Table
ronde « Qui sont les vrais terroristes ? », studios de la Télévison
cubaine, 23 mai 2002.
Randy Alonso. Bonjour,
chers téléspectateurs et auditeurs.
Le
peuple cubain a souffert pendant plus de quarante ans l’agression terroriste
des différentes administrations nord-américaines qui ont causé la mort et la
destruction dans notre pays.
Nous
poursuivons aujourd’hui notre table ronde : Qui sont les vrais
terroristes ? Les intervenants seront Reinaldo Taladrid, journaliste du
Système d’information de la Télévision cubaine ; Manuel Hevia et José Luis
Méndez,, directeur et chercheur,
respectivement, du Centre de recherche historique de la Sécurité de
l’Etat ; Rogelio Polanco, directeur du journal Juventud Rebelde ; Jorge Ovies, directeur de l’Institut de recherche
phytosanitaire ; Arleen Rodríguez Derivet, rédacteur en chef de la revue Tricontinental ; Lázaro Barredo et
Renato Recio, journalistes de Trabajadores.
Les
invités sont des travailleurs du Groupe d’entreprises du ciment et du verre,
rattaché au ministère de l’Industrie lourde, de la direction d’Immigration du
ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Informatique et des
communications.
(Vidéo sur des agressions terroristes à
Cuba.)
Comme
le disait hier l’éditorial du journal Granma,
le peuple cubain est lancé dans une grande bataille d’idées : nous
démolirons un par un les mensonges proférés par l’administration
nord-américaine qui a soulevé ces dernières semaines le lièvre du
« bioterrorisme » et accusé Cuba d’être une nation terroriste, et dont
le président a proféré des menaces dans ses deux allocutions du 20 mai.
Notre
table ronde d’hier, analysant la liste des Etats terroristes dressée par les
USA, se demandait : Qui sont les vrais terroristes ? et faisait un
bilan des innombrables agressions et actions terroristes commises par les
administrations nord-américaines contre le peuple cubain.
Nous
avons analysé le cours des événements depuis les premiers jours de 1959,
l’invasion de Playa Girón, qui a été la première défaite de l’impérialisme
nord-américain en Amérique latine, les bandes armées qui ont causé plus de cinq
cents morts et bien des douleurs à notre peuple, ainsi que de nombreux autres
plans peaufinés par les USA contre Cuba.
La
baie des Cochons a été un grand revers pour les gouvernements nord-américains,
ce qui explique pourquoi ils ont aussitôt élucubré de nouveaux plans contre la
Révolution cubaine. Entre autres, l’opération Mangouste, qui est un chapitre important de cette agression
permanente des USA, et qui visait à créer des prétextes pour envahir Cuba.
Manuel Hevia nous rappelle ce chapitre de la sinistre histoire terroriste
écrite par les administrations nord-américaines.
Manuel Hevia. L’opération Mangouste a constitué sans aucun doute une question
obscure dans l’histoire des renseignements nord-américains, au point qu’elle
continue de rester top secret tant
d’années après – elle commence fin 1961 et se termine fin 1962 – et que la
carence de documents sur son vrai impact à Cuba a poussé certains à la
minimiser, à en réduire la portée et à la borner à quelques actions
terroristes.
Or,
l’opération Mangouste a constitué en quelque sorte un vrai Playa Girón qui a
soumis notre pays à une activité subversive sans précédent par son intensité et
son agressivité et qui a duré, je l’ai dit, non seulement toute l’année 1962,
mais encore une partie de 1963.
Lors
de la conférence « Girón quarante an après » organisée dans notre
pays l’an dernier, en présence de chercheurs, d’universitaires, de conseillers
et de militaires de l’administration d’alors, un fonctionnaire de la CIA a
reconnu avec beaucoup de sérieux avoir agi dans le cadre de l’opération
Mangouste sous les ordres directs du gouvernement nord-américain.
Cette
opération est un exemple de la doctrine nord-américaine en matière d’action
secrètes et une preuve de sa politique terroriste d’Etat qui a été, comme nous
le savons tous, au cœur même de sa politique anticubaine depuis 1959.
Pour
résumer, l’opération Mangouste, terrorisme d’Etat, je le répète, mise au point
quelques mois après la défaite de Playa Girón, visait non seulement à
déstabiliser Cuba, mais surtout à créer les conditions d’une intervention
militaire directe.
Assoiffé
de vengeance devant sa première grande défaite en Amérique latine,
l’administration nord-américaine a voulu nous faire payer le prix de cette
défaite en renforçant son appareil de renseignements et de subversion contre
Cuba, dans le droit fil de la politique suivie depuis 1959. L’opération
Mangouste, qui a été par son ampleur le plus grand programme secret des USA
dans les années 60 dans le monde, visait avant tout à déclencher des
soulèvement de groupes contre-révolutionnaires dans notre pays et une
insurrection armée qui faciliterait l’intervention des forces armées
nord-américaines.
Bien
entendu, nous avons connu ces objectifs secrets bien des années après, compte
tenu de son caractère secret, clandestin.
Comment
nos autorités s’en sont-elles rendues compte ? L’année 1962 s’était
caractérisée en particulier par une activité subversive intense, ce qui n’était
ni fortuit ni spontané : on voyait se multiplier les bandes armées
contre-révolutionnaires qui commettaient des crimes horribles ; l’ennemi
tentait d’introduire des tonnes d’explosifs et d’armements à travers nos
côtes ; de nombreux commandos d’infiltration étaient arrêtés en provenance
des USA ; les attaques de vedettes pirates se poursuivaient ; les
réseaux d’espions recrutés par les services de renseignements nord-américains
se multipliaient ; les organes de la sécurité de l’Etat constataient que
les espions sous bonne surveillance ne cessaient de chercher des informations
politiques, militaires et économiques ; le terrorisme et les sabotages
contre l’économe sucrière et les services redoublaient ; les actions
terroristes contre des cibles cubaines à l’étranger ou contre des cibles de
pays faisant du commerce avec Cuba se multipliaient ; les radios pirates
redoublaient leur propagande subversive.
Tout
ceci indiquait l’existence d’un projet subversif bien articulé et soutenu par
de nombreuses ressources économiques. Et c’est à cela que notre peuple a dû
faire face en 1962.
L’opération
Mangouste a cessé, non parce que l’administration nord-américaine y a mis fin
après la crise des Missiles – c’est un mensonge de dire ça – mais parce qu’elle a été liquidée comme
opération subversive par notre peuple, même si celui-ci ne connaissait pas ce
nom de baptême…
Le
coordinateur de l’opération Mangouste, nommé fin 1961, était Edward Landsdale,
un général d’aviation, spécialiste du contre-espionnage, qui avait remporté
quelques « succès militaires », pour ainsi dire, en Indochine. Mais
le responsable suprême de cette opération, du fait de son importance politique
et stratégique, était en fait un Groupe spécial dirigé par l’Attorney General,
Robert Kennedy, et constitué d’autres représentants d’agences gouvernementales
comme le département de la Défense, le département d’Etat, l’USIS, qui était
l’Agence d’information des USA, et bien entendu des services de renseignements. Mission : liquider la Révolution cubaine.
Comment ?
Par trente-trois « tâches » différentes : de caractère
organisationnel, politiques, guerre économique, opérations psychologiques,
espionnages, actions concrètes, comment on a pu le savoir bien des années une
fois les documents pertinents déclassifiés.
L’opération
Mangouste, connue aussi comme projet Cuba, établissait un échéancier
d’exécution :
-
Mars 1962 : début des opérations.
-
Avril-mai : renforcement des activités clandestines
dans le pays (autrement dit, recrutement de nouveaux groupes, constitution de
nouvelles organisations contre-révolutionnaires).
-
1er août : mise en marche des actions
(autrement dit terrorisme, sabotages, attentats, infiltrations).
-
Août-septembre : recrudescence des actions.
-
Octobre : soulèvement généralisé.
-
Fin octobre : constitution d’un nouveau gouvernement
(conforme aux intérêts nord-américains, bien entendu).
L’un des objectifs de
l’administration nord-américaine dans le cadre de l’opération Mangouste était
avant tout de reconstituer les organisations contre-révolutionnaires qui
avaient été pratiquement liquidées au moment de Playa Girón.
Ensuite,
de relancer les bandes d’insurgés contre-révolutionnaires dans tout le pays. Et
ce travail a été fait, comme le prouvent les plus de mille bandits soulevés en
1962, surtout dans l’Escambray et dans la province de Matanzas, bien que les
bandes aient fini par exister dans tout le pays.
Et ce
banditisme a provoqué, rien qu’en 1962, la mort de quatre-vingt-deux personnes,
des centaines de blessés et de mutilés, sans parler des dizaines de soldats
tués ou bien souvent massacrés dans des embuscades. On peut aussi
dénombrer : trente logements paysans incendiés ; quarante et une
écoles rurales totalement détruites ;
douze fermes du peuple ;
quatorze magasins ruraux ; dix-neuf entrepôts ; mitraillage de
vingt transports en commun, selon une manière de faire habituelle de ces
bandits, depuis la route, camouflés dans les broussailles. Il s’agissait bien
souvent de cars pleins de travailleurs allant au travail ou en revenant. Et ce
genre d’actions lâches, misérables, a coûté la vie d’innocents, de
travailleurs, et même d’enfants. A quoi il faut ajouter des milliers
d’incendies de plantations de cannes à sucre. Il est difficile de dresser un
bilan exact. Que cela serve en tout cas à prouver qu’on ne peut minimiser si
facilement cette opération Mangouste.
Autre
objectif : création de structures d’espionnage. L’ennemi avait constaté
que l’idéal était de créer des réseaux d’agents qui lui répondraient
directement et qui agiraient en fonction de ses intérêts stratégiques. Ce qui
explique le renforcement de la station CIA de Miami, nommée JM/WAVE, qui a
constitué dès lors la plus grande station jamais créée par la CIA dans le
monde, qui était appelée à jouer un rôle important dans le cadre de Mangouste
et qui disposerait dès 1962 – elle existera jusqu’en 1967 – d’un budget annuel de cinq cent millions de
dollars.
Rien
qu’en 1962, la Sécurité de l’Etat a dû faire face à plus d’une cinquantaine de
cas d’espionnage et à une quarantaine d’infiltrations de commandos dotés
d’armes et d’explosifs, envoyés par le gouvernement nord-américain en vue de
semer la terreur et le chaos. Inutile de dire que le fantôme de Mangouste
continue de nous hanter, car nous devons toujours faire face à ce genre
d’opérations.
Autre
objectif : les sabotages. Rien qu’en 1962, on a dénombré plus de six cents
sabotages contre des cibles économiques importantes, sur un total de 5 060
actions terroristes.
Bien
entendu, Mangouste visait aussi Fidel, qui a d’ailleurs été une des cibles
prioritaires. Ce qui est l’expression la plus cynique de cette politique et la
preuve la plus évidente de l’échec des plans agressifs contre Cuba. Nous
possédons des preuves de nombreux plans d’attentats criminels contre Fidel en
1962 dans lesquels ont été impliqués les principaux services de renseignements
nord-américains.
