Dès le début même de la Révolution cubaine, voilà maintenant quarante ans, les Etats-Unis - qui étaient déjà la plus grande puissance impérialiste - un des nos plus proches voisins, à seulement 90 milles marins de distance, n'ont pas cessé un instant de vouloir la détruire. C'était censément un fait accompli. Or, le seul fait accompli est qu'ils n'y sont pas parvenus et que, quelles que soient les circonstances, ils n'y parviendront pas.
Ils ont employé dans ce but les stratégies et les tactiques les plus variées, depuis les plus brutales qui ont failli mettre le monde au bord d'une guerre nucléaire, jusqu'aux plus subtiles, pour détruire de l'extérieur ou de l'intérieur. L'argent, qui est sans doute leur arme la plus puissante, ne leur a servi à rien. Ils ont tôt fait de découvrir que le peuple cubain, et les hommes et les femmes qui dirigent ce qui est d'ores et déjà une Révolution historique ne sont pas vénaux. Les armes idéologiques se sont émoussées contre des idées et des convictions qui se sont avérées invincibles.
Aujourd'hui, notre voisin est bien plus puissant. Il constitue la superpuissance hégémonique qui règne sur un monde unipolaire. Une fois disparus le camp socialiste et l'URSS, nous sommes restés seuls à défendre notre tranchée sans en céder un pouce. Un certain nombre de compatriotes, les plus faibles du point de vue idéologique et les moins capables de résister aux rigueurs d'une lutte si héroïque, ont cédé, en revanche; les autres, bien plus expérimentés et chevronnés, élèvent leur moral, leurs forces et leurs convictions. De nouveaux et précieux combattants et de jeunes cadres nourrissent les rangs révolutionnaires encore invaincus.
Nous allons ci-après démasquer la politique actuelle des Etats-Unis et démontrer les méthodes incroyablement troubles que ceux-ci utilisent contre Cuba, parfois très subtiles, fréquemment frappées du sceau de la sous-estimation et du mépris, bien souvent grossières et primitives, presque toujours éhontées, et toujours arrogantes et orgueilleuses.
Les Etats-Unis sont, comme ils l'ont été tant et tant de fois, les principaux promoteurs et organisateurs de cette campagne qui vise des objectifs aussi bien extérieurs qu'intérieurs.
Elle vise, sur le plan extérieur, à miner l'influence et le prestige croissants que confère à Cuba sa résistance héroïque et invincible à la guerre économique monstrueuse que les Etats-Unis mènent contre notre peuple, à justifier celle-ci devant l'opinion publique mondiale qui condamne cette politique criminelle et devant l'opinion publique nord-américaine, qui s'oppose toujours plus au crime honteux que leurs gouvernements commettent contre Cuba depuis quarante ans; à multiplier les obstacles aux relations économiques et au développement de notre pays, soumis depuis le début de la Période spéciale à de nouvelles lois, à de nouveaux amendements, à de nouvelles tactiques politiques et à de nouveaux "volets" subversifs.
Elle vise, sur le plan intérieur, à promouvoir effrontément la déstabilisation et la subversion. Les USA emploient dans ce but des fonds et des moyens techniques abondants en vue d'émettre vers Cuba des programmes de radio et de télévision qui se chiffrent à des milliers d'heures chaque semaine. Des programmes qui mentent, intoxiquent, lancent des mots d'ordre politiques et subversifs, qui instruisent au sujet des formes de sabotage économique les plus variées, qui incitent au vol et au délit et qui tentent de démoraliser notre peuple courageux et combatif.
