Réflexions
du compañero Fidel
LE GOUVERNEMENT MONDIAL (II)
L’ABC du trafic de drogues
« L’opium se cultive dans diverses
régions du monde : l’Amérique du Sud, le Triangle d’Or du Laos, de la
Birmanie et de la Thaïlande, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Asie centrale,
dans une zone connue comme le Croissant d’or. La grande majorité des pavots
poussent dans une étroite zone montagneuse de quelque six mille kilomètres qui
va depuis le sud de l’Asie à la Turquie en passant par le Pakistan et le Laos.
Il
est évident que les Bilderberg ne se chargent pas de transporter
personnellement les drogues ni de blanchir l’argent des profits qu’elles
rapportent : la CIA est là pour ça...
…Neil
Clark signale ce qui suit : « Soros est furieux, non contre les
objectifs de Bush – étendre la Pax americana et faire en sorte que le monde soit plus sûr pour des capitalistes
mondiaux comme lui – mais contre la façon grossière et peu intelligente qu’il
emploie pour y parvenir. »
Le
« Plan Marshall » proposé pour les Balkans est une illusion […]
Financé par la Banque mondiale et par la Banque européenne de développement
(BED), et par des créanciers privés, il favorisera surtout les entreprises
minières, pétrolières et du bâtiment, et gonflera la dette extérieure jusque
bien avant dans le troisième millénaire.
« L’intervention
militaire de l’OTAN
La consolidation du pouvoir de
l’OTAN dans le sud de l’Europe et en Méditerranée constitue aussi un pas en
avant dans l’élargissement de la sphère d’influence politique du Groupe
Bilderberg au-delà des Balkans, vers la Mer Caspienne, l’Asie centrale et
l’Asie de l’Ouest.
Le fantôme de Travis
Je
reçus dans la première semaine de novembre 1999 ce qui semblait une carte
postale adressée depuis Ladispol, un petit village de la région de Lazio, près
de Rome, sur la côte méditerranéenne.
C’est
le
Je
descendis dans la rue. Il crachinait. Deux petits enfants, ravis, sautaient de
flaque en flaque, barbotaient, laissant les empreintes de leurs chaussures sur
le trottoir. Je traversais la rue élégante sous des nuages noirs et ouvrit la
porte du bar au coin de ma rue.
« Fachoda n’était pas une
personne, mais un endroit ». Je sentis mon cœur battre la chamade.
Travis est un chenapan que
j’avais connu à la réunion du Club Bilderberg à King City, en 1996. Un petit
escroc, indiscipliné et détestable. […]
Travis avait tendance à se faire arrêter et, presque aussi vite, à être
relâché.
Comme je le sus plus tard,
Travis Read était devenu un délinquant pour travailler au milieu des
délinquants.
On l’envoya au Soudan pour
entrer en contact avec des gens qui travaillaient aussi bien pour la CIA que
pour la police canadienne, la fameuse police montée. […] Les détails de son
voyage au Soudan ne furent jamais révélés, mais, tout comme en 1899, cet
endroit délaissé par Dieu attirait les gars les plus inadéquats pour les motifs
les plus adéquats.
« Si Travis veut me voir,
je vais me retrouver dans de beaux draps », me dis-je à moi-même.
Je dois dire quand les choses
allaient mal, je faisais toujours confiance aux anciens fonctionnaires
soviétiques. Quelque d’intrinsèque en eux les faisaient se méfier de l’Occident, si bien qu’ils ne se laissaient
pas acheter si facilement, contrairement à ce que veulent faire croire les
journaux de masse et les dépêches de presse.
Ce n’était pas le type de gens
que tu aimerais trahir. Je savais que j’étais sauf avec eux. Mon grand-père
avait risqué sa vie au début des années 50 pour sauver les vies de leurs pères,
agents du KGB.
Mon portable sonna le 27
novembre, en fin d’après-midi. C’était Travis. Il était logé dans un taudis de
la banlieue romaine.
