ARTICLE DU COMPAÑERO FIDEL
SI LES IDÉES JUSTES NE
TRIOMPHENT PAS, NOUS ALLONS DROIT À
La société mondiale n’a pas connu de trêve ces
dernières années, surtout depuis que
l’Union européenne a estimé, après s’être placée inconditionnellement sous la
férule rigide des États-Unis, qu’il était temps de régler son compte à ce qu’il
restait de deux grandes nations qui, s’inspirant des idées de Marx, avaient
accompli l’exploit de mettre fin à l’ordre colonial et impérialiste imposé au
monde par l’Europe et les États-Unis.
La révolution dans l’ancienne Russie ébranla le
monde.
La première grande révolution socialiste devait
censément avoir lieu dans les pays les plus industrialisés d’Europe, dont
l’Angleterre,
Le plus grand exploit du nouvel État fut de créer une
Union capable de grouper ses ressources et de partager sa technologie avec un
grand nombre de nations faibles et moins développées, victimes inévitables de
l’exploitation coloniale. Le monde actuel n’aurait-il pas besoin d’une vraie
société de nations qui respecterait les droits, les convictions, la culture,
les technologies et les ressources d’endroits de la planète que tant d’êtres humains aiment visiter et
connaître ? Et ne serait-il pas bien plus juste que tous les gens qui
communiquent entre eux en une fraction de seconde d’un bout à l’autre de la
planète voient en autrui un ami ou un frère, au lieu d’un ennemi prêt à
l’exterminer grâce aux moyens que la connaissance humaine a été capable de
mettre au point ?
C’est parce que je crois que les êtres humains sont
capables de viser de tels objectifs que je pense que nul n’a le droit de
détruire des villes, d’assassiner des enfants, de réduire des logements en
poudre, de semer partout la terreur, la faim et la mort. En quel endroit du
monde ces méfaits pourraient-ils se justifier ? Si, à la fin des massacres
que causa la seconde guerre mondiale, une grande partie de l’humanité mit ses
espoirs dans les Nations Unies, c’est parce qu’elle imaginait que celles-ci
viseraient ces objectifs, même s’ils n’étaient pas encore clairement définis. On
constate aujourd’hui qu’il s’est agi d’une duperie colossale puisque certains,
pour régler différents problèmes, insinuent qu’ils pourraient recourir à des
armes qui signifieraient la fin de l’existence humaine.
Des individus sans scrupules - ils abondent
apparemment –se vantent de leur disposition à mourir, mais surtout à tuer pour
défendre des privilèges honteux.
On ne peut que s’étonner des déclarations de
porte-parole européens de l’OTAN qui s’expriment dans le style des SS nazis. Et
qui portent même parfois des uniformes noirs en plein été.
Nous avons un adversaire plutôt puissant : notre
voisin le plus proche, les États-Unis. Nous l’avons averti que nous
résisterions à son blocus, même s’il pouvait coûter très cher à notre
pays. Les autres gouvernements du
sous-continent, sauf rare exception,
s’étaient alignés sur l’Empire puissant et influent. Il n’est rien de
pire que de capituler devant un ennemi qui vous agresse sans rime ni raison. Ce
n’était pas mon sentiment à moi, mais celui d’un peuple petit et isolé, enfant
d’une nation qui avait été, dès le début du siècle, la propriété non seulement
politique mais aussi économique des États-Unis. L’Espagne nous avait cédé à ce
pays, au terme de presque cinq siècles de colonisation, bien que notre peuple
eût essuyé de très lourdes pertes humaines et matérielles durant ses guerres
d’Indépendance.
L’Empire se réserva le droit d’intervenir
militairement à Cuba en vertu d’un amendement constitutionnel qu’il imposa
perfidement à une Assemblée constituante impuissante et incapable de lui
résister. Non contents de posséder presque tout à Cuba – des terres en
abondance, les meilleures sucreries, les mines, les banques – et d’avoir
jusqu’à la prérogative de battre monnaie, il nous interdisait de produire
suffisamment de céréales pour alimenter la population.
Quand l’URSS se désintégra et que disparut aussi le
camp socialiste, nous avons continué de résister et poursuivi notre marche indépendante d’un même élan, État
et peuple révolutionnaires confondus.
Je ne tiens pas toutefois à dramatiser cette modeste
histoire. Je préfère plutôt souligner que la politique de l’Empire est si
dramatiquement ridicule qu’elle ne tardera pas à passer dans les oubliettes de
l’Histoire. L’Empire hitlérien, ivre de convoitise, est passé à l’Histoire sans
plus de gloire que le soutien offert aux gouvernements bourgeois et agressifs
de l’OTAN, ce qui en fait la risée de l’Europe et du monde, avec leur euro qui,
tout comme le dollar, ne tardera pas à devenir un chiffon de papier et qui est
appelé à dépendre du yuan ainsi que du rouble, compte tenu de la poussée
économique de
Le symbole actuel de la politique impériale, c’est le
cynisme.