Pour mener à bien leurs plans de subversion intérieure, les Etats-Unis paient des agents, organisent et financent des groupes, promeuvent des leaders qui ne sont connus qu'à l'étranger et totalement méconnus dans le pays. Si, à l'époque de l'invasion de la baie des Cochons, des bandes contre-révolutionnaires dans l'Escambray, de la sale guerre et de la crise des Missiles, les USA avaient promu plus de trois cents organisations pour poser des bombes, faire des sabotages et mener la lutte armée, ils s'efforcent aujourd'hui d'engendrer des dizaines de groupuscules qu'ils soutiennent, qu'ils stimulent, dont ils répercutent les faits et gestes, auxquels ils donnent des instructions et qu'ils financent. Ils leur apportent tant de fonds qu'ils ont converti les activités contre-révolutionnaires internes en un métier et un mode de vie facile, faisant surgir une nouvelle catégorie de parasites, sans valeurs patriotiques, sans idéaux sociaux et humains d'aucune sorte, sans idée de justice et sans connaissance des réalités actuelles du monde, qui ne travaillent pas, ne suent pas et ne produisent rien d'autre que des intrigues, de vaines illusions, du verbiage bon marché et creux, qui se bornent à répéter les mots d'ordre et les mensonges qu'on leur fournit de l'étranger et à toucher le chèque que mérite leur triste métier consistant à diffamer la patrie et à souiller la gloire et le sacrifice héroïque de leur peuple. Les USA ont mis au point des mécanismes médiatiques qui contribuent à exalter ces personnages à l'étranger. Ils ont d'ailleurs pu compter sur la coopération de certains journalistes étrangers accrédités dans notre pays et de telle ou telle agence de presse étrangère qui ont pour mission de répercuter depuis Cuba toutes les intrigues, les calomnies et les insanités que lancent ces agents à gage, dont la seule idéologique est celle de l'annexionnisme, de la vie parasitaire et du rêve de vivre dans l'une ou l'autre de ces sociétés de consommation de moins en moins viables. Et on leur a décerné un nouveau titre de noblesse : celui de «dissident».
Si ces individus en font de trop au service d'une puissance étrangère, finissent par violer de façon flagrante les lois grâce auxquelles notre peuple remplit et continuera de remplir son devoir impératif de sauver les conquêtes de la Révolution et les intérêts les plus sacrés de la nation et du peuple, et sont condamnés pour cela, alors ils deviennent des «prisonniers de conscience». Non, ce n'est pas la conscience qui les fait agir, mais l'instinct.
L'impérialisme utilise au maximum l'ouverture de la Révolution, les entrées et sorties des membres de la communauté cubaine à l'étranger et des citoyens résidant dans notre pays; le tourisme, les investissements en association avec des capitaux étrangers, la possibilité d'envois d'argent depuis l'étranger à la famille, les communications fonctionnant sans la moindre restriction et les autres facilités de communication et d'échange, pour atteindre ses visées, au milieu des difficultés et des grands sacrifices que nous imposent son blocus rigoureux et sa guerre économique.
Le procès engagé contre les quatre individus en question s'est déroulé lundi dernier. Il s'agissait d'un procès à caractère interne instruit contre quatre nationaux pour des activités contre-révolutionnaires, et il n'est pas coutume - et la coutume a été respectée en l'occurrence - d'autoriser la présence de la presse étrangère, dont plusieurs des membres accrédités à titre provisoire ou permanent dans notre pays ont justement contribué dans une bonne mesure, comme on le verra ensuite, à la conspiration et aux campagnes de calomnies contre Cuba. Dans notre monde d'hégémonie unipolaire, mondialisé et convulsé, gros de contradictions monopolistiques, les transnationales de l'information, se livrant une concurrence féroce, cherchent évidement des nouvelles, mais pas forcément la vérité. Or, la Révolution cubaine a toujours été plus intéressée par la vérité que par les nouvelles.
Les pages de nos quotidiens ne sont pas consacrées d'ordinaire aux aventures et aux allées et venues de ces délinquants. Il nous a paru toutefois utile et convenable de leur consacrer cette fois-ci de l'espace, tellement cela illustre la politique des Etats-Unis contre Cuba et tellement cela permet de la démasquer et de la dénoncer.
