DISCOURS
PRONONCÉ PAR RAÚL CASTRO RUZ, PRÉSIDENT DES CONSEILS D’ETAT ET DES MINISTRES,
POUR LE CINQUANTE-SIXIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ATTAQUE DES CASERNES MONCADA ET
Combattants du 26 juillet 1953 (applaudissements), de l’Armée rebelle,
de la lutte clandestine et des glorieuses missions internationalistes (applaudissements) ;
Famille des combattants tués ;
Habitantes et habitants d’Holguín (applaudissements) ;
Compatriotes,
Je pourrais commencer par une question, par simple
curiosité personnelle. Vous savez que je suis du coin (applaudissements) et que j’ai donc le droit de fouiner :
serait-il possible de savoir quel compatriote provincial a eu l’idée de me mettre
le soleil dans le dos (rires), parce
que, s’il ne me gêne pas, moi, je suis convaincu qu’aucun de vous ne peut me
voir. Alors, si vous voyez une ombre, eh bien, cette ombre, c’est moi ! (Applaudissements.)
Voilà donc pourquoi mon intervention à cette
commémoration du cinquante-sixième anniversaire de l’attaque des casernes Moncada et
Je serai donc bref, je le répète. Dans les tout
prochains jours, nous aurons d’importantes réunions qui serviront de théâtres
plus propices pour aborder à fond des questions complexes.
La première sera le Conseil des ministres,
après-demain, qui sera consacré à l’analyse du second ajustement des dépenses
prévues dans le plan de l’année à cause des effets de la crise économique
mondiale sur notre économie, en particulier de la réduction significative de
nos recettes d’exportations et des restrictions supplémentaires à notre accès à
des sources de financement extérieures.
J’ai visité pendant onze jours, vous le savez,
plusieurs pays de l’Afrique amie et j’ai participé comme président sortant du
Mouvement des pays non alignés au Sommet d’Égypte où j’ai cédé cette
responsabilité à ce pays.
Le temps m’est compté pour vous parler de ces
réunions et de questions importantes.
Au lendemain du conseil des ministres, le 29
juillet, nous aurons le Septième Plénum du Comité central du parti qui durera
toute la journée et dont l’ordre du jour prévoit la discussion de questions
vitales en rapport avec la situation nationale et internationale.
Enfin, le 1er août, l’Assemblée
nationale du pouvoir populaire se réunira en session ordinaire pour débattre,
entre autres, le projet de loi concernant la création de
PRIX À
L’EFFORT ET AU TRAVAIL
Cette année, la sélection de la province devant
accueillir le meeting central du 26 juillet ne s’est pas ajustée à strictement
parler aux indicateurs fixés. En effet, il aurait été illogique de se base
uniquement sur le degré d’exécution de ces indicateurs alors qu’il était
évident, dès septembre dernier, après les dévastations causées par les
cyclones, qu’une grande partie du pays ne serait pas en mesure de les
atteindre.
N’oubliez pas, comme j’en ai informé opportunément
notre parlement, que les dégâts se sont chiffrés, sans qu’on puisse dire
d’ailleurs qu’ils aient tous été dûment comptabilisés, à environ dix milliards
de dollars, soit l’équivalent de 20 p. 100 de notre Produit intérieur brut,
autrement dit la valeur de tout le fruit de notre travail et de notre
production durant l’année dernière.
Aussi, le Bureau politique, en décidant qu’Holguín
accueillerait le meeting et en accordant la catégorie d’émérite à Villa Clara, à
Granma et à
Sur ce point, la province d’Holguín a eu une grande
responsabilité. Elle est étendue, elle compte plus d’un million d’habitants et
elle a une importance appréciable dans l’économie nationale en tant que
productrice de nickel, que troisième pôle touristique du pays et siège de
productions importantes. C’est un prix à ses efforts et à son travail.
Aussi félicitons-nous les habitantes et habitants
d’Holguín (applaudissements), le compañero Miguel Díaz-Canel Bermúdez (applaudissements),
qui était le premier secrétaire du parti dans cette province à ce moment
difficile et dans les années précédentes qui ont été aussi des années de
travail intense. Nous félicitons
aussi le compañero
Jorge Cuevas Ramos (applaudissements), qui vient de Las Tunas,
une province fortement touchée par le cyclone Ike, et qui, depuis son élection
à la tête du parti ici, a réalisé un travail enthousiaste et actif.
