Réflexions du compañero
Fidel
LE CONFLIT INÉVITABLE
J’ai affirmé récemment que le monde oublierait vite la tragédie que la
politique suivie pendant plus de deux siècles par notre voisine de
superpuissance, les États-Unis, allait provoquer.
Nous connaissons sa façon d’agir retorse et rusée ; la croissance
économique impétueuse dont elle a bénéficié à partir du développement technique
et scientifique ; les richesses énormes et illimitées qu’une minorité exiguë,
dans ce pays et dans les autres, a accumulées aux dépens de la grande majorité
de son peuple travailleur et de ceux du reste du monde.
Quels sont ceux qui se plaignent toujours plus, sinon les travailleurs, les
professions libérales, les prestataires de services, les retraités, les
chômeurs, les enfants de rues, les gens privés des connaissances élémentaires,
autrement dit l’immense majorité des presque sept milliards d’habitants de
notre planète dont les ressources vitales s’épuisent à vue d’œil ?
Comment les forces de l’ordre qui devraient censément les protéger les
traitent-elles ?
Quels sont ceux que tabassent les policiers, dotés de tous les instruments
de répression possible ?
Inutile de décrire des faits que les peuples de partout, y compris aux USA,
observent tous les jours par leurs téléviseurs, leurs ordinateurs et d’autres
médias.
Il est un peu plus difficile de déchiffrer les projets sinistres de ceux
qui ont entre les mains le sort de l’humanité et qui sont assez insensés pour
croire qu’on peut imposer un tel ordre mondial.
Qu’ai-je écrit dans mes cinq dernières Réflexions qui ont occupé des
espaces dans Granma et sur le site
web CubaDebate du 30 mai au
Les facteurs de base d’un avenir très proche ont été déjà posés, sans
marche arrière possible. Les événements passionnants de la Coupe du monde de
football en Afrique du Sud ont capté nos esprits ces derniers jours.
C’est à peine si l’on a le temps de respirer durant les six heures transmis
en direct par les télévisions de presque tous les pays du monde.
Après avoir vu les matchs de ces six derniers jours entre les équipes les
plus prestigieuses, j’ose croire, selon mes vues peu fiables, que le champion
sera l’Argentine, le Brésil, l’Allemagne, l’Angleterre ou l’Espagne.
Toutes les équipes éminentes ont montré leurs griffes de lion dans ce sport
où je ne voyais auparavant que des gens courant sur un grand terrain d’un but à
l’autre. Maintenant que, grâce à des noms fameux comme Maradona et Messi, je
connaît les exploits du premier comme le meilleur joueur de foot dans
l’histoire et son point de vue de que l’autre est aussi bon ou meilleur que
lui, je peux désormais distinguer le rôle de chacun des onze joueur.
J’ai aussi appris ces jours-ci que le nouveau ballon de foot était à
géométrie variable dans l’air, qu’il était plus rapide et rebondissait bien
plus. Les joueurs, à commencer par les gardiens, se plaignent de ces nouvelles
caractéristiques, mais les avants et les défenseurs aussi, et pas mal, parce
que le ballon est très rapide et qu’ils ont appris toute leur vie à en maîtriser
un autre. Ce sont les dirigeants de la FIFA qui en décident à chaque Mondial.
Cette fois-ci, ils ont transformé ce sport ; c’en est un autre, même
s’il s’appelle pareil. Les supporteurs, qui ne connaissent pas les changements
introduits dans le ballon – qui est l’âme d’un grand nombre d’activités
sportives – et qui remplissent les gradins de n’importe quel stade en profitent comme pas deux et
accepteront n’importe quoi sous le nom magique et glorieux du football. Même
Maradona, qui fut le meilleur joueur de l’histoire, se résignera tout bonnement
à ce que d’autres footballeurs marquent plus de buts, de plus loin, plus
spectaculaires et mieux ciblés que lui, dans les mêmes cages de mêmes
dimensions que celles face auxquelles il se tailla une si grande renommée.
Dans le base-ball amateur, c’était différent : les battes passaient du
bois à l’aluminium, et de l’aluminium au bois, seuls des normes données étaient
établies.
Les puissants clubs professionnels des USA ont décidé d’appliquer des
normes rigoureuses à la batte et toute une série d’exigences traditionnelles
qui maintiennent les caractéristiques du vieux sport. De fait, ils ont imprimé
un intérêt spécial à ce spectacle et amélioré leurs énormes profits que paient
le public et la publicité.
Dans le tourbillon sportif actuel, un sport aussi extraordinaire et noble
que le volley-ball, qui plaît tant dans notre pays, est en pleine Ligue
mondiale, sa compétition annuelle la plus importante, après les Jeux olympiques
et les championnats du monde.
Vendredi et samedi dernier, notre Cité des sports a accueilli les avant-derniers matchs qui se
dérouleront à Cuba. Notre équipe n’a pas encore perdu. Le dernier adversaire en
date a été l’Allemagne, qui compte dans ses rangs un géant de
Mais dans un autre domaine, la politique, le chemin est, hélas, jonché de
risques énormes.
Un point que j’ai signalé auparavant parmi les facteurs clefs d’un avenir
très proche et sans marche arrière possible, c’est le torpillage du Cheonan,
bâtiment dernier cri de la marine sud-coréenne qui a fait naufrage le 26
mars en quelques minutes, provoquant la mort de quarante-six marins et des
dizaines de blessés.
