'une action barbare'. Le Herald a obtenu une copie de ce rapport et a longuement parlé avec son auteur qui, comme la plupart des autres sources interviewées, a souhaité conserver l'anonymat pour éviter un procès ou des représailles.
«Les fonctionnaires de l'agence guatémaltèque n'ont pas voulu parler au Herald, mais un diplomate a affirmé que l'agence avait fait des enquêtes sur certaines des affirmations du rapport, les avait trouvées "crédibles" et avait alerté le gouvernement des Etats-Unis. Le Bureau fédéral d'investigation (FBI), dont on sait qu'il possède une copie du rapport, a refusé tout commentaire.
«Le plus grand mystère entourant Posada est de savoir de quoi il vit et comment il s'arrange pour financer ses conspirations. Selon une version circulant en Amérique centrale, il est protégé par la CIA, une rumeur alimentée par son rôle de coordonnateur du plan du lieutenant-colonel Oliver North à la fin des années 80, dit Iran-Contras, consistant à expédier des livraisons depuis El Salvador aux rebelles nicaraguyens soutenus par la CIA.»
Il est tout à fait notable - ce qui donne une idée de la façon dont pense cet individu - que Posada ait envoyé à La Havane, trois jours à peine après la publication de cet article, un autre de ses mercenaires terroristes, Otto René Rodríguez Llerena, avec la mission de mener à bien de nouvelles actions.
Le 9 août 1998, El Nuevo Herald publiait l'information suivante, sous le titre COMPLOT POUR ASSASSINER CASTRO EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE :
«L'attentat aurait dû avoir lieu entre le 20 et le 25 août, quand le dirigeant cubain devait assister à un sommet de dirigeants caribéens à Saint-Domingue.
«'Le plan était de le tuer de n'importe quelle manière, avec des explosifs dans la rue, des grenades lancées au cours de la réunion, des coups de feu dans la rue', a déclaré un exilé impliqué dans la conspiration.
«Posada a décrit le plan dominicain comme la meilleure occasion qui se soit jamais présentée à ce jour, parce que la sécurité locale serait probablement très poreuse, ce qui permettrait d'introduire facilement des armes et des explosifs depuis Haïti, le pays voisin, selon des déclaration d'exilés.
«Mais le plan de Posada a été dénoncé aux autorités nord-américaines. Le mois dernier, des agents du FBI ont fouillé un complexe naval appartenant à Enrique Bassas, identifié par trois exilés comme l'un des activistes qui ont eu une réunion avec Posada au Guatemala pour discuter du plan d'assassinat.
«Des anciens de la police ont interprété cette fouille comme un signal indiquant à Bassas de renoncer à la conspiration. C'est là une pratique commune au sud de la Floride, dont on dit qu'elle est connue sous le nom de 'gronder' ou de 'démobiliser une opération'.»
Je suis sur le point de terminer mes conclusions. Mais pour démontrer pleinement ce que je soutiens, il m'est de nouveau impérieux de recourir à l'information déjà publiée dans le monde, en particulier celle que je vais lire tout de suite, parce qu'elle prouve irréfutablement le caractère terroriste, la simulation et le mensonge qui caractérisent les agissements de la Fondation, surprise en l'occurrence la main dans le sac dans le cadre d'une action qu'elle a directement organisée et qu'elle est incapable de justifier ou d'expliquer, ce qui met l'administration nord-américaine dans une situation très fâcheuse.
The New York Times publiait, le 5 mai 1998, un article intitulé UN COMPLOT CONTRE CASTRO MET EN LUMIÈRE UN GROUPE D'EXILÉS PUISSANT, affirmant ce qui suit :
«Mais les seuls engins de pêche à bord étaient encore dans leurs housses plastiques et les hommes affirmèrent qu'ils avaient navigué les 900 milles nautiques depuis Miami en une journée, ce qui était impossible sur un tel bateau.
«Comment ils avaient éveillé des soupçons, le garde-côtes les escorta jusqu'à la côte, perquisitionna le bateau et découvrit un compartiment secret sous un petit tapis sur le pont.