Granma a obtenu une large information en provenance des experts, des procureurs et des personnes qui ont assisté au procès, a eu accès aux documents et aux preuves présentés, à des détails précis sur le déroulement du procès et aux faits jugés lundi dernier par le tribunal compétent.
Le procès a mis au grand jour tout ce qui se cachait derrière les activités des quatre accusés : Vladimiro Roca Antúnez, Martha Beatriz Roque Cabello, Félix Antonio Bonne Carcassés et René de Jesús Gómez Manzano, qui n'ont pu démentir aucun des chefs d'accusation qui leur ont été imputés.
Les avocats de la défense, compte tenu de la gravité des faits et de l'irréfutabilité des preuves présentées, se sont vus devant une tâche difficile et se sont bornés intelligemment à des questions de nature technique pour contester que les faits imputés coïncidaient avec les délits visés à l'article du code pénal dont la procureur avait argué, au nom du peuple, dans sa brillante accusation, autrement dit qu'il s'agissait de faits séditieux. En réalité, les prévenus étaient accusés, non de sédition, mais d'incitation à la sédition.
Qu'a fait l'impérialisme dès l'arrestation de ces individus ?
Tout d'abord, comme il fallait s'y attendre, orchestrer une grande campagne internationale en faveur de quatre «pacifiques dissidents» et
«prisonniers de conscience» injustement arrêtés.
En marge de la campagne de propagande, le gouvernement des Etats-Unis recourt d'ordinaire à toutes sortes de pressions chaque fois que quelqu'un qui travaille à son service se trouve en difficultés du fait de ses agissements, et il se montre d'autant plus actif qu'il est plus intéressé par la tâche que réalise l'individu en question et qu'il la prise plus. Il utilise normalement des personnalités politiques qui ont quelque lien ou quelque amitié avec Cuba pour leur demander d'engager des démarches en faveur de celui qui devient vite connu, voire fameux, comme un innocent «prisonnier de conscience».
Cela n'a pas raté dans le cas de quatre citoyens susmentionnés. Dès qu'ils ont été arrêtés, le département d'Etat a adressé à toute personnalité occidentale d'un certain rang se rendant à Cuba une liste de «prisonniers de conscience» en haut de laquelle apparaissaient inévitablement les individus en question et l'exhortait à exercer des pressions sur les autorités cubaines pour obtenir leur relaxe. Cela fait partie intégrante du jeu sordide de Washington. Certains visiteurs, plus ou moins embarrassés, l'ont fait. Notre gouvernement n'a pas cédé.
L'expérience indique toujours plus - et celle-ci en particulier, comme on pourra le constater - que la générosité dont la Révolution a bien des fois fait preuve n'engendre pas toujours les meilleurs fruits. On confond son esprit humanitaire déclaré avec une concession à laquelle elle serait contrainte par la guerre économique et le chantage de l'empire. Celui-ci, en revanche, n'accepte jamais de libérer un patriote portoricain condamné à de longues peines d'emprisonnement, ou de commuer la peine d'un Noir ou d'un métis, ou d'un Latino-Américain condamné à mort, les seules catégories de personnes, presque sans exception, à l'être aux Etats-Unis.
Pour comprendre l'histoire en question, il faut remonter à un document publié à Miami en mai 1992 et souscrit par un groupe des organisations contre-révolutionnaires et terroristes les plus notoires ayant agi contre notre pays depuis les Etats-Unis. Intitulé LETTRE OUVERTE AUX INVESTISSEURS ÉTRANGERS, il affirme textuellement, entre autres :
"Nous croyons important que la communauté internationale d'investisseurs connaisse nos intentions, et que ceux qui pensent investir à Cuba soient pleinement conscients de la responsabilité politique que représentent leurs actions et des risques qu'ils peuvent courir. Nous savons que notre position est partagée à Cuba par de groupes politiques qui, pour des raisons coulant de source, ne peuvent signer le présent document."