-
Piazza
della Reppublica, à
- Les règles, c’est moi qui les fais,
vociféra Travis.
-
Tu veux
l’information ou non ? demanda Travis.
-
-
Pas
assez pour avoir envie d’être tué ! dis-je froidement.
Travis fit faux-bond. Vers
Le fantôme de Travis hante
parfois les recoins les plus secrets de ma mémoire, un souvenir morbide de la
fragilité et de faillibilité de l’esprit humain».
Voilà comment Estulin conclut
son troisième chapitre.
CHAPITRE
4
Bilderberg
et la guerre secrète en Afghanistan
Les causes du déclenchement des
guerres s’ancrent dans l’idéologie que reflètent les livres de texte : les
nations se font la guerre pendant des périodes terriblement longues à partir de
mensonges, comme l’ont prouvé la Première Guerre mondiale et chacun des
conflits du XXe siècle.
Le fameux historien Edmund
Morgan a écrit : « L’histoire ne se répète jamais. Seuls ceux qui ne
connaissent pas les détails peuvent le supposer ».
Le bassin de la Mer Caspienne et
l’Asie centrale sont les clefs de l’énergie au XXIe siècle. Les deux tiers des
réserves de pétrole se trouvent dans cette région. […] « Les États-Unis
veulent que la région reste absolument sous leur contrôle », affirme James
Donan dans un article publié le
« …Madeleine Abright [alors
secrétaire d’État de Clinton et l’une des responsables de la guerre du Kosovo] conclut que « travailler pour modeler
l’avenir de la région est l’une des choses les plus passionnantes que nous
puissions faire », selon la revue Time de mai 1998.
La guerre du Golfe a permis au
Pentagone d’installer de nombreuses bases militaires en Arabie saoudite, dans
les Émirats arabes unis et ailleurs.
Comme le prouve le professeur
Michel Chossudovsky dans War and Globalization, l’alliance GUUAM (Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan,
Azerbaïdjan, Moldavie) constituée par l’OTAN
en 1999, est au cœur de la richesse en pétrole et gaz de la région caspienne,
mais le pays clef est la Géorgie, un État client des USA, où Mikhaïl
Saakashvili a remplacé à la présidence l’ancien ministre soviétique des
Affaires étrangères, Éduard Chevardnadze à la suite d’un coup d’État peaufiné
par les Étasuniens et présenté comme une révolte populaire spontanée.
Selon Project Underground […] d’anciens
membres des soviets, du KGB et du Bureau politique profitent de la richesse
pétrolière, aux côtés d’ « une kyrielle formidable de figures importantes
de la Guerre froide, provenant surtout du cabinet de George [H. W.] Bush ». Les
joueurs sont d’anciens conseillers de Reagan, de Bush et de Clinton, comme
James Baker III (ancien secrétaire d’État de Bush père), Dick Cheney (vice-président)
et John Sununu (ancien chef du personnel de la Maison-Blanche).
…Peter
Sutherland (de British Petroleum), la reine Elizabeth II d’Angleterre (actionnaire
principale de British Petroleum, tête du Comité des 300), qui luttent pour
contrôler les ressources pétrolières et les couloirs des oléoducs partant du
bassin de la Mer Caspienne. En 1998, après la réunion secrète du Groupe
Bilderberg en Écosse, j’ai informé dans les médias indépendants que l’OTAN,
suivant les ordres du Club qui l’a fondée, avait laissé carte blanche à la
Russie pour bombarder la Tchétchénie, sachant que ceci aggraverait encore plus
les hostilités entre ces deux pays dont la haine mutuelle remonte à plus de
trois cents ans.