Nous félicitons aussi les provinces émérites, sans
manquer de reconnaître les efforts consentis par toutes les autres, les
compatriotes de Pinar del Río et de l’île de
UN PEUPLE
ÉDUQUÉ DANS
Je n’ai mentionné que certains des endroits les
plus durement frappés. Ces mois-ci ont été vraiment des mois difficiles où l’on
a travaillé avec ardeur d’un bout à l’autre du pays. Partout, on a pu constater
la capacité de résistance, d’organisation et de solidarité de notre peuple. Les
exemples de la façon dont il faut travailler ces temps-ci se multiplient.
L’immense majorité des compatriotes de cette
province-ci a maintenu cette attitude durant le passage du cyclone Ike et dans les
mois suivants. Comme partout ailleurs.
De nombreux compagnons sont restés mobilisés loin
de leurs familles, même quand nombre d’entre elles faisaient face à de
sérieuses limitations, vivaient parfois dans des refuges après la destruction
totale ou partielle de leurs logements.
Ils ont fait confiance à
La disposition massive des gens à accueillir chez
eux des voisins dont les logements n’offraient pas la sécurité suffisante parle
éloquemment de la qualité humaine de notre peuple, cette attitude étant devenue
monnaie courante devant les difficultés de différents types.
Notre peuple a été éduqué dans ces valeurs-là, dans
la vraie solidarité ; il partage ce qu’il a avec ses frères, qu’ils soient
de Cuba ou d’ailleurs, et non ce qui abonde, car ici, en général, la seule
chose qui abonde, ce sont les problèmes (applaudissements).
C’est pour cette même raison que le peuple cubain
sait gré de l’aide, de la générosité et de l’appui qu’il a reçus de nombreux
endroits du monde. Je saisis l’occasion pour reconnaître le travail noble et
digne de la fondation interconfessionnelle Pasteurs de la paix (applaudissements), de son dirigeant, le
révérend Lucius Walker (applaudissements), et des membres de
LES DÉGÂTS
CAUSÉS AUX LOGEMENTS SONT UNE QUESTION TRÈS SÉRIEUSE
Les dégâts causés aux logements sont une question
très sérieuse. Rien que dans cette province d’Holguín, presque 125 000 ont été
endommagés, dont environ la moitié ont été restaurés.
Dans tout le pays, si on ajoute aux logements
endommagés par ces trois cyclones ceux dont la restauration était encore en
souffrance depuis les années précédentes, surtout au début de ce siècle,
justement à cause d’autres cyclones, on comptabilisait fin 2008 un total de
plus de 600 000 logements. Voilà pourquoi j’ai alerté en temps opportun que
modifier cette situation prendrait du temps.
En fait, des organismes, des centres de travail et
des particuliers ont réalisé des efforts dignes de reconnaissance. Ce qui
explique pourquoi, au 20 juillet, 43 p. 100 des logements endommagés, soit plus
de 260 000, ont été réparés.
Il reste toutefois énormément à faire et il faut
aussi éviter que ces chiffres énormes s’accumulent de nouveau à l’avenir,
d’autant que, compte tenu des changements climatiques, de nombreux
scientifiques prévoient que les cyclones pourraient être toujours plus intenses
et fréquents.
ETRE EN
MESURE DE PRÉVENIR
On travaille aussi à ce que le pays soit en mesure
de prévenir les effets de périodes de sécheresse toujours plus prolongées et
intenses et de leur faire face par différents moyens, dont le transvasement
d’eau entre provinces, le cas échéant.
Rappelez-vous les trois années difficiles de
sécheresse depuis le début du siècle et jusqu’en 2005, où il a fallu apporter
de l’eau même en train et dans toutes sortes de véhicules et de récipients à
près de trois millions et demi de Cubains (applaudissements).
Voilà pourquoi nous construisons à différents
endroits ces canaux stratégiques de transvasement d’eau qui nous permettront de
faire passer ce liquide vital d’une province à l’autre.
Cette œuvre monumentale a débuté, on le sait, ici
en Holguín qui connaît une situation paradoxale : la région de l’île où il
pleut le plus, à la frontière avec Baracoa, la
province de Guantánamo, et où les sécheresses sont les plus fortes, au point
que l’approvisionnement en eau de cette ville-ci a été en péril voilà quelques
années.