Rappelons-nous
que ceux-ci étaient déjà entrés en contact avec la mafia pour assassiner des
dirigeants cubains, en particulier Fidel. Huit de ces plans – mais il y en a
bien plus – ont été décrits par la Commission Church dans son rapport de 1975
sur la participation des services secrets des USA à des plans d’assassinat de
chefs d’Etat étrangers.
Le
général Lansdale a proposé au Groupe spécial élargi du Conseil de sécurité
national quatre variantes à utiliser contre Cuba, dont l’intervention militaire
directe après une provocation qui servirait de prétexte aux yeux de l’opinion
publique.
Bien
que Kennedy n’ait pas approuvé au départ cette variante directe, on a toutefois
ajouté à la variante d’intervention militaire le terme d’« élargie »
en vue d’inclure « l’utilisation des forces armées quand cela conviendrait
aux intérêts de l’administration ».
Ainsi
donc, dès 1962, même pas un an après Playa Girón, les plans d’invasion
militaire de Cuba étaient devenus une menace réelle et imminente.
Quand
on associe cette variante « élargie »aux différentes phases prévues
pour Mangouste, on tire la conclusion que l’invasion militaire devait se
dérouler en octobre 1962. retenez bien cette date parce qu’elle est importante.
En effet, voilà quelques années, le gouvernement nord-américain a déclassifié
un certain nombre de documents ayant à voir avec cette opération, entre autres
un document intitulé : « Prétextes permettant de justifier
l’intervention militaire des Etats-Unis à Cuba ».
Je
vais me borner à lire quelques passages d’un article paru dans une revue
nord-américaine et rédigé à partir de ces documents déclassifiés, afin que vous
puissiez constater comment peut agir un gouvernement comme celui des USA qui,
quarante ans après, prétend se présenter en champion mondial de la lutte contre
le terrorisme !
L’article
d’U.S. News and World Report, du 8
octobre 1998, s’intitule : “Que n’avons-nous pas fait pour nous débarrasser de
Castro ? » Partant d’un mémorandum adressé par le chef de
l’Etat-major interarmes, le 11 avril 1962, à Robert McManara, secrétaire de la
Défense, il cite différents prétextes : « Simuler une attaque de la
base navale de Guantánamo en utilisant des Cubains [de Miami, bien entendu] qui
se feraient passer pour des attaquants, qui lanceraient des obus de mortier,
détruiraient des avions, des installations, avant d’être capturés. »
Evidemment, les USA contre-attaqueraient aussitôt.
Autre
prétexte : « Faire exploser un bateau sans équipage près d’une ville
cubaine importante. Les Nord-Américains simuleraient un sauvetage du prétendu
équipage, on publierait la liste des victimes dans la presse, ce qui
soulèverait l’indignation de l’opinion publique nationale. »
Ou
encore : « Couler un bateau chargé de Cubains se dirigeant vers la
Floride. » Selon ce projet, cela pouvait être vrai ou simulé. Peu importe
les victimes en cas de variante réelle, si cela permettait d’en rendre Cuba
responsable.
« Introduire
des armes dans un pays antillais et dépêcher des avions peints comme des Mig
cubains, pour donner l’apparence d’une subversion soutenue par Castro. »
« Faire
exploser un avion nord-américain sans équipage ni passagers, publier une fausse
liste de passagers et accuser Cuba de l’attaque. »
Même
si ces plans n’ont jamais été mis en pratique, ils n’en prouvent pas moins
l’impatience du Pentagone et sa volonté de déclencher une invasion directe.
Ces
prétextes se passent de commentaires. Ils semblent tirer d’un livre d’horreur
ou de science-fiction.
C’est
le 22 octobre 1962 qu’éclate la crise des Missiles, un événement historique qui
est indissolublement lié à la chaîne d’agressions commencées en 1959, en
passant par Playa Girón et par Mangouste.
La
crise des Missiles fait pièce à une invasion militaire directe des USA, prévue
dans le cadre de l’opération Mangouste bien avant les accords passés entre Cuba
et l’URSS en vue d’installer des fusées dans notre pays.
Toujours
est-il que le danger de destruction auquel paraît la crise des Missiles avait
débuté pour Cuba bien avant, dès 1959, qui marque le début de la sale guerre
des USA contre notre peuple.
Pour
conclure, je voudrais dire que Mangouste – et c’en est sans doute la principale
leçon – donnerait naissance, des années après, aux agents à gage chargés de
recourir au terrorisme, à l’assassinat politique, au trafic des armes,
impliqués dans les scandales Watergate et Iran-Contra, aux mercenaires cubains
ayant opéré en Afrique, en Asie, en Amérique latine, aux meneurs de la
Fondation nationale cubano-américaine, des gens qui feront dès lors du
terrorisme un négoce et un moyen d’enrichissement.
Les
modalités de Mangouste se retrouvent encore, d’une façon directe et claire,
dans la loi Helms-Burton qui autorise la subversion contre Cuba.
L’opération
terroriste Mangouste, de 1962, née des instincts les plus abominables de nos
ennemis, vit toujours au cœur même de la politique agressive de
l’administration nord-américaine.
Randy Alonso. Une fois passés l’opération Mangouste et la crise des Missiles,
les USA ont recouru au thème de l’émigration comme instrument politique
d’agression.
Rogelio
Polanco nous parle de l’opération Peter Pan et de l’adoption par les USA de la
loi d’Ajustement cubain.
Rogelio Polanco. Oui, une autre opération terroriste en
parallèle à Mangouste. Non contents d’introduire des armes et de provoquer la
mort de nos concitoyens, de nos enfants, ils ont répandu la rumeur infâme que
le Gouvernement révolutionnaire allait enlever l’autorité paternelle aux parents.
C’est là un des chapitres les plus sordides de la campagne de mensonges, de
calomnies, d’infamies contre Cuba, l’un, aussi, des plus immoraux, des plus
inhumains, parce qu’il concernait des milliers d’enfants.
C’est
à la fin de 1960 que les ennemis de la Révolution ont mis en marche ce nouveau
plan de guerre et de terreur psychologique en lançant un fausse loi selon
laquelle les parents seraient privés de toute autorité paternelle. Elle a été
lancée par la CIA le 26 décembre 1960 en coordination étroite avec la
hiérarchie catholique et avec des organisations contre-révolutionnaires de
l’île.
C’est
ainsi que plus de quatorze mille enfants ont été séparés de leurs parents et
envoyés aux USA dans des internats, des maisons de corrections, des orphelinats,
des camps, ou alors adoptés par des familles qu’ils ne connaissaient pas. Ils
ont quasiment été séquestrés, après que leurs parents ont fait l’objet de ce
chantage psychologique pour qu’ils se séparent de leurs enfants, censément pour
les « sauver du communisme». Quelque chose de vraiment monstrueux,
qui a causé de la douleur, de la souffrance à des milliers d’enfants, mais
aussi à leurs parents et à leurs familles. Beaucoup sont restés séparés pendant
des années, et certains ne se sont même plus revus.
Certains
de ces enfants ont été victimes d’abus, même d’abus sexuels, ce dont attestent
de nombreux témoignages. Ces enfants ont subi un vrai dommage moral,
psychologique, spirituel et physique, et les auteurs de ce crime devront un
jour leur demander pardon, ainsi qu’au peuple cubain.
Et
tout ceci à partir d’un mensonge abominable. Qui impliquait aussi que la
Révolution interdirait aux familles de partir avec leurs enfants. Et c’est pour
que nul n’oublie cette histoire sordide qu’une maison d’édition cubaine a
publié, pendant la bataille pour le retour d’Elián, ce livre intitulé Opération Peter Pan, un cas de guerre
psychologique contre Cuba, qui dénonce par leur nom les vrais auteurs de
cette action terroriste, depuis des fonctionnaires et agents de la CIA, des
fonctionnaires publics nord-américains, des organisations terroristes dans
notre pays, des prêtre phalangistes, jusqu’à des ambassades étrangères et des
radios subversives qui ont diffusé ces mensonges.
On
a raconté beaucoup de mensonges autour de cette opération, certains ont voulu
en faire l’apologie, tenter d’occulter les faits, de les manipuler. Pour
l’instant, le gouvernement nord-américain n’a déclassifié aucun document sur ce
point, si bien que cette opération criminelle baigne encore dans le secret.
Dans
son discours de Miami, Bush a présenté l’un des secrétaire du gouvernement, un
Cubain, Mel Martínez, comme un « diplômé » de Peter Pan, cette façon
cavalière de voir les choses prétendant idéaliser une opération foncièrement
immonde. Et quand on veut idéaliser, on passe sous silence les dommages
psychologiques dont ont souffert les enfants victimes. Ecoutons donc ce que
nous dit ce livre :
Les
principaux problèmes dont ont souffert les petits Cubains ont été, entre
autres, une alimentation inadéquate, l’existence de gangs dans les centres
d’accueil et dans les camps, l’utilisation des punitions corporelles,
l’obligation de faire des tâches soit humiliantes soit inhabituelles, mais
toujours considérées comme serviles du fait qu’ils se sentaient exploités par
leurs tuteurs ou leurs professeurs ; la différence de langues, de coutumes
et de cultures auxquelles ils durent face brusquement ; le sentiment de
solitude et d’abandon chez la quasi-totalité de ces mineurs.
Le
docteur Lourdes Rodríguez, psychologue clinique au Simmons College de Boston,
elle-même fillette Peter Pan, estime que les enfants ont dû payer très cher
l’expérience : « J’ai senti depuis très longtemps que toute cette
opération est grandement contestable du point de vue moral… L’opération Peter
Pan n’a été rien d’autre qu’un abus massif d’enfants commis par le gouvernement
des Etats-Unis. Il est temps de cesser d’idéaliser cet horrible chapitre de
l’histoire cubano-américaine. »
Cette
opération Peter Pan a fait partie de la tentative d’utiliser l’immigration
comme une arme pour détruire la Révolution cubaine. Il n’est donc pas étonnant
que l’un de ses principaux exécutants, Mgr Bryan O. Walsh, qui apparaît dans
tous les documents, ait joué un rôle clef dans la rédaction et l’adoption de la
loi d’Ajustement cubain, assassine et terroriste, dont notre peuple a souffert
toutes ces années-ci.
Adoptée
le 2 novembre 1966, cette loi ne faisait que légaliser la façon dont les
Etats-Unis accueillaient tout Cuba qui arriverait illégalement à compter du 1er
janvier 1959. Mais elle a été rédigée aussi pour garantir la résidence légale
et le droit de travail en tout premier lieu aux batistiens : en effet,
c’est une loi rétroactive. Il suffit que vous soyez arrivés aux Etats-Unis à
compter du 1er janvier 1959, ce qui est une aberration légale. C’est
aussi un net avantage par rapport à tous les autres émigrants d’autres
nationalités. D’ailleurs, pour Cuba, la terminologie est modifiée : les
Cubains ne sont pas des émigrants, mais des exilés ; les Cubains
n’émigrent pas, ils fuient. Les Cubains sont reçus à bras ouverts, les autres
Latino-Américains, eux, on les expulse, voire on les tue.