«Il y avait dedans un arsenal d'armes, dont des lunettes de nuit et deux fusils d'une grande puissance pour franc-tireurs.
«'Ces armes m'appartiennent', déclara alors Angel Alfonso Alemán, selon le témoignage d'un enquêteur des douanes des USA qui fouilla le bateau et témoigna plus tard devant la cour. 'Les autres ne savent rien. C'est moi-même qui les ai installées là. Ce sont de armes pour assassiner Fidel Castro.'
«L'incident déclencha une vaste enquête fédérale qui, selon des fonctionnaires du gouvernement, conduisit les autorités vers l'une des plus puissantes organisations de pression des USA, la Fondation nationale cubano-américaine.
«Le groupe, qui avait collecté plus d'un million de dollars tant pour les républicains que pour les démocrates, a prôné publiquement une approche non violente pour promouvoir des changements à Cuba et a noué des liens étroits avec chaque président depuis Ronald Reagan.
«Le président Clinton a eu des entretiens privés avec deux des dirigeants de la Fondation au cours d'une collecte de fonds réalisée à Miami l'an dernier, peu après que la participation éventuelle du groupe à un complot d'assassinat de Castro avait été examinée par d'enquêteurs fédéraux.
«Les coordonnées de navigation du bateau indiquaient l'île Margarita, près des côtes vénézuéliennes, où Castro et d'autres dirigeants latino-américains devaient avoir une réunion au sommet début novembre.
«Un des deux fusils d'assaut Barret, calibre 50, saisis à bord était enregistré au nom de Francisco (Pepe) Hernández, président de la Fondation, selon un rapport du FBI. Le yacht de 46 pieds, selon les registres de la Floride, appartenait à une société appartenant à José Antonio Llama, membre du bureau exécutif de la Fondation. Le bateau avait appareillé de Coral Gables, en Floride, du quai privé d'un autre membre de la Fondation, dont le partenaire commercial est le trésorier du groupe.
«José Antonio Pagán, qui représente Llama, a reconnu que son client possède la société propriétaire de la Esperanza.
«Ricardo Pesquera, l'avocat qui représente Alfonso, a déclaré dans un interview que si le département de la Justice soumettait son client à un procès, 'nous allons attaquer le gouvernement avec énergie et s'en prendre à son hypocrisie'. Brandissant un dossier de documents déclassés par la CIA au sujet des efforts du gouvernement pour renverser le dirigeant cubain, il s'est plaint : 'Pendant trente ans, ils ont tenté de tuer Castro et ils affirment maintenant que d'autres ne peuvent pas faire ce qu'ils ont fait.'
«Parmi les articles trouvés à bord de la Esperanza par les douaniers et les garde-côtes, se trouvaient sept caisses de munitions, des uniformes militaires, six radios portables, un téléphone par satellite, des jumelles et des lunettes de visée de nuit et deux fusils d'assaut qui coûtent près de sept mille dollars pièce et peuvent atteindre leur cible à plus d'un kilomètre et demi de distance.
«Alfonso, qui a affirmé que les armes devaient servir à assassiner Fidel Castro, a dit avoir visité la Maison-Blanche à quatre reprises, 'une fois avec Reagan, une fois avec Bush et deux fois avec Clinton'.
«Tout fier, il a montré une photo où il apparaît en compagnie de Clinton, et d'autres photos prises avec le sénateur démocrate de New Jersey, Robert G. Torricelli, avec Mas Canosa et Félix Rodríguez, l'agent de la CIA qui a fait prisonnier Che Guevara et qui a été impliqué plus tard dans le scandale Iran-Contras. La photo en compagnie du président a été prise voilà un an, à la cérémonie organisée à la Maison-Blanche pour la signature du projet de loi Helms-Burton, qui élargissait l'embargo des USA contre Cuba.»
Cette organisation, enregistrée légalement aux Etats-Unis sous la cote 501/C/3 comme organisation à but non lucratif, philanthropique et éducatif, et dont les fonctions sont la recherche, la publication et la réalisation d'activités éducatives et humanitaires, qu'est-elle en fait ?