Dans une lettre adressée le 15 octobre 1994 aux investisseurs étrangers à Cuba, la Fondation nationale cubano-américaine affirmait, entre autres :
"Toutes les organisations démocratiques d'opposition au régime cubain actuel, à Cuba comme à l'extérieur, sont convenues de ce que les ressources financières ou autres investies à Cuba feront, dans une Cuba après-castriste, partie du patrimoine national et seront mises à la disposition du nouveau gouvernement qui les utilisera dans les meilleurs intérêts de la nouvelle République.
"[...] Nous considérons vos activités industrielles, commerciales ou économiques à Cuba, non seulement illégitimes..., mais encore immorales.
"Vous êtes libre de vous retirer de l'île ou de ne pas y investir, dans l'attente d'une occasion sûre dans une Cuba démocratique. Dans le cas contraire, vous devrez en payer les conséquences..."
Le 10 avril 1997, Vladimiro Roca Antúnez, Martha Beatriz Roque Cabello, Félix Bonne Carcassés et René Gómez Manzano adressait de La Havane une lettre à tous les investisseurs étrangers, dans laquelle ils affirmaient :
Le 10 avril 1997, Vladimiro Roca et les autres trois membres du groupe adressaient de La Havane un APPEL AUX COMPATRIOTES DE L'EXIL, affirmant entre autres :
"Dans la plupart des cas, l'aide est envoyée par des gens qui se sont exilés parce qu'ils s'opposaient au système, et ceux qui la reçoivent ici ont des vues analogues. Pourtant, ces entrées supplémentaires ont conduit dans la pratique une bonne parte de ces derniers à adopter une posture d'indifférence apparente face à la crise nationale.
"Compte tenu de cette réalité, nous tenons à nous adresser à ceux qui, malgré les critiques, soutiennent économiquement leurs êtres chers vivant dans le pays. Nous attirons leur attention sur le fait que, si, en même temps que l'argent, ils exhortaient fermement les destinataires à rejoindre la lutte pacifique pour le changement, cela se traduirait par une forte augmentation de ceux qui ont pris cette voie à Cuba.
"Si une partie des bénéficiaires de l'aide abandonnait les prétendues organisations de masse, cessait de feindre un soutien au régime, cessait d'assister aux réunions politiques convoquées par le gouvernement et refusait de participer aux «élections à la communiste» au cours desquelles on n'élit rien, même si on n'est pas obligé de voter, ceci représenterait un soutien inappréciable à la lutte pacifique pour le changement qui se déroule dans notre patrie.
[...]
"Félix A. Bonne Carcassés
"René Gómez Manzano
"Vladimiro Roca Antúnez
"Martha B. Roque Cabello"
La maffia extrémiste de Miami n'a pas tardé à réagir à cet Appel.
Le législateur de la Floride, Lincoln Díaz-Balart, l'un des promoteurs les plus vindicatifs de la guerre économique contre Cuba et des lois Torricelli et Helms-Burton, a, au cours d'un conversation soutenue avec Luis Fernández, animateur du programme «Conférence de presse» de Radio Martí, fait un éloge chaleureux du travail du groupe qui a lancé l'Appel sur l'utilisation des envois d'argent depuis les Etats-Unis et sur l'incitation à leurs bénéficiaires à faire au moins trois choses :
· Ne pas continuer de faire le jeu du gouvernement.
· Tenter d'assurer une bonne abstention aux élections.
Vladimiro Roca : "Un des premiers documents, autrement dit l'Appel aux frères de l'exil, invite les gens qui envoient de l'argent aux Cubains d'ici à leur demander d'utiliser l'abstention pour pouvoir accélérer un peu plus la démocratisation, autrement dit à exercer des pressions sur eux : si je t'envoie de l'argent, tu vis mieux que les autres, alors fais quelque chose pour que ça change ! Et l'abstention, c'est très simple, il suffit de ne pas aller voter."
Le 15 mai 1997, le groupe lance une nouvelle DÉCLARATION sur les médias yankees :
"L'autre branche de l'alternative ouverte à ceux qui ne sont pas d'accord avec la politique gouvernementale, l'annulation du bulletin, n'exige pas en fait d'appels ni de campagnes de l'opposition, car cela se fera spontanément parmi ceux qui se sentent obligés de voter contre leur gré."