C’est
justement la Révolution, au milieu des fortes tensions et des conflits
provoqués par la question de l’émigration, qui a permis la signature d’accords
portant sur l’émigration légale, dans l’ordre, aux Etats-Unis, même si le
gouvernement de ce pays les a violés très souvent.
Ainsi
donc, après avoir écouté à ces mêmes tables rondes tant de témoignages de mères
pleurant la mort de leurs enfants, ou d’enfants lancés par des parents
irresponsables dans ces traversées, de familles divisées, ou de témoignages
portant sur des frères dévorés par des requins, ou quand nous nous souvenons de
ces trente personnes mortes en pleine mer, ou le cas de ce petit Cubain
séquestré, nous avons le droit de nous demander si ce n’est pas du terrorisme
que de maintenir une loi qui cause la mort de Cubains, surtout de femmes et
d’enfants ; si ce n’est pas du terrorisme que d’être si tolérant envers
les trafiquants de vies, pis encore de leur assurer l’impunité, surtout quand on sait, comme les chiffres
l’indiquent, que plus de 90 p. 100 des Cubains émigrant illégalement le font
aujourd’hui à bord des bateaux de ces trafiquants qui sont en plus des
trafiquants de drogues et d’armes ; si ce n’est pas du terrorisme que de
refuser de signer avec notre pays un accord intégral sur la question migratoire
et d’informer les familles et le peuple cubain du sort des personnes ; si ce
n’est du terrorisme que, loin de restreindre et de déroger cette loi, de donner
toujours plus de privilèges à ceux qui arrivent de Cuba, et ce sous la pression
de la mafia et du fait de la conduite vénale de certains fonctionnaires
nord-américains.
De
quelle autorité morale l’administration nord-américaine peut-elle se targuer
dans sa lutte contre le terrorisme quand elle agit de la sorte ? Quand
elle continue d’envoyer des Cubains à une mort cruelle et injustifiable, à plus
forte raison quand il s’agit d’enfants ? Ne faudrait-il pas les inscrire
eux aussi sur une liste, ceux qui ne font rien, au contraire, pour faire cesser
la douleur des familles cubaines, ne faudrait-il pas les juger comme fauteurs
de toutes ces souffrances ?
Randy Alonso. Rien de mieux, en l’occurrence, que d’écouter le témoignage
dramatique donnée par la jeune Ivette Vega devant le Tribunal international
Femmes contre le blocus :
Ivette Vega. Je viens apporter un témoignage que beaucoup d’autres
familles cubaines pourraient apporter.
En 1960, après avoir accueilli
les sbires de la tyrannie de Batista qui s’étaient enrichis en puisant dans le
trésor public et après avoir stimulé le départ de spécialistes, pour la plupart
des médecins, les Etats-Unis ont commencé à stimuler d’autres genres de départs
illégaux sous le nom d’opération Peter Pan.
Bien que selon des documents
déclassifiés de la CIA, cette opération ait pris fin avant 1970, des recherches
postérieures indiquent qu’elle s’est prolongée au moins jusqu’en 1972.
Mon frère a été une victime de
cette opération. Même s’il ne le juge pas comme ça : il croit encore qu’il
a été trompé par mes parents qui l’ont fait partir de Cuba, via l’Espagne, en
mai 1970, dans le but de nous retrouver ensuite tous ensemble. J’étais toute
petite á l’époque et je ne pouvais pas comprendre ce qu’il se passait dans ma
famille, et il reste encore bien des choses à éclaircir, bien des conversations
à avoir, bien des questions à évoquer. Heureusement, grâce à l’éducation de
respect et de solidarité que j’ai reçue en premier lieu de ma famille, grâce au
niveau de scolarité que j’ai atteint par la Révolution et l’instruction
politique que j’aie obtenue en vivant ici, je peux comprendre maintenant bien
des choses, et même peut-être plus que ce que mes parents ont pu comprendre au
moment où ils ont pris la décision de faire partie mon frère.
Ce que mon frère a vécu toutes
ces années-ci est une longue histoire. Il suffit de dire qu’il n’est en bonne
santé et qu’il n’est pas totalement heureux, et peut-être ne le sera-t-il
jamais.
Mon frère n’a plus eu de contact
avec sa famille entre 1970 et 1991, où ma mère a pu voyager pour la première
fois et le voir. En 1993, mes deux parents lui ont rendu visite ensemble. Quand
ils ont constaté sa mauvaise santé et ses conditions de vie, ils ont décidé de
partager la responsabilité qu’ils avaient réprimée en quelques sorte pendant
tant d’années au sujet de son éducation, et lui il a décidé de partager sa vie
avec nous. Ma maman a décidé de rester aux Etats-Unis et mon père de rentrer près
de moi, pour que nous puissions partager leur présence.
En fait, ça a été une vaine
tentative d’accepter son désir d’être avec nous, parce que ma maman et mon papa
constituent un couple très consolidé et la séparation a été pour eux vraiment
très difficile.
En 1995, mon frère l’ayant
réclamé, mon père est parti définitivement du pays. Ils vivent tous les trois
ensemble, maintenant.
En 1999, quand j’ai appris que
mon papa avait un cancer, je suis allé à la Section d’intérêts des Etats-Unis
demander un permis de séjour temporaire pour rendre visite à ma famille et les
retrouver au moins une fois, pendant que tout le monde était encore en vie.
J’ai présenté un certificat de l’hôpital où mon père recevait un traitement,
j’ai répondu par la vérité à toutes les questions qu’il faut remplir dans le
formulaire que cette Section donne à tous ceux qui veulent émigrer à titre
provisoire, et elle m’a refusé le visa. On m’a remis une lettre faussement
personnelle où l’on me disait que mon cas avait été analysé avec soin. Et je
dis « faussement personnelle » parce que c’est la même qu’on remet à
tous les gens dans ce cas.
Si j’avais tenté de partir
illégalement de Cuba, alors, ce même gouvernement des Etats-Unis m’aurait
accueillie à bras ouverts.
On m’a dit que j’étais une
émigrante définitive potentielle parce que toute ma famille était là et que je
risquais donc de ne jamais pouvoir aller aux Etats-Unis. Ils ignorent que j’ai
un fils, ils méconnaissent absolument qui je suis ; ils ignorent que j’ai
choisi librement de vivre à Cuba, ce qui ne m’empêche pas de ressentir un amour
immense pour ma famille, d’autant que j’ai le droit, comme tout être humain, de
lui rendre visite et de l’accompagner à des moments difficiles.
Mes parents viennent juste de
comprendre que cette histoire est vraie, parce qu’il y a beaucoup de
manipulation dans toutes ces situations.
Bien des personnes sont sorties
comme moi de cette Section d’intérêts avec les mêmes sentiments que moi, de
mauvais traitement, d’humiliation, de déni de mes droits et même des accords
légaux en vigueur entre nos deux gouvernements.
Je me demande comment un pays qui
se dit démocratique peut me refuser le droit de rendre visite à ma famille pour
la simple raison – et c’est pour moi très clair – que je suis révolutionnaire !
Comment ne comprend-il pas que les liens d’amour sont plus forts que tout le
reste, et que mes parents et moi nous avons été capables de respecter nos
convictions mutuelles et de vivre dans le respect et l’amour malgré la
séparation ?
Peut-être devrais-je ajourner
pour quelque temps ou pour toujours la possibilité d’embrasser ma famille, mais
je pense que ce que je viens de faire sert à frayer des voies, pour que mon
fils aie un jour l’occasion, pour que d’autres personnes ne souffrent pas ce
que nous souffrons quand nous allons à la Section d’intérêts pour nous rendre
légalement aux USA et pour qu’on ne bafoue plus jamais le droit de tout Cubain
et de toute Cubaine d’embrasser ses êtres chers.
Je vous remercie.
Randy Alonso. Dans le cadre de ces
plans terroristes des Etats-Unis, de création d’organisations
contre-révolutionnaires destinées à contrer une Révolution unique en son genre
en Amérique latine, la contre-révolution instruire et financée par
l’administration nord-américaine a, dans les années 60, exécuté de nombreuses
actions terroristes contre des cibles cubaines à l’étranger. Reinaldo Taladrid
nous en dresse un bilan.
Reinaldo Taladrid. C’est là une
nouvelle modalité d’une liste déjà longue. Des individus posent des bombes,
assassinent des gens, font des actes terroristes non seulement contre des
installations cubaines, tels des ambassades ou des bureaux, mais même contre
des installations d’autres pays que les terroristes installés aux USA
considèrent des amis de Cuba ou ayant des relations avec Cuba.
Cette
modalité a débuté le 1er avril 1959. Du terrorisme pur et simple, parce que, à cette date-là, vous ne
pouviez pas donner à une action de ce genre une connotation idéologique :
l’attaque du consulat cubain à New York.
Le
5 juin 1959, le consul cubain de Miami, Alonso Hidalgo Barrios, est victime
d’une agression. Le 4 août 1959, le ton monte, quatre avions cubains sont
détruits dans un hangar d’Air International Corporation à Miami. Destruction
total des appareils et gros dégâts dans le hangar. Détruire quatre avions,
agresser un consul, attaquer un consulat, en 1959, c’est du terrorisme.
La
liste est interminable, et le temps me manquerait. Je vais juste choisir
quelques faits. Et réfléchir avec vous.
Par
exemple, le 7 décembre 1960, un fonctionnaire cubain est agressé aux
Etats-Unis. Que se passe-t-il ? Rien. La police agit-elle ? Non. Les
terroristes, les responsables, restent libres. Et ce scénario va se répéter.
Le
17 novembre 1962 – des moments très
tendus qui font suite à la crise des Missiles – des fonctionnaires cubains auprès de l’ONU sont agressés, l’attaché
Roberto Santiesteban Casanova est attaqué. Y a-t-il des suites ?
Absolument aucune.
Le
2 décembre 1964, l’organisation terroriste Mouvement nationaliste cubain pose
un bombe contre l’édifice de l’ONU.
Quand ? Juste au moment où Ernesto Che Guevara y parle ! Une bombe contre un organisme mondial, le
plus important de la planète, censément…
Et
la tendance continue. Le 12 octobre 1965, le Mouvement insurrectionnel de récupération
révolutionnaire (MIRR) pose une bombe sur un cargo espagnol à San Juan de Porto
Rico. Contre l’ONU, contre un cargo espagnol : si vous reconnaissez Cuba,
vous risquez d’être victime de ces actes terroristes.
Nous
en arrivons à 1968. Où l’organisation Poder Cubain voit le jour. Moment
important. Pourquoi ? Parce que le chef suprême en est Orlando Bosch. Son
adjoint est Marcelino Jiménez García.
