Réflexions du compañero
Fidel
LA PAIX MONDIALE TIENT À UN FIL
J’ai eu le plaisir, hier, de converser calmement avec Mahmoud
Ahmadineyad que je n’avais plus vu depuis septembre 2006, voilà plus de cinq
ans, quand il était venu à
J’avais commenté avec ces quatre dirigeants des
aspects des problèmes complexes que le monde connaissait alors et qui sont le
devenus assurément de plus en plus.
À notre rencontre d’hier, j’ai constaté que le
président iranien était on ne peut plus tranquille, absolument indifférent aux
menaces yankees, confiant en la capacité de son peuple de repousser n’importe
quelle agression et dans l’efficacité des armes dont il produisent une grande
partie eux-mêmes pour faire payer aux agresseurs un prix insupportable.
En fait, c’est à peine s’il a parlé de la
guerre. Il est plutôt revenu sur les idées qu’il avait exposées à sa conférence
dans le grand amphi de l’Université de
Je suis convaincu qu’on ne doit pas s’attendre
de la part de l’Iran à des actions irréfléchies qui contribueraient au
déclanchement d’une guerre. Si celle-ci éclate, ce sera uniquement la faute de
l’aventurisme et de l’irresponsabilité congénitale de l’Empire yankee.
Je pense de mon côté que la situation politique
créée autour de l’Iran et les risques d’une guerre atomique qui en émanerait et
toucherait tous les pays, qu’ils possèdent des armes de ce genre ou non, sont
extrêmement délicats parce qu’ils menacent l’existence même de notre espèce. Le
Moyen-Orient, qui produit des ressources économiques vitales pour l’économie de
la planète, est devenu aujourd’hui la région la plus conflictuelle au monde.
La capacité de destruction de certaines armes
employées durant
Je suis d’avis – qui est sans aucun doute celui
de toutes les personnes dotées d’un sens élémentaire de leurs responsabilités –
qu’aucun pays, grand ou petit, n’a le droit de posséder des armes atomiques.
On n’aurait jamais dû s’en servir pour attaquer
deux villes sans intérêt militaire comme Hiroshima et Nagasaki, pour assassiner
et irradier avec d’horribles effets durables des centaines de milliers
d’hommes, de femmes et d’enfants d’un pays déjà vaincu sur le plan militaire.
À supposer que le nazi-fascisme eût obligé les
puissances liées contre lui à rivaliser avec cet ennemi de l’humanité dans la
fabrication de cette arme, le premier devoir de l’Organisation des Nations
Unies, créée à la fin de la guerre, aurait dû être de l’interdire sans la
moindre exception.
Mais les États-Unis, la nation la plus
puissante et la plus riche, imposèrent au reste du monde la ligne à suivre. Ils
possèdent aujourd’hui des centaines de satellites qui épient et surveillent de
l’espace tous les habitants de la planète ; ils ont équipé leurs forces
navales, terrestres et aériennes de milliers d’armes atomiques ; ils
manipulent à leur guise, par Fonds monétaire international interposé, les
finances et les investissements du monde.
Quand on analyse l’histoire de l’Amérique
latine, depuis le Mexique jusqu’à
Les événements se succèdent à une vitesse
incroyable, mais la technologie permet d’en informer le public encore plus
vite. Des nouvelles importants tombent, aujourd’hui comme hier. Une dépêche de presse du 11 nous
apprend :
« La présidence danoise de l’Union européenne
a informé mercredi qu’un nouveau train de sanctions encore plus sévères serait
décidé le 23 contre l’Iran à cause de son programme nucléaire, visant non
seulement son secteur pétrolier, mais aussi sa Banque centrale… Nous irons
encore plus loin dans nos sanctions contre son pétrole et ses structures
financières », a affirmé le chef de la diplomatie danoise, Villy
Soevndal, à la presse étrangère.
On peut constate clairement que sous prétexte
d’éviter la prolifération nucléaire, Israël a le droit d’accumuler des
centaines d’ogives atomiques, tandis que l’Iran, lui, n’a même pas celui de produire
de l’uranium enrichi à 20 p. 100.
Une agence de presse britannique bien connue
fournit une autre nouvelle sur ce thème :
«
On reste abasourdi de voir avec quelle
tranquillité les États-Unis et l’Europe censément civilisée orchestrent une
campagne assortie de méthodes systématiquement terroristes. Pour s’en
convaincre, il suffit de la nouvelle fournie par une autre agence de presse
européenne :
« L’assassinat, ce mercredi, d’un responsable
de la centrale nucléaire de Natanz, au centre de l’Iran, a été précédé de trois
autres depuis janvier 2010. »
Le 12 janvier de cette
année-là, « un physicien
nucléaire de renommée internationale, Massoud Ali-Mohammad, professeur à l’Université de Téhéran, qui
travaillait pour les Gardiens de la révolution, est mort dans l’explosion d’une
moto piégée devant son domicile de la capitale. »
« 29 novembre 2010 : Majid Shahriari,
fondateur de
« Ce même jour, un autre physicien nucléaire, Feyerdoun Abbasi Davani, a fait
l’objet d’un attentat dans des conditions identiques quand il garait sa voiture
devant l’Université Shahid Beheshti de Téhéran, où tous deux étaient
professeurs. » Il n’a été que blessé.