[...]
"Il est presque oiseux d'exhorter ceux qui ne sont pas d'accord avec le système et vont pourtant voter à annuler le bulletin en y écrivant le mot NON. Nous devons toutefois les avertir que, compte tenu du fait que les bureaux de vote ne seront pas contrôlés par des représentants de l'opposition ou par des observateurs internationaux, nous avons de fortes présomptions qu'une partie de ces votes nuls peuvent être altérés ou manipulés par des personnes dénuées de scrupules, ce qu'on ne pourra pas faire avec les abstentions."
L'idée qu'un enfant cubain puisse souffrir les conséquences d'une abstention de son père est purement et simplement répugnante.
Le 11 juillet 1997, René Gómez
Manzano adressait la lettre ci-après à Frank Calzón
:
"M. Frank Calzón
"Phone (703) 998-83-84
"(202) 296-51-01
"Je profite de cette agréable occasion pour t'envoyer un salut affectueux.
"Le diplômé fraîchement émoulu de la mère patrie qui venait de ta part est passé me voir récemment. Comme il m'a dit être intéressé par les questions économiques, qui sont sa spécialité, je lui ai donné les coordonnées de Martha Beatriz.
"Il m'a remis la somme de deux cents dollars (200) de la part de Mme Bette [l'émissaire de Calzón qui lui avait déjà apporté un ordinateur]. Je la remercie beaucoup et je te saurais gré de le lui faire savoir.
"Comme tu le sauras sûrement, nous avons reçu voilà quelques semaines des invitations de l'ambassadeur Groth [le rapporteur spécial contre Cuba que les USA étaient parvenus à imposer à la Commission des droits de l'homme de Genève] pour lui rendre visite à New York en août. Je ne crois pas que ce soit possible, car on sait que le gouvernement cubain n'a pas l'habitude de délivrer ce genre d'«autorisation de départ», mais nous avons de toute façon entrepris les démarches. Dieu veuille que je me trompe et que j'aie le plaisir de vous saluer personnellement , vous et d'autres amis de ces terres nordiques.
"Merci de nouveau, et une accolade de
"René
Du pur annexionnisme !
Qui est Frank Calzón ?
D'origine cubaine, il a été recruté par la CIA quand il étudiait à l'université de Georgetown. Il a milité dans l'organisation contre-révolutionnaire Abdala, puis il est devenu directeur exécutif de la Fondation nationale cubano-américaine. Contraint de démissionner par suite de conflits avec son patron, il a dirigé ensuite le programme Transition pour une Cuba libre de la Fondation Freedom House.
Comme les médias l'ont abondamment divulgué, le président Clinton lui a remis en mains propres, le 6 octobre 1995, devant la presse, un demi-million de dollars destinés à fournir des ordinateurs, des télécopieurs, des publications et de l'argent aux groupes qui s'opposent dans l'île au gouvernement cubain. Cette remise a eu lieu cinq mois et six jours après que le président des Etats-Unis a eu signé la loi Helms-Burton.
Davis Norman Dorn, émissaire de Frank Calzón, est arrêté à Cuba en août 1997 et renvoyé aux Etats-Unis : il apportait aux groupuscules cubains du matériel technique et des instructions; les autorité lui ont confisqué un ordinateur, des radios de petite ondes, plusieurs appareils de photo et deux mille dollars en espèces. Auparavant, il avait distribué de fortes sommes et des équipements à plusieurs groupes, dont celui de Vladimiro Roca.
C'est à la suite de ce scandale que Calzón doit abandonner Freedom House fin 1997 et fonde une nouvelle organisation baptisée Centre pour une Cuba libre, qui reçoit aussitôt 400 000 dollars du gouvernement nord-américain.