Qui
était ce monsieur ? Je le dis pour les plus jeunes : un gros ponte du
SIM, autrement des Services de renseignements militaires de Batista, qui ont
commis de très nombreuses violations des droits de l’homme dans notre pays.
Eh ! bien, monsieur Jiménez García est mort tout tranquillement dans son
lit, à Miami…
Ces
individus de Poder Cubano ont posé, rien qu’en 1968, quatre-vingt-deux bombes,
dont soixante-douze aux Etats-Unis même.
Par exemple, cinq contre des cargos d’Espagne, de Pologne et du Japon,
tout simplement parce que ces pays faisaient du commerce avec Cuba. Neuf bombes
– et ça c’est nouveau – contre des magasins de Miami, à des fins d’extorsion.
Souvenez-vous : mafia et terrorisme ne font qu’un. C’est du racket :
ils vous demandent de l’argent, et si vous ne payez pas, vous avez droit à une
bombe. Où est la teneur idéologique d’actions de ce genre ? Mafia et
terrorisme pur et simple.
En
mars 1968, cette organisation d’Orlando Bosch pose une bombe au consulat
chilien de Miami. Avant, en janvier, elle avait posé une bombe dans un avion
qui transportait du courrier à Cuba : dès 1968, ces gens-là s’attaquent
aux avions, et inutile de vous rappeler le rôle qu’a joué Bosch dans l’attentat
de la Barbade.
Le
22 avril 1968, ils revendiquent une bombe au consulat mexicain. Avant, ç’avait
été celui du Chili…
En
juillet 1968, ils posent une bombe au bureau de tourisme canadien aux
Etats-Unis. Le Mexique, le Chili, et maintenant le Canada. Tout revendiqué par
ce Poder Cubano.
En
août 1968, ils posent une bombe dans les bureaux des tarifs douaniers des
Etats-Unis, une institution tout à fait légitime du gouvernement. Je
repasse : des cargos, des institutions publiques, des sièges diplomatiques
de pays faisant du commerce avec Cuba ou ayant des relations avec lui…
Finalement,
on arrête Bosch en octobre 1968. Où ? Près d’Orlando, au moment où il est
sur le point de décoller à bord d’un B-26, avec d’autres gens de son groupe.
Qu’y avait-il dans cet avion ? Dix-huit bombes. Où l’avion
allait-il ? A Cuba. La cible des
dix-huit bombes était notre pays.
Que
se passe-t-il ensuite ? Eh !
bien, croyez-le si vous le voulez, mais notre bonhomme, arrêté sur un avion
transportant dix-huit bombes, paie tout bonnement une caution de cinq mille
dollars et se retrouve en liberté !
Ensuite, il est jugé. Ah oui, pour une fois, on le juge… Les chefs
d’accusation sont costauds : 1) attaques de cargos – toutes reconnues par
eux, il n’y avait même pas à enquêter ; 2) menaces de mort contre trois
présidents étrangers (le président mexicain, le président espagnol et le
Premier ministre britannique) ; 3) finalement, le chef le plus grave, cet
avion aux dix-huit bombes, pour lequel on lui reproche, tenez-vous bien !
de n’avoir pas de permis d’exportations d’armes ! Pensez un peu :
s’il avait eu le permis, je vous fiche mon billet qu’on l’aurait décollé sur
Cuba !
Donc,
Bosch est condamné à dix-huit d’incarcération.
Mais de sa prison, il a continué à diriger son groupe par
l’intermédiaire de son adjoint, l’ancien officier du SIM.
Je vous
propose quelques exemples de titres de journaux à cette époque-là. Ça, c’est la
rue Réplica, de 1968 :
« Vague de sabotages à Cuba. Responsable :
Poder Cubano. » Le groupe le
reconnaît, s’adjuge les faits. Un parquet qui se respecte avait dû
agir d’office, face à des gens qui reconnaissent avoir posé des bombes.
Ou cet
autre : « Audacieux sabotage d’un cargo castriste dans le canal de
Panama. » Vous distinguez ici - la photo est vieille – quelqu’un qui
explique, debout devant une carte du Panama, comment il a attaqué le cargo
cubain Aracelio Iglesias. Savez-vous
qui est ce personnage ? Orlando Bosch, bien entendu, expliquant en public
comment il a procédé.
Donc, dix-huit
de prison, mais il continue d’opérer à travers son second. De toute façon, il
n’a pas fait long feu en prison : deux ans et demi à peine.
Vous allez me
dire : c’est de la vieille histoire, qu’est-ce que ça a à voir avec
l’actualité ? Eh ! bien, ça a à voir, je vais vous le prouver. Tout
d’abord, Orlando Bosch était à Miami pour participer à un meeting contre le
terrorisme organisé après le 11 septembre par Armando Pérez Roura qui le présidait.
Et ça, si ce n’est pas une insulte à l’humanité ! Maintenant, regardez
cette photo : elle date de l’époque dont nous parlons. Regardez
bien : ici, vous avez Orlando Bosch ; ici, rien moins que Marcelino
García, cet officier du SIM dont je vous ai parlé et qui était son second… Et
qui voit-on à côté de ces sinistres individus, entouré d’un cercle ? Jorge
Mas Canosa, l’homme qui a fondé ensuite la Fondation nationale
cubano-américaine ! Et qui continue d’en inspirer, même mort, les idéaux !
Mas Canosa aux côtés d’un ancien officier du SIM et du terroriste Orlando
Bosch.
Alors, si vous
me demandez qui sont les vrais terroristes, eh bien, je vous réponds que ce
sont tous ces gens-là, qui sont partis de Cuba, qui se sont installés aux USA,
qui ont reçu de l’argent et un entraînement de la part du gouvernement
nord-américain, qui ont reçu aussi le permis de résidence, qui se sont même
faits naturaliser, et qui ont conçu, planifié, financé, organisé et exécuté ces
actes de terrorisme contre Cuba et contre les USA même. Voilà les vrais
terroristes.
Randy Alonso. Nous en étions dans les années 60. Mais de
nouvelles organisations contre-révolutionnaires ont vu le jour dans les années
70 et ont commis à leur tour des actes terroristes aussi criminels que
l’attaque du hameau de Boca de Samá.
Je vous
propose d’écouter le douloureux témoignage de Josefa Portelles Tamayo, mère d’une des jeunes victimes.
Josefa
Portelles. Si je suis ici, c’est parce que j’ai perdu
mon enfant dans l’attaque de Boca de Samá, Ramón Siam Portelles, mon fils, et
je viens ici réclamer votre soutien et votre aide pour ratifier l’accusation
que je fais contre les Etats-Unis, pour voir s’ils paient un peu des crimes et
des dommages qu’ils nous ont faits, parce que je ne suis pas seulement une maman
qui souffre, parce que des milliers de mamans souffrent dans ces mêmes
conditions par leur faute, parce que beaucoup de mamans ont perdu leurs enfants
ou alors ont vu leurs enfants rester invalides, sans bras, sans jambes.
Ce
sont des crimes que ces assassins criminels ne pourront jamais assez payer,
parce que vous savez que la vie d’un enfant est hors de prix, parce que rien ne
peut payer la vie d’un enfant.
Je
suis malade, mais je suis venu uniquement pour me voir soutenue par un tribunal
révolutionnaire aussi beau que celui-ci et dont j’ai toujours rêvé. Je suis
venue pour voir si vous m’aidez et si nous faisons des lois contre eux, pour
voir s’ils cessent enfin de nous faire tant de mal et de tant de choses contre
notre pays.
Mon
fils n’avait que vingt-quatre alors, il avait une enfant de six mois. [Elle
sanglote.]
Escalante. Quel
âge dites-vous qu’avait votre fils ?
Josefa Portelles. Vingt-quatre ans.
Escalante. Et
il a laissé une fillette de six mois.
Josefa Portelles. Il a laissé une fillette de six mois.
Il n’a jamais pu donner de chaleur à sa fille, il était fou de joie d’avoir un
enfant, et il n’a pu lui donner la chaleur de père, parce qu’il était en train
de passer cette école de garde-frontière à Boca de Samá au moment de l’attaque.,
Alors
je vous dis devant vous tous que je suis prête à faire tout ce qu’il faut,
pleine de souffrances et de maladie comme je suis, pourvu que vous fassiez des
lois contre des criminels pareils.
Randy Alonso. Vous avez entendu le témoignage de Josefa Portelles Tamayo, la
mère d’une des victimes de l’attaque contre Boca de Samá, devant le tribunal
révolutionnaire qui a connu de la Demande du peuple cubain contre le
gouvernement des Etats-Unis. C’était en 1971, une décennie durant laquelle les
organisations contre-révolutionnaires alimentées par les USA ont redoublé leurs
actions terroristes contre notre pays. Le chercheur José Luis Méndez nous
dresse un bilan de ces faits terribles.
José Luis Méndez. Les années 70 n’ont été en fait de compte que la prolongation,
mais redoublée, de cette même campagne terroriste.
En
1972, Orlando Bosch était encore sous les verrous. Alors, le gouverneur d’alors
de la Floride, Claude Kirk, prenant la parole au cours d’un dîner organisé par
la Chambre de commerce latine, une chambre dominée par la mafia cubaine, a osé
affirmer : « Quand je pense aux hommes libres qui cherchent à libérer
leur patrie, je dois forcément penser au docteur Bosch. Je travaille résolument
à sa relaxe et je crois que vous en verrez les résultats sous peu. »
Effectivement,
Bosch a bel et bien été libéré : un terroriste international coupable ni
plus ni moins que de 321 actions ! Qui avait dirigé Action Cubaine,
Gouvernement secret cubain, les commandos Pedro Luis Boitel et qui fonda
ensuite, une fois libéré, le CORU en 1976.
Je voudrais
rappeler que le 17 janvier 1965, l’organisation qu’il dirigeait à l’époque, le
MIRR, a lancé environ cinq mille capsules de substance incendiaire sur la
sucrerie Niagara. Il a déclaré ensuite : « Si nous avions des ressources
suffisantes, Cuba brûlerait d’un bout à l’autre. »
Dix
ans après, le 22 août 1975, il déclarait : « Les complices de Castro
et les agents du communisme international ne seront en sûreté nulle part dans
le monde : nous internationaliserons la lutte à l’échelle du
continent. »
Il
a déclaré aussi, ce qui le caractérise de pied en cap : « Les
Américains veulent descendre Castro dans un style différent du nôtre, la guerre
déclaré pour anéantir les rouges. S’il avait lancé sur Cuba la moitié des bombes
qu’ils ont larguées sur le Viet Nam, le problème serait réglé. » Sans
commentaires.
Le
21 janvier 1974, alors qu’il était encore aux USA, il a fait envoyer du Mexique
sept lettres piégées à différentes ambassades cubaines, dont l’une a explosé
dans le bureau de poste central de Madrid, endommageant les locaux et blessant
quelques personnes.
