ALLOCUTION
PRONONCÉE PAR LE GÉNÉRAL D’ARMÉE RAÚL CASTRO RUZ, PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ÉTAT
ET DES MINISTRES À L’OCCASION DE LA CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DU BUREAU DE
COORDINATION DU MOUVEMENT DES PAYS NON-ALIGNÉS.
LA HAVANE, 29 AVRIL 2009.
Distingués participants à cette réunion
ministérielle:
C’est un honneur pour notre
peuple et gouvernement d’accueillir encore une fois une réunion de haut niveau
du Mouvement des pays non-alignés. Deux ans et sept mois se sont écoulés depuis
la tenue dans cette même salle de
A ce moment-là j’ai exprimé :
« Sur
les solides bases de nos victoires historiques dans le combat pour la
décolonisation et la disparition de l’apartheid ; avec la riche expérience
de nos efforts pour un nouvel ordre économique international et en faveur de la
paix, le désarmement et du véritable exercice
du droit au développement, le Mouvement des pays non-alignés aura des batailles
héroïques à livrer face à l’unilatéralisme, les deux poids de mesure et
l’impunité des puissants ; pour un ordre international plus juste et
équitable face au néolibéralisme, la spoliation et le dépouillement ; pour
la survie de l’espèce humaine face à la consommation irrationnelle des pays
riches. » -Fin de citation-
Les défis identifiés à cette occasion non seulement
demeurent, mais ils sont plus dangereux et urgents.
Pour cette raison, il est aujourd’hui plus vital et
péremptoire pour le Mouvement, le besoin d’agir de concert.
Nous sommes frappés par une profonde crise
économique, sociale, alimentaire, énergétique et environnementale, qui a acquis
un caractère mondial. Les débats internationaux se multiplient, mais non pas
avec la participation de tous les pays. Il existe une conscience croissante du
besoin de trouver des réponses à court terme, cependant celles justes et
durables sont encore à atteindre.
Si nous n’agissons pas avec la fermeté et l’urgence
requises, ce seront encore une fois nos peuples qui souffriront, pendant plus
longtemps, les pires des conséquences de cette crise.
Il est impossible de maintenir les injustes et
irrationnels modèles de consommation ayant servi de fondement à l’ordre
international actuel, imposé par quelques-uns peu nombreux et que nous avons été obligés à
respecter. Il n’est ni légitime ni éthiquement acceptable un ordre mondial
inspiré des prétentions hégémoniques et de l’égoïsme des minorités privilégiées.
Il n’est pas durable un système qui détruit l’environnement et qui favorise
l’accès inégal à la richesse. Le sous-développement est une conséquence
inévitable de l’actuel ordre mondial.
Le néolibéralisme, en tant que politique
économique, a échoué. Le mythe des bontés du marché et de sa dérégulation, les
prétendus bénéfices des privatisations et de la réduction de la capacité
économique et de redistribution des États ainsi que la crédibilité des
institutions financières, sont aujourd´hui profondément remis en question dans
toute analyse objective.
Lorsque Cuba a assumé pour la
première fois la présidence du Mouvement des pays non-alignés, en 1979, il y a
30 ans, le leader de
A cette occasion, le camarade
Fidel a calculé qu’avec ce chiffre, il aurait été possible et je cite : « de construire en un an 600 mille
écoles d’une capacité pour accueillir 400 millions d’enfants ; ou 60
millions de logements confortables pour 300 millions de personnes ou 30 mille
hôpitaux avec 18 millions de lits ; ou 20 mille usines capables de générer
d’emplois pour plus de 20 millions de travailleurs ; ou aménager pour l’irrigation plus de 150
millions d’hectares de terre, lesquelles avec le niveau technique adéquat
pourraient nourrir un milliard de personnes », a-t-il conclu.
Bien entendu, rien n’a été fait
et la situation s’est aggravée de façon dramatique. Il suffirait de signaler,
que les dépenses militaires annuelles, à l’heure actuelle, dépassent le chiffre de 1 million de million
de dollars ; le nombre de chômeurs dans le monde pourrait s’accroître à
230 millions au cours de l’année 2009 ; et en à peine un an, en 2008, le
nombre de personnes affamées dans le monde est passé de 854 millions à 963
millions.
L’ONU estime qu’il
suffirait de 80 milliards de dollars annuels pendant une décennie pour venir à
bout de la pauvreté, la faim et le manque de services de santé, d’éducation, et
de logement dans toute la planète. Cette somme est trois fois inférieure à
celle versé par les pays du Sud pour la dette extérieure.