Le groupe a reçu d'importantes ressources financières et techniques. Bien qu'aucun d'eux ne travaille depuis des années, chacun bénéficie d'un niveau de vie bien supérieur à celui des citoyens courants. Au point que l'un d'eux, qui n'a pas sué depuis fort longtemps, possède quatre logements différents, tel un nabab sui generis de la «dissidence» aux frais du Trésor des Etats-Unis.
Quand on leur demande d'où viennent ces fonds, ils restent très évasifs, prétextant qu'il s'agit de dons provenant d'amis et de compagnons de lutte de l'exil.
Le 27 juin 1997, au cours d'une conférence de presse avec des journalistes étrangers convoquée par le groupe chez Martha Beatriz Roque pour faire connaître un nouveau document, Hubert Matos, un traître de longue date et secrétaire général de Cuba indépendante et démocratique, l'une des organisations terroristes les plus agressives contre notre pays, impliquée dans des plans d'attentats contre des dirigeants de la Révolution et ayant réalisé des sabotages et des attaques contre des installations économiques sur notre territoire, a déclaré textuellement :
Cette conférence de presse de La Havane faisait partie d'un programme simultané coordonné par Radio Martí avec deux autres groupes de journalistes situés à Miami et à Washington respectivement.
Hubert Matos était accompagné de José Basulto, meneur de Frères à la rescousse, qui, avec d'autres, fournit des fonds de jusqu'à quatre chiffres pour les très «patriotiques» dépenses personnelles du «dissident» Vladimiro Roca.
Lors de l'arrestation de ce dernier, on a trouvé chez lui, entre autres choses, une casquette et un pull-over aux insignes du mouvement Démocratie, en souvenir affectueux du vieux terroriste Ramón Saúl Sánchez, chef de ce groupe contre-révolutionnaire qui organise des flottilles venant réaliser des provocations aux limites des eaux juridictionnelles cubaines et les ayant même violées à maintes reprises.
Il n'est pas inutile de dire que ce Ramón Saúl Sánchez a été, à l'âge de vingt-quatre ans, le chef d'une organisation terroriste portant le nom idyllique de Jeunes à l'étoile et faisant partie d'un groupe d'organisations contre-révolutionnaires unifiées par la CIA sous la direction d'Orlando Bosch, le CORU, et qu'il en a même été le sous-chef.
Il n'est pas non plus inutile de rappeler que cette organisation a, sous la direction de la CIA, réalisé de très graves actions terroristes contre notre pays. Notamment :
· 22 avril. Une bombe posée dans l'ambassade cubaine au Portugal tue deux fonctionnaires, en blesse grièvement plusieurs autres et détruit entièrement les locaux.
· 5 juillet. La mission de Cuba devant l'ONU fait l'objet d'un attentat à l'explosif qui provoque de graves dégâts matériels.
· 9 juillet. Une bombe explose dans les chariots à bagage se dirigeant vers l'avion de Cubana de Aviación à la Jamaïque juste avant l'embarquement. Il s'en est donc fallu d'un rien pour que l'avion n'explose en plein vol.
· 10 juillet. Une bombe explose dans les bureaux de British West Indies à la Barbade, où elle représente les intérêts de Cubana de Aviación.
· 23 juillet. Artagnán Díaz Díaz, technicien de l'Institut national de la pêche, est assassiné lors d'une tentative d'enlèvement du consul cubain à Mérida.
· 9 août. Deux fonctionnaires de l'ambassade cubaine en Argentine sont kidnappés. On n'a jamais plus rien su d'eux.
· 18 août. Une bombe explose dans les bureaux de Cubana de Aviación à Panama, provoquant de graves dégâts.
· 6 octobre. Le plus monstrueux de tous les crimes. Une bombe détruit en plein vol un appareil de Cubana de Aviación, provoquant le mort des soixante-treize passagers.