Mais il faut
aussi mettre à son actif le dynamitage des bureaux commerciaux de Cuba à
Montréal, qui a causé la mort de Sergio Pérez Castillo ; la tentative
d’enlèvement du consul cubain à Mérida, ce qui a causé la mort d’Artagnán Díaz
Díaz qui s’est interposé ; un attentat contre l’ambassadeur cubain en
Argentine en 1974 et la disparition, dans ce même pays, de deux fonctionnaires
en 1975 ; la pose d’une bombe sur un bateau mexicain qui a causé deux
morts et sept blessés.
Mais ce qui
caractérise le mieux Bosch, ce que notre peuple connaît le mieux, c’est son
obsession de faire exploser un avion de ligne cubain en vol. Et, là-dessus, il avait toute une série
d’explications et de justifications : 1) il attirerait l’attention sur sa
cause ; 2) il empêcherait qu’on
puisse faire le silence sur sa lutte ; 3) il ferait trembler les
structures des Etats-Unis et de Cuba ; 4) il annulerait tout rapprochement
entre ces deux pays ; 5) le caractère terroriste de l’action éviterait que
les pays latino-américains puissent, en conformité avec les accord adoptés par
l’OEA en juin 1975, renouer les relations diplomatiques avec Cuba, ce qui
maintiendrait l’isolement de notre pays ; 6) il ferait échouer les
conversations engagées entre Cuba et les USA sous l’administration Ford. Tels
étaient les arguments avancés par Bosch pour justifier son action.
Mais il y a au
moins trois antécédents importants à signaler. En 1965, il avait payé un Cubain,
Rafael Anselmo Rodríguez Molina, pour qu’il dynamite un avion devant voler à
Cuba, ce qui a causé la mort du pilote, un Nord-Américain nommé Alex
Rourke : l’avion a décollé pour Cuba, a fait une escale à Cozumel ;
là, Bosch et son compagnon, Frank Sturgis, connu aussi comme Frank Fiorini, un
autre terroriste d’origine cubaine, sont descendus, l’avion a redécollé et a
explosé en plein vol.
Le 30 novembre
1975, le journal Ultima Hora, de New York, publie un des avis habituels d’Ernesto – un alias de Bosch – qui se dit
chef de l’organisation clandestine
Poder Cubano 76 et revendique la pose de deux bombes à retardement
découvertes dans un avion de la compagnie Bahamas Air desservant les Etats-Unis. Heureusement, les engins ont été
découverts à temps et désactivés quelque temps avant l’embarquement des
soixante-deux passagers, la plupart des vacanciers nord-américains, qui
rentraient sur Miami. Et Bosch explique dans son communiqué que cette action
visait en empêcher tout rapprochement entre les Bahamas et Cuba.
Finalement,
l’antécédent le plus proche du dynamitage de l’avion à la Barbade, en octobre
76, a eu lieu le 11 juillet de cette même année : l’explosion d’une valise
quelques instants avant qu’elle n’entre dans les soutes d’un appareil de Cubana
de Aviación à Kingston, la capitale de la Jamaïque, qui devait décoller pour La
Havane. L’engin a donc explosé à terre, un peu après sept heures du soir.
L’avion avait pris du retard pour un problème de correspondance entre lignes
aériennes. Heureusement, pace qu’il était prévu que les bombes explosent au
moment où l’avion survolerait Montego Bay, sur la côte nord de la Jamaïque.
En fait, Bosch
est un malade. Ecoutez ce qu’il écrit : « Je n’oublierai jamais quand
j’ai posé une bombe dans un magasin de chaussures de Santa Clara ; les
chaussures volaient dans les airs, les vitrines s’effondraient. J’ai entendu la
déflagration et j’ai senti une grande satisfaction : j’étais en train de
liquider les communistes de Fidel Castro. Je comprends aujourd’hui que ces petites
bombes de rien du tout ne conduisent à rien, et que dans cette bataille, il
faut être dur. »
Cet individu
constitue une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis. En fait, le
terrorisme cubain a toujours été une menace pour la sécurité de ce pays, un cas
flagrant de terrorisme national. Et pourtant… je pense surtout aux actions qui
ont eu lieu dans les années 70…
Randy Alonso. Et qui ont
pris encore plus de force avec la fondation du CORU.
José Luis Méndez. Tout
à fait. Vingt-quatre pays d’Europe, d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale
ont été touchés. Et quand je dis qu’il s’agit de terrorisme national aux USA,
c’est tout simplement parce que ces gens-là y ont commis cent cinquante-six
actions terroristes ! Mais ils en commis vingt-neuf au Mexique ; une
à Trinité-et-Tobago ; cinq au Panam ; mais aussi en Colombie. Et
aussi en Europe : en Angleterre, en France, en Espagne, au Portugal.
Total, donc : vingt-quatre pays touchés par les actions terroristes des
bandes conduites par ce criminel international qui s’appelle Orlando Bosch, qui
non seulement déambule en toute liberté dans les rues de Miami, mais, encore
plus grave, est invité aux discours de Bush dans cette ville ! C’est bien là la plus preuve la plus
flagrante de l’attitude des autorités nord-américaines envers les terroristes
quand ceux-ci sont de leur bord. Je vous laisse juge de la réponse à la
question que nous nous posons : qui sont les vrais terroristes ?
D’autant plus scandaleux que les actions de Bosh ne sont pas du passé : il
les poursuit encore de nos jours.
Pour en
revenir à juin 1976, quand Bosch fonde le CORU, autrement dit le Commandement
des organisations révolutionnaires unifiées qui regroupait cinq organisations
terroristes, il publie une espèce de brochure intitulée 40 años de lucha, 40 años de razón où on peut lire : « Parmi
les autres accords stratégiques souscrits, il convient de signaler le mot
d’ordre suivant : quiconque sortira de Cuba pour propage ou conquérir des
gloires pour la tyrannie devra courir les mêmes risques que courent les hommes
et les femmes qui la combattent ; toute autre attitude serait une
recherche immorale d’avantages. »
Cela justifie
bien entendu a priori le sabotage en plein vol d’un avion emportant
soixante-treize passagers au décollage de la Barbade. Et explique bien qui sont
les vrais terroristes et où ils sont !
Randy Alonso. Méndez vient
de rappeler cette étape particulièrement intense de terrorisme dont notre pays
– mais aussi d’autres – a été victime de la part de contre-révolutionnaires tous
entraînés par les services de renseignements nord-américains et tous soutenus
matériellement et financièrement par les différentes administrations
nord-américaines.
Au sujet de
l’envoi de lettres piégées à des ambassades cubaines, je vous propose d’écouter
le témoignage présenté devant le tribunal ayant connu de la Demande du peuple
cubain par Pilar Ramírez Vega, qui travaillait à l’ambassade de Lima au début
des années 70.
Pilar Ramírez Vega. J’ai
été touchée par une des modalités de terrorisme appliquées par l’impérialisme
yankee, par le gouvernement des Etats-Unis, à travers les organisations
contre-révolutionnaires installées aux Etats-Unis, et dirigées par des chefs
qui continuent de se promener en liberté, plus de vingt ans après, comme
Orlando Bosch et Luis Posada Carriles.
J’ai été victime de dommages
physique sur ma personne, et à travers la douleur provoquée à ma fille de
quatre ans qui était avec moi à l’époque à l’ambassade de Cuba au Pérou, et à
mes autres proches.
Le 4 février 1974, alors que
j’étais secrétaire de notre ambassadeur à Lima, Antonio Núñez Jiménez, j’étais
en train d’ouvrir son courrier. On nous avait averti les jours précédents que
d’autres ambassades, comme celles d’Argentine et du Canada, avaient reçu des
lettres piégées.
Il y avait un colis qui était là
depuis plusieurs jours, expédié par Fernández S.A., de Mexico, qui n’a pas
attiré spécialement l’attention parce que notre ambassadeur échangeait beaucoup
de correspondance avec l’extérieur, avec des organisations spéléologiques, des
choses comme ça. Le colis avait la taille d’un livre. Quand je l’ai ouvert,
c’était un livre publié par les éditions espagnoles Espasa, à couverture rouge.
Mais le papier qui l’enveloppait était si serré que j’ai dû utiliser des ciseaux et c’est quand j’ai
tenté de sortir le livre que l’explosion s’est produite. Le bureau a volé en l’air, la machine à
écrire et tout ce qui m’entourait, et j’ai souffert de sévères blessures au
bras gauche, au ventre, à la cuisse, au visage et à un sein.
On m’a expliqué que cette bombe
était au plastic, comme celle qu’utilisaient les organisations
contre-révolutionnaires financées par la CIA.
L’attentat était d’autant plus
criminel que l’envoi avait été contaminé par des micro-organismes, si bien que
plusieurs jours après avoir été hospitalisée, une infection s’est déclarée dont
on n’a pu déceler l’origine qu’après avoir analysé les restes de l’engin et mon
propre organisme.
Le peuple péruvien a été très
solidaire, pas pour moi directement, mais pour la Révolution cubaine, face à ce
terrorisme utilisé par le gouvernement nord-américain sous toutes les formes
possibles. Dans ce cas, ç’avait été des colis piégées. Et ç’a été moi, mais
ç’aurait pu être n’importe qui d’autre, et même des enfants parce que c’est
passé le soir, à une heure où il y avait normalement des enfants dans notre
ambassade.
Je dénonce le gouvernement des
Etats-Unis pour les dommages causés à ma personne, pour la douleur infligée à
mes proches. Mais c’est aussi une preuve que l’impérialisme ne nous laisse pas
en paix, qu’il ne sait pas comment nous éliminer.
Grâce aux soins des médecins tant
péruviens que cubains – parce que le docteur Alvarez Cambras est venu tout de
suite au Pérou – j’ai pu me rétablir. Je suis rentrée à Cuba, je me suis
rétablie et j’ai voulu retourner dans notre ambassade au bout d’un certain
temps, non pas pour me mesurer à moi-même, mais pour ajouter ma petite pierre
et prouver à ces gens-là qui nous agressent tant qu’ils ne peuvent rien contre
nous et que nous sommes toujours debout, même s’ils recourent au terrorisme.
Randy Alonso. Le 6 octobre 1976 constitue une marque d’infamie pour les
gouvernements des Etats-Unis et une journée de souvenir indélébile pour le
peuple cubain qui rappelle toujours avec beaucoup de douleur et d’indignation
ce crime horrible contre un avion de passagers. Lázaro Barredo nous rappelle
les faits.
Lázaro Barredo. Le 6
août dernier, nous l’avons appris, le président des Etats-Unis, George W. Bush
a reçu un rapport d’une page et demie sur les actes terroristes qui se
préparaient contre les USA, mais il n’en a pas tenu compte, il n’a pas pris les
mesures pertinentes pour éviter ce qui est arrivé le 11 septembre 2001. La
preuve est donc faite, comme le disait un journal des plus conservateurs, The New York Post, que Bush savait.