L’oléoduc
afghan n’était pas une simple affaire, mais un facteur clef d’un ordre du jour
géostratégique plus vaste : le contrôle militaire et économique de toute
l’Eurasie (le Moyen-Orient et les anciens Républiques soviétiques d’Asie
centrale). George Monbiot le confirmait dans The Guardian du
Après
la chute de l’Union soviétique, la compagnie pétrolière argentine Bridas,
dirigée par son ambitieux président, Carlos Bulgheroni, fut la première à
exploiter les gisements de Turkménistan où se trouve une des plus grandes
réserves de gaz naturel du monde. […] L’Afghanistan est la route la plus courte
vers le golfe pour transporter les ressources gazières du Turkménistan et de
l’Ouzbékistan depuis l’Asie du Nord central et l’Asie de l’Ouest central.
Au
grand dam de Bridas, UNOCAL fit une offre direct aux leaders régionaux, formant
son propre compagnie rivale, dirigée par les USA, parrainée par Washington, et
comprenant Delta Oil d’Arabie saoudite, aux côtés du prince saoudite Abdullah et
du roi Fahd.
Selon Ahmed Rashid, « la véritable influence
d’UNOCAL sur les Talibans se basait sur le fait que son projet avait la
possibilité d’être reconnu par les USA, ce que les Talibans voulaient
absolument s’assurer. » […] Au printemps 1996, des cadres d’UNOCAL
emmenèrent le leader ouzbèk, le général Abdul Rashid Dostum (un assassin
responsable en décembre 2001 du massacre de Dasht-i-Leili, quand des centaines
de prisonniers talibans furent asphyxiés à dessein dans des conteneurs métalliques
quand des soldats étasuniens et de l’Alliance du Nord les conduisaient en
camion à la prison de Kunduz, en Afghanistan) à Dallas pour discuter du passage
de l’oléoduc à travers ses territoires du Nord, contrôlés par l’Alliance du
Nord.
La
concurrence entre UNOCAL et Bridas, selon Rashid, « commença à refléter
celle qui avait lieu dans la famille royale saoudite ». En 1997, des
fonctionnaires talibans voyagèrent à deux reprises à Washington et à Buenos
Aires pour être accueillis par les deux compagnies.
Une
fois de plus, la violence changerait le cours des événements. En réponse au
bombardement des ambassades étasuniennes de Nairobi et de Tanzanie (attribué
à Osama bin Laden, bien que, selon des
sources du renseignement français, l’attentat avait été l’œuvre de Mossad
israélien), le président Bill Clinton tira des missiles de croisière sur un
magasin vide en Afghanistan et au
Soudan, le
Pendant
le reste de l’administration Clinton, ni les USA ni l’ONU ne reconnurent
officiellement l’Afghanistan. Et la question de l’oléoduc ne fit aucun progrès.
C’est
alors que George W. Bush entra à la Maison-Blanche.
Dans
les derniers mois de l’administration Clinton, les Talibans étaient
officiellement un groupe terroriste. Après presque dix ans de rivalité féroce
entre la société UNOCAL-CentGas appuyée par les USA, et Bridas
d’Argentine, aucune n’avait obtenu un accord pour construire un oléoduc en
Afghanistan. […] George W. Bush renoua les relations avec les Talibans. Rien
d’étonnant, donc, qu’il se soit rendu en 1998 et en 2000 en Arabie saoudite au
nom du groupe privé Carlyle Group, le onzième plus gros entrepreneur de la
défense aux USA, pour y rencontrer en privé la famille royale saoudite et la
famille d’Osama bin Laden, selon ce que raconte The Wall Street Journal du
Recensant
l’un des épisodes les plus surréalistes et les plus kafkaïens des événements
préalables au 11-S, The Washington Post cite Milt Bearden, agent de la CIA, qui aida
les moudjahidines afghans à s’installer, regrettant que
les USA n’aient pas pris le temps d’écouter les Talibans : « Nous
n’avons jamais écouté ce qu’ils tentaient de nous dire. […] Nous ne parlions
pas la même langue. Nous disions : "Livrez-nous Bin Laden", et
eux disaient : "Faites quelque chose pour nous aider à vous le
livrer." » Mais il y a bien plus.