C'est le 3 juin 1997 qu'arrivait à Cuba Michael Ranneberger, chef du Bureau des questions cubaines au département d'Etat. Après avoir demandé l'autorisation de venir pour «des travaux internes à la Section d'intérêts», il réclamait la possibilité d'avoir des contact avec des autorités du parti et du gouvernement cubains, ce qui lui a été concédé. Mais bien vite ce monsieur s'est désintéressé des questions internes de la Section d'intérêt pour se consacrer entièrement aux questions internes de Cuba. Au point que le ministère des Affaires étrangères devait, le 17 juin 1997, émettre une protestation officielle énergique, dont on trouvera ci-après quelques paragraphes :
"M. Ranneberger a aussi donné des instructions à ces contre-révolutionnaires sur la façon d'agir dans le pays et à l'étranger. Il a stimulé l'un de ces meneurs à se promouvoir sur le devant de la scène et à assumer le leadership en vue de seconder, tel un mercenaire, l'agression du gouvernement des USA contre Cuba.
"Le ministère a aussi appris que M. Ranneberger a eu des rencontres ou des réunions avec des représentants de sociétés étrangères installées dans le pays, en vue d'exercer des pressions sur eux et de leur dicter la conduite à suivre dans leurs affaires à Cuba.
Mais, non content de ces exploits, fortement encouragé par ses relations étroites avec les fonctionnaires du gouvernement nord-américain, le groupe décidait à un moment donné de convoquer des conférences de presse chez Roca ou chez Roque, auxquelles se rendaient, tout heureux, des journalistes étrangers, presque toujours les mêmes, et au cours desquelles il se payait le luxe, à des moments qu'il estimait importants, comme lors de la conférence simultanée, de transmettre à l'étranger des documents et des déclarations infamants de toute sorte.
Il supposait que la Révolution devait supporter ces déclarations éhontées. Qu'elle ne pouvait pas défier le pouvoir de l'empire, de ses alliés et de ses médias.
Outre ses visites personnelles réitérées à Vladimiro Roca, Michael Kozak, chef de la Section d'intérêts, était le premier à venir le féliciter au terme d'une conférence de presse agressive. La familiarité de l'honorable «dissident» avec la Section d'intérêts était telle qu'il écrivait personnellement, le 25 février 1997, à Steve Rice, fonctionnaire de ladite Section, ce qui suit :
"J'ai besoin de 10 photocopies du document que je t'envoie. Logiquement, une ou plusieurs sont pour toi. Moi, j'en ai besoin de dix.
"Autre point : M. Marcos López, résident à Miami et qui sert de facteur pour nous et pour le CC/IS, se trouve ici et a un petit problème qu'il voudrait pouvoir aborder avec un fonctionnaire de la Section d'intérêts. Si tu pouvais lui avoir un entretien avec le consul avant le 5 mars, je t'en remercierais grandement. Si la réponse est oui, téléphone-moi pour me dire quel jour il doit y aller.
"J'ai aussi besoin que tu m'envoies quelques exemplaires de plus du Plan de soutien. Il est très demandé et je tâche de l'envoyer au plus grand nombre de gens possibles.
"Reçois une accolade fraternelle et chaleureuse.
L'ingérence de la Section d'intérêts des Etats-Unis ne pouvait être plus provocatrice. La plus grande protection pour ses complices, grassement payés et matériellement stimulés, tel était le mot d'ordre.
Il n'est pas un seul procès où l'on juge ce genre de délits que la Section d'intérêts ne convoque un petit groupe de ses salariés «dissidents» et n'envoie au tribunal correspondant des fonctionnaires nord-américains qui tentent, ouvertement et impudiquement, de provoquer un affrontement contre les autorités et le peuple, ce que ne manqueraient pas de rapporter avec plaisir différents journalistes étrangers accrédités à Cuba avec photos à l'appui. Et dès qu'il existe la moindre possibilité de provoquer un conflit, alors on verra toujours un fonctionnaire yankee muni d'un appareil photo. Telles sont les habitudes de la superpuissance hégémonique, puissante sur le terrain militaire, très faible sur le terrain moral, et excessivement maladroite sur le plan politique. Un géant écervelé et impuissant qui ne pourra jamais vaincre un petit adversaire. Il nous faut dénoncer, preuves à l'appui, son comportement devant l'opinion publique mondiale. Il s'entête à ignorer l'intelligence, la capacité de lutte, le moral élevé, la décision et le courage de notre peuple.