Eh !
bien, j’ai à mon tour la conviction profonde – et il y a des faits qui le
prouvent – que des agences du gouvernement nord-américain savaient ce qui se
préparait voilà vingt-cinq ans, cet attentat en préparation contre un avion
cubain qui a eu lieu finalement le 6 octobre 1976.
Nous avons
déjà parlé à d’autres tables rondes des extraits d’une conversation qu’a eue
Fidel avec le journaliste Tim Golden, du New
York Times, le 12 août 1998, presque deux mois après que des fonctionnaires
du FBI sont venus à La Havane où nos autorités leur ont remis toute une série
d’informations sur les activités terroristes commises par des Cubano-Américains
vivant aux USA. Cette interview n’a jamais été publiée par le journal
new-yorkais. Et Fidel demande au journaliste qui donc lui avait dit que la CIA
avait décidé de rompre ses relations avec Posada Carriles en février 1976. Le
journal avait en effet écrit, quelques mois avant, dans un reportage, qu’à
l’époque les relations de Posada avec les autorités nord-américaines étaient
brusquement entrées en crise à la suite d’un rapport secret selon lequel
celui-ci pouvait être impliqué dans la contrebande de cocaïne entre la Colombie
et Miami à travers le Venezuela ainsi que dans la falsification de dollars
toujours au Venezuela. Le journal avait donc affirmé que Posada Carriles, un
des auteurs intellectuels du sabotage de l’avion, n’était plus lié à la CIA
depuis février 1976. C’était en tout cas la conclusion qu’on tirait de cet
article du New York Times.
Et Fidel
rappelle dans cette interview que des documents déclassifiés des archives de la
sécurité nationale à Washington corroborent ce que Posada insinue, à savoir que
le FBI et la CIA connaissaient en détail ses opérations contre Cuba dès le
début des années 60. Selon ces documents, G. Robert Blakey, consultant
principal de la Commission spéciale de la Chambre au sujet des tentatives
d’assassinat en 1978, affirme avoir
révisé de nombreux dossiers secrets du FBI concernant les Cubains
anticastristes depuis 1978 et constaté de nombreux cas où le FBI avait fermé
les yeux sur d’éventuelles violations de la loi de leur part.
Fidel aborde
en détail - l’interview est très longue
– tous ces faits et indique qu’il lui semble curieux qu’on dise que la CIA
avait rompu toutes relations avec Posada Carriles en février 1976, tout en
reconnaissant que celui-ci continuait de lui fournir « bénévolement »
des informations ; ainsi, Posada
avertit que Bosch et un autre exilé cubain conspiraient contre le neveu de
l’ancien président Allende ; en juin, Posada appelle de nouveau la CIA au
sujet de plans éventuels de l’exil de faire exploser – en juin 1976 – l’avion
de Cubana de Aviación au départ du Panama.
Fidel dit au
journaliste : « C’est un autre document qui nous intéresse beaucoup,
parce que si ça figure, où est-ce que ça figure ? C’est important, ça, où
ça figure et pourquoi ça figure que les liens se terminent en février 1976.
cette date-là, quel hasard – et je t’expliquerai ensuite pourquoi – les
liens se terminent et pourtant il continue de faire passer des
informations. »
Fidel réitère
que Posada a de nouveau appelé la CIA au sujet de plans éventuels de l’exil de
faire exploser un avion de Cubana au départ de Panama.
Il dit au
journaliste Tim Golden : « Il a parlé dans ses déclarations que vous
devez avoir enregistrées de liens permanents avec l’Agence de renseignements
des Etats-Unis et d’une amitié intime avec au moins deux officiers d’active du
FBI, et ce rapport-ci dit qu’il maintenait la communication, qu’il informait de
tout ça. »
Fidel rappelle
la création du CORU, de ce Commandement des organisations révolutionnaires
unies, en juin 1976 par Orlando Bosch et l’appel à intensifier les activités
terroristes.
Fidel dit au
journaliste Tim Golden :
Tu
peux donc voir la chronologie : en février, la CIA rompt ses contacts avec
Posada. Censément. Et je te disais : quel hasard ! en juin, Posada
informe la CIA d’éventuels plans de l’exil de faire exploser en plein vol un
avion de Cubana au départ de Panama, et c’est justement ce même mois que toutes
ces organisations créent le CORU.
En août 1976, un journal
contre-révolutionnaire de Miami publie un prétendu rapport de guerre qui
conclut sur cette phrase : « Nous attaquerons très bientôt des avions
en vol. » Ce sont de curieuses coïncidences, n’est-ce pas : juin,
création du CORU ; et ce même mois, selon ces documents que nous tentons
d’identifier, Posada informe la CIA de plans éventuels de l’exil de faire
exploser l’avion de Cubana au départ de Panama. Et en août, cette déclaration
de guerre de Bosch et compagnie. Le 6 octobre, quatre mois après
l’avertissement selon les documents, l’avion explose en vol. Personne ne fait
rien pour éviter le sabotage de l’avion, alors qu’une déclaration de guerre a
été publiée aux Etats-Unis : « Nous attaquerons très bientôt des
avions en vol. »
J’ai
ici un tout petit résumé d’une longue audience de la sous-commission judiciaire
du Sénat des Etats-Unis, de mai 1976, portant sur le terrorisme dans la région
de Miami. Avec des interventions de fonctionnaires de la CIA, du FBI et
d’autres institutions nord-américaines. Il y est dit que Bosch est le
terroriste le plus actif – mai 1976, je le répète – qu’il annonce la pose de
bombes et d’autres attaques contre ceux qui sympathisent d’une façon ou d’une
autre avec Castro, où qu’ils soient. Tout ça se dit à la sous-commission
judiciaire du Sénat, en mai 1976 !
Les sénateurs écoutent aussi une interview donnée par Bosch à une radio
de Miami, WQVA, où il affirme : « Nous envahirons les ambassades cubaines
et nous assassinerons les diplomates cubain, nous détournerons les avions
cubains jusqu’à ce que Castro libère certains des prisonniers politiques et se
décide à négocier avec nous. » Tout ceci se dit et s’entend à cette
audience du Sénat, au cours de laquelle des sources fédérales affirment :
« Bosch est largement financé par quelques riches exilés des Etats-Unis
qui soutiennent ses tentatives extrémistes », tandis qu’une source du
département de la Justice
affirme : « La politique des Etats-Unis par rapport à Bosch a changé,
parce que le gouvernement ne veut pas dépenser de l’argent à l’extrader, à la
juger et à l’emprisonner. »
Or,
le département de la Justice avait émis un mandat d’arrêt contre Bosch, en
juin, pour avoir violé sa liberté sous caution à Miami.
Je
voulais signaler ces points, parce qu’ils me semblent très importants.
Je
ne vais pas parler de Posada Carriles, parce que nous avons évoqué son histoire
à de nombreuses tables rondes : la façon dont il s’est évadé avec le
soutien de la Fondation nationale cubano-américaine, son séjour à la base
aérienne salvadorienne d’Ilopango, justement pour soutenir l’opération
Iran-Contra de l’administration Reagan, avec le soutien de la CIA et de
fonctionnaires de plusieurs agences gouvernementales. Mais je tiens en tout cas
à rappeler le témoignage déposé par le commissaire de police de
Trinité-et-Tobago, Denis Elliot Ramward, devant le tribunal vénézuélien à
l’époque : il informe que les deux Vénézuéliens auteurs directs de
l’attentat, Hernán Ricardo et Lugo, ont dit être des agents de la CIA qui
travaillaient alors – nous parlons d’octobre 1976 – pour Luis Posada Carriles
Bosh
est libéré en 1988 au Venezuela. Et le plus étonnant, c’est que, malgré
l’existence d’un mandat d’arrêt contre lui aux USA, il décide d’y rentrer au
lieu de rester au Venezuela ! Il
préfère se soumettre à un procès. En fait, il est soutenu à l’époque par
l’ambassadeur nord-américain à Caracas, Otto Reich, qui a reçu des instructions
de ses amis de la Fondation nationale cubano-américaine de l’aider. Tout comme,
aujourd’hui, des individus soutenus par cette même Fondation travaille à la
libération du terroriste Luis Posada Carriles au Panama. Le même
scénario !
Bosch
arrive donc aux USA en 1988, et le département de la Justice tente de le
déporter. Trente et un pays refusent de l’accueillir parce que c’est un danger
public – le FIB le taxe, rappelons-le, du terroriste numéro un de Miami. C’est
alors que ses amis lancent l’opération, conçue dès sa sortie de prison au Venezuela,
consistant à plaider auprès du président George Bush père son impunité. Ce sont
la représentante anticubaine Ileana Ros, feu Mas Canosa, le sénateur Connie
Mack, l’ambassadeur Otto Reich et Mgr Agustín Roman, évêque coadjuteur de
Miami, qui intercèdent pour la libération de cet individu responsable,
rappelons-le, de plus de trois cents actes de terrorisme contre vingt-cinq
pays, Cuba comprise.
Bosch
est d’accord avec les quatorze conditions mises à sa liberté sous caution, dont
l’abandon du terrorisme. Pourtant, à peine libéré, dans une conférence de
presse, il taxe l’arrangement avec le département de la Justice de comédie
ridicule, affirmant : « Ils ont acheté la chaîne, mais pas
l’ours. » Et il repart sur le sentier de la guerre, en toute impunité, avec
la complicité des autorités. Ainsi, en octobre 1991, au stade Bobby Madura, il
appelle de nouveau à reprendre les sabotages, à expédier des armes et des
explosifs dans notre pays.
Après
avoir été acquitté, il avait justifié intellectuellement le sabotage de l’avion
cubain. Et il continue de présider un parti politique autorisé par les
autorités nord-américaines à Miami, le Parti protagoniste du peuple, qui mène
des activités terroristes. Voici les documents, les lettres publiques publiés
dans les journaux de Miami, où tout le monde connaît ses activités criminelles.
Finalement,
voici ce livre 40 años de lucha, 40 años
de razón, où il justifie toutes ses atrocités, dont une version si
répugnante de l’assassinat de soixante-treize personnes innocentes que je
préfère, par décence devant les caméras de télévision, ne pas la qualifier.
C’est cette petite page intitulée : « Les sportifs dans l’avion de la
Barbade », que je vais vous lire rapidement :
Au
début d’octobre 1976, six escrimeuses castristes se sont présentées à Caracas
pour participer à un tournoi. Pour éviter leur désertion, elles étaient
accompagnées de vingt et un membres du G-2 ou du DGI cubain. Les six
escrimeuses ont remporté les six médailles d’or.