De
fait, les relations entre l’administration Bush et le « terroriste »
et leader d’Al Qaeda, Osama bin Laden, ne furent jamais meilleures.
La
preuve que la guerre en Afghanistan mêle la cupidité multinationale à l’avarice
et à la cruauté des grands du pétrole (BP, Shell, Exxon, Mobil, Chevron, etc.) est
tout simplement irréfutable. On tremble à l’idée qu’un recoin délaissé par Dieu
et contrôlé par des terroristes puisse devenir un endroit où convergent les
intérêts de l’administration Bush, de Bridas, d’UNOCAL, de
Sous la tête de chapitre Un cow-boy à la Maison-Blanche, Daniel Estulin écrit :
« Bush a constitué
son cabinet avec des personnages de l’industrie énergétique ayant de forts
intérêts en Asie centrale (Dick
Cheney, d’Halliburton ; Richard Armitage, d’UNOCAL ; Condoleeza Rice, de
Chevron) et est arrivé au pouvoir grâce à la générosité des transnationales
ayant des droits acquis dans la région comme Enron.
Voilà des générations que la
famille Bush participe à la politique pétrolière du Moyen-Orient et de l’Asie
centrale et qu’elle a noué de profonds liens avec la famille royale saoudite et
la famille Bin Laden.
Comment
les Bilderberg ont déclenché la guerre du Yom Kippur afin d’internationaliser
le pétrole
Les membres du Club Bilderberg
ne laissent jamais rien au hasard. Ils n’œuvrent pas selon des plans
quinquennaux. Ils planifient à plus long terme. Ils préparèrent au début des
années 70 un plan de partage du pétrole qui concernait les USA et onze autres
importants pays industriels, mettant en place un mécanisme qu’Allen présente
comme suit : « Le pétrole produit aux USA serait, pour la première
fois dans l’histoire, partagé et alloué en cas de nouvel embargo sur le pétrole
du Moyen-Orient. »
Épilogue du chapitre 4 :
Le
« ballon d’essai » de 1973, préparé par les membres du Club, prouve
clairement que le pétrole sera utilisé comme une arme de contrôle. Ce qui s’est
passé en 1973 « mit la population étasunienne en état d’alerte et lui fit
voir à quel point les gouvernements étrangers et les transnationales pouvaient
exercer de contrôle sur la nation », écrivit David A. Rivera dans Final
Warning: A History of the New World Order.
Le chapitre 5 aborde les points
suivants :
« MATRIX
: Bases de données et Programme de connaissance totale de l’information
En règle générale, il est
bien plus facile d’obtenir un accord
sans auditoire. Ce n’est pas une manie du secret, mais un manière d’agir plus
efficace » (NEIL KINNOCK,
commissaire de l’Union européenne et membre du Club Bilderberg).
Le
programme de connaissance totale de l’information (Total
Information Awareness, TIA) du Pentagone
est un système qui part d’une phrase codée et implique la dissolution
graduelles des libertés individuelles si prisées aux USA et protégées par la
Constitution, au profit d’un État mondial totalitaire. Le gros des détails de
ce gigantesque système d’espionnage reste un mystère. Après les attentats du
L’axe
principal du réseau de Surveillance totale est une modalité nouvelle et
extraordinaire, appelée « extraction de données » ou découverte de la
connaissance, qui suppose que l’on extraie automatiquement des informations
prophétiques occultes dans des bases de données.
Dotée
d’une capacité sans précédent de traiter
des milliards d’entrées par seconde, Accurint a collecté le plus gros registre
de données de contact accessible au monde. Accurint cherche plus de 20
milliards de données qui vont depuis des déménagements récents jusqu’à de
vieilles adresses remontant à plus de trente ans.
…pressés
de donner plus d’informations, les responsables de l’entreprise refusèrent de
révéler des détails plus concrets sur la nature des données et sur leurs
sources.