John McCain, on le sait, a
été le candidat républicain aux élections de 2008. Ce personnage est apparu
sous les feux des projecteurs quand l’avion qu’il pilotait fut abattu lors de
bombardements sur Hanoï, une ville densément peuplée. Un missile vietnamien
l’avait atteint de plein fouet, et pilote et avion tombèrent dans un lac situé
aux abords de la capitale.
Un ancien soldat vietnamien à la retraite qui
travaillait tout près s’empressa de secourir le pilote blessé qui tentait de
sauver sa vie et parvint à dissuader des habitants de la capitale, constamment
attaquée par l’aviation, d’exécuter cet assassin : il s’agissait d’un
prisonnier de guerre dont la vie devait être respectée. Les autorités
étasuniennes elles-mêmes s’adressèrent au gouvernement vietnamien pour lui
demander de ne rien faire contre ce pilote.
Le gouvernement vietnamien avait pour norme de
respecter les prisonniers. Mais on comprend cet appel : le pilote était le
fils d’un amiral étasunien qui avait joué un rôle marquant pendant la seconde
guerre mondiale et qui occupait encore un poste important.
Les Vietnamiens avaient fait une belle prise. Pensant
aux pourparlers de paix qui devaient inévitablement mettre fin à cette guerre
injuste, ils entretinrent en bonne logique son amitié, et le pilote tira tous
les fruits possibles de cette aventure. Je ne tiens ça d’aucun Vietnamien, et
je ne m’en serais jamais enquis. Je l’ai lu, et cette version s’ajuste
exactement à des détails que j’ai appris par la suite. J’ai lu aussi d’autres
détails chez mister McCain.
Selon lui, alors qu’il était victime de tortures, il avait écouté des voix
parlant en espagnol : c’étaient celles de conseillers auprès des
tortionnaires. Des voix de Cubains, écrit-il. Or, Cuba n’a jamais envoyé de
conseillers au Viet Nam, dont les militaires savaient pertinemment comment
mener leur guerre.
Le général Giap fut l’un des chefs militaires les
plus brillants de notre époque. À Dien Bien Phu,
alors que les militaires yankees et français le jugeaient impossible, il fut
capable de faire entrer ses canons dans des forêts inextricables et en pleine
montagne, et de les situer si près qu’il était impossible à l’ennemi de les
neutraliser à coups de bombes nucléaires sans se faire du tort à lui-même. Puis
il réalisa toute une série de manœuvres difficiles et complexes pour finir par
imposer aux forces françaises encerclées une reddition ignominieuse.
McCain, en fin renard, tira tout
le parti possible des défaites militaires des envahisseurs yankees et français.
Nixon ne put persuader son conseiller à la sécurité nationale, Henry Kissinger,
d’accepter sa suggestion : « Pourquoi ne leur larguons-nous pas une
de nos bombinettes », lui disait-il à des moments de détente. La vraie
bombinette explosa quand les « hommes du président » tentèrent
d’épier le parti des opposants. Ça, non, ce n’était pas tolérable.
Mais là où le sénateur McCain
a pourtant atteint des sommets de cynisme, c’est au Moyen-Orient. Il est
l’allié le plus inconditionnel d’Israël en ce qui concerne les méfaits du
Mossad, ce que même ses pires adversaires n’auraient pu imaginer. McCain a participé
aux côtés de ce service à la création de l’Etat islamique qui s’est emparé
d’une partie considérable et vitale d’Iraq et, selon ce qu’on assure, d’un tiers de
Ne vaudrait-il pas mieux s’efforcer de produire plus
d’aliments et d’articles industriels, de bâtir des hôpitaux et des écoles pour
les milliards d’êtres humains qui en ont désespérément besoin, de promouvoir
l’art et la culture, de combattre les maladies massives qui emportent plus de
la moitié des patients, des travailleurs ou des techniciens de la santé, alors
que, selon toutes les prévisions, il semblerait possible d’éliminer des maladies
comme le cancer, l’Ébola, le paludisme, la dengue, le chikungunya
et d’autres qui touchent les fonctions vitales des êtres humains ?
S’il est possible aujourd’hui de prolonger
l’existence, la santé et la vie utile des personnes, s’il est parfaitement
possible de planifier le développement de la population grâce à une
productivité croissante, à la culture et à l’enrichissement des valeurs humaines,
qu’attend-on pour le faire ?
Si les idées justes ne triomphent pas, nous allons
droit à la catastrophe.
Fidel Castro Ruz
31 août 2014
22 h 25