PROLOGUE DESTINÉ
AUX AMIS BOLIVIENS
Evo, président bolivien, m’a fait cadeau de Fidel, Bolivia y algo más à sa dernière
visite à Cuba, le 22 mai 2008.
C’est grâce à lui et à Rafael Dausá, notre
ambassadeur en Bolivie qui l’a accompagné durant cette visite, que j’ai appris
que les auteurs voulaient en faire une nouvelle édition à l’occasion du quatre-vingtième
anniversaire de la naissance du Che, qui tombe dans deux semaines, le 14 juin.
Dès que j’ai vu les photos, les coupures de presse, la table des matières et lu
un certain nombre de paragraphes, j’ai demandé à Evo et à Dausá de me permettre
d’y introduire un prologue pour remercier les éditeurs. « C’est justement
ce qu’ils veulent, parce que vous en êtes l’auteur », m’ont-ils répondu.
Je l’ai lu d’un trait le lendemain. J’ai compris
qu’il s’agissait de citations textuelles de moi. J’étais anxieux de savoir ce
que j’avais dit en 1993, maintenant que les choses dont j’avais parlé alors
étaient en train de se passer. Je ne sais même pas comment j’avais répondu en
l’occurrence à chacune des nombreuses questions sérieuses, dont certaines très
habiles, qui m’avaient contraint à avancer bien des concepts que j’avais en
moi, même au risque de ne pas être compris. Ce voyage avait été extrêmement
difficile. Le Che était mort en Bolivie vingt-six avant.
J’ai vu récemment à la télévision son imposante
statue en bronze en direction de Rosario, sa ville natale. Je me suis mis à me
souvenir et à réfléchir un bon moment sur les choses dont j’avais conversé avec
lui depuis le jour où j’avais fait sa connaissance jusqu’à son départ pour
Ñancahuazú, en Bolivie. Jamais de telles images ne nous venaient à l’esprit et
aucun des deux n’avait de raisons de penser qu’il vivrait très longtemps.
Je remplis aujourd’hui le devoir de rappeler ce que
j’ai dit durant ma visite dans votre
pays. Je vous avais expliqué alors que notre patrie comptait déjà
quarante mille médecins et je vous avais exposé les idées qui inspiraient notre
conduite. Je ne perdrai pas de temps à les répéter, car beaucoup sont incluses
dans ce livre et je ne pourrais pas le faire mieux qu’alors ni plus
spontanément.
Onze ans après, nous avions presque deux fois plus de
médecins et notre Ecole latino-américaine de médecine, fondée en juin 1999,
comptait plus de dix mille élèves de la région. Nous avions envoyé des milliers
de coopérants de la santé dans des pays du Tiers-monde, comme nous l’avions
promis aux Nations Unies en 1979, après le Sommet des pays non alignés qui
s’était tenu à Cuba.
En août 2005, le cyclone Katrina s’abattait sur le
Sud-Est des Etats-Unis et la mer inondait les quartiers les plus pauvres de
Je me borne à reproduire ce que je me suis vu
contraint d’expliquer quelques jours après, au nom de Cuba, lors d’une
rencontre avec le Contingent Henry Reeve, le 4 septembre 2005 :
« Il était évident que c’étaient les masses
désespérées de la population modeste, dont de nombreuses personnes du troisième
âge atteintes de problèmes de santé, des femmes enceintes, des mères et des
enfants, qui couraient le plus grand danger et qui requéraient d’urgence des
soins médicaux.
« Dans de telles circonstances, qu’importe la
richesse du pays, le nombre de ses scientifiques et ses grands progrès
techniques. Ce qu’il faut alors, ce sont des spécialistes jeunes et bien
formés, ayant fait l’expérience du travail médical dans des situations
anormales, et pouvant être dépêchés sans retard avec un minimum de ressources
par voie aérienne ou par toute autre voie, vers des immeubles ou des points
concrets où des êtres humains se trouvent en danger de mort.