Dans les prochains jours – nous allions le faire
aujourd’hui à la fin de ce meeting, mais pour les raisons que j’ai données au
début, nous le ferons en août – nous inaugurerons formellement la première
étape du transvasement Est-Ouest (applaudissements) qui comprend le canal du barrage Nipe – du côté du fleuve homonyme, dans la commune de Mayarí – au barrage Gibara – non
la ville du même nom, plus au nord, mais une qui est ici, plus proche
d’Holguín, à l’est.
Autrement dit, barrage Nipe
à Gibara, et de là, en aval du fleuve du même nom, je
crois, jusqu’à
Une fois conclu cet ouvrage coûteux – et ce n’est
que le début – et en fonctionnement, il garantira une alimentation d’eau stable
à la région nord d’Holguín, son chef-lieu y compris.
La poursuite de ce projet, qui a déjà bien avancé,
comprend la construction du barrage Melones – que je
propose, pour être plus exact, de baptiser Mayarí du
nom du cours d’eau qui l’alimente (applaudissements)
– dont la digue – selon une technologie unique dans son genre à Cuba – sera
terminée en avril 2011, même s’il
commence à emmagasiner de l’eau à partir de 2010.
Le barrage Nipe,
d’environ cent trente millions de mètres cubes, était construit depuis
vingt-cinq sans recevoir une vraie valeur d’usage.
À l’occasion de l’inauguration prochaine de la
première étape dont j’ai parlé, autrement dit le transvasement Est-Ouest, la télévision transmettra un reportage détaillé
sur cet ouvrage d’une grande ampleur et d’une importance extrême, et expliquera
aussi tout le système de transvasement entre provinces en cours d’exécution.
Il s’agit d’un programme pour maintenant et surtout
pour demain, quand l’eau sera une ressource de plus en plus rare, surtout sur
une île aussi longue et étroite que la nôtre où ce liquide se perd rapidement
en mer.
Je n’ai mentionné qu’une étape de ce programme qui
couvre une grande partie du pays, depuis Sancti Spíritus, au centre de l’île, jusqu’à Guantanamo où la
vallée fertile de Caujerí commencera à recevoir au
premier semestre de l’année prochaine de l’eau par gravité à travers des
tunnels percés dans les montagnes – œuvre en ce cas des forces armées – ce qui
impliquera une économie notable de carburant par suppression du coûteux
pompage.
On travaille aussi à la remise en état des réseaux
d’alimentation en eau et d’égout de cette province-ci, entre autres dans les
communes de Cacocum et d’Urbano
Noris, avec des actions ponctuelles à Frank País, à Gibara et à Banes. À Holguín même, on travaille sur
L’arrivée, dans les prochains mois, de nouveaux
équipements permettra d’accroître le rythme de ces ouvrages en Holguín où trois
usines produisent les tuyaux de différentes dimensions nécessaires. On
travaille aussi, on le sait, sur un investissement coûteux qui réglera
définitivement l’alimentation en eaux de Santiago de Cuba et qui sera conclu en
2010. Et il est prévu de conclure en 2011 les aqueducs d’El Cristo
et d’El Cobre, toujours dans la commune de Santiago, tandis
que celui de Palma Soriano est à l’étude.
NOUS
TOURNER VERS LA TERRE,
Je passe à un autre point, des très peu que je
pense aborder ce matin. J’ai parlé le 26 juillet 2007 à Camagüey de la
nécessité impérieuse de nous tourner vers la terre, de la faire produire plus.
À l’époque, quasiment la moitié des terres arabes était en friches et exploitée
d’une manière déficiente. J’ai lancé alors un appel à généraliser le plus vite
possible et sans improvisations chaque expérience des meilleurs producteurs des
secteurs public et privé, à stimuler les durs travaux agricoles qu’ils
réalisent et à régler une fois pour toutes les arriérés de paiement si nocifs
de la part de l’État.