Le gouvernement sud-coréen a ordonné une enquête pour savoir si cette
corvette avait été coulée par suite d’une explosion interne ou externe. Après
avoir constaté qu’il s’agissait de ce dernier cas, il a accusé le gouvernement
de Pyongyang. Or, la Corée du Nord ne disposait que d’un vieux modèle de
torpille soviétique. Séoul ne disposait d’aucun autre élément, hormis la
logique la plus élémentaire, et ne pouvait même pas imaginer une autre cause.
En mars dernier, en tant que premier pas, le gouvernement sud-coréen a
ordonné d’activer les haut-parleurs de propagande situés à onze points de la
zone démilitarisée qui sépare les deux Corée et devenus silencieux depuis 2004.
Le haut commandement de forces armées de la République populaire
démocratique de Corée a déclaré de son côté qu’il détruirait ces haut-parleurs
dès qu’ils commenceraient à transmettre, déclarant textuellement qu’il
convertirait Séoul en une « mer de feu ».
Vendredi dernier, l’armée sud-coréenne a annoncé qu’elle le ferait dès que
le Conseil de sécurité annoncerait ses mesures pour le torpillage du Cheonan. Les deux républiques ont le
doigt sur la détente.
Le gouvernement sud-coréen ne pouvait imaginer que son proche allié, les
USA, avait posé une mine au fond du Cheonan,
comme le raconte le journaliste d’enquête Wayne Madsen dans un article publié
le 1er juin 2010 dans le Global
Research, où il donne une explication cohérente des événements, en partant
du fait que la Corée du Nord ne possède aucun missile ni instrument capable de
couler le Cheonan que n’auraient pu
détecter les appareils dernier cri du chasseur sous-marin.
La Corée du Nord ayant été accusé de quelque chose qu’elle n’avait pas
commis, Kim Jong Il s’est rendu d’urgence en Chine en train blindé.
Quand ces faits soudains se sont déclenchés, le gouvernement sud-coréen ne
pouvait envisager aucune autre cause possible.
Dans un climat de sport et d’allégresse, le ciel s’assombrit toujours plus.
Les visées des USA sautent aux yeux depuis belle lurette dans la mesure où
l’administration agit poussée par ses propres dessins sans aucun autre choix
possible.
Accoutumé comme il est à imposer ses visées par la force, le gouvernement
étasunien pousse Israël à attaquer les installations d’enrichissement d’uranium
iraniennes, en recourant aux avions les plus modernes et aux armes de pointe
qu’il lui fournit d’une manière irresponsable, et il a suggéré à Israël, sans
frontière commune avec l’Iran, de demander à l’Arabie saoudite l’autorisation de
survoler un long et étroit couloir pour raccourcir ainsi considérablement la
distance entre le point de départ des avions agresseurs et les cibles à
détruire.
Selon le plan divulgué dans ses parties essentielles par le renseignement
israélien, des vagues successives d’avions attaqueront les cibles pour les
pulvériser.
Samedi dernier, le 12 juin, d’importants organes de presse occidentaux ont
informé que l’Arabie saoudite avait concédé un couloir aérien à Israël, après
accord du département d’État des USA, afin que les chasseurs-bombardiers
israéliens puissent faire des essais de vol en vue d’attaques surprise sur
l’Iran, et qu’ils l’avaient déjà fait dans l’espace aérien saoudite.
Des porte-parole israéliens n’ont rien nié, se bornant à déclarer que des
pays arabes redoutaient plus le développement nucléaire iranien qu’Israël
lui-même.
Le 13 juin, alors que le Times de
Londres informait, à partir de sources de renseignement, que l’Arabie saoudite
avait autorisé Israël à utiliser un couloir aérien sur son territoire pour
attaquer l’Iran, le président Ahmadinejad déclarait, en recevant les lettres de
créance présentées par le nouvel ambassadeur saoudite à Téhéran, Mohamad ibn
Abbas al Kalabi, que de nombreux ennemis ne souhaitaient pas des relations
proches entre les deux pays, « mais que si l’Iran et l’Arabie saoudite
restaient à côté l’un de l’autre, ces ennemis renonceraient à poursuivre leur
agression. »
Ces déclarations se justifient à mon avis du point du vue iranien, quelles
qu’en soient les raisons. L’Iran ne veut sans doute pas blesser en quoi ce soit
ses voisins arabes.
Les Yankees n’ont pas pipé mot, mais, comme on peut le constater, ils
brûlent plus que jamais du désir de liquider le gouvernement nationaliste
iranien.
Il faut pourtant bien se demander : quand le Conseil de sécurité
analysera-t-il le torpillage du Cheonan,
cette merveille de la marine sud-coréenne ? Quelle conduite adoptera-t-il,
après que les doigts sur la détente auront actionné les armes dans la
péninsule coréenne ? Est-il vrai ou faux que l’Arabie saoudite a, en
accord avec le département d’État, autorisé Israël à utiliser sur son
territoire un couloir aérien qui permettra à ses bombardiers d’attaquer les
installations iraniennes, y compris par emploi des armes atomiques que lui ont
fournies par les USA ?
On nous glisse diaboliquement les nouvelles entre deux matchs de la Coupe
du monde de football, de sorte que personne ne s’en soucie…
Fidel Castro Ruz
Le