Selon Christopher Calabrese, du Conseil du
Programme Technologie et liberté de l’Union des libertés civiles étasuniennes,
« Matriz… fait de tout Etasunien un suspect ».
Associated
Press a révélé qu’en janvier 2003, le gouverneur de la Floride, Jebb Bush, a
informé le vice-président Dick Cheney, Tom Ridge, qui était sur le point de
devenir le secrétaire du nouveau département de Sécurité nationale, et le directeur
du FBI, Robert Mueller, au sujet d’un programme secret qui prouverait comment
les forces de sécurité pourraient utiliser un logiciel permettant de capturer
des « terroristes ».
Aerolíneas Iberia
Iberia,
la principale compagnie aérienne espagnole, a été accusée de céder des
informations confidentielles de ses passagers au gouvernement des
Etats-Unis...´
« Les
USA obligent les lignes aériennes à fournir des renseignements sur les
voyageurs » (Andy Sullivan, Reuters,
De
même, la NASA a aussi demandé et reçu des renseignements confidentiels sur des
millions de passagers de Northwest Airlines, tels que les noms, les adresses,
les itinéraires, le numéro des cartes de crédit, en vue d’une étude similaire
d’extraction de données… des incidents ont provoqué des dizaines de demandes
légales, en violation de sa propre politique.
« Northwest
Airlines remet à la NASA des renseignements personnels sur des millions de
passagers : cette cession viole la politique de confidentialité » (Electronic
Privacy Information Center,
« Northwest
Airlines cède des renseignements sur ses passagers au gouvernement » (Jon
Swartz, USA Today,
Une tête de chapitre est
consacré à :
Des
détails privés à la vue de tous
Le
commissaire Almunia, le président Borrell et le président de la Commission
européenne, José Manuel Barroso, un habitué du Bilderberg, ont fait une grande
campagne en faveur des droits essentiels prétendument consacrés dans la
Constitution européenne. […] Mais ce que Borrell, Almunia et Barroso n’ont jamais dit au citoyen européen
lambda, c’est que chacun de ces droits peut être suspendu, au titre de
l’article 51, au cas où l’exigeraient « les intérêts de l’Union ».
Il
y a encore beaucoup à dire sur la façon dont la Commission européenne a trahi
honteusement les citoyens d’Europe.
Contrôle européen des
télécommunications : vote au Parlement européen pour entériner la retenue
de données et la surveillance par les forces de sécurité
Le vote sur la retenue de données du
Statewatch
et Reporters sans frontières furent les seules organisations à informer au
sujet de décision qui concernent des centaines de millions d’Européens.
La
grandiloquence et la susceptibilité des
socialistes en matière de droit national et international sont de la comédie.
Le PPE et le PSE ont prouvé par leur alliance au Parlement européen qu’ils
appuyaient les exigences des gouvernements, au lieu de défendre les gens et les
droits des citoyens à la vie privée et les libertés civiles.
Javier
Solana Madariaga, membre clef du Bilderberg, ancien secrétaire général de
l’OTAN et secrétaire général du Conseil de l’Union européenne/Haut-représentant
pour la politique commune de sécurité et de défense, a pris une décision que la
Fédération internationale des journalistes a qualifiée tout bonnement de
« coup d’État estival ». Rappelle-toi, lecteur, que des personnages
comme Javier Solana ne représente pas tes intérêts ni ceux de l’Espagne.
Estulin en donne la preuve
ensuite sur seize pages.
Son livre conclut sur une tête
de chapitre intitulé : « Ma fin ».
La
mémoire créatrice est l’opposant le plus subtil de l’historien. Le prétexte de
l’oubli gouverne et déforme tout ce dont nous décidons de nous souvenir
ouvertement. L’existence et le monde semblent se justifier seulement comme un
phénomène esthétique, ce qui implique non la vie pour la vie, mais un contraste
marquant par rapport à l’interprétation morale de l’existence et du monde.