Une maffia terroriste souillée de sang et dont les biens élevés provenant de sources douteuses ont été entassés par la fraude, les malversations, les privilèges et le soutien gouvernemental. Elle a fourni de l'argent en abondance et payé de coûteuses campagnes politiques; elle a élu des maires, des représentants et même des sénateurs, elle a apporté des fonds aux deux partis; elle a créé des groupes de pression, a promu des lois génocides contre le peuple cubain; elle a fait voter des instruments juridiques comme les lois Torricelli et Helms-Burton et de nombreux amendements pour tuer notre peuple de faim et de maladies. Annexionniste, au service d'une puissance étrangère, elle a réuni et soutenu les pires terroristes qui, issus des sinistres écoles de la CIA, portent sur la conscience, en plus des actions de cette institution, des milliers des victimes. Elle a organisé et payé des plans d'attentat et d'assassinat contre des dirigeants cubains. Elle a conçu et exécuté des crimes contre des travailleurs et des touristes pour détruire l'économie du pays, coopérant avec la guerre économique des Etats-Unis contre Cuba. Elle a provoqué de graves incidents et n'a jamais cessé de soutenir un seul plan d'agression et d'intervention militaire conçu contre Cuba. Elle est prête à livrer aux Etats-Unis notre peuple et notre patrie, fût-ce sous forme de cendres. Telles sont ses buts philanthropiques, éducatifs, humanitaires et non lucratifs.
Le vendredi 5 mars 1999, El Nuevo Herald vient d'informer textuellement sous le titre LA FONDATION EST REÇUE PAR CLINTON :
«Au cours de la conversation, à laquelle a assisté Torricelli, le président de la Fondation, Alberto Hernández, le vice-président, Jorge Mas Santos, et le directeur de la délégation de la FNCA à New Jersey, Remberto Pérez, ont parlé au président Clinton des objectifs qu'il leur semblait vital d'atteindre pour assurer une transition pacifique à la démocratie dans l'île.
«'La première chose que j'ai dite à Clinton - a affirmé Mas - est qu'il avait pris la bonne décision en ne soutenant pas la création de la commission bipartite. Nous avons besoin du soutien de l'administration Clinton pour faire avancer la liberté de Cuba.'»
En attendant, quelle est la situation ?
Les organes de Sécurité de l'Etat ont reçu une délégation de spécialistes envoyés par d'importantes autorités des Etats-Unis et lui ont offert toutes les informations pertinentes, dont certaines très sensibles, des matériaux, des documents, des témoignages, des preuves. Ces gens-là avaient promis de revenir deux semaines après. Huit mois et vingt-deux jours se sont écoulés sans que cette délégation ait repris contact.
Des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur ont, du 13 au 24 août 1998, reçu des représentants d'un organe de presse nord-américain important et prestigieux, lui offrant presque toute l'information disponible, leur permettant d'avoir accès aux terroristes détenus et à des témoins capitaux, et de faire toutes les recherches qu'ils souhaiteraient. Par la suite, rien d'utile n'a été publié.
De hauts fonctionnaires cubains ont fourni des analyses, des arguments et des réflexions soigneuses à un média important et influent des Etats-Unis. N'empêche que la vérité entière ne parvient toujours pas à atteindre, d'une façon honnête et transparente, l'opinion publique des Etats-Unis ni l'opinion publique internationale.
Le président de cette nation rencontre à New Jersey, voilà à peine huit jours, les chefs de la Fondation nationale cubano-américaine, pour collecter des fonds en faveur de Torricelli, comme s'il s'agissait de l'institution la plus candide des Etats-Unis. Lavé, d'innombrables crimes.
Que faut-il de plus ?
Pour ma part, j'ai tiré mes propres conclusions. Aussi, membres du Tribunal, je ratifie les conclusions provisoires du ministère public et demande la peine capitale contre l'accusé Raúl Ernesto Cruz León.