« Cuba, à proximité de
« Cuba ne pourrait absolument rien faire pour
aider l’équipage d’un vaisseau spatial ou d’un sous-marin nucléaire en danger,
mais elle peut en revanche offrir une aide vitale et significative aux victimes
de Katrina en danger de mort. Et c’est ce qu’elle a fait dès le premier
instant, dès le samedi 30 août 2005, à 12 h 45, alors que les vents et les
pluies venaient à peine de cesser. Elle ne s’en repend, pas, même si son nom
n’a pas été mentionné dans la longue liste de pays ayant offert leur solidarité
au peuple étasunien. Nous l’avions fait d’une manière discrète et sans la
moindre publicité.
« C’est parce que je savais pertinemment que
Cuba comptait des hommes et des femmes comme vous que j’ai osé réitérer cette
offre trois jour plus tard, quand j’ai promis que les cent premiers médecins
portant des ressources vitales dans des sacs à dos pouvaient arriver à Houston
en moins de douze heures ; et cinq cents de plus dans les dix heures
suivantes, et cinq cents autres encore dans les trente-six heures suivantes,
soit un total de mille cents médecins qui pourraient sauver ne serait-ce qu’une
seule vie des nombreuses qui étaient sur le point de périr en ces instants
dramatiques.
« Certains qui méconnaissent l’honneur et
l’esprit solidaire de notre peuple auront sans doute pensé qu’il s’agissait
d’un bluff ou d’une exagération ridicule. Or, notre pays ne joue jamais avec
des questions aussi sérieuses, et ne s’est jamais déshonoré en recourant à la
démagogie ou au mensonge. Voilà pourquoi nous nous réunissons avec orgueil dans
cette salle du palais des Congrès où, voilà à peine trois jours, les députés de
notre Assemblée nationale ont observé une minute de silence en hommage aux
victimes du cyclone qui a frappé les Etats-Unis et ont exprimé leurs plus
sincères condoléances à ce peuple frère. Nous voilà donc ici, non pas mille
cents médecins, mais 1 586, dont trois cents de réserve, compte tenu des
nouvelles de plus en plus alarmantes qui nous parviennent. […] Nous avons
annoncé que Cuba était prête à en dépêcher des milliers d’autres en cas de
besoin. […] Il a suffi de vingt-quatre heures pour que la totalité des médecins
convoqués pour accomplir la mission promise arrivent dans notre capitale de
tous les endroits du pays. Nous nous sommes acquittés de cette tâche d’une
façon absolument ponctuelle et précise.
Vous honorez la noble profession de médecin. Par
votre réponse rapide et résolue, vous écrivez, en étant prêts à remplir votre
devoir dans des conditions nouvelles et difficiles, une page dans l’histoire de
la solidarité entre les peuples et vous signalez une voie de paix à l’espèce
humaine si douloureuse et si menacée à laquelle nous appartenons tous.
[…]
« L’âge moyen de ce personnel est de trente-deux
ans – la plupart n’étaient pas nés au triomphe de
[…]
« Bill Frist, le chef du parti républicain au
Sénat, qui se trouve à
« D’après le Boston Globe,
« Toujours selon ce même journal, le docteur
Marshall Boudlin, directeur du diabète et du métabolisme du CHU de Jackson
(Missssippi), a affirmé : « Nous voyons des choses que nous n’avions
plus vues en bien des années : le choléra, la fièvre typhoïde, le tétanos,
la malaria. Je n’avais pas vu des conditions pareilles en cinquante ans. Les
gens sont entassés et déambulent au milieu des excréments. »
[…]
« Les sacs à dos de nos médecins contiennent
justement les moyens requis pour faire face sur le terrain aux problèmes de
déshydratation, de tension artérielle, de diabète sucré, aux infections
touchant n’importe quelle partie du corps : poumons, os, peau, ouie, voies
urinaires, système reproductif, appareil digestif. […] des médicaments
soulageant la douleur et diminuant la fièvre ; […] des médicaments pour le
traitement de l’asthme et d’autres problèmes semblables. Bref, à peine une
quarantaine de produits dont l’efficacité en cas d’urgence a été prouvée.
[…]
« Cuba a l’autorité morale suffisante pour
parler de cette question et faire cette offre. Elle a aussi le taux le plus
élevé au monde de médecins par habitant, et aucun autre pays n’a développé une
plus grande coopération avec d’autres peuples dans le domaine de la santé.
