Réflexions du compañero Fidel
NOUVELLES DE CHÁVEZ ET D’EVO
La situation tendue en Bolivie
a occupé toute mon attention hier, jeudi.
À quoi s’ajoute, aujourd’hui
vendredi, un fait très intéressant : l’arrivée à Cuba d’Hugo Chávez, qui
vient de Chine au terme d’une tournée réussie. Si, en Bolivie, l’oligarchie se
heurte à un leader sérieux et solide de la taille d’Evo Morales, au Venezuela,
les adversaires de la Révolution bolivarienne qui plaçaient tous leurs espoirs
dans le coup que la crise économique internationale assénerait au pays,
comprendront que la lutte de Chávez pour le socialisme est capable de surmonter
n’importe quel obstacle. Il a promis de maintenir les conquêtes et les grandes
avancées sociales, de poursuivre au même rythme l’industrialisation du pays et
de convertir le Venezuela en modèle de pays industrialisé assorti de justice
sociale, qui servira d’exemple et d’inspiration au Tiers-monde.
Sa tournée en Chine et au
Japon, alors que la crise frappe toutes les nations du monde, est un vrai exemple
de stratégie politique. Il avait participé auparavant au Sommet entre
l’Amérique du Sud et les pays arabes, deux parties du monde qui possèdent
ensemble d’énormes ressources naturelles. Il a vu au Japon, l’un des pays les
plus industrialisés au monde et au plus grand potentiel économique, un
important marché pour les produits vénézuéliens. Il a surtout déduit avec
clarté que la Chine sera, grâce à son développement accéléré, la plus grande puissance économique de la
Terre, un bastion incontournable du commerce mondial et un point d’appui pour
les pays du Tiers-monde qui ont été discriminés et exploités par les puissances
capitalistes les plus riches.
Les dépêches du 8 faisaient
état des accords souscrits aux termes des conversations soutenues entre le
président vénézuélien Hugo Chávez et le président chinois Hu Jintao.
Celles d’hier, 9 avril,
informaient des activités que le président Chávez avait réalisées à la demande
du président chinois, à la veille de son départ.
Elles commentaient longuement
ses activités en Chine :
« Le
président vénézuélien Hugo Chávez a affirmé aujourd’hui avoir décidé avec son
homologue chinois Hu Jintao de renforcer leur coopération afin que la Chine
puisse recevoir en 2010 un million de barils de pétrole par jour.
« "Je
lui ai aussi proposé, face à la situation de crise mondiale, d’analyser la
possibilité d’avancer l’objectif fixé dans l’Accord stratégique pour
2013", a dit Chávez à la centaine de dirigeants nationaux, provinciaux et
locaux de l’École du Parti communiste de Chine qui l’ont applaudi.
« Assurer
ces livraisons, construire une raffinerie vénézuélienne en Chine et créer une
compagnie maritime mixte pour le transport du pétrole brut, tels ont été les
objectifs prioritaires de la visite de Chávez.
« Le
président vénézuélien a estimé aujourd’hui "indispensable" de bâtir
une plateforme d’alliance entre la Chine, d’une part, l’Amérique latine et les
Caraïbes de l’autre.
« Il
a conclu sa visite aujourd’hui par une réunion avec le vice-président chinois Xi
Jinping, que l’on considère comme le successeur éventuel de Hu Jintao à la tête
du Parti communiste chinois au prochain Congrès de 2012.
« Xi
est le recteur de l’École qui forme tous les dirigeants du Parti depuis la
création de la République populaire de Chine en 1949 et que Chávez a visitée
aujourd’hui.
« "La
Chine sait voir loin. À peine quelques mois au gouvernement, et j’étais déjà
ici, et nous avons engagé avec Jiang Zemin une relation à laquelle nous avons
décidé avec Hu de donner un nouveau dynamisme stratégique".