Après
le tournoi, un reporter sportif leur a demandé : « Cuba s’est
toujours distinguée en base-ball et en boxe, mais jamais en escrime. Comment
expliquez-vous ce succès ? » L’une des escrimeuses lui a
répondu : « Ce succès se soit à notre commandant en chef Fidel Castro
qui s’est toujours beaucoup préoccupe de l’éducation, de la médecine et des
sports. Nous nous sentons très fières de rapporter à Fidel ces médailles que
nous avons gagnées ici. »
Une
fois le tournoi conclu, les six sportives et les vingt et un membre du G-2
cubain, ont décollé de Caracas pour Trinité, là, elles ont pris l’avion qui
revenait d’Angola et qui est tombé ensuite le 6 octobre 1976 au départ de la
Barbade.
Apparemment,
on a appliqué aux six escrimeuses et aux vingt et un membres du G-2 cette
sentence selon laquelle « quiconque sort de Cuba conquérir des gloires
pour la tyrannie doit courir les mêmes risques que les hommes et les hommes qui
la combattent ».
Immonde.
Je préfère me retenir.
Randy Alonso. Mais qui dit bien qui est ce criminel protégé par les
Etats-Unis, formé par les Etats-Unis.
Mais
il existe d’autres témoignages. Entre autres, ceux de deux chauffeurs de taxi
barbadiens qui ont dit que les deux Vénézuéliens engagés par Posada Carriles et
Orlando Bosch pour exécuter le crime et descendus à l’aéroport de la Barbade,
se sont rendus aussitôt à l’ambassade des Etats-Unis, puis s’y sont rendus à
deux autres reprises dans la journée, ce qui donne bien une idée de liens réels
existant entre les autorités nord-américaines et cet attentat atroce du 6
octobre 1976.
L’horreur,
les deux explosions, l’incendie dans l’avion, les cris d’épouvante, le
désespoir des pilotes pour tenter au moins d’amerrir, les pleurs de tout un
peuple pour la mort de ces soixante-treize personnes, dont cinquante-sept
Cubains, entre autres les vingt-quatre membres de l’équipe nationale d’escrime
junior qui venait de remporter toutes les médailles d’or du championnat
centraméricain et caribéen, dont onze jeunes Guyanais, entre autres six choisis
pour faire des études de médecine à Cuba, et Nord-Coréens, tous morts dans ce
criminel sabotage.
Ecoutons
le témoignage douloureux d’une famille victime de cet acte de terrorisme, la
femme et les enfants du régulateur de Cubana de Aviación, Carlos Alberto
Cremata Trujillo. Iraida Alberti et Carlos Alberto Cremata vivent encore
aujourd’hui cette absence et réclament justice.
Iraida Alberti. Comme être humain, tout
ce qui implique une injustice dans le monde me concerne. J’ai pleuré ici des
mères sans enfants, des fils sans parents, toute une série de choses. Sur le
plan personnel, je pense même que le peuple nord-américain est victime de toute
cette grande injustice qu’il engendre.
Dans
mon cas personnel, on a tué mon compagnon, mon fiancé de vingt ans, le père de
mes enfants. Et personne ne peut me le payer, personne ne pourra jamais me
l’indemniser, parce qu’on a mutilé ma famille, une famille absolument heureuse.
Quand
je pense à cet avion, je pense à tous les gens qu’il emportait : les deux
équipages – je connaissais une bonne partie de ses compagnons de travail, je savais comment ils disaient, combien ils
étaient blagueurs, joyeux – mais aussi les jeunes gens qui venaient étudier à
Cuba, des Guyanais, et puis aussi les Nord-Coréens, et puis aussi tous ces
jeunes, presque des enfants, avec leurs médailles.
Ils
ont dû chanter l’hymne national, peut-être même plus d’une fois, peut-être au
moment où la bombe a explosé, et je ne peux pas me l’ôter de l’idée une seule
seconde.
Ils
ont tué des athlètes, et nous continuons d’en former ; ils ont tué des
ouvriers, des travailleurs, des gens heureux, et nous continuons d’en former.
Ils ont voulu faire exploser la joie, et nous continuer d’engendrer la joie.
Carlos A. Cremata. Tout petit, comme
tant d’autres Cubains, je suis allé sur les épaules de mon papa défiler aux
fêtes des travailleurs, avec toute ma famille, heureux, un point parmi des
milliers de compatriotes qui allaient au rendez-vous avec Martí, avec la patrie
et avec Fidel. Et soudain, voilà vingt-cinq octobre, j’ai été surpris par un
coup terrible. J’avais seize ans et un nuage de larmes, je ne comprenais pas
pourquoi j’étais sur une tribune, parmi tant de tristesse familiale, apprenant
curieusement que j’étais l’enfant d’un martyr.
Pourquoi tant de mères pleuraient-elles l’espoir mort, des champions
presque enfants. Et je me rappelle que mon adolescence ne pouvait pas
comprendre. Mon père n’était pas un soldat de métier dans une bataille armée,
c’était un travailleur du commun, un être absolument innocent, la personne la
plus allègre et le plus amoureuse de la vie que j’aie jamais connue, et, bien
entendu, je sais que je ne fais qu’amplifier maintenant les sentiments de tous
les proches de nos morts. Et alors je me suis senti ému et encore plus fortifié
par cette voix inoubliable du père majeur qui faisait trembler l’injustice
tandis que son peuple, énergique et viril, pleurait. Ensuite, nous ne pouvons
pas oublier à quel point la douleur sincère de millions de personnes nous a
réconfortés.
Voilà
pourquoi je peux dire, aux côtés de nombreuses personnes ici, que nous savons
très bien ce que souffre le peuple nord-américain depuis le 11 septembre, mais
avec une différence : nous le souffrons comme parents depuis vingt-cinq
ans, et comme peuple depuis quarante-deux ; et les assassins, avoués et
passés aux aveux, continuent de vivre dans l’impunité et se vantent même, au
sein même du peuple nord-américain, de leur ignoble condition de terroristes,
de faiseurs d’orphelins, d’endeuilleurs d’âmes, parce que s’il y a quelque
chose de sûr, même pour les assassins, c’est que rien n’a empêché ni ne va
empêcher que nous continuions de faire, avant et après, ce que nous faisaient
nos êtres chers : aimer, bâtir et être libres.
(Video sur les derniers moments de
l’avion : « Ici, Seawell, Cubana 455. Nous demandons réatterrissage
immédiat, immédiat… !
-
C’est pire… Colle-toi àl’eau, Fello,
colle-toi à l’eau !)
Randy Alonso. Un acte terroriste que notre peuple n’oubliera jamais et qui
lui sert de stimulant dans son combat contre les mensonges de l’empire.
L’agression des années 70 a été couronnée par ce crime horrible de la Barbade.
Et les actions terroristes se sont poursuivies dans les années 80.
Par
suite de l’utilisation par les Etats-Unis de la migration comme arme
d’agression contre notre pays, fruit à son tour de la loi d’Ajustement cubain,
Cuba a dû faire face, dans les années 60 et 70, à d’innombrables tentatives de
piraterie aérienne et maritime, ainsi qu’aux attaques contre-révolutionnaires
contre des bateaux cubains. Renato Recio nous en fait un bilan.
Renato Recio. Quand vous
parlez de détournement de bateaux ou d’avions d’ici sur les Etats-Unis, bien
des gens pensent qu’il s’agit d’une action, d’une agression purement politique.
Mais quand vous analysez un peu mieux, vous vous rendez compte qu’on trouve derrière,
une fois de plus, du terrorisme pur et dur, parce que cette action déstabilise aussi l’économie et porte aussi
atteinte aux familles.
Ainsi,
quand on sait que près de 90 p. 100 des bateaux piratés de 1959 à 1979 étaient
de pêche, vous pensez aussitôt dommages économiques. Certes. Mais que se
passait-il au sein des familles de pêcheurs, quand le père part tous les
matins, ou le mari, ou le frère, avec cette possibilité que le bateau soit
détourné ou attaqué, et l’équipage soit blessé ou tué, ce qui est arrivé dans
un certain nombre de cas ? Cela ne visait-il pas à créer de la crainte, de
la terreur, de la panique ? Pourquoi ? Dans un but politique,
assurément, pour que les gens ne se sentent pas sûres dans leur propre pays,
pour qu’ils aspirent à la paix à tout prix, pour qu’ils renoncent à leurs
principes révolutionnaires, etc. Et ça, c’est ni plus ni moins que du
terrorisme. Et alors vous vous rendez compte qu’il n’y a rien – ou quasiment
rien, pour ne pas être absolu – dans la politique des administrations
nord-américaines envers Cuba qui ne soit pas du terrorisme. Un peu à l’image du
roi Midas, tout ce qu’elles touchent se convertit en terrorisme.
Sur ce
point des bateaux, je vais me borner à 1959-1979, parce qu’ensuite vient une
autre étape que nous pourrions aborder après.
Dès
les premiers mois de 1959, on enregistre des détournements de bateaux et des
victimes. En 1961, des cinq bateaux détournés, quatre sont des bateaux de
pêche. En 1962, dix, tous de pêche. En 1963, treize, dont dix de pêche. En
1964, douze. De 1965 à 1967, treize. Tous les ans, donc, des dizaines de
bateaux. Dont deux ou trois seulement ont été récupérés. Certains ont même été
vendus effrontément aux enchères à Miami ! Vous piratez un bateau cubain
et une fois là-bas, vous le vendez aux enchères pour obtenir de l’argent en
plus…
Evidemment,
les pirates savaient qu’ils ne risquaient rien, qu’ils étaient assurés de
l’impunité absolue. Même si vous tuiez pour ça ou causiez des blessés. On vous
y recevait en héros et on vous offrait toutes les facilités du monde ! En
plus, il existe des radios contre-révolutionnaires, et même celle du gouvernement des Etats-Unis, qui vous présentent
en héros, qui stimulent les autres à en faire autant, qui stimulent le crime et
donc la terreur.
Le
crime, oui, parce qu’il y a des morts à la clef. Un petit résumé très succinct.
En
octobre 1959, un bateau est piraté de l’embarcadère du Biltmore, à la plage de
Jaimanitas. En 1960, le soldat Raúl Pupo Morales est tué et le soldat Gilberto
Sánchez Castelló est blessé durant le piratage du yacht Chelito III. Et je pourrais continuer la liste…
En
avril 1962, un contre-révolutionnaire détourne à Batabanó le langoustier Olguita, provquant la mort par noyage de
María Cabrera García.
En
juin 1963, un groupe de mercenaires en provenance des USA – une action qui
deviendra ensuite classique – à bord d’une vedette armée de mitrailleuses et
d’un canon de 30 mm débarque sur le caye Blanco, à quinze kilomètres de la baie
de Cárdenas et attaque par surprise une patrouille de quatre marins,
assassinant Jesús Fernández Rodríguez, enlevant Daniel Expósito Torres et
Calimerio Ramírez Jérez, abandonnant dans sa fuite de nombreuses armes de
fabrication nord-américaine. Dans sa fuite, le commando s’empare d’un bateau de
pêche, le Joven Elvira, dont il
oblige l’équipage à le conduire au caye Maratón, où il débarque.