L'insulte la plus immonde à l'histoire de notre patrie a eu lieu justement huit jours après la visite de Ranneberger. Dans une déclaration largement divulguée par les médias étrangers, les quatre individus affirment textuellement, parlant du document de base du cinquième Congrès du Parti :
Ces misérables auraient pu aussi inclure les bâtisseurs qui sont morts en combattant à la Grenade les troupes d'invasion de leurs amis yankees.
Il est aussi profondément offensif, insultant et blessant pour notre peuple héroïque et solidaire, l'outrage à son esprit internationaliste commis par ces gens-là quand ils ont osé affirmé à la radio qui nous offense jour après jour en usurpant rien moins que le nom de José Martí :
Ils ont été capables de réaliser ces exploits à plus de douze mille kilomètres de la patrie.
Nous avons contribué, par notre coopération modeste, mais efficace et désintéressée, à revendiquer le continent le plus affligé et le plus exploité du monde.
Nos combattants n'étaient pas des tueurs, et ils n'ont jamais tué qu'au combat. Ils n'ont jamais maltraité ni exécuté un seul prisonnier. Mais Cuba n'a pas expédié que des soldats : elle a dépêché aussi 26 000 médecins et personnels de santé, des milliers d'enseignants, d'ingénieurs, de bâtisseurs et d'autres travailleurs manuels et intellectuels. Et ils ont sauvé des vies innombrables, et ils ont éduqué des dizaines de milliers d'enfants.
Nous nous enorgueillissons de cette oeuvre noble et généreuse qui passera à l'histoire comme un exemple insurmontable de fraternité et de solidarité.
Telle est notre idéologie, et sa part la plus belle.
Les tombes des héros que nous avons ensevelis en un jour mémorable, situées dans les villages et les villes de toutes les provinces du pays d'où les forces internationalistes se sont portées volontaires, se couvrent chaque jour de fleurs nouvelles déposées par des mères et des pères, par des frères et des soeurs, par des fils et des filles, par tout un peuple qui se sent fier d'eux et qui ne les oubliera jamais, de même qu'il ne trahira jamais leur cause, une cause pour laquelle nous, révolutionnaires cubains, nous sommes prêts à mourir jusqu'au dernier et à verser jusqu'à la dernière goutte de notre sang. Le monde les admire.
L'histoire d'un pays est son arme fondamentale, et c'est grâce à elle que notre peuple s'est défendu durant les cent trente dernières années des tentatives d'absorption et d'annexion d'une puissance aussi vorace et aussi agressive. Détruire cette histoire, c'est détruire son identité, son indépendance et sa vie. Ceux qui le souhaitent méritent notre mépris. Ceux qui agissent d'une façon aussi répugnante au service des intérêts de la puissance qui agresse notre patrie sont, plutôt que des violateurs de tel ou tel article du code pénal, de véritables traîtres à la nation, à leur peuple et à ses valeurs: ce sont des mercenaires qui se vendent pour trente deniers à ceux qui nous imposent un blocus et qui nous harcellent et nous agressent depuis quarante ans.
Si la loi que vient de voter l'Assemblée nationale du pouvoir populaire avait été en vigueur à l'époque où ils ont commis de tel forfaits, la procureur aurait sûrement réclamé, rien que pour une fraction de ce qu'ils ont fait comme complices de la subversion et de la guerre économique, et pour une conduite aussi infâme, aussi continue et aussi récidiviste, des peines plus sévères.
Tels sont les «dissidents» pour lesquels le Congrès des Etats-Unis vient de voter «au moins» deux millions de dollars. Après, on les appellera des «prisonniers de conscience».