Réflexions du compañero Fidel
LA FIN NE JUSTIFIE PAS LES MOYENS
Les
nouvelles en provenance des États-Unis tantôt indignent, tantôt répugnent.
Bien
entendu, ces derniers temps, nombre d’entre elles ont à voir avec les problèmes
associés à la grave crise économique internationale et à ses retombées sur
l’Empire. Ce ne sont, cela va de soi, les seules en rapport avec ce puissant
pays. La moindre page du gros volume de nouvelles provenant de n’importe quel
continent, de n’importe quelle région ou de n’importe quel pays du monde est
généralement en rapport avec la politique des États-Unis, car il n’est aucun
point de la planète qui ne ressente la présence suffocante de l’Empire.
Logiquement, durant presque
dix années, les nouvelles concernant ses brutales guerres ont occupé
d’importants espaces dans les médias, à
plus forte raison en cas d’élections présidentielles.
Nul
n’aurait toutefois imaginé qu’au beau milieu du drame des guerres de conquête,
l’on verrait apparaître des nouvelles au sujet de prisons clandestines et de
centre de tortures, un secret honteux, mais bien gardé, de l’administration
étasunienne.
L’auteur
de la sinistre politique qui a conduit à ces extrêmes avait, aux élections de novembre 2000, usurpé la
présidence des États-Unis grâce à la fraude électorale en Floride où elles se
jouaient.
Une
fois le pouvoir usurpé, George W. Bush, non content d’entraîner le pays dans
une politique de guerre, se refusa à signer le Protocole de Kyoto, niant ainsi
pendant dix ans à la lutte mondiale pour préserver l’environnement le concours
de la nation qui consomme le quart des combustibles fossiles, ce qui peut
provoquer des dommages irréversibles à l’espèce humaine. Les changements
climatiques se constatent d’ores et déjà dans les hausses de chaleur qu’enregistrent
notre planète, comme les pilotes d’avions de fonction peuvent s’en rendre
compte en essuyant les tornades toujours plus fortes qui se forment dès les
premières heures de l’après-midi sur les itinéraires tropicaux et qui mettent leurs
modernes jets en péril. On ignore encore les causes de l’accident souffert par
l’avion d’Air France qui s’est désintégré en vol.
Rien
ne serait toutefois comparable aux conséquences du dégel de l’énorme masse
d’eau qui s’accumule dans le continent antarctique, à quoi il faut ajouter
celle du Groenland. J’ai récemment exposé mes vues sur la responsabilité de
Bush dans ce domaine lors d’une rencontre avec le cinéaste étasunien Oliver
Stone, en commentant son film W. qui
porte sur l’avant-dernier président de ce pays.
Je
me borne à signaler qu’après les erreurs et les horreurs politiques de George
W. Bush, son vice-président, Cheney, son conseiller, défend l’idée que les
tortures ordonnées à la CIA pour soutirer des informations étaient justifiées
puisqu’elles ont permis ainsi de sauver des vies étasuniennes.
Il
n’a pas sauvé, bien entendu, les vies des milliers d’Étasuniens tués en Iraq,
ni les vies de presque un million d’Iraquiens, ni les vies de ceux qui meurent
en toujours plus grand nombre en Afghanistan. Nul ne sait non plus quelles
seront les conséquences de la haine accumulée à la suite des massacres commis
ou à commettre par ces moyens.
Il
s’agit, qu’on me comprenne bien, d’une question d’éthique politique
élémentaire : « la fin ne justifie pas les moyens ». La torture
ne justifie pas la torture. Le crime ne justifie pas le crime.
Ce
principe a fait l’objet de débats au fil des siècles. C’est à ce titre que
l’humanité a condamné toutes les guerres de conquête et tous les crimes
perpétrés. Il est extrêmement grave que l’Empire le plus puissant et la
superpuissance la plus colossale de l’Histoire proclament une telle politique.
Il est encore plus inquiétant que, non seulement l’ancien vice-président et
principal inspirateur d’une politique aussi perfide la proclame ouvertement,
mais qu’un grand nombre de citoyens de ce pays, peut-être plus de la moitié,
l’appuie. Ce serait en l’occurrence la preuve de l’abîme moral où peuvent
conduire le capitalisme développé, la soif de consommation et l’impérialisme.
S’il en est ainsi, il faut le proclamer ouvertement et demander l’avis du reste
du monde.
Je pense néanmoins que les Étasuniens les plus conscients seront capables de livrer cette bataille morale et de la gagner à mesure qu’ils comprendront cette douloureuse réalité. Aucune personne honnête au monde ne leur souhaite ni à eux ni à aucun autre pays que des innocents meurent victimes de n’importe quelle forme de terreur, d’où qu’elle vienne.
Fidel Castro Ruz
Le