Il est
quasiment impossible que ce genre de choses puisse se passer à l’insu des
garde-frontières nord-américains et des autorités côtières de la Floride. Il ne
fait aucun doute que ces actions sont encouragées.
En
1964, tentative de détournement d’un bateau de pêche, Vivero, dan le pas de Dimas, pres de Mantua, à Pinar del Río :
Juan Fernández Tul est assassiné, et Antonio Marín Rodríguez Calá, blessé.
En
1964 encore, détournement du bateau Tres
Hermanos, à l’île des Pins, avec assassinat du pêcheur Rafael Cabrera
Mustelier.
Je ne
vais pas insister sur les cas de ces années-là, mais davantage sur la modalité
des attaques par des vedettes armées et pilotées par des contre-révolutionnaires
vivant à Miami.
En
avril 1968, un Lambda de l’école de mer est attaqué par un bateau-pirate armé,
au caye Cruz, au nord de Cárdenas.
En mai
1970, deux bateaux de pêche, Plataforma I
et II sont attaqués et les onze
pêcheurs sont conduits sur un îlot des Bahamas et abandonnés là durant une
semaine, sans aliments, dans des conditions très précaires.
En
octobre 1973, un autre bateau de pêche est attaqué, piraté, et Roberto Torna
Mirabal trouve la mort.
Le 6
avril 1976, Bienvenido Maurís est tué dans une attaque pirate.
En
1977, le bateau de pêche Río Jobabo est
coulé et le Río Damují est sévèrement
endommagé dans le port du Callao, au Pérou.
En
1980, un pêcheur est assassiné quand les bateaux FC-165 et FC-154 sont
attaqués à Bahía de Samá, à Holguín, un lieu que la contre-révolution a semé de
crimes et de terreur.
Je
n’ai fait qu’une sélection très superficielle. Mais ce sont des dizaines et des
dizaines de cas, de très nombreuses victimes.
Randy Alonso. Il faut
rappeler aussi ces batailles du peuple cubain pour le retour de pêcheur
séquestrés, ce que nous avons évoqué lors de l’enlèvement du petit Elián et qui
a marqué l’histoire de René González Sehwerert quand il était enfant, au point
qu’il a consacré un de ses poèmes à ces pêcheurs séquestrés. Juste afin de
rappeler que la bataille pour Elián n’a pas été la première que le peuple
cubain a dû mener pour faire rentrer ses enfants.
Renato Recio. Et c’est en bonne logique que la population havanaise s’est
concentrée ce jour-là devant l’ancienne ambassade des Etats-Unis, parce que
c’était ce pays qui était responsable de ces actions. Ce qui n’est pas nouveau.
C’était une espèce d’antécédent ce qui
serait ensuite les marches et les concentrations.
J’ai
parlé des bateaux. Mais il y avait aussi les avions. En 1959, quand ce
détournement d’avions cubains a commencé, c’était en quelque sorte une
nouveauté en matière de terrorisme, créée justement contre notre pays.
Le
premier cas date d’avril 1959, quand un avion de passagers DC-3 qui volait
entre La Havane et l’île des Pins a été détourné par des anciens policiers de
la tyrannie. C’est comme ça que cette modalité a commencé, avec tous les
risques qu’elle impliquait pour les passagers.
De
1959 à 2001, cinquante et un avions cubains ont été détournés et presque tous
sans exception sur les Etats-Unis. Et dans l’immense majorité des cas, les
appareils n’ont jamais été rendus à Cuba. Des pilotes, des gardiens, des
passagers, un bon nombre de personnes ont été assassinés ou blessés durant ces
tentatives, et plusieurs appareils ont été détruits ou gravement endommagés
dans des tentatives frustrées, parce qu’il y a eu beaucoup d’actions de défense
héroïques, il faut le reconnaître, comme dans le cas des bateaux, de la part
des travailleurs directement impliqués de l’endroit et des travailleur en
général qui l’ont fait souvent au risque de leur vie.
Donc,
un total de cinquante et un avions piratés. Quelles en ont été les
conséquences ? Celles du proverbe bien connu : qui sème le vent
récolte la tempête. En effet, cette épidémie de détournements dans le sens
Cuba-USA a fini par faire boomerang là-bas, où ce genre d’actions a commencé à
apparaître, pas toujours pour des motivations politiques concrètes, comme
c’était le cas pour Cuba – renverser la Révolution – mais pour bien d’autres
raisons, qui ne manquent pas, on le sait, dans une société comme la
nord-américaine : des déséquilibrés, des aventuriers, des droit commun se
sont mis à détourner des avions, en utilisant un couteau, voire une bouteille
d’eau qu’ils faisaient passer pour de l’essence, avec n’importe quoi. Et ils détournaient des avions en direction
de Cuba.
Et ce,
jusqu’à, essentiellement, 1973, année où Cuba a proposé à l’administration
nord-américaine de souscrire un accord contre la piraterie aérienne et
maritime, qui a été acceptée par l’autre partie et signé le 15 février 1973. Ce
qui a entraîné une certaine diminution des actes de ce genre dans le cas des
avions. Moins dans celui des bateaux de pêche et autres, parce qu’ici, la
modalité a changé : ce n’était plus des tentatives de détournement, mais
tout simplement des attaques de vedettes rapides visant à détruire les
embarcations et à tuer, le cas échéant, les équipages.
Dans
le cas des avions, de septembre 1968 à décembre 1984, on a enregistré soixante
et onze détournements d’avions des Etats-Unis vers Cuba – soit plus que dans le
sens contraire – la différence étant qu’ici, les pirates de l’air,
contrairement à ce qui passait aux USA, étaient bel et bien jugés et
incarcérés. Après ces accords, les peines avaient d’ailleurs été allongées de
dix à vingt ans.
Et
cela fait dix-huit ans qu’aucun avion n’a été piraté des Etats-Unis vers Cuba.
Je crois que ce sont là des chiffres éloquents.
Randy Alonso. Oui, nous avons cité à nos tables rondes
bien des cas de pirates de l’air cubains qui n’ont subi aucune peine aux USA.
Renato Recio. Tout à fait
exact. On ne connaît aucun cas de pirate de l’air cubain jugé aux USA. Ce qui
est tout à fait symptomatique de l’attitude laxiste des gouvernements
nord-américains face au phénomène du terrorisme quand il leur convient. Et
démontre leur immoralité foncière. Et, par contraste, l’attitude du
gouvernement cubain.
En
tout cas, cet accord a été constructif, même si une partie l’appliquait et
l’autre pas du tout. Ce qui prouve, je le répète, l’hypocrisie foncière des
administrations nord-américaines face au terrorisme.
Fidel avait déclaré pour le
vingt-cinquième anniversaire du sabotage de la Barbade : « Est-ce
tant demandé que de réclamer que justice soit faite contre les professionnels
du terrorisme qui, aux Etats-Unis mêmes, ont continué de recourir à leurs
méthodes méprisables contre notre peuple pour semer la terreur et détruire
l’économie d’un pays en butte à un harcèlement et à un blocus, mais d’où n’est
pourtant jamais sorti un seul engin terroriste, voire un gramme d’explosif,
afin de le faire éclater aux Etats-Unis ? Pas un seul Nord-Américain n’a
jamais été tué ni blessé, pas une seule installation, grande ou petite, de ce
riche et immense territoire n’a jamais souffert le moindre dommage matériel par
suite d’une action en provenance de Cuba ! »
Quiconque
veut savoir si l’inscription de Cuba sur la fameuse liste des pays terroristes
et si l’accusation des USA sont justes n’a qu’à examiner ces chiffres que j’ai
donnés !
L’administration
nord-américaine ne peut présente aucune preuve, absolument aucune pour étayer
ses affirmations. Bien mieux, elle signe un accord, mais s’empresse de le
violer ou de l’interpréter à sa manière ou de l’utiliser à sa guise comme dans
tant d’autres domaines. En revanche, Cuba l’applique à la lettre, parce que
Cuba ne joue pas avec la vie des gens,
avec le destin des familles : Cuba agit moralement, s’en tient à la
vérité, aux sentiments humains, toutes choses que les gouvernements qui
agissent contre elle semblent avoir définitivement perdues, comme le démontrent
aussi les témoignages que nous avons retransmis ces jours-ci.
Randy Alonso. Une autre
preuve de la façon dont les gouvernements des deux pays font face aux actions
terroristes, c’est que c’est Cuba qui a proposé aux USA de souscrire cet accord
dont tu as parlé. Cuba a imposé de lourdes peines aux pirates aériens. Mais une
fois l’accord annulé après le crime de la Barbade, Cuba a extradé les pirates
aux USA pour qu’ils soient jugés là-bas, ce que les autorités nord-américaines
n’ont jamais fait.
Renata Recio. Le plus
intéressant, c’est que Cuba avait averti qu’elle allait le faire. Pour éviter
que toute personne poursuivie injustement aux USA détourne un avion dans l’idée
de purger sa peine ici et éviter la prison là-bas.
Randy Alonso. Cuba l’a averti et l’a fait. On attend toujours que les USA
jugent les pirates aériens et maritimes cubains qui ont commis des crimes, au
lieu de les recevoir à bras ouverts !
Oui,
il y aurait bien des choses à dire sur cette histoire sinistre du terrorisme
nord-américain contre Cuba. Et cette administration ose pourtant se berner du
monde en proclamant que Cuba est un Etat « bioterroriste ! Oui,
il nous faut dénoncer avec la plus grande énergie la guerre biologique que les
USA ont bel et bien menée, eux, contre notre pays pendant plus de quarante ans,
ce dont nous parleront demain Arleen et Ovies.
Compatriotes :
Alors
que l’administration nord-américaine répand des mensonges grossiers, des trucs
fallacieux, des contre-vérités patentes qu’elles présentent comme des arguments
pour justifier son agression criminelle contre notre peuple, celui-ci se dresse
de toutes ses forces et démontre par des preuves irréfutables qui sont les
vrais terroristes !
Je
voudrais conclure cette Table ronde sur des extraits du discours de Fidel pour
le vingt-cinquième anniversaire du crime de la Barbade :
Nos frères morts à la Barbade ne
sont plus seulement des martyrs : ils sont des symboles dans la lutte
contre le terrorisme, ils se dressent aujourd’hui tels des géants dans cette
bataille historique qui vise à extirper de la Terre le terrorisme, cette
méthode répugnante qui a causé tant de dommages et tant fait souffrir leurs
être les plus chers et leur peuple, un peuple qui a d’ores et déjà écrit des
pages inédites dans les annales de sa patrie et de son époque.
Le sacrifice de leurs vies n’a
pas été vain. L’injustice commence à trembler devant un peuple énergique et
viril qui a pleuré d’indignation et de douleur voilà vingt-cinq ans, et qui
pleure aujourd’hui d’émotion, d’espoir et de fierté en les rappelant.
Au
nom des martyrs de la Barbade :
Le
socialisme ou la mort !
La
patrie ou la mort !
Nous
vaincrons !
Bonsoir
à tous.