RÉFLEXIONS
DU COMPAÑERO FIDEL
Rahm
Emanuel
Quel nom curieux ! On
le dirait espagnol, facile à prononcer,
et pourtant il ne l’est pas. Je n’ai lu ni connu dans ma vie aucun élève ou
compatriote qui porte ce nom parmi des dizaines de milliers.
D’où vient-il ?, pensais-je. Je ne
cessais d’évoquer le plus brillant
penseur allemand, Emmanuel Kant, qui a fait partie, aux côtés de Platon et
d’Aristote, du trio de philosophes ayant le plus influé sur la pensée humaine.
Je n’étais pas sans doute si éloigné, selon ce que j’ai su plus tard, de la
philosophie de l’homme le plus proche du président des Etats-Unis, Barack
Obama.
Une autre possibilité récente me conduisait à
réfléchir sur ce curieux nom. Le livre récent de Germán Sánchez, notre
ambassadeur au Venezuela bolivarien, s’intitule : Opération Emmanuel.
Emmanuel est le prénom de l’enfant engendré et né
dans la forêt vierge colombienne où sa très digne mère, Clara Rojas González,
candidate à la vice-présidence de Colombie, était tombée prisonnière de la
guérilla le
J’avais lu avec beaucoup d’intérêt ce libre de
Germán Sánchez qui a eu le privilège de participer en 2008 à la libération par
les FARC, armée révolutionnaire de Colombie, de Clara Rojas et de Consuelo
González, ancienne député à l’Assemblée nationale, qui était restée aux mains
de la guérilla par solidarité avec Ingrid et qui l’avait accompagnée pendant
six années de dure captivité.
Emmanuel, donc. Presque le nom du philosophe
allemand. Cela ne m’a pas étonné : sa mère étant une avocate brillante et
très cultivé, peut-être avait-elle prénommé son enfant pour cette raison. Et je
me suis mis à évoquer mes année de prison en cellule solitaire où m’avait
conduit ma tentative presque réussie d’occuper la seconde caserne militaire du
pays, le
Ce n’était pas là, bien entendu, le seul objectif
ni la seule source d’inspiration de cette action. En tout cas, au triomphe de
la Révolution dans notre pays, le 1er janvier 1959, je me souvenais
encore de quelques aphorismes du philosophe allemand : « Le sage peut changer d’avis. Le sot, jamais. »
Ou « Ne traite pas autrui comme un
moyen d’atteindre tes fins. » Ou « Ce n’est que par l’éducation que l’homme peut devenir un homme. »
Cette grande idée a été l’un des principes
proclamés dès les premiers jours de la Révolution. Obama et son conseiller
n’étaient pas encore nés et n’avaient même pas été conçus.
Rahm Emanuel a vu le jour à Chicago le
Rahm Emanuel s’est engagé en 1991 dans l’armée
israélienne comme volontaire civil durant la première guerre du Golfe déclenchée
par Bush père qui utilisa des projectiles contenant de l’uranium appauvri.
Ceux-ci causèrent de graves maladies aux soldats étasuniens qui participèrent à
l’offensive contre la Garde républicaine iraquienne battant en retraite et à
une quantité incalculable de civils.
Depuis cette guerre, il se consomme au
Proche-Orient et au Moyen-Orient des quantités fabuleuses d’armements que le
complexe militaro-industriel des Etats-Unis lance sur le marché.
Il semble peu probable – bien que ce soit
théoriquement possible – que les racistes d’extrême droite parviennent à étancher
leur soif de supériorité ethnique et assassinent Obama, comme ils l’ont fait de
Martin Luther King, ce grand leader des droits de l’homme, compte tenu de la
protection dont bénéficie le président depuis son élection, jour et nuit sans
interruption.
Obama, Emanuel et tous les brillants politiciens et
économistes qu’ils ont réunis ne suffiront pas à régler les problèmes
croissants de la société capitaliste étasunienne.
Même si Kant, Platon et Aristote ressuscitaient
ensemble en même temps que le brillant économiste que fut John Kenneth Galbraith,
ils ne seraient pas non plus capables de résorber les contradictions
antagoniques toujours plus fréquentes et plus profondes du système. Ils auraient
été heureux aux temps d’Abraham Lincoln, quelqu’un que le nouveau président
admire à juste titre, mais cette époque est bel et bien révolue.
Tous les autres peuples devront payer les frais du
gaspillage colossal des USA et garantir avant tout, sur une planète toujours
plus polluée, les postes de travail dans ce pays et les profits de ses grosses
transnationales.
Fidel Castro Ruz