Amos
Oz, le romancier israélien sans doute le plus connu, a fait cette remarque : « Là où la guerre s’appelle la paix,
là où l’oppression et la persécution s’appellent la sécurité et l’assassinat la
libération, alors la perversion du langage précède et prépare la perversion de
la vie et de la dignité. En fin de compte, l’État, le régime, la classe ou les
idées restent tels quels, tandis que la vie humaine se détruit. »
Si
la démocratie est le gouvernement du peuple,
alors les objectifs secrets des gouvernements et des groupes de pression
ténébreux sont incompatibles avec la démocratie. L’idée même de sphères
d’influence clandestines au sein du
gouvernement qui orchestre des campagnes secrètes contre l’humanité est par
conséquent étrangère à la notion même de liberté et doit être combattue avec
enthousiasme et détermination si nous ne voulons pas répéter les erreurs
fatales d’une passé encore récent.
Dans
une société toujours plus démembrée, certains éléments permettent de souligner
ce que nous partageons, ce que nous avons en commun, et de le faire directement
avec une puissante intensité. La dignité humaine et une soif véritable de
liberté que l’on comprend à l’instant partout dans le monde et qui n’ont pas besoin
de traduction sont certaines des facteurs les plus prisés de la tradition
universelle. Ils méritent tout notre soutien.
Finalement,
si critiquer les aspects arrogants, insensés et abusifs de la société
totalitaire fait qu’on se moque parfois de toi et qu’on te taxe
d’ »antidote », considère-le comme une distinction honorable. Graham
Greene voyait juste quand il affirmait : « L’écrivain doit être prêt
à changer de camp à tout moment. Sa mission est de défendre les victimes, les
victimes changent. »
Il consacre finalement huit
pages et demie à la mémoire de son grand-père.
Ce
fut la dernière fois que je le vis vivant. Un vieillard de complexion normale,
âge de quatre-vingt-seize ans, assis sur un divan défoncé, regardant à travers
des lunettes énormes, me suivant du regard mais incapable de me reconnaître. Il
était vivant parce qu’il bougeait et parlait, ou plutôt parce qu’il faisait un
effort surhumain pour enlacer les lettres qui se répandaient dans les recoins
les plus cachés du peu de conscience qu’il lui restait et qui se refusaient
avec entêtement à s’unir pour former des syntagmes cohérents. Dans les derniers
mois de sa longue vie, mon grand-père, quelqu’un qui s’exprimait avec aisance
et que ravissaient l’humour et le débat, n’avait littéralement plus de mots.
Dans une sorte de cruauté finale, le cancer lui avait volé le langage avant de
lui voler la vie.
Mon
billet d’avion de retour en Espagne à la main, je passai chez lui pour faire
mes adieux. À ma dernière visite, nous ne nous dîmes pas grand-chose. Je ne
trouvais pas les mots appropriés. J’avais le souffle court et j’avais du mal à
respirer, parce que je savais que je ne le verrais jamais plus.
« Adieu » est un mot trop simple et trop atroce.
Sur
la table du séjour, appuyé au mur, il y avait une photo de mes grands-parents
prise juste après leur arrivée au Canada en 1983. Ma grand-mère était décédée
un peu plus d’un an avant. Mon grand-père, alors gravement malade, ne se
récupéra jamais de la perte de quelqu’un qu’il avait profondément aimé pendant
plus de quarante ans.
M’efforçant
par tous les moyens de ne pas éclater en sanglots, je continue de me rappeler à
moi-même que ces pages-ci sont écrites pour revendiquer l’honnêteté face à la
cruauté et à l’opportunisme. Leur thème principal n’est pas la politique ni
même une critique ouverte du totalitarisme, mais plutôt les battements du cœur
d’un homme, et c’est pourquoi je lui rends hommage. C’est ainsi qu’on doit les
lire.