« Chávez
a dit hier à Hu, à leur réunion au Grand Palais du peuple, que "la Chine
était le moteur le plus grand qui existe pour sortir le monde de la
crise".
« Il
a affirmé aujourd’hui à l’École que "si Washington a été la capitale du
monde impérial, Beijing est maintenant une des grandes capitales du monde
multipolaire".
« "Nous
sommes en train de fonder notre École du parti, un parti qui n’a qu’une année
de vie, et son noyau fondateur doit passer par là, parce que nous commençons à
constituer un grand parti doté d’une idéologie claire, le socialisme",
a-t-il affirmé. »
Le président Chávez me fera
l’honneur de me rendre visite vers deux heures de l’après-midi. Je brûle
d’envie de connaître les détails de son voyage à l’étranger qui a duré plus de
douze jours, ce qui prouve sa confiance illimitée dans son peuple, dans sa
conscience socialiste croissante et dans les cadres restés au pays.
Des nouvelles me parviendront
sûrement dans la journée de Bolivie et de la bataille politique d’Evo et de son
peuple. Je continuerai d’écrire, en m’efforçant d’être le plus bref possible
devant tant de nouvelles.
J’ai téléphoné à Dausá à
Dausá me donne plus de
précisions sur le fonctionnement du Parlement. Aussi bien à la Chambre de 130
députés où le parti d’Evo jouit d’une large majorité, qu’au Sénat de 27
membres, où l’opposition est majoritaire, les lois sont votées à la majorité
simple.
Mais la Loi de transition
électorale, elle, doit être votée à la majorité dans les deux Chambres. Comme
elle dispose de plus de sénateurs, l’oligarchie bloque son adoption, posant des
conditions inacceptables, comme un nouveau recensement électoral, la réduction
à presque rien de la quantité de circonscriptions spéciales destinées à la
population indigène et créées par la nouvelle Constitution bolivienne que le
peuple a adoptée récemment par référendum et enfin la mise en place de
restrictions considérables à la possibilité de vote des Boliviens vivant à
l’étranger et qui sont dans leur majorité des sympathisants d’Evo.
L’oligarchie prétend par ces
exigences enlever au président bolivien
le soutien populaire croissant dont il jouit.
Tandis que l’on négocie une
solution : la diminution éventuelle à la moitié des quatorze députés
indigènes qu’avait proposés Evo au départ, bien que l’opposition n’en accepte
que trois, des intrigues commencent à courir selon lesquelles le président
indien serait en train de trahir ses gens. Il s’agit par là de réduire ses
forces, ce que vise aussi la contestation du recensement électoral actuel, afin
de remettre en cause le droit de sept cent mille électeurs boliviens, ainsi que
les limitations et les entraves que l’on veut imposer aux Boliviens vivant à
l’étranger.
Logiquement, Evo refuse de
suspendre les élections et de priver un grand nombre de Boliviens de la
possibilité de voter en acceptant la remise en cause d’un recensement électoral
dont la qualité a été reconnue par des organismes internationaux comme l’un des
meilleurs d’Amérique latine. À
On ne peut ne pas le reconnaître
et l’appuyer. La grève de faim ne porte atteinte en rien à ses capacités
intellectuelles : « Je ne cherche pas le pouvoir pour moi, je cherche
le pouvoir pour les organisations sociales », ne cesse-t-il de répéter.
Ses réponses à la presse sont vraiment éloquentes.
Dausá me
fait savoir que nombre des parlementaires de l’opposition, surtout ceux de
Santa Cruz, sont repartis dans leurs départements pour y passer le vendredi
saint et le reste de la Semaine sainte, tels de pieux croyants.
Evo,
de son côté, maintient son attitude auprès d’un groupe de dirigeants qui
l’accompagnent au Palais du gouvernement. Mais il a demandé à tous ses
partisans dans le reste du pays qui sont en grève eux aussi de la suspendre
jusqu’à lundi, afin de pouvoir être avec leurs familles durant le week-end.
