Réflexions
du compañero Fidel
MA RENCONTRE AVEC HU JINTAO
Je ne souhaitais pas beaucoup parler, mais il m’a obligé à le faire ;
je lui ai posé quelques questions et j’ai surtout écouté.
Il m’a décrit les exploits du peuple chinois ces dix derniers mois. De
fortes chutes de neige hors saison, un séisme qui a dévasté des territoires
équivalant à trois fois la superficie de Cuba et la crise économique
internationale la plus grave depuis
J’ai eu présents à l’esprit l’immense effort du peuple chinois, de ses
ouvriers, de ses paysans, de ses travailleurs manuels et intellectuels ;
l’esprit de sacrifice traditionnel dans ce pays dont la culture remonte à des
milliers d’années avant l’étape coloniale que l’Occident lui a imposée et dont
ont émergé, avec leur pouvoir et leur richesse, les puissances actuelles du G-7
qui exercent leur hégémonie sur l’économie mondiale.
Quelle tâche colossale retombe, en ces temps de mondialisation, sur les
épaules de ce dirigeant qui a pourtant eu l’amabilité de visiter notre patrie
en butte au blocus, agressée et menacée ! Ne nous taxe-t-on pas de pays
terroriste parmi une soixantaine d’autres qui peuvent faire l’objet à tout
moment d’une attaque surprise préventive ? C’est bien ce qu’avait affirmé
voilà maintenant plus de six ans le chef démentiel de l’Empire qui s’est réuni
voilà cinq jours à Washington avec le G-20 !
Utilisant 586 milliards de ses réserves en devises convertibles qui se montent
à presque deux billons de dollars, thésaurisés à coups d’efforts et de
sacrifices,
Le président chinois Hu Jintao, secrétaire général du parti et président
des commissions militaires centrales du parti et du gouvernement, est un leader
conscient de son autorité, et il sait l’exercer pleinement.
La délégation qu’il présidait a signé avec Cuba douze projets d’accords en
vue d’un modeste développement économique dans une région de la planète où la
totalité de notre petite île peut être dévastée par des cyclones toujours plus
puissants, ce qui prouve que le climat est vraiment en train de changer. En
revanche, la zone touchée par le tremblement de terre en Chine ne dépassait pas
4 p. 100 de la superficie totale de ce grand Etat multinational.
Il est des circonstances où l’étendue territoriale d’un pays indépendant,
son emplacement géographique et la quantité de ses habitants jouent un rôle
important.
Les Etats-Unis, qui volent de partout des cerveaux déjà formés,
seraient-ils en mesure d’appliquer aux citoyens chinois une loi d’ajustement
similaire à celle qu’ils imposent à Cuba ? Absolument pas, c’est évident.
Pourraient-ils l’appliquer à toute l’Amérique latine ? Non plus, cela va
de soi.
En attendant, notre merveilleux, notre pollué, notre unique vaisseau
spatial continue de tourner sur son axe imaginaire, comme le répète l’un des
programmes de la télévision vénézuélienne les plus suivis.
Ce n’est pas tous les jours qu’un petit Etat a le privilège d’accueillir un
dirigeant ayant la personnalité et le prestige de Hu Jintao. Qui va se rendre à
Lima. Où il y aura une autre grande réunion. Bush y sera lui aussi, avec sept
jours de mandat de moins.
On affirme que les mesures de sécurité normales et les exigences de l’hôte
contre toute tentative d’éliminer physiquement les vingt dirigeants réunis à
Washington ont modifié les mœurs et la vie habituelle de la capitale. Qu’en
sera-t-il dans une grande ville comme Lima ? Elle sera sans aucun doute
occupée par les corps armés ; s’y déplacer sera une tâche difficile, car on
y trouvera aussi les agents bien entraînés d’organes supranationaux des Etats-Unis
dont on ne connaît généralement les plans et les intérêts que bien des années
après la fin des mandats des chefs concernés de l’Empire.
J’ai fait part à Hu Jintao, très succinctement, de quelques appréciations
de notre pays sur la coutume du voisin du Nord de prétendre nous imposer ses
idées, sa façon de penser et ses intérêts par flottes bourrées d’armes
nucléaires et bombardiers d’attaque interposés ; sur la solidarité du
Venezuela dès les moments les plus critiques de
On garde à Beijing un souvenir agréable du leader bolivarien.
Le président Hu Jintao a réitéré son désir
de continuer de développer les relations avec Cuba, envers laquelle il
éprouve beaucoup de respect.
Notre conversation a duré une heure trente-huit minutes. Hu Jintao a été
chaleureux, amical, modeste, débordant de sentiments affectueux. Jeune, en
bonne santé, fort. Souhaitons à notre illustre et fraternel ami les plus grands
succès dans ses tâches. Merci à lui pour sa visite stimulante et pour l’honneur
qu’il m’a fait d’avoir voulu une rencontre personnelle avec moi !
Fidel Castro Ruz
Le
19 novembre 2008
13
h 12