Réflexions du compañero
Fidel
IL FAUT TOUT DONNER
Hier, j’ai longuement conversé avec Miguel
D´Escoto, le président de l’Assemblée générale des Nations Unies. Je l’avais
déjà entendu prendre la parole à la réunion de l’ALBA, à Cumaná, le 17 avril.
J’avais admiré son importante déclaration.
J’ai fait sa connaissance au triomphe de
Le recul que cette dernière a causé en
dix-sept ans et la catastrophe économique et sociale de la
« démocratie » imposée par les États-Unis au noble peuple
nicaraguayen portèrent de nouveau les sandinistes à la tête du pays, cette
fois-ci dans le cadre de limitations constitutionnelles et sous une grande
dépendance de Washington. Daniel l’a dénoncé le 17 avril au Sommet des Amériques
de Port-of-Spain où il a aussi condamné avec tant de dignité le blocus appliqué
à Cuba. Miguel D’Escoto, pour sa part, du fait du prestige qu’il avait acquis
comme responsable des relations internationales, de son talent et de ses idées,
a été élu président de l’Assemblée générale de l’ONU pour deux ans en 2007.
C’est à ce titre qu’il a participé à
Les mots des orateurs vibraient depuis la tribune où se trouvaient
D’Escoto, de nombreux ministres des Affaires étrangères et représentants des
pays non alignés, et deux milliers de visiteurs provenant de pays de tous les
continents, qui ont partagé la liesse de cette fête des travailleurs.
On a écouté à plusieurs reprises les vers que Fayad Jamís a dédiés à Manuel
Navarro Luna, un poète révolutionnaire et communiste qui vécut, dès l’âge de
six mois, dans la province de Granma où débuta notre dernière guerre de
libération.
Navarro Luna dut, tout jeune, abandonner l’école de Manzanillo et faire
plusieurs métiers. Il fut balayeur, cireur de chaussure, scaphandrier, vigile
et procureur public. Il faisait des études en autodidacte.
Il publia ses premiers
vers en 1915. Son premier livre en 1919. Il entra en parti communiste en 1930.
Il travailla à la première
mairie communiste de Cuba en 1933, à la chute de Machado. Après la victoire
révolutionnaire de 1959, il rejoignit les Milices nationales et participa au
« nettoyage de l’Escambray » et à la victoire de Playa Girón, faisant
fi du temps.
Pour
cette liberté de chanson sous la pluie
il
faudra tout donner.
Pour
cette liberté d’être étroitement liés
à
la ferme et douce semence de peuple,
il
faudra tout donner.
Pour
cette liberté de tournesol ouvert à l’aurore d’usines
rougeoyantes
et d’écoles éclairées
et
de terre qui crisse et d’enfant qui s’éveille,
il faudra tout donner.
….pour
cette liberté qui est la terreur
de
ceux qui l’ont toujours violée
au
nom de fastueuses misères.
Pour
cette liberté qui est la nuit des oppresseurs
et
l’aube définitive de tout peuple désormais invincible.
Pour
cette liberté qui éclaire les pupilles creuses,
les
pieds nus
les
toitures trouées
et
les yeux des enfants qui déambulent
dans
la poussière
…Pour
cette liberté qui est l’empire de la jeunesse.
Pour
cette liberté
belle
comme la vie
il
faudra tout donner…
Les couleurs rouge, bleu, blanc de notre
drapeau que faisaient ondoyer les mains laborieuses de milliers de jeunes de
l’Université des sciences informatiques qui fermaient le défilé ; précédés
par les jeunes des Fédérations universitaires et du ´secondaire de la capitale,
les jeunes élèves disciplinés et actifs d’humble origine qui se forment comme
travailleurs sociaux, les enfants de
Je me suis beaucoup réjoui
de savoir que Miguel D’Escoto assistait à tout cela. Trois jours avant,
intervenant devant les ministres des Affaires étrangères et les représentants
du Mouvement des pays non alignés, il avait affirmé :
« L’ordre mondial est fondé sur la culture
capitaliste qui assimile "être plus" et "avoir plus",
stimule l’égoïsme, la convoitise, l’usure et l’irresponsabilité sociale. Ces
antivaleurs de la culture capitaliste ont plongé le monde dans une foule de
crises convergentes qui, si on ne les traite pas efficacement sans retard,
mettent en péril l’existence même de notre espèce humaine et la capacité de
« Au fond de toutes les différentes crises
que nous subissons, gît une énorme crise morale, une grande crise de valeurs et
de principes moraux. Nous avons tous trahi les valeurs qui émanent de nos
traditions religieuses ou éthico-philosophiques respectives. Nous nous sommes
trahis nous-mêmes en tombant dans la tentation capitaliste et en assumant ses
valeurs contraires à la vie de haine et d’égoïsme, nous sommes devenus les
pires prédateurs, les pires ennemis de notre Terre nourricière, nous nous
sommes déshumanisés.
« …Cuba a toujours été un lieu de
ressourcement spirituel. Nous pouvons tous constater qu’ici l’amour est plus
fort que l’égoïsme et peut plus que lui. Ici mieux que nulle part ailleurs,
nous pouvons apprendre ce que solidarité veut dire, l’antidote le plus
important, si nous voulons que l’humanité puisse survivre à l’égoïsme démentiel
où elle semble vouée à disparaître.
« …En ce XIXe siècle, siècle de la
réconciliation et de la paix par la primauté du droit, la justice sociale et
l’inclusion démocratique, nous respectons toutes les minorités et nous voulons
les écouter toutes. C’est le G-192, autrement dit l’Assemblée générale, qui
devra décider du cap à prendre pour échapper au traquenard de l’égoïsme
démentiel et suicidaire auquel le capitalisme a conduit le monde. Sans le
moindre esprit de revanche, mais dans l’intention de bâtir un monde meilleur
pour tous et pour toutes, sans exceptions ni exclusions… »
D’Escoto ne briguait pas le poste de président de
l’Assemblée générale des Nations Unies qu’il occupe aujourd’hui. C’est la
mission nicaraguayenne devant les Nations Unies qui le lui a appris. Le tour
revenait à l’Amérique latine, et Daniel Ortega, qui connaissait ses qualités,
l’avait proposé sans hésiter. D’Escoto n’a même pas eu le temps de lui
expliquer que ses problèmes de santé l’empêchaient d’assumer une responsabilité
si exigeante. Les pays latino-américains, africains, et le reste du Tiers-monde
le soutinrent aussitôt. Miguel ne recula pas devant les difficultés et occupa
son poste.
Il m’a remis un document
qu’il a souscrit comme président de l’Assemblée générale des Nations Unies, par
lequel il désigne Cuba comme paradigme de solidarité internationale, et il m’a
montré la médaille d’or qu’il a conçue lui-même et qui accompagne son décret.
Il a dit bien d’autres
choses intéressantes dans son intervention, mais je ne les reprends pas pour ne
pas trop m’étendre.
Ce qu’il a fait et dit au sujet de notre
Révolution est un très grand honneur.
…il
faudra tout donner
s’il
le fallait
jusqu’à
l’ombre
et
ce ne sera jamais assez.
affirme
finalement le poète Fayad Jamís.
Fidel Castro Ruz
1er mai 2009
19 h 23