« 23 juillet 2011: le scientifique Dariush
Rezainejad, qui travaillait à des projets du ministère de
« 11
janvier 2012 – soit le jour même où Ahmadineyad voyageait entre le Nicaragua et Cuba
pour donner sa conférence à l’Université de
Il s’agit là de l’assassinat sélectif, mais
systématique, de brillants scientifiques iraniens. J’ai lu des articles de
sympathisants notoires d’Israël qui considèrent ces crimes perpétrés par ses
services secrets en collaboration avec ceux des États-Unis et de l’OTAN comme
quelque chose de tout à fait normal.
Des agences informent depuis Moscou :
«
« Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité russe, a
affirmé que l’Occident voulait "punir Damas non pas tant à cause de la
répression contre l’opposition, mais de son refus de rompre son alliance avec
Téhéran".
« …à
son avis, un scénario libyen est en train de mûrir, mais les attaques ne
viendront pas en l’occurrence de France, de Grande-Bretagne et d’Italie, mais
de Turquie.
« Il
s’est même risqué à affirmer : "Il se peut que Washington et Ankara
soient déjà en train de définir différentes options de zones d’exclusion
aérienne, où des armées de rebelles syriens pourraient être entraînées et
concentrées". »
Les nouvelles proviennent non seulement d’Iran
et du Moyen-Orient, mais aussi d’autres points d’Asie centrale proche de cette
région. Ce qui nous permet d’apprécier la complexité des problèmes découlant de
cette zone dangereuse.
Les États-Unis ont été entraînés par leur
politique impériale contradictoire et absurde dans de sérieux problèmes dans
des pays comme le Pakistan, dont les frontières avec celles d’un autre État
important, l’Afghanistan, ont été délimitées par les colonialistes sans tenir
compte des cultures ni des ethnies.
Dans ce dernier pays qui a défendu des siècles
durant son indépendance face au colonialisme anglais, la production de drogues
s’est multipliée depuis l’invasion yankee, tandis que les soldats européens
appuyés par des drones et l’armement perfectionné des États-Unis commettent des
massacres ignominieux qui augmentent la haine de la population et éloignent les
possibilités de paix. C’est bien ça, et d’autres horreurs, que reflètent les
dépêches des agences de presse occidentales :
« WASHINGTON,
12 janvier 2012. Le secrétaire d’État à
« "J’ai
vu les images et je trouve ce comportement absolument déplorable".
« "Ce
comportement est absolument inapproprié de la part de membres de l’armée
étasunienne et ne traduit en aucun cas les critères et les valeurs que nos
forces armées jurent de respecter".
En fait, le secrétaire à
En tout cas, il est extrêmement inhumain que
des hommes, des femmes et des enfants, ou un combattant afghan qui se bat
contre l’occupation étrangère, soient assassinés sous les bombes d’avions sans
pilote. Pis encore : des dizaines de soldats et officiers pakistanais qui
surveillent les frontières du pays ont été déchiquetées par ces bombes.
Le président afghan lui-même, Karzai, a affirmé
qu’outrager des cadavres était « "tout
simplement inhumain" et il a
demandé à l’administration étasunienne d’ "infliger la peine la plus sévère à quiconque serait condamné pour
ce crime". »
Des porte-parole des Talibans ont
déclaré : « Des centaines
d’actes semblables ont été commis ces dix dernières années sans qu’on les
révèle. »
On en arrive presque à prendre en pitié ces
soldats, séparés de leurs familles et de leurs amis, envoyés à des milliers de
kilomètres de leur patrie pour lutter dans des pays dont ils n’ont peut-être
jamais entendu parler à l’école et où on leur confie la mission de tuer ou de
mourir afin d’enrichir des sociétés transnationales, des fabricants d’armes et
des politicards sans scrupules qui dilapident chaque année les fonds dont on
aurait besoin pour alimenter et éduquer les innombrables millions d’affamés et
d’analphabètes dans le monde.
Nombre
de ces soldats, victimes de leurs traumatismes, finissent par s’ôter la vie.
Est-ce que j’exagère quand je dis que la paix
mondiale tient à un fil ?
Fidel Castro Ruz
Le 12 janvier 2012
21 h 14