La
mort clinique de mon grand-père fut établie le
Comme
chacun de nous, les gens meurent au moins deux fois : physiquement et
conceptuellement. Quand le cœur cesse de battre et quand l’oubli commence. Les
plus chanceux, les plus grands sont ceux pour lesquels la second mort retarde
considérablement, voire indéfiniment… Des appels parvinrent de tous les pays et
des recoins les plus inimaginables de la planète, en hommage à l’admiration
infinie que mon grand-père, un ancien agent du contre-espionnage du KGB, avait
inspirée aux personnes sur la vie desquelles il avait influé.
Son
grand-père avait été un soldat du rang. Il avait passé vingt-cinq ans de sa vie
à défendre l’empire tsariste, Alexandre II et Alexandre III. Mon grand-père
avait suivi la tradition familiale : la vie militaire. Il avait participé
à la Révolution, à la guerre civile russe et aux deux guerres mondiales. Tandis
qu’il défendait Minsk dans les premières semaines de la Seconde Guerre mondiale,
toute sa famille – onze frères et sœurs, son père, sa mère et une grand-mère de
cent quatre ans – fut exterminée par les nazis à Karasy-Bazar, en Crimée.
Il
vivait pour de vrai. Il ne se contentait pas de vivre.
Mon
grand-père s’était marié en 1930. Il avait eu trois enfants. Et la guerre
arriva. Il se battit en Biélorussie, défendit Brest, mais il fut obligé de se
retirer avec ce qu’il restait de l’Armée rouge devant l’avancée allemande. À un
moment donné, à cause du chaos, il perdit la trace de sa famille. Une mère et
trois enfants de huit, cinq et trois ans, ne pouvaient pas aller aussi vite que
l’Armée rouge ou les soldats nazis. Ils furent capturés par les nazis, envoyés
en camp de concentration et exterminés.
La
Deuxième Guerre mondiale, comme je le prouve dans ce livre et comme je l’ai
largement démontré dans mon premier ouvrage sur le Club Bilderberg, fut
astucieusement financée par les Rockefeller, les Loeb et les Warberg. Le prince
Bernhard, fondateur du Club Bilderberg, était aussi impliqué. Il était nazi. La
majorité de la famille royale britannique sympathisait avec les nazis, de même
que celle de l’establishment «libéral» de l’Est des États-Unis, dont la vie
économique, politique et sociale est dominée par cette pieuvre ploutocratique.
Hitler, la bête, fut créée par ceux-là même qui assistent aujourd’hui en secret
aux réunions du Club
Bilderberg, du CFR et de la Commission Trilatérale. Pour ces gens-là,
l’Histoire est un tableau blanc sur lequel on défèque malgré l’angoisse des
autres. Peut-on m’accuser de mépriser autant les Bilderberg et leurs
homologues ?
Dans
mon cas, mon grand-père reste ma clef de voûte, mon compagnon de voyage, même
après sa mort. Il est aussi absent que présent.
Le
temps et l’espace, les trucs du monde blessé partout, le tas de résidus que
nous appelons Histoire, qui représentent aussi ses succès. Ce sont ses succès.
Tout comme le temps, ils conservent la magie qui le fit disparaître.
Je
me souviens de lui surtout à son anniversaire. Mais cette année-ci est
différente pour moi. L’âge est une accumulation de vie et de perte. L’âge
adulte est une série de lignes qui se croisent. J’ai franchi un seuil.
Dorénavant, je suis seul… »
J’ai recueilli dans la seconde
partie de ces Réflexions une grande quantité de lignes finales. Elles
expliquent son mépris pour l’odieuse institution du Club Bilderberg.
Il
est terrible de penser que les intelligences et les sentiments des enfants et
des jeunes des États-Unis sont mutilés de la sorte.
Il
faut se battre dès aujourd’hui pour éviter qu’ils ne soient conduits à une
hécatombe nucléaire, qu’ils puissent retrouver dans la mesure du possible leur
santé physique et mentale et inventer les façons dont les êtres humains seront
libérés à jamais d’une si terrible destinée.
Fidel Castro Ruz
Le