[…]
« La brigade Henry Reeve a été créée. Quelle que
soit la tâche que vous réaliserez dans n’importe quel endroit du monde ou de
notre pays, il vous restera la gloire d’avoir répondu courageusement et
dignement quand on a vous a appelés à la solidarité avec le peuple étasunien
frère, en particulier avec ses enfants les plus humbles.
« En avant, généreux défenseurs de la santé et
de la vie, vainqueurs de la douleur et de la mort ! »
Voilà ce que j’ai dit il y a presque quatre ans. Les
pages que le contingent Henry Reeve a écrites partout où il a rempli une
mission ont fait honneur à mes paroles.
Comme, au cours de
l’Histoire, chaque pièce paraît parfois avoir été faite à la main pour prouver
telle ou telle conviction humaine, j’ai reçu voilà quelques jours la copie d’un
article que le ministre namibien de
« Je suis un fruit de
« En 1977, je suis parti de Namibie pour
l’Angola. J’ai connu des internationalistes cubains pour la première fois à
Cassinga. Je ne savais pas grand-chose alors de Cuba et des Cubains.
« Les leaders de
« Les Cubains étaient venu aider volontairement
une nation qui en avait besoin. Ils sacrifiaient leur vie pour sauver les
nôtres et maintenir la paix en Angola. Nous, qui venions d’une Namibie
colonisée, ça nous a beaucoup inspirés.
« Alors que nous étions à Chibia, le régime
sud-africain de l’apartheid a envahi l’Angola et attaqué sans pitié Cassinga,
tuant de nombreux Namibiens sans défense. Nous avons apprécié le courage et
l’efficacité avec lesquels les troupes internationalistes cubaines sont venues
à notre rescousse.
« Je suis parti à Cuba en 1978 avec d’autres
petits pionniers de
« Nous avons volé de Luanda, la capitale
angolaise, à
« Le camarade Helmuth Angula était le chef et le
représentant de
« Quand j’ai conclu ces études en 1981, j’ai été
déclaré le meilleur élève de l’école. Je suis rentré en Angola cette
année-là. En 1984,
« Je dois ma position actuelle dans la société
au peuple namibien qui a donné des vies et a lutté courageusement pour libérer
notre pays. Mais je dois tout aussi à
La revue New African , publiée en Europe, affirme
(nº 472, avril 2008) que Cuba a, dans les années 70 et 80, dépêché 350 000
patriotes – dont des civils et des médecins – pour soutenir les luttes de
libération africaines, surtout en Angola, en Namibie, au Mozambique, en
Guinée-Bissau, au Cap-Vert, à Sao-Tomé-et-Principe, et que cet effort cubain a
accéléré à la longue la disparition de l’apartheid en Afrique du Sud. Et que
Nelson Mandela était toujours en prison quand Cuba a envoyé ces forces de
l’autre côte de l’Atlantique.
Quel doit être un des
objectifs de ces lignes que j’écris à l’intention de mes vieux amis
boliviens ? Démasquer les méthodes perfides et cyniques de l’Empire.
L’ennemi est
extrêmement bas. Il fait fond sur les instincts, les ambitions et les vanités
de ceux chez qui aucune graine morale n’a jamais germé.
Il a commis contre
notre pays toute sorte de crimes : il a organisé des bandes armées, il a
introduit en masse des armes et des explosifs, il a envahi notre territoire
national par mercenaires interposés qui sont arrivés à nos côtes escortés par
un porte-avions, des bâtiments de guerre et des transports de troupes,
l’infanterie étasunienne étant prête à entrer en action dès que les apatrides
auraient occupé une tête de pont ; il a attaqué nos bases aériennes en
utilisant des bombardiers qui portaient nos propres couleurs pour faire croire
à une rébellion dans nos forces de l’air. Des centaines de jeunes
révolutionnaires ont perdu la vie ou ont été blessés en combattant les
mercenaires qui arrivaient par mer et par air. Aucun de ces envahisseurs, faits
prisonniers en masse, n’a été assassiné, aucun n’a été torturé.
Nous avons dû vivre une
longue période de lutte contre les sales méthodes de l’Empire, qui sont allées
depuis le blocus économique, la menace constante d’agression directe, la
tentative d’assassinat des leaders cubains et la guerre bactériologique,
jusqu’au risque extrêmement élevé d’une guerre thermonucléaire entre les deux
superpuissances qui a failli éclater. Un demi-siècle plus tard, Cuba a
toutefois résisté et continue de résister.