La remise de terres en usufruit avance à un rythme
satisfaisant, bien que des déficiences persistent dans des communes plus que
dans d’autres. Des plus de 110 000 demandes faites, près de 82 000 ont déjà été
approuvées, soit
J’estime que c’est trop peu. Il ne s’agit pas bien
entendu de distribuer maintenant des terres sans contrôle, il s’agit de le
faire plus efficacement, de le faire d’une manière organisée, et c’est là une
tâche prioritaire absolument stratégique. Un des orateurs qui m’ont précédé a
signalé que produire les denrées alimentaires dans le pays, pour éviter de
dépenser des centaines, voire des milliards de dollars – je n’exagère
pas ! – à les importer d’ailleurs, était une question de sécurité
nationale,
La terre est là, les Cubains sont là ! Voyons
donc si nous travaillons ou non, si nous produisons ou non, si nous tenons
parole ou non ! Suffit-il de crier : «
Quand je survole, surtout en hélicoptère, le pays
d’un bout à l’autre, j’ordonne parfois au pilote de faire un détour au-dessus
de telle ou telle localité, de telle ou telle ville. Je peux vous assurer que
presque partout la terre abonde, et de bonne qualité, toute proche de nos
patios, et qui n’est pourtant pas cultivée. Et c’est justement là qu’un plan
est en route pour avancer, à partir de cultures intensives, apportant
l’irrigation chaque fois que c’est possible en eau et en ressources. Si le
carburant venait à manquer dans ce monde si changeant et si insensé, que nous
ayons du moins la nourriture proche, que nous puissions du moins la faire venir
sur une charrette tirée par des chevaux, par des bœufs, ou poussée par
nous-mêmes (applaudissements).
Près de la moitié des terres déjà remises a été
libérée de mimosas clochettes et d’autres plantes indésirables, et le tiers a
déjà été semé, soit presque
Nous ne pourrons nous sentir satisfaits tant qu’un
seul hectare de terre ne sera pas dûment utilisé et tant que quelqu’un voulant
le faire produire attendra une réponse.
La terre qui ne sert pas à produire des aliments,
il faut y planter des arbres. Et celui qui vous parle a expérimenté pendant
bien des années, et surtout ces dernières années, semant des boqueteaux. Et
j’ai eu le plaisir et la satisfaction de les voir pousser. Selon le type
d’arbres, parfois en cinq ans, j’ai constitué un bosquet de plusieurs centaines
de variétés. Mais chaque fois qu’on parle de ce point, apparaissent les
fonctionnaires du ministère de l’Agriculture – de l’actuel et de tous les
précédents – réclamant un liste interminable de
millions de pesos ou en devises pour la tâche assignée. Et si le petit sac en
plastique n’apparaît pas, on ne peut pas planter ! Diable ! Avec quoi
nos ancêtres plantaient-ils ? (Rires et applaudissements.) Et pourtant
les arbres existent, et on mangeait les mangues qu’ils avaient semés (applaudissements).
Nous n’éduquons pas un enfant dans l’amour des
arbres et à en semer certains – où la terre existe, bien entendu – durant son
passage par le primaire, par les deux cycles du secondaire. Certains dirigeants
des Jeunesses communistes m’écoutent. Mais même des jeunes du troisième âge
comme moi peuvent planter des arbres. Ce n’est donc pas seulement une tâche de
la jeunesse (applaudissements).
Les résultats du ramassage de lait sont
stimulants : on a augmenté ces deux dernières années de plus de cent
millions de litres par an, car on est passé de 272 millions de litres en 2006 à
403 millions en 2008, et tout indique que l’augmentation sera supérieure cette
année. J’ai parlé de cette question voilà exactement deux ans, à Camagüey.
J’ai abordé très sommairement deux points décisifs
de la production alimentaire qui ont une grande importance dans la substitution
des importations et la réduction des dépenses de notre pays en devises.
NOTRE
PEUPLE EST CAPABLE DE VAINCRE TOUTES LES DIFFICULTÉS
Les progrès enregistrés, malgré le déficit de
ressources matérielles et financières, quoiqu’encore
insuffisants, confirment les énormes potentialités encore exploitables dans
l’agriculture et dans toutes les branches de l’économie.
Les modestes résultats nous confortent une fois de
plus dans notre optimisme et notre confiance que « oui, nous
pouvons ! » et que notre peuple héroïque est capable de vaincre
toutes les difficultés, si grandes qu’elles soient (applaudissements).
C’est là sans aucun doute un défi énorme à relever
au milieu du blocus économique et de bien d’autres agressions conçues justement
pour entraver le développement de la nation.
Notre peuple n’a jamais failli à un appel de
Et, aux côtés de l’Armée libératrice, la population
a supporté stoïquement et sans renoncer à la lutte les innombrables pénuries
causées par la guerre et par la répression cruelle des autorités coloniales.
Voilà notre lignée, et nous resterons fidèles à son héritage ! (Applaudissements.)
Grâce à l’unité monolithique de notre peuple, son
arme la plus puissante forgée dans le creuset de la lutte sous la conduite du
chef de
Gloire aux martyrs de la patrie ! (Vivats.)
Vive Fidel !
(Vivats.)
Vive Cuba libre ! (Vivats et ovation.)