Un changement fondamental dans le système des
relations économique internationales est indispensable. C’est ainsi que l’on
exigé, il y a environs 35 ans, les pays membres de notre Mouvement lorsqu’ils
ont élaboré
La résolution de la crise économique mondiale exige
une action de concert, avec la participation universelle, démocratique et
équitable de tous les pays. La réponse ne peut pas être une solution négociée par les dirigeants des
pays les plus puissants à l’insu des Nations unies.
La solution du G-20 de renforcer le rôle et les
fonctions du Fonds monétaire international, dont les politiques funestes ont
contribué de manière décisive à la genèse et ont aggravé l’ampleur de la crise
actuelle, ne règle non plus l’inégalité, les injustices et le caractère
insoutenable du système actuel.
La Conférence de haut niveau des Nations unies sur
la crise économique et financière et son impact dans le développement, prévue
du 1er au 3 juin 2009, constitue le cadre indispensable pour
débattre et chercher des solutions de consensus à cette grave situation. Le
Mouvement des pays non-alignés doit appuyer sa tenue.
Ce Mouvement, dès sa fondation, a démontré la
volonté de travailler en faveur de la paix, la sécurité de la communauté des
nations et la défense du droit international. La élimination des armes
d’extermination massive, et d’abord atteindre le désarmement nucléaire, est toujours
notre tâche prioritaire.
L’exercice du multilatéralisme exige le strict
respect de la souveraineté des États, de leur intégrité territoriale et de
l’autodétermination des peuples.
Exige également de se passer de la menace et de
l’utilisation de la force dans les relations internationales, des aspirations
hégémoniques et des comportements impériaux. Exige de mettre fin à l’occupation
étrangère et de refuser toute impunité aux agressions criminelles comme celle
menée par Israël contre le peuple palestinien.
Le Mouvement doit s’impliquer dans tous les débats
importants de l’agenda international, dans les différents sièges et forums
multilatéraux, avec la large participation de ses pays membres. Jamais afin de
concourir avec les autres formats de représentation des pays du Sud, mais pour
les renforcer et compléter.
Nous devons continuer de perfectionner en
permanence les méthodes de travail du Mouvement. L’exécution du Plan d’action
tracé, constitue un outil indispensable dans la détermination de nos priorités
et des tâches à accomplir.
Nous devons tous travailler dès maintenant pour
assurer le succès de
Finalement je souhaiterai exprimer, au nom de Cuba,
le remerciement de notre gouvernement et de tout notre peuple pour la ferme et
invariable solidarité du Mouvement des pays non-alignés avec
Les mesures récemment annoncées par le Président
Obama, si bien elles sont positives, leur portée est minimale. Le blocus est
resté intact. Il n’y a ni prétexte politique ni moral qui justifie la
continuité de cette politique.
Cuba n’a imposé aucune sanction contre les
Etats-Unis ou ces citoyens. Ce n’est pas Cuba qui empêche aux chefs
d’entreprise de ce pays de réaliser des affaires avec le notre. Ce n’est pas
Cuba qui poursuit les transactions financières réalisées par les banques
nord-américaines. Ce n’est pas Cuba qui a une base militaire dans le territoire
des Etats-Unis contre la volonté de son peuple, et ainsi de suite, afin de ne
pas rendre interminable la liste. Par conséquent, ce n’est pas à Cuba de faire
des gestes.
Nous avons réaffirmé être prêts
à parler de tout avec le gouvernement des Etats-Unis, en égalité de conditions,
mais non pas à négocier notre souveraineté, ni notre système politique et
social, ni le droit à l’autodétermination et nos affaires intérieures.
Et si jamais ils souhaitent discuter tous ces
sujets et nous l’avons ainsi exprimé récemment au Venezuela, lors d’un sommet
de l’ALBA : discuter de tout, absolument tout, ce qui nous concerne mais
aussi ce qui leur concerne et en égalité de conditions.
La plus grande force de notre Mouvement réside dans
son unité à l’intérieure de la diversité qui nous caractérise. Celle-ci a été
la prémisse fondamentale de l’exercice de la présidence cubaine pendant ces quasi-trois
années de mandat.
Je ne nourris le moindre doute du fait que le
Mouvement des pays non-alignés sera toujours un acteur fondamental et
constructif dans les débats internationaux. Cuba continuera de consentir ses
efforts pour contribuer à cet objectif.
Je vous souhaite du succès dans cette Réunion ministérielle.
Je vous remercie beaucoup.