Nous ne prétendons pas
être un modèle dans la construction du socialisme, quoique, bel et bien, dans
la défense de notre droit à le bâtir.
Quelques exemples
concrets de cynisme :
Un terroriste est
arrêté, on saisit chez lui des explosifs, on réunit les preuves pertinentes
pour ouvrir un procès et on le condamne à plusieurs années de prison. Il se
déclare alors handicapé et sans possibilité de faire un mouvement. L’Agence
centrale de renseignement monte l’opération : on lui rédige des poésies,
on lui publie un recueil et on le présente au monde comme un poète invalide et
privé de soins médicaux. Le type est un si parfait simulateur qu’il en arrive
même à berner les fonctionnaires de la prison. On confond et on trompe
l’opinion publique mondiale par médias interposés, et il n’est pas un seul
envoyé spécial des dirigeants de la « démocratie occidentale » qui ne
réclame la libération du poète invalide. Les médecins assurent toutefois qu’il
n’a aucun problème de santé. Mis en face de la vérité – les exercices physiques
qu’il réalisait tous les jours dans un coin de la cellule que les gardiens ne
pouvaient pas observer ont été filmés – avant qu’un important pays européen ne
réclame sa libération, il se dresse comme un ressort et, vingt-quatre heures
plus tard, prend l’avion, marchant d’un pas guilleret en compagnie du dernier
émissaire européen vers le paradis de la démocratie et de l’abondance. Plus
tard, l’Empire le nommerait ambassadeur auprès d’une institution internationale
veillant sur les droits de l’homme. Tel est le prix que Cuba devait parfois
payer pour que les gouvernements bourgeois, au milieu du brutal blocus yankee,
maintiennent des relations économiques avec elle.
Les Cubains ont le
privilège de naître dans un pays qui, grâce à
Si un auteur
contre-révolutionnaire a des qualités narratives et expressives, il n’aura pas
à se tracasser pour publier des livres ou chercher un marché : il suffira
aux organes de renseignement de l’impérialisme qu’il invente n’importe quoi de
dramatique et en accuse
Cuba forme des
sportifs, elle a décroché plus de médailles d’or par habitant qu’aucune autre
nation au monde, elle universalise le sport pour favoriser la santé de ses
citoyens, et les pays riches tombent sur ces sportifs en leur offrant tout
l’argent possible et obtiennent ainsi des joueurs pour leurs propres équipes
formées d’athlètes nationalisés à peau indienne, métisse ou noire, en rien
ressemblante à celle de leurs races censément supérieures.
A la chute de l’URSS,
convaincue que nous ne pourrions pas résister, la directrice d’un centre de
rétablissement médical aspire à en devenir propriétaire, comme l’avaient fait
des collègues de ce pays-là ; on découvre ses visées, on la casse. Elle
invente alors la théorie que cette destitution est due à son opposition à ce
que des cellules-mères d’origine humaine soient utilisées dans la recherche.
Elle n’avait jamais dit un seul mot là-dessus. Son fils, médecin lui aussi,
dont le dossier professionnel ne témoignait guère de son brillant, travaillait
auprès d’elle. Il enfreint des règles éthiques qui interdisent des relations
sexuelles avec des patients ou des personnes les accompagnant. Moralement
inconsistant, il part dans le pays d’origine de la dame en question où il
devient le physiothérapeute indispensable d’importants fonctionnaires.
Excellente matière première pour le chantage impérialiste contre Cuba !
On rejette la demande
de la docteure de partir à l’étranger. La décision était prise : ne pas
céder au chantage.
Le Che a légué à la
pensée révolutionnaire un principe stratégique quand, fronçant les sourcils et
indiquant le petit doigt de sa main droite, il affirmait dans un discours aux
Nations Unies : « A l’impérialisme, on ne peut rien lui céder, même
pas ça ! »
Il était alors sur le
point de partir avec une poignée d’internationalistes cubains dans l’ancien
Congo belge où Lumumba avait été assassiné par l’impérialisme sous les yeux
mêmes des troupes onusiennes et où un fantoche corrompu avait pris sa place. Il
allait mettre à l’épreuve ses idées sur la réalité du monde.
Le 18 octobre 1967, au
cours du meeting organisé sur la place de
« C’est en juillet ou en août 1955 que j’ai fait
la connaissance du Che. Et le soir même, comme il le raconte dans ses récits,
il est devenu un futur expéditionnaire du Granma.
Mais, à ce moment-là, cette expédition n’avait encore ni bateau ni armes ni
troupes. Et c’est ainsi que Raúl et lui ont été les deux premiers sur la liste
du Granma.
« […] celui qui a été l’un des plus proches,
l’un des plus admirés, l’un des plus aimés et sans aucun doute le plus
extraordinaire de nos compagnons de révolution. […]
« Le Che faisait partie de ces personnes
auxquelles vous vous attachez immédiatement, en raison de sa simplicité, de son
caractère, de son naturel, de sa camaraderie, de sa personnalité, de son
originalité.
« […] Il vouait une profonde haine et un profond
mépris à l’impérialisme… il avait eu l’occasion de constater au Guatemala la
criminelle intervention impérialiste à travers les soldats mercenaires qui
avaient liquidé la révolution dans ce pays-là.
« […] Il se peut que sa conduite ait été
profondément inspirée par l’idée que les hommes ont une valeur relative dans
l’Histoire, par l’idée que les causes ne sont pas vaincues quand les hommes
meurent et que l’irrépressible marche de l’Histoire ne s’arrête pas ni ne
s’arrêtera pas quand les chefs meurent.
« […] Je dirais qu’il était de ce genre d’hommes
qu’il est difficile d’égaler et pratiquement impossible de dépasser…
« […] …quand je pense au Che, je ne pense pas
fondamentalement à ses vertus militaires, non ! La guerre est un instrument
des révolutionnaires. L’important, c’est la révolution, la cause
révolutionnaire, les idées révolutionnaires, les objectifs révolutionnaires,
les sentiments révolutionnaires, les vertus révolutionnaires !
« […] le Che était quelqu’un à la pensée profonde,
à l’intelligence visionnaire, à la profonde culture. Bref, il réunissait en lui
l’homme d’idées et l’homme d’action.
« […] Le Che réunissait en lui ce qu’on peut
définir comme l’expression la plus authentique des vertus d’un
révolutionnaire : …honnêteté suprême, sincérité absolue… conduite sans
pratiquement aucune tache…
« […] Travailleur inlassable : il n’a pas
pris un jour de congé toutes les années où il a été au service de notre patrie.
« […] il étudiait toutes les questions, il était
un lecteur infatigable, sa soif de connaissances humaines était pratiquement
insatiable, et il consacrait à l’étude les heures qu’il arrachait au sommeil.
Les jours de repos réglementaires, il les consacrait au travail bénévole. Car
il a été l’inspirateur et le principal promoteur de ce travail.
« […] le point faible de l’ennemi
impérialiste : croire avoir liquidé, en même temps que l’homme physique,
sa pensée, ses idées, ses vertus, son exemple.
« […] Nous sommes absolument convaincus que la
cause révolutionnaire sur ce continent se remettra de ce coup, qu’elle ne sera
pas vaincue par ce coup.
« […] Je dis de tout cœur que ce modèle sans
tache dans sa conduite, dans son attitude, dans son action, c’est le Che !
Et nous devons dire pour exprimer notre souhait révolutionnaire : que nos
enfants soient comme le Che !
« […] Personne à notre époque n’a élevé plus
haut l’esprit internationaliste !
« Les drapeaux, les préjugés, le chauvinisme,
l’égoïsme avaient disparu de son esprit et de son cœur, et il était prêt à
verser son sang généraux pour le sort de n’importe quel peuple…
« […] il a versé son sang en Bolivie pour la
rédemption des exploités et des opprimés, des petites gens et des pauvres… ce
sang a été versé pour tous les peuples d’Amérique !
« Voilà pourquoi nous devons regarder l’avenir
avec optimisme. »
C’est après cette soirée mémorable où j’ai prononcé
ce discours que l’Organisation des pionniers, reprenant l’essence de l’idée, a
lancé un mot d’ordre : « Pionniers pour le communisme, nous serons
comme le Che ! »
L’Armée rebelle était
née des cendres du détachement venu à bord du Granma et elle avait gagné la guerre en s’emparant des armes
ennemies au combat. Le Che a été un témoin exceptionnel et un participant de la
contre-attaque grâce à laquelle le Ire colonne José Martí, renforcée
de petites unités venues d’autres colonnes et dont le total ne dépassait pas
trois cents hommes, a repoussé la dernière offensive du gouvernement militaire
– soutenu par le gouvernement yankee – qui a lancé dix mille hommes de ses forces
d’élite contre ce bastion de
C’est à la suite des premiers combats de cette
bataille livrée dans des conditions si inégales que, voyant les bombes ennemies
tomber sur des foyers paysans, j’ai prédit que ma vraie destinée serait la lutte
contre l’Empire.
Je me suis souvenu du martyr de Dos Ríos, notre Héros
national José Martí, et je me suis souvenu du Che quand, récemment, j’ai lu la
dépêche datée du 26 mai dans laquelle l’envoyé spécial de l’agence de presse
NOTIMEX se faisait l’écho des déclarations d’une jeune Cubaine qui avait
demandé l’autorisation de recevoir l’un des si nombreux prix qu’invente
l’impérialisme pour amener de l’eau à son moulin :
« Si, en me refusant l’autorisation d’aller
chercher mon prix, les autorités cubaines ont eu l’idée de me punir, ça n’a
rien de dramatique. J’ai fêté ce jour-là chez moi, avec ma famille et mes amis
qui m’ont remis symboliquement un diplôme fait par moi-même… J’ai acheté
une carte Internet, qui coûte entre cinq
et sept dollars, pour envoyer mes textes…. Je ne suis pas de l’opposition, je
n’ai pas de programme politique, je n’ai même pas une couleur politique, et
c’est là la caractéristique de ma génération et du monde actuel : les gens
ne se définissent plus comme de droite ou de gauche, qui sont des concepts
toujours plus périmés. Je n’appartiens pas et je n’ai jamais appartenu à un
groupe politique, je n’ai jamais fait partie de
Le plus grave, ce ne sont pas des affirmations de ce
genre que les médias de l’impérialisme diffusent aussitôt, mais la
généralisation comme slogan ; pis encore, que des jeunes Cubains pensent
ainsi, que des envoyés spéciaux
réalisent ce travail de sape et que la presse néocoloniale de l’ancienne
métropole espagnole leur décerne des prix.
Ceux qui ont fait le plus de sacrifices à Cuba et
hors de Cuba sont des militants du Parti. Ce qui constitue pour d’autres une
option est pour eux un devoir. Notre peuple le sait bien quand il choisit les
candidats délégués au Pouvoir populaire. Pour faire
Nous avons une autre preuve de la confusion et de la duperie semées par l’impérialisme
dans les déclarations formulées par un artiste brésilien bien connu le jour où
la dépêche susmentionnée a été publiée : « En ce qui concerne le
respect des droits de l’homme et des liberté, je suis absolument du côté des
Etats-Unis et non de celui de Cuba. »
Une agence de presse européenne informe :
« Le musicien a expliqué l’insertion d’une chanson inédite : Baie de Guantánamo dans le répertoire en
direct qu’il présente à Rio de Janeiro, à cause du scandale provoqué par les
violations des droits de l’homme commises contre les personnes accusées de
terrorisme : "Si j’étais un de ces types de gauche favorables à Cuba
et opposés aux Etats-Unis, je ne serais pas du tout déçu par ce qu’il se passe
dans les prisons de Guantánamo", a déclaré l’artiste. »
Bref, le chanteur brésilien demande pardon à l’Empire
de devoir critiquer les atrocités commises dans cette base navale qui occupe un
pan de territoire cubain.
Le mois de juin vient de commencer. L’incertitude et
l’insécurité règnent.
Je prie les lecteurs boliviens de faire preuve
d’autant de patience et de sens de l’humour que lorsque je leur ai adressé la
parole, voilà quinze ans. Qu’ils continuent d’impulser les programmes
d’éducation et de santé. Ils peuvent toujours compter sur notre coopération.
Sans la nouvelle édition du livre, ce long prologue
n’aurait pas de sens.
Je vous remercie.
Fidel
Castro Ruz
Le 4
juin 2008