Notre journal télévisé de
Chávez est arrivé à
Il est ravi de sa réunion avec
le président chinois Hu Jintao. Il me parle du vaste dialogue soutenu durant sa
visite de travail, du dîner ultérieur qu’il lui
a offert au Palais du peuple et de sa visite à l’historique École des
cadres du Parti communiste de Chine que lui avait suggérée le président. Il a
échangé des vues avec le vice-président chinois et recteur de l’Ecole, Xi
Jinping, qui lui a fait une profonde impression. Il avait déjà fait sa
connaissance au Venezuela où il était allé à titre de vice-président.
Il s’est aussi entretenu avec
son ami Chen Yuan, président de la Banque de développement chinoise, fils de
celui qui avait été président du pays à la première étape révolutionnaire. Il a
aussi conversé avec le ministre des Affaires étrangères. Il fait de grands
éloges du talent et des méthodes de travail des hauts dirigeants chinois, en
particulier de Hu Jintao.
Les réunions et les visites se
sont réalisées avec ou sans la presse. Il a donné des interviews. Grâce aux
dépêches publiées par les agences, il a précisé ce qu’il a dit exactement et ce
qui est le fruit d’une traduction ou d’une interprétation de ses paroles. Les
agences ont largement divulgué ses activités.
Il est rentré par Vancouver,
dans la direction inverse. Le vol avec son escale a duré seize heures, la
moitié du temps au-dessus des États-Unis dont les autorités n’ont pas fait
obstacle au survol de l’IL-96 de Cubana de Aviación. Il a aussi raconté des
détails des visites et rencontres au Qatar, en Iran et au Japon. Il a eu des
conversations avec de nombreux dirigeants. Il a consacré plusieurs minutes aux
saluts envoyés par nombre de ses interlocuteurs. Sur ce point, il est
rigoureux. Il ne voulait en oublier aucun, surtout ceux des dirigeants chinois.
Nous avons abordé bien des
points durant notre réunion de
Paul Krugman, le prix Nobel
d’économie, estime qu’il se peut qu’à sa prochaine réunion périodique au cours
de laquelle le caractère de devise convertible est assigné à un certain nombre
de monnaies, le Fonds monétaire international inclue le yuan aux côtés du
dollar, de l’euro, de la livre sterling et d’autres monnaies. Ceux qui dirigent
l’économie mondiale ne peuvent continuer de l’ignorer.
Evo ne peut manquer dans notre
échange. Je lui ai expliqué en détails l’information que je possédais, son
excellent état d’esprit et sa disposition à poursuivre la grève jusqu’aux
dernières conséquences. Il lui a téléphoné et lui a exprimé sa solidarité
totale. Il a parlé finalement de sa prochaine visite en Argentine. Il a demandé
des informations sur le Sommet de Trinité-et-Tobago et sur la position de
Daniel qui interviendra avec Cristina à son inauguration. Je lui ai dit ce que
je savais.
J’ai téléphoné à Dausá à
Le Congrès, convoqué à
Evo va bien. Le médecin qui
l’accompagne l’a ausculté. Malgré l’appel du président à ce qu’ils la
suspendent jusqu’à lundi, les dirigeants des divers départements l’ont
poursuivie par solidarité avec lui. Selon le secrétaire général de la Centrale
ouvrière bolivienne, on compte aujourd’hui 1 027 grévistes dans 96 groupes.
Les dirigeants de la Coordinatrice
nationale pour le changement et de la Centrale ouvrière bolivienne ont affirmé
en conférence de presse que, si les parlementaires continuaient de boycotter le
Congrès, ils engageraient des actions légales contre eux. Dausá m’informe qu’il
rendra visite au président ce soir et qu’il mettra quarante minutes pour se
rendre de l’ambassade au palais. Je lui ai promis de téléphoner pour saluer
Evo.
Je l’ai fait à
Fidel